Lecture : Winston Churchill - François Kersaudy

Jul 16, 2013 16:05


"Winston Churchill : Le pouvoir de l'imagination" de François Kersaudy
biographie - 715 pages



Sur la quatrième de couverture de « Winston Churchill - le pouvoir de l’imagination », l’éditeur comparait Churchill à l’un des picaresques personnages de fiction que l’on pouvait trouver dans les romans de cape et d’épée du XIXe siècle, un d’Artagnan britannique, toujours le nez au vent, toujours l’épée au poing, gasconnant, pétulant, vociférant à la face du monde moderne… Quelques centaines de pages avalées plus loin, il faut bien reconnaître que la comparaison est totalement justifiée ! En vérité quel destin plus stupéfiant, plus abracadabrantesque que celui de l’honorable Winston Churchill, journaliste, écrivain, politicien, historien, orateur, chef de guerre, grand buveur et fumeur devant l’Eternel ?

La force de l’ouvrage François Kersaudy est, à mon sens, d’avoir su adapter son style à l’esprit et au caractère du grand homme. Malgré ses 700 pages et quelques, sa biographie se dévore comme un roman : les multiples rebondissements de sa vie nous y sont racontés avec humour, dynamisme et un vrai sens de la narration qui fait plaisir à voir chez un historien. Et quelle vie, mes aïeux, quelle vie ! Ce n’est une carrière qu’il a eu, notre bon vieux bulldog anglais, mais un tour de montagnes russes, une suite affolante de chutes vertigineuses suivies aussitôt de remontées tout aussi spectaculaires. Quelle que soit la situation - politique, sociale, économique ou personnelle - l’inépuisable lutteur ne lâche jamais prise, il ne recule jamais, ne renonce jamais, poussé en avant par une ambition inflexible mais surtout par un désir ardent de servir et de protéger son pays. En vérité, comment ne pas béer d’admiration devant tant de force de volonté, tant d’intelligence, tant d’extrême bravoure et de ténacité ?

Le portrait dressé par Kersaudