Contrat Première Embauche : c'est vraiment tellement le mal ??

Feb 28, 2006 23:59

Le CPE, ça me prend la tête grave de sa race. Je devrais sûrement être contre, parce que mes amis sont contre et que mes amis sont des gens bien, mais je me méfie toujours beaucoup des opinions des autres en politique, et même si j'ai souvent la flemme de me forger la mienne, je ne peux pas me résoudre à écouter des avis biaisés. Du coup, je fais rien.
Seulement, là, c'est plus possible, trop de manifs, une grève mardi prochain, il va bien falloir que je sache sur quel pied danser dans cette histoire. Alors en écrivant cette entrée, je vais essayer de réfléchir un peu, ouais ouais, avec mes propres neurones. Si je l'ai pas fait avant, c'est que ma flemme légendaire a été honteusement provoquée, au tout début, alors que je n'avais RIEN demandé.
En effet, un beau jour, sur le Yahoo!group de LEA Nantes, est arrivé un document de propagande qui n'avait rien à faire là…


Thibault M*** a écrit :

Chers Amis,

Il est primordial que la mobilisation des Jeunes en faveur du Contrat Première Embauche (CPE) s’organise massivement.

Il faut rétablir la vérité face aux mensonges de cette gauche conservatrice !

Transférez cette lettre ouverte à l’ensemble de vos contacts afin que chacun réalise que le CPE est une chance pour l’avenir des Jeunes.

Fabien de Sans Nicolas
Président des Jeunes Populaires


… Ceci déclencha un certain nombre de réactions :

L*** Aurélie a écrit :

ouai une vraie chance de se retrouver avec les miquettes parce kon peut se faire licencier sans motif du jour au lendemain pendant 2 longues années qu'onpeut meme pas se risquer a prendre un appart ou un emprunt parce que demain on aura ptetr plus de taf? ouai la chance! c'est tellment debile ce truc que je me demande comment on a pu pondre une telle connerie

Florian a écrit :

Heu... On n'avait pas dit "pas de militantisme" ?

B*** Anne a écrit :

Bon alors que se soit bien clair, pas de militantisme, quel qu'il soit je suis tout à fait d'accord. Moi perso ça me gonfle!
Y'a déjà les débiles de l'UNEF qui me font PARTICULLIEREMENT chier, alors c'est pas pour être pollué chez moi. En revanche je serais d'accord pour que tout le monde arrête de crier "au loup" avant de vraiment savoir de quoi il retourne. En tout cas il est hors de question de faire grève!!! J'aimerais savoir combien savent VRAIMENT de quoi il est question! Dans tous les détails je veux dire.... Parce qu'à mon humble avis, y'en a pas beaucoup.

C*** Patrice a écrit :

Pas de militantisme, simplemen,t du partage d'opinion...

Dire que c'est de la connerie sans avoir essayé, c'est de la critique typiquement de gauche...Ok, si c'est pas bien, qu'est ce qu'il propose de mieux en face? Rien malheureusemnt à pert taxer les entreprises, ce qui a pour effet de les faire fuir à l'étranger...Ce qui est beaucoup mieux...

Mieux vaut avoir une situation précaire que d'être au chômage, si tu penses le contraire, c'est que t'as limite deux grands poils dans tes deux mains gauches....

Compare avec l'Angleterre où la précarité est autrement plus importante qu'ici, et pourtant les taux de chômage sont beaucoup plus bas! Certes, précarité mais au moins leur pays à un taux de croissance. Et il est de notoriété commune qu'un taux de croissance positif est bon pour le moral....

Je crois surtout que c'est l'exception française de gueuler d'abord et de discuter ensuite, et je ne suis pas le seul à penser cela...

J'espère que des gens réagiront, c'est toujours sympa de faire des débats.

