Lecture : Sukkwan island - David Vann

Nov 26, 2013 14:24


"Sukkwan island" de David Vann
roman - 200 pages
♥ ♥ ♥ ♥ 4/5



Battue par les vagues et fouettée par les vents marins, Sukkwan island est une petite île inhabitée au sud de l’Alaska, un lieu hostile et isolé, accessible uniquement en avion les jours de beau temps. C’est pourtant ici que Jim a décidé d’acheter une cabane, afin d’y vivre une année entière en compagnie de son fils de 13 ans, Roy. Dans ces espaces sauvages et préservés, Jim espère rompre avec sa vie et ses erreurs passées et se rapprocher de son fils qu’il a si peu côtoyé depuis son divorce. Hélas, le séjour à Sukkwan Island semble bien loin de déboucher sur une idyllique réconciliation familiale, car Jim n’a jamais vécu en autarcie et s’avère rapidement incapable de gérer les déboires quotidiens dus aux rigueurs du milieu... Roy, quant à lui, n’a jamais douté de l’absurdité du projet paternel, ni de l’incompétence de celui-ci. Enfermés dans leurs solitudes respectives, père et fils sont deux étrangers, incapables de communiquer et a fortiori de partager leurs craintes grandissantes. Comme si cela ne suffisait pas, les conditions climatiques ne tardent pas à se dégrader avec l’arrivée de l’hiver et son cortège de tempêtes et de blizzards. Petit à petit, le séjour à Sukkwan Island va virer au cauchemar, jusqu’à qu’un événement tragique et inattendu survienne brisant à jamais l’existence du père, comme du fils.

Ben, dites donc, voilà un roman qu’il est joyeux ! D’un autre côté, je peux difficilement me plaindre, étant donné que j’avais lu assez de critiques avant de débuter la lecture de « Sukkwan island » pour savoir dans quoi je m’embarquais. Mais, un brin masochiste comme toute bonne lectrice, j’ai fait fi de ces sages avertissements (attention : roman ultra-noir, dépressif, potentiellement traumatisant…) et me suis courageusement lancée à l’aventure. 200 pages plus loin, je referme mon exemplaire avec la sensation d’avoir avalé un gros bloc de pierre au petit déjeuner, la tête lourde et l’estomac nauséeux. Il faut bien admettre que cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre d’une violence aussi crue et je ne parle pas de brutalité banale comme on peut en trouver dans n’importe quel thriller, mais de violence intime, psychologique, profonde et pernicieuse.

Huis-clos horriblement oppressant - d’autant plus étouffant qu’il se déroule en plein air et dans les décors grandioses du Nord des Etats-Unis - « Sukkwan island » est indubitablement un coup de maître, un de ces livres qui parviennent à vous serrer la gorge bien des heures après avoir tourné la dernière page. L’intrigue en est remarquablement ficelée, tout entière axée autour de l’événement central du roman : on passe la première moitié du livre à trembler dans l’attente de la tragédie imminente et la seconde à en subir les conséquences. 200 pages, c’est court, mais c’est aussi bien long quand chaque ligne vous dresse davantage les cheveux sur la tête…

Indubitablement un roman remarquable, même si je peux difficilement le classer dans les coups de cœur de cette année, tant sa lecture m’a été rude. Et pourtant voilà que je m’empresse de glisser les autres romans de David Vann dans mes pense-bêtes. Masochisme, je vous dis, masochisme !

rec : roman, auteur : david vann

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