Quelques livres avant et après le
défi lecture, et des BD entre chaque livre du défi.
Lu en mars avril mai :
Romans
La Faculté des songes, Georges-Olivier Châteaureynaud (1995)
Trois paumés, trois solitaires, pour différentes raisons et à différents stades du néant de leur vie, vont finir par se retrouver par hasard dans une maison abandonnée, qu'ils surnomment la faculté des songes.
Il est clair que Châteaureynaud a une belle plume, agréable à lire, et ce n'est donc pas un livre déplaisant. L'ennui c'est que parler de gens vides, de personnages qui n'évoluent pas et que l'histoire ne mènera nulle part, même si l'auteur a de très jolies façons de parler du néant, ça laisse un peu sur sa faim. Je garde de ce roman l'impression d'un grand creux. Mais joli.
Pélerins des ténèbres, Serge Brussolo (2000)
Bouquin de pur divertissement (Brussolo est bon pour ça) avec des moines possédés, un pélerinage maudit, une héroïne qui essaie d'échapper à un mariage avec un gros dégueulasse en allant retrouver sa sœur disparue dans la montagne, bref, que du bonheur. Du moins, pendant la première moitié, c'est ça. Ensuite, l'intrigue se résout et on débouche sur complètement autre chose. Et c'est assez déconcertant. Sympa à lire, hein, mais ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Bref, de toute façon ce n'est pas un roman mémorable.
L'Autre rive, Georges-Olivier Châteaureynaud (2007) ❤
Au bord du Styx - du côté des vivants - se tient bien immobile la petite bourgade d'Écorcheville, où le suicide est un service public, où il pleut des salamandres, où l'esclavage n'a pas été aboli et où le fleuve rejette, venues de l'autre rive, de drôles de chimères qui finissent au musée. Le personnage principal, un ado que sa mère a abandonné à la naissance, élevé par une taxidermiste un peu spéciale, pense que son manque d'attaches à ce monde vient du fait qu'il ne sait pas d'où il vient. Quand il ne cherche pas vaguement l'identité de son père et ne cache pas un faune dans son garage, il zone avec ses amis, deux garçons fous de belles voitures qui se la jouent Fureur de vivre à la nuit tombée, et une orpheline comme lui, une rebelle, dont il est secrètement amoureux.
Le premier gros tiers de ce roman est vraiment génial. L'atmosphère est unique, la galerie de personnages haute en couleurs, les décors semblent sortis d'un rêve un peu glauque, il y a de l'humour, du fantastique, c'est sombre sans être déprimant, c'est différent, c'est du grand art. Et du coup on est prêt, on est à fond, on attend le développement qui sera à la hauteur de l'exposition. Mais il n'arrive pas vraiment. Vers la moitié, on commence à trouver le temps un peu long, mais on s'est attaché aux personnages et on s'intéresse à leur sort alors on continue. Comme je l'ai dit plus haut, Châteaureynaud a une belle plume, alors c'est chouette malgré tout. En plus, cette fois, l'histoire va quand même à peu près quelque part. Sans se presser, mais on avance. Et puis on fait quelques détours, on tourne un peu en rond, et quand on finit par arriver, c'est tout sauf intense. C'est finalement un roman en pente douce, sans superbe, sans grandes ambitions. On peut sans doute voir de la grâce dans son dénouement en demi-teinte, mais pour moi il est clairement beaucoup trop long pour que cela fonctionne. Un beau roman, mais qui ne tient pas ses promesses.
Baise-moi, Virginie Despentes (1994)
Après avoir lu King Kong Théorie, je me sentais prête à appréhender ce livre, qui continuait de m'intriguer. Mais je ne m'étais en fait pas préparée à cela. J'avais entendu dire qu'il s'agissait d'une histoire de type "Rape & Revenge", alors que pas du tout. Il y a bien une des deux meufs qui se fait violer, mais nulle idée de vengeance par la suite lorsqu'elle se met à buter des gens (hommes et femmes de tous âges) avec une autre nana (prostituée) rencontrée par hasard. Je pense même que c'est assez gravement déformer le propos du bouquin que d'aller parler de vengeance. La citation la plus célèbre de ce roman est tout de même celle-ci :
« Je peux dire ça parce que j'en ai rien à foutre de leurs pauvres bites de branleurs et que j'en ai pris d'autres dans le ventre et que je les emmerde. C'est comme une voiture que tu gares dans une cité, tu laisses pas des trucs de valeur à l'intérieur parce que tu peux pas empêcher qu'elle soit forcée. Ma chatte, je peux pas empêcher les connards d'y rentrer et j'y ai rien laissé de précieux. »
Bref, ce sont simplement deux femmes complètement à la marge de tout qui se tapent un road trip de killeuses, mais je pensais que ça aurait un côté réjouissant dans l'insolence, dans l'excès, dans l'outrance. En fait ça m'a juste ennuyée. Je sais pas, comme d'habitude ça se lit bien mais c'est complètement vide et gratuit, j'ai vraiment pas vu où Despentes avait voulu en venir avec ce bouquin. C'est punk, sans doute.