L*** Aurélie a écrit :

non attends c'est tout simplment le principe d'une periode d'essai de 2 ans meme pour le cne je trouvais deja que c'etait de la connerie. coirs moi je suis loin d'avoir un poil dans la main moi je sis pas boursiere si je ne travaille pas j'ai aucune rentrée d'argent et j'ai bossé tout les été depuis mes 17ans et chaque fois kon me propose de bosser pendant les vacances scolaire j'accepte je suis pas partie en vacances depuuis 2001 pour faire du 40h par semaine pour mettre des sous de cotés pour l'année et la question s'est pas d'avoir un poil dans la main, la question c'est : vivre pendant 2ans sans pouvoir faire de projet d'avenir, la pression mentale d'etre sur la corde raide pendant 2 ans est ce que tu te rends compte ? on ne peut pas infliger cette torture mentale a qqun, de plus 2ans c'est largement trop comme periode d'essai, 6 mois c'est deja pas mal il me semble.  Rends toi compte kon peut te virer sans avoir a justifier d'un motif! Et admettons tu es une fille et tu refuse les avances de ton patron (et oui ça existe j'en temoigne et j en connais d'autre) il peut te virer juste pour ça et il u aura rien a faire! je trouve ça scandaleux ces 2ans, c'est tellemnt trop que ça en devient comic.

maintenant tu as dit ton opinion, j'ai dit la mienne, en ce qui me concerne le debat est clos puisqu'il faut respecter les autres memebre qui ne souhaitent pas voir de militantisme sur ce groupe. Je les ai prie d'allieurs de m'excuser de cet elan.

Florian a écrit :

Partage d'opinion, oui, d'accord... Mais bon, poster un tract made in UMP qui demande en plus un petit chèque de dix euros, c'est pas vraiment ce que j'appelle du partage d'opinion...

Perso, sans y être franchement opposé, je reste sceptique vis à vis de ce CPE... Les emplois qui devaient être créés avcec des contrats classiques vont être créés avec des CPE, et alors ? Au final, il n'y a pas plus d'emploi créé qu'avec des contrats normaux... Simplement, comme ces emplois seront plus précaires, la pression sur les salariés sera plus fortes et les patrons vont pouvoir tirer les salaires vers le bas. Alleluïa.

Et puis, prendre l'UK comme exemple n'est pas trop une bonne idée : c'est aussi l'un des pays d'Europe où le taux de pauvreté est le plus élevé...

B*** Anne a écrit :

Mouais enfin moi je trouve que ça ressemble plus à rien de gueuler pour gueuler... On est plus crédible! Maintenant je n'ai aucune opinion sur le sujet des CPE, je ne sais pas se que ça propose vraiment. Ne me dites rien!!! Je découvrirais par moi-même. Je n'aime pas quand on me "raconte", parce que chacun met son opinion personnelle dans l'explication....
Moi je disais juste qu'en France on a tendance à vite appeller à la grèvce pour un oui pour un non, et qu'aprés on passe quand même pour des feignasses, et qu'en plus ça n'est pas toujours justifiée toutes ses grèves!

Thibault M*** a écrit :

Je voudrais tout d'abord m'excuser d'avoir envoyer ce message (C'est vrai que le bas du tract est abusé), mais bon, sur la page d'accueil du groupe il est préciser que c'est également un site de chat sur les aléas de la vie estudiantine nantaise, et selon moi ceci nous concerne (au dela des idées politiques de chacun) car les syndicats préparent bel et bien une grève et désirent bloquer les cours, si ils veulent se pénaliser eux-memes ca ne me dérange pas, mais qu'ils ne pénalisent pas les autres. Malheureusement leurs idées sont tellement vagues qu'ils sont obligés d'en arriver là pour se faire entendre... Pour des gens qui prônent la démocratie, le dialogue et l'ouverture d'esprit c'est tout à fait paradoxale. De plus ces gens là qui se disent être philanthropes et altruistes sont xénophobre envers ceux qui n'ont pas les mêmes idées qu'eux.
Pour en revenir aux idées précédemment évoquées par Aurélie et Florian, je pense que il est préférable d'avoir un emploi précaire pendant deux ans que pas d'emplois du tout. Il ne faut pas trop en demander non plus, certains voudraient obtenir un CDI, à la sortie d'une école ou d'une fac, mais il faut être réaliste, on ne vaut pas grand chose tant que l'on n'à pas d'expérience sur le marché du travail. Il faut arrêter de penser que les patrons sont là pour exploiter le personnel! Il font surement plus de social que les leaders actuels du PS, car eux ils savent ce que c'est de s'occuper des problemes de leur employés, mais il ont aussi une entreprise à faire tourner et ils doivent rester compétitif, hors si on commence a distribuer des CDI à tout va, les employés vont commencer à se reposer sur leurs lauriers et à être bien moins efficace dans leur travail. Cette "torture mentale" comme tu dis, est à mon avis nécéssaire pour démontrer ton aptitude à travailler (Surtout que la plupart des étudiants de LEA se destinent à un travail sur le marché international où la pression est présente tout les jours). Dans beaucoup de pays, par exemple l'Angleterre précedemment citée, il n'existe même pas de CDI à proprement parlé, les gens sont obligés d'être efficaces tout au long de leur vie (avis aux fonctionnaires qui devraient en prendre de la graine plutot que de faire grêve dès lors qu'un de leur acquis social est remis en cause), et ce n'est pas pour autant que les gens vivent moins bien, au contraire, l'Angleterre à un taux de chômage de 5% ce qui est bien inférieur à celui de la France, et la croissance est plus forte aussi (le seul bémol reste le taux de pauvreté). Les gens se font peut-être licencier plus facilement mais retrouve du travail plus facilement également. Et dans la conjoncture actuelle, inutile de rappeler que la concurrence est féroce, les entreprises françaises sont bien mal en point et il ne faut pas s'étonner que beaucoup d'entre elles délocalisent...

