Un petit post avant de faire dodo !
Suis bien arrivée ! Et suis bien crevée !
Si vous saviez le temps qu'il fait ici, c'est hallucinant. Qu'il m'a manqué ce ciel, immense, d'un bleu uni, le ciel espagnol ! Il fait chaud, il fait beau, on se croirait déjà au printemps, sauf que c'est au printemps que le temps est dégueulasse, ici ^^. J'ai écouté Chris Isaak et son "big blue spanish sky" en boucle pendant une heure (rien à foutre que ce soit une chanson triste).
J'aurais des trucs à raconter sur mon voyage vu le compagnon que j'ai eu pendant les trois quarts du trajet... bon, je me lance, après je n'aurai plus le courage.
J'étais tout énervée en entrant dans le car parce que je me suis rendu compte que j'avais bien pris mon iPod et tout le toutim, mais j'avais oublié mes écouteur ! L'horreur, 20h de car sans musique, je sentais déjà venir la crise de nerfs... (Finalement j'ai eu de la chance, au bout d'une demi-heure on a fait un arrêt dans une station service et j'ai vu m'acheter une paire d'écouteurs ^^.) Mais bon à peine assise il y a ce type de l'autre côté du "couloir" qui se met à me parler. Au début c'est normal :
LUI - T'es de Nantes ?
MOI - Ben oui. Tu viens d'où toi ?
LUI - Moi ? De Corée.
MOI - Haha, oui non je veux dire, d'où tu es parti dans ce car ?
LUI - Haha, Rennes...
Alors il a commencé sur le fait qu'il aimait pas Rennes même s'il y avait vécu toute sa vie, que Nantes c'était vachement mieux, "le petit Paris", on a parlé villes comme ça un moment (il rejoignait sa copine à Salamanca où il a vécu deux ans, donc on a aussi comparé Salamanca et Caceres), et puis ses arguments sont devenus de plus en plus fumeux pour moi (c'est le cas de le dire)...
Et en fait il est parti à me raconter toute sa vie dans le désordre, depuis qu'il sétait fait adopter à 5 ans, les 352 trousses qu'ils avait volées dans son école avec un pote à 10 ans, son initiation au shit à 13 ans, ses six mois de rétention pour mineurs à 17 ans pour trafic, comment ses parents l'avaient envoyé à Salamanque après ça parce qu'ils ne le supportaient plus, les dix mois en communauté de désintox qu'il venait de faire - et tout en parlant, il ouvrait des petits papiers qu'il tirait de sa poche, vidait sur sa carte vitale (!), amassant de quoi faire une ligne de poudre blanche ou deux.
LUI - Tout le monde te le dira : les reubeus c'est le shit, les asiats c'est la coke.
MOI - Oh ben je te crois écoute...
La désinvolture avec laquelle il se faisait des lignes dans un car, c'était tuant. Le pire c'est qu'il était super intéressant et tout, on a bien discuté !
Non, en fait, le pire c'est que j'étais en train de me dire : il vit sa vie comme il veut, j'ai même pas envie de juger, tout ce que je vois c'est un mec sympa qui m'aide à tuer le temps. Pourtant à côté de ça, je suis incapable de discuter religion avec un croyant sans être crispée, sans avoir envie de lui crier MAIS BORDEL COMMENT TU PEUX CROIRE A DES TRUCS PAREILS, et rien n'y fait, rien n'y fait, malgré toute ma belle ouverture d'esprit, je suis toujours comme ça, la foi c'est quelque chose que je n'arrive pas à comprendre - la déchéance, la dépendance, tous les aléats de la vie que tu veux, mais pas la foi.
A côté lui, il me disait que dans sa communauté de toxico on les faisait prier deux fois par jour, ce à quoi je lui ai demandé s'il était croyant, et là il m'a fait : "quand tu arrives à un point où tu penses plus qu'à la drogue tout le temps, pour t'en sortir, c'est bien de pouvoir penser à quelque chose de plus grand". Je sais pas si c'est parce qu'il a fait ce choix de mots qui me touche, "penser" plutôt que "croire", mais c'était la première fois de toute ma vie sans doute que je pouvais concevoir la religion comme quelque chose de bénéfique, et que j'étais disposée à comprendre ce que ça pouvait apporter.
Je retiendrai aussi son : "moi j'ai pas peur d'aller vers les gens, c'est important, c'est pas grave de se faire rejeter, mais si tu vas jamais vers les gens, qu'est-ce qu'il te restera au jour de ta mort, que les gens qui sont venus vers toi, et qu'est-ce que tu auras donné, toi?"
Une chouette rencontre, vraiment... J'ai passé une nuit de merde après ça mais je m'en fous, j'aime les road trips, même en car, même 20h. C'est manger la route et pouvoir passer des heures à ne rien faire d'autre que regarder le paysage si on en a envie. De nos jours on a trop matière à s'occuper pour se permettre encore de rester là à ne rien faire, et du coup, je trouve ça apaisant. (Mon dos, moins.)
Et me voilà donc de retour dans mon ancien appart, avec mes anciens colocs ! C'est trop bien d'être ici à nouveau, on s'est direct regardé deux films ce soir avec Jenni et Jorge (qui a pris mon ancienne chambre), en bouffant de leur pop-corn salé et des oreos. Maria-Elena sera là ce week-end, faudra qu'on se fasse une séance film d'horreur dans le salon... Iih.
PS : Je sais pas ce que j'ai à vous saouler avec mes chansons en ce moment, mais... J'en vois un qui fait chier tout le monde sa drama queen à mort sur Papotus en ce moment, et quand j'ai entendu cette chanson (tirée de la BO de Queer as Folk US) sur mon iPod, je me suis dit :
"Celle-là mon cher Sirius, elle est pour toi."
"Suffering"
Jay Jay Johanson Autumn is here inside my heart
When there's springtime in the air
Loneliness is tearing me apart
Being lost makes me scared
I keep on asking the gods above
To send my love back to me
Oh please let these days and weeks
Pass by so quickly
Nobody suffers like I do
Nobody else, oh no
Nobody suffers like I do
Nobody else but you
You had to leave, I know
And we knew it would be tough
You said you would be back soon
Soon is not soon enough
Through this waiting in vain
All this darkness and pain
I've been crying for you, now I'm dying
When this test is at end
I hope you'll understand
That you're all that I've got
Oh darling...