Albums
Féroce, David Sala et Jean-François Chabas (2012) ❤
Fenris n'est pas un loup comme les autres. Dès sa naissance, son aspect a terrifié toutes les créatures qui l'apercevaient et, par la force des choses, il est devenu un monstre féroce. Jusqu'au jour où il rencontre une fillette qui ne se soucie guère des apparences…
Très très très très très très beau livre pour enfants. On se délecte de chaque page, c'est vraiment somptueux. L'histoire, elle, est forcément un peu simple et un peu courte, mais ce n'est bien évidemment pas pour cela que je l'ai lu. Plaira sûrement aux amateurs de Klimt <3
Les derniers jours de Stefan Zweig, Guillaume Sorel (2012) ❤
Une belle mise en image du récit de Laurent Seksik, sur la fin de la vie de Stefan Zweig (sans rire). Dépressif dans ses dernières années, complètement dévasté par les atrocités de la seconde guerre mondiale et ce qu'elle révèle de la folie des hommes, il finit par se suicider avec sa jeune seconde épouse, qui l'aimait d'un amour assez fou pour le suivre dans la mort.
Un album parfaitement réussi, dans le genre biographique (qui n'est toujours pas mon favori), avec une fin parfaitement déchirante, haha. SI vous aimez pleurer, il est pour vous.
Fables amères, De tout petits riens, Chabouté (2010) ❤
Tout est dans le titre ! Des petites histoires qui traduisent toute l'amertume du quotidien.
À partir de petits riens, Chabouté arrive à serrer le cœur presque à chaque fois. Son découpage est toujours aussi génial, il sait exactement quoi montrer à quel moment pour déclencher l'émotion.
Une jolie réussite, même si le tout reste un peu anecdotique.
Le train où vont les choses, Fred (2013)
Dans cet ultime album, Philémon, Monsieur Barthélémy et l'Oncle Félicien voient débarquer une drôle de locomotive qui marche à l'imagination. Manque de bol, l'imagination est en panne…
Après plus de vingt ans sans nouvel album, Fred a finalement bouclé la boucle de sa série Philémon. Atteint de dépression parce qu'il n'arrivait plus à créer, cet inventeur de mondes merveilleux nous a livré ici un tome tronqué, terminé à l'aide d'une astuce, et qui met douloureusement en images la peine même qu'il a eu à le produire (quelle mise en abyme !). Son dessin est toujours aussi extraordinaire, mais l'histoire est tout simplement déprimante. Cet adieu maladroit m'a rendue vraiment triste.
Un printemps à Tchernobyl, Emmanuel Lepage (2012) ❤
La seconde BD documentaire de Lepage, qui a eu la chance rare de visiter le site de Tchernobyl.
Je crois que cette BD contient les plus beaux dessins que Lepage ait jamais produits, et parlant de lui c'est quelque chose. C'est tellement somptueux que j'en restais littéralement bouche bée quand, après quelques pages de récit au lavis, je tombais sur une double page d'illustration. Au niveau du récit, je l'ai trouvé moins bien écrit, moins équilibré que dans sa BD sur les îles Kerguelen, mais le propos m'a touchée de plus près et m'a émue davantage. Je ne sais pas s'il est normal de se sentir un lien fort avec la catastrophe de Tchernobyl, mais c'est mon cas.
Bref, une BD merveilleuse, un pur chef d'œuvre, à recommander à tous ceux que le sujet intéresse et qui aiment les belles illustrations.
Projet 17 mai, Collectif (2013)
Parce que c'est un sujet sur lequel je ne peux m'empêcher d'être engagée, j'ai participé au kickstarter du Projet 17 mai, contre l'homophobie, et j'ai donc reçu ma BD lors qu'elle a été éditée.
Certaines participations sont chouettes, d'autres moins. Je vais être honnête : les trucs engagés, ce n'est pas ma tasse de thé, pas quand ça l'est de façon trop explicite. Mais ça n'a guère d'importance :) les bénéfices sont en partie reversés à SOS Homophobie.
Toutes les BD et illustrations offertes pour le projet se trouvent sur le site
Projet 17 Mai.
… Et je suis enfin à jour dans mes foutues critiques !!!