Bon je vais m'arreter là... Mais il faudrait quand même que certains se rendent compte que la vie c'est pas marrant et qu'il va falloir travailler dur toute notre vie, si vous voulez une vie sans stress et sans travail mais avec tout le comfort, vous devriez aller créer votre secte utopiste sur une île déserte.

Thibault

Florian a écrit :

Ouaip ! Je suis 100% d'accord avec toi sur un point : le tract était de trop :oP
En revanche, pour le reste... Et bien disons que je n'ai jamais été partisan du darwinisme social.

Mais puisque le sujet a l'air de passionner les choses (et qu'il se passe enfin qqc sur ce groupe lol ), j'ai lancé deux petits sondages sur ce sujet, histoire de rigoler un peu...

> albane a écrit :

Je trouve ça bien que tu vois par toi-même de quoi il retourne mais il est clair que quand on s'informe un temps soi peu(site du gouvernement par exemple tu verras par toi-même),certaines personnes qui sont en désaccord avec ce projet(comme moi) ont le droit de faire grève car faire grève ou autre action(grève c'est pas forcément empêcher les autres de taffer à part si ils ne veulent rien entendre!!!lol)c'est défendre ces droits et yen a marre des gens qui veulent jamais bouger leur cul et qui attendent que les autres bougent à leur place!!

Et puis concernant les feignasses j'en ai rien de foutre de savoir que la france passe pour un pays de feignasses par rapport aux autres pays européens!

Toutefois je suis d'accord sur le fait que les grèves de la SNCF ne sont pas toujours justifiées....

J'espère que les gens dans l'ensemble s'informeront assez vite concernat le CPE.

mowgz07 a écrit :

Oui, faire grève est un droit, tout à fait d'accord. Mais il y a un peu d'abus tout de même.

Je n'ai rien contre le fait que les gens fassent grève, mais aujourd'hui, les motifs sont devenus tellement risibles...

A chaque fois que tu entends un délégué syndical dénoncé quelque chose, il critique et ses solutions proposées ne mèneront qu'à une faillite de l'entreprise. Chacun à sa place, le patron est là pour décider, les ouvriers s'exécutent. S'ils ne sont pas contents, ils n'ont qu'à voir ailleurs!
En plus, tu t'aperçois que leur revendications ne servent qu'à défendre une chose leur portefeuille et leur pouvoir d'achat. Vive les partisans de gauche avec un porte monnaie de capitaliste!

N'oublions pas le pourcentage de syndiqués n'est que de 7%...7% c'est queudal, mais alors qu'est-ce qu'ils nous emmerdent!!!

B*** Anne a écrit :

Ouais mais par contre -pour répondre à Albane-, je suis d'accord avec les autres... Vaut mieux avoir un boulot que pas du tout. En plus, je trouve un peu déplacer de ta part d'attaquer seulement la SNCF.. évidemment quand ils font grève ça emmerde tout le monde, mais ils ne sont pas les seuls à gonfler les gens.. Pour moi, juste ap la SNCF, y'a les étudiants dans le top 10 des emmerdeurs feignants professionels! Je me rapelle une année où nous n'avons pas pu aller en cours pendant plusieurs semaines parce que certains se croyant mieux que les autres, nous ont empêché de choisir de faire
grêve ou pas. Ils bloquaient les entrées des facs, dont la notre, ils en sont venus aux mains avec des élèves qui voulaient aller en cours et avec des profs me semble-t'il... Bravo les syndicats et leur sens innés de la démocratie!!!

"grève c'est pas forcément empêcher les autres de taffer à part si ils ne veulent rien entendre!!!lol" Sympa ta définition de la grêve... mais elle me laisse perlexe et me fait bof "lol".

Ah et puis, oui ça me fait chier que la France passe pour un pays de feignasse, si tu n'as aucun sens de la dignité c'est ton problème, mais avoir une image respectable, c'est super important si on veut garder notre "poids" politique. les guignols ne prennent pas les décisions importantes, ils font les bouffons, et moi je ne veux être la bouffonne de personne!

je dis oui, mille fois oui à tous ceux qui ont réagis aprés nous.

Et s'ils font grève et bah tant mieux pour eux, mais si jamais ils nous empêchent d'aller en cours, je crois que je risque de leur faire bouffer leur dents par les oreilles... Or de question de se laisser faire comme la dernière fois.

btclubber a écrit : (à Thibault M***)

Je suis entierement d'accord avec toi sur ces grandes lignes.
Le débat c'est le propre de la politique. Si il n'y avait pas systématiquement une opposition aux propositions du gouvernement, la substance-même de ces propositions n'évoluerait pas et serait ( sans doute ) plus en décalage avec les attentes des citoyens. Cependant nous pouvons remarquer qu'actuellement, nous avons d'un coté le gouvernement qui tente de remédier à ce malaise social que représente le chômage, mais de l'autre coté une opposition qui critique les nouvelles mesures sans apporter d'alternatives constructives, loin de là. L'opposition se doit de contribuer au débat, et non le neutraliser.
Au sujet de la forte tendance gréviste chez les français, nous sommes tous d'accord la dessus : notre visibilité à l'international nous fait plus passer pour des travailleurs grognons qui n'acceptent pas que l'on coupe seulement la branche sur laquelle ils sont assise, afin de préserver la survie de l'arbre. En claire, nous préferons malheureusement faire couler le bateau que lachez du lest.

Quant au CPE, il ne faut pas dramatiser. 2 ans de précarité? La question est plutôt : préferez-vous travailler pendant un laps de temps, acquérir une expérience ( voir vous former ),donc gagner de l'argent mais être sous la pression d'un licenciement sans recours, ou tout simplement rester au chômage? Il Faut arrêter de vouloir le beurre l'argent du beurre et la crémière. Un jeune qui veut vraiment bosser acceptera le CPE car c'est pour lui une occasion supplémentaire d'être employé. Il faut arrêter de croire que tout est déjà acquis. Il faut se battre pour obtenir ce que l'on veut, et si il faut en passer par 2 ans d'épreuves, c'est mieux que rester chez soit au chomage et perdre des mois voir des années sans expérience, ce qui ne fera qu'empirer votre situation...
Le seul point que je trouve discutable ( et encore, si il faut en passer par la pour diminuer le chômage, surtout dans les zones sensibles ), c'est la période de 2 ans. Une entreprise n'a pas focément besoin de 2 ans pour évaluer si ces nouveaux emplois pénalisent ou renforcent la viabilité d'une entreprise. 1 exercice plus 1/2 ( donc 18 mois ) suffisent amplement.
Et excusez-moi, mais quand j'entend dire qu'on peut être harcelé sexuellement par son patron et être licencié sans recours...Les prud'hommes, c'est pas fait pour les chiens ! (sachant de plus que le licenciement sera effectivement porté aux prudhommes car le harcelement sexuel sera porté au pénal...)

Et puis voilà, après ça le débat est mort, me laissant le cerveau bien barbouillé.
Qu'est-ce que j'en pense? J'en pense que je ne veux plus en entendre parler!
Bah déjà, moi, j'aimerais bien lire le texte du CPE… Bah oui. En fait, je ne connais personne qui l'ait lu. Je n'en trouve que des interprétations, de la gauche, de la droite… Et c'est un peu la même situation qu'avec la constitution européenne - même ceux qui l'ont lu n'ont pas les moyens de la comprendre.
Si on en croit le site de monsieur Dominique "Premier Ministre" de Villepin, le CPE se justifie comme ça et s'explique comme ça.

Mais, comme on dit, c'est l'artiste le plus mal placé pour commenter son œuvre.

J'ai donc consulté un article de lentreprise.com qui semble résumer tout ça de façon assez objective.

Guide pratique : les 15 points clés du CPE

Pour ou contre le contrat première embauche ? Impossible de répondre à la question sans en connaître précisément les contours. Florence Aubonnet, du cabinet Flichy & associés, passe au crible le nouveau dispositif Villepin.

En matière de contrat première embauche (CPE), tout le monde ou presque connaît le B.A.-BA : le contrat s’adresse aux jeunes de moins de 26 ans et il peut être rompu, pendant deux ans, par le salarié comme par l’employeur, sans qu’ils aient à se justifier.
Mais l’amendement voté la semaine dernière par l’Assemblée ne se résume pas à ces grandes lignes. Notre expert, Florence Aubonnet, nous décrit précisément le dispositif, tel qu’il devrait être mis en œuvre après examen au Sénat et sans doute au conseil constitutionnel.

1. Le CPE est possible jusqu’à 26 ans révolus
C’est la date anniversaire qui compte. Exemple : Julien (haha), 25 ans et demi, peut encore signer un CPE jusqu’à la veille de ses 26 ans.

2. Le CPE ne peut pas être utilisé dans les très petites entreprises
Contrairement au contrat nouvelle embauche, qui concerne les entreprises de moins de 20 salariés, le CPE ne peut être conclu que dans une entreprise de plus de 20 salariés.

3. Certains emplois ne peuvent donner lieu à une embauche en CPE
Un CPE ne peut être conclu pour pourvoir un emploi saisonnier. Il ne peut pas non plus remplacer ce qu’on appelle les « CDD d’usage », en vigueur dans certains secteurs particuliers comme l’audiovisuel.

4. Le CPE est soumis aux dispositions du code du travail
Le CPE est conclu sans détermination de durée. Il est soumis à toutes les dispositions du code du travail, à l’exception de celles concernant la rupture du contrat et le licenciement. Après les deux ans de la « période d’essai », il obéit aux mêmes règles qu’un CDI classique.

5. Dans les deux ans de « période d’essai », les collaborations antérieures du salarié avec l’entreprise sont comptabilisées
Les stages, CDD et missions de travail temporaire (intérim), sont déduites de la « période d’essai » de deux ans.

6. Le salarié ou l’employeur peut rompre le CPE, du jour au lendemain, sans justification.
Je suppose que c'est le point qui fait hurler tout le monde.
La rupture n’a pas à être motivée. Mais elle doit tout de même respecter un certain formalisme. Elle ne peut être constatée verbalement ou même par lettre simple. Il faut une lettre recommandée avec accusé de réception. Remarquez que cet écrit n’est pas exigé pour la rupture de la période d’essai dans le cadre d’un CDI. En revanche, contrairement aux exigences d’un licenciement « classique », la rupture du CPE n’implique pas d’entretien préalable. Sur ce point, cela ressemble à une rupture de période d’essai.

7. Le salarié doit effectuer un préavis avant de quitter l’entreprise
Seulement lorsque c’est l’employeur qui est à l’initiative de la rupture, que le salarié a plus d’un mois d’ancienneté et qu’il n’a pas commis de faute grave. Si le salarié a moins de six mois d’ancienneté à la date de la présentation de la lettre recommandée accusant la rupture du contrat, le préavis est de deux semaines. Au-delà de six mois d’ancienneté, il est d’un mois.

8. L’employeur qui rompt le CPE doit verser des indemnités au salarié
Il doit verser au salarié ses salaires, ses congés payés, mais également une indemnité égale à 8 % du montant total de la rémunération brute du salarié depuis la conclusion du contrat. Le tout exonéré d’impôt et de cotisations sociales. Sur ce point, le CPE est plutôt favorable au jeune. En effet, un salarié de moins de 26 ans, avec moins de deux ans d’ancienneté, qui perd son CDI, part, lui, sans indemnité (sauf convention collective plus favorable). Il a bien la possibilité de saisir les Prud’hommes pour licenciement abusif, mais il n’est pas sur d’obtenir gain de cause, et quand bien même il gagnerait le procès, les dommages et intérêts qu’il percevrait ne voleraient pas haut. Les dommages et intérêts (de un à six mois de salaire) sont calculés par les juges, qui apprécient le préjudice subi. Pour un jeune de moins de 30 ans, le préjudice est moindre que pour un senior.

9. L’employeur qui rompt le contrat doit verser une contribution financière aux Assedics
Cette contribution est égale à 2 % de la rémunération brute due au salarié depuis le début du contrat. Au final, si l’employeur rompt, il lui en coûte donc 10 % de la rémunération brute du salarié depuis le début du contrat. C’est cher.

10. Une protection particulière est assurée aux représentants du personnel
Le texte dit que la rupture du CPE doit respecter les dispositions législatives et réglementaires qui assurent une protection particulière aux salariés titulaires d’un mandat syndical ou représentatif. Le CPE doit respecter le droit commun, et donc pour se séparer d’un représentant du personnel, il faut l’autorisation de l’inspecteur du travail. Rien d’exceptionnel.

11. A la rupture du CPE, le salarié a droit aux Assedics
 A condition que l’employeur soit à l’origine de la rupture et qu’il ait passé au moins quatre mois dans l’entreprise en CPE, il a droit a une indemnité forfaitaire pendant deux mois.

12. Le salarié qui veut contester la rupture du CPE dispose d’un an pour saisir les Prud’hommes
Il dispose de 12 mois. Mais encore faut-il que l’employeur ait mentionné ce délai dans sa lettre recommandée de rupture. Sinon, le délai de recours passe à 30 ans.

13. L’employeur peut conclure deux fois un CPE avec la même personne
Oui, mais en respectant un délai de carence de trois mois.

14. Le salarié en CPE bénéficie du droit individuel à la formation
Normalement, le droit individuel à la formation (Dif) ne s’acquiert qu’au bout d’un an de présence dans l’entreprise, à raison de 20 heures par an. Pour le CPE, il s’acquiert au prorata de la présence du salarié, dès un mois de présence. Exemple : deux mois de présence donnent droit à 3,3 heures de formation (20/6)

15. L’employeur est tenu de sécuriser l’éventuelle recherche d’un logement par le salarié
L’employeur doit informer le salarié, à la signature du contrat, des dispositifs intreprofessionnels, comme Loca-pass, lui accordant une garantie et une caution de loyer pour la recherche d’un logement.

Bon, ayant lu cela, je n'ai toujours pas tellement d'opinion (oui je sais, je suis dure de la feuille). Ce que je pense en tout cas, c'est qu'il n'y a tout de même pas de grave scandale dans cette affaire-là. Je veux dire que même si c'est nul, ça ne part pas d'une mauvaise volonté, alors qu'on arrête de dépeindre les politiques comme de méchants petits diablotins qui veulent nuire aux pauvres jeunes, ça c'est dans l'intérêt de personne. En fait, j'ai l'impression que c'est juste assez inutile. Maintenant, pour ce qui est de savoir si c'est véritablement néfaste…
Il faudrait je pense aller un peu plus loin qu'un simple résumé et essayer d'envisager les conséquences cachées (chose que je n'ai vraiment pas les moyens de faire par moi-même, malheureusement). Voyons ce qu'en dit par exemple monsieur Bernard Brunhes, expert machin-bidule-truc.

Le contrat premier embauche (CPE) peut-il favoriser l’intégration des jeunes dans l’entreprise ?

Il y a urgence à trouver des systèmes qui poussent les entreprises à embaucher des jeunes. Le  CPE n’est pas la solution-miracle. Il peut éventuellement créer quelques dizaines de milliers d’emplois cette année. C’est toujours ça de pris. Mais il va surtout se substituer aux autres contrats existants. Certains recruteurs au profil « chasseurs de prime » se contenteront de modifier leur stratégie et d’opter pour le CPE plutôt qu’un autre contrat.
Les entreprises embauchent quand elles en ont besoin, vous savez, autrement dit quand la croissance est là. En quoi le CPE peut-il modifier leurs besoins ? Je me le demande. Sans compter que certains DRH vont hésiter à recourir à ce contrat, par peur de devoir faire face, s’ils décident ensuite d’y mettre fin, à des procès pour licenciement sans cause réelle et sérieuse. Certes, le CPE, tel qu’il est actuellement prévu, autorise l’employeur à se séparer du salarié sans avoir à se justifier. Mais qui peut savoir aujourd’hui comment les Prud’hommes réagiront face à ce type d’affaires?

Globalement, vous êtes donc plutôt contre le CPE…

La question n’est pas tant d’être pour ou contre. Je dis juste que cette réforme peut avoir des effets pervers. D’abord la précarisation du salarié, lequel courra le risque d’être licencié du jour au lendemain, parce qu’il refuse une mutation géographique, par exemple. Personne ne peut dire à ce jour s’il y aura beaucoup de licenciements mais ce risque existe bel et bien.
Le contrat va aussi nuire au fonctionnement naturel du marché du travail. Les jeunes qui auront dépassé l’âge limite pour conclure un CPE intéresseront moins les entreprises. De même, le texte prévoit une exonération de charges sociales pendant deux ans pour l’embauche d’un jeune au chômage depuis six mois. Cela va créer des phénomènes de seuils, au grand dam des jeunes qui « n’entreront pas dans les cases ».
Et puis, le CPE, c’est encore un énième changement de la législation du travail. On sait bien que ces modifications fréquentes provoquent des effets de freinage. La majorité des dirigeants d’entreprise vont finir par s’arracher les cheveux à force de devoir jongler entre CDI, CDD, contrats d’alternance, contrats d’insertion…et maintenant CPE, CNE.

Vous préconisez donc de ne pas toucher au code du travail ?

Si, au contraire ! Mais dans le sens d’une simplification, pas d’une complexification. Comme l’a rappelé Laurence Parisot (présidente du Medef, ndlr), le code du travail souffre d’un « manque de lisibilité ». Il y a tellement de sortes de contrats que tout le monde en perd son latin. Le marché du travail a besoin de plus de transparence. Pourquoi avoir mis sous le boisseau les propositions du rapport Virville ou Camdessus ? Pourquoi ne pas avoir suivi le rapport Cahuc-Kramatz proposant un contrat unique, avec des garanties de plus en plus importantes pour le salarié à mesure de son ancienneté ? Certains d’affirmer que le CPE et le CNE tendent vers ce contrat unique. Peut-être. Mais si le gouvernement veut mettre le doigt dans l’engrenage de la modification du code du travail, alors, qu’il engage une vraie négociation, un vrai débat au Parlement. Ce n’est pas en décidant tout seul, avec cette manière cavalière, qu’on réussi une réforme.

Merci monsieur Bernard Brunhes.
Et Davy Daniel Croquette, délégué général de l’Association nationale des directeurs et cadres de la fonction personnel, lui, il en dit quoi?

Le contrat première embauche peut-il remédier au chômage des jeunes ?

Non, le CPE ne fait que s’ajouter à la longue liste des contrats existants. Arrêtons de sortir chaque jour une nouvelle invention, ça devient ubuesque ! C’est comme la convention de reclassement personnalisée. Elle vient à peine d’être mise sur pied que, déjà, on tente de lui substituer un contrat de transition professionnelle… Il faut au contraire un resserrement des contrats, avec d’un côté les CDI, de l’autre les contrats de mission et les CDD. Mais attention, sous une forme différente de celle d’aujourd’hui. Ces contrats à durée limitée doivent pouvoir être conclus sans justification de motifs et être renouvelés autant que nécessaire. Actuellement, les DRH sont souvent obligés de se séparer de salariés juste parce que la loi leur interdit de renouveler un CDD plus d’une fois.
Par ailleurs, que recherchent les entreprises ? Des « débutants avec trois ans d’expérience ». Ce n’est pas le CPE qui va aider les jeunes à répondre à ce critère. A l’inverse, ce contrat précarise l’expérience des jeunes puisqu’il permet de se séparer d’eux sans justification de motifs.

Sans expérience, pas d’emploi, sans emploi, pas d’expérience…

Exactement. Mais les jeunes souffrent aussi et surtout de l’inadéquation entre leur formation et les besoins du marché. Orientons-les mieux. Incitons-les à suivre des cursus qui débouchent sur un emploi, et qui ne soient pas des voies de garage. Créons des bassins d’emploi avec à la tête des coordinateurs pour rapprocher formations et besoins des entreprises. Accompagnons davantage les jeunes dans l’emploi. Dans la région Rhône-Alpes, par exemple, deux tiers des jeunes au chômage n’ont pas de permis de conduire. Or c’est un sésame pour l’emploi. Faisons-en un élément de formation. Sécurisons aussi l’accès au prêt bancaire. On ne peut pas étendre le CDD comme nous le préconisons, sans que les banques suivent le mouvement et accordent des prêts aux salariés titulaires de ce type de contrat.

Le CPE peut-il chambouler les modes de recrutement des DRH ?

Ceux qui pensent que le CPE risque de banaliser l’acte de recrutement, parce que corrélativement se séparer du salarié sera aussi devenu plus facile, se trompent. L’intégration d’un salarié a un coût. Le recruteur aura toujours intérêt à recruter la personne la plus adéquate pour le poste et à ne pas s’en séparer.
De toute façon, toutes les entreprises ne pourront pas proposer le CPE aux jeunes candidats. Dans les secteurs en flux tendus, comme le bâtiment, où il s’agit surtout de fidéliser les salariés, ce contrat pourra difficilement être employé. Les jeunes en position de force le refuseront. Dans les entreprises faisant face à des rapports sociaux tendus, les employeurs hésiteront aussi à y avoir recours, de crainte de subir la grogne des syndicats.
Reste que les entreprises qui emploieront le CPE le feront au détriment du CDI. « Puisqu’on m’offre un contrat aux modalités très souples, pourquoi le refuser », se diront-elles ? Le CPE engendrera donc très peu d’emplois nets.

Mmh. Ça semble se confirmer, plus que faire du bien, plus que faire du mal, ça sert surtout à rien, leur truc.

*soupir*

Je suis pas tellement plus avancée avec tout ça.
Je pense que le CPE ça va pas faire plus d'emplois, ça c'est clair. J'ai regardé 90 minutes sur Canal+ hier soir, et il en ressort que le chômage il baisse comme mon poids - seulement en truquant la balance.
Est-ce que dans mon moi intérieur je trouve que ça justifie de perdre mes heures de compta et de japonais mardi prochain alors que ce sont les deux matières où j'en suis à un niveau critique? Non. Mais c'est égoïste, semble-t-il.
Est-ce que s'il y a un blocus, je ferai la grève avec les autres ou bien je rentrerai chez moi comme une sale bigote? Je ne suis pas sûre. Je ferais la grève si j'avais la conviction que ça allait servir à quelque chose. Parce que le gouvernement s'y est de toute évidence vraiment mal pris sur ce coup-là. Ça manque de dialogue et de concertations entre autorités compétentes, tout ça. Mais là, je sais pas.
Nolwenn me rappelle que ça a marché, une fois, pour le CIP. Mais le CIP était plus révoltant, de mon point de vue… Et puis Balladur c'est un tout-mou. Et puis ce qui me gêne le plus en fait, c'est que si j'étais un politique, je ne ploierais jamais sous la volonté du peuple - les politiciens sont en théorie ceux qui ont les moyens de prendre les décisions pour les masses qui n'y connaissent rien. Okay, ça marche pas aussi bien en vrai. Une grève pour un droit au dialogue, ça vaudrait le coup. Ouais.

Peut-être qu'on devrait revenir au système des tribu et avoir de vieux sages pour chefs spirituels.

Ou peut-être qu'on devrait pacser Villepin et Sarkozy comme le suggèrent les pub RTL et voir ce qui se passe ensuite.

Peut-être que je suis pas faite du tout pour me confronter au monde politique.

sujets polémicmac: politique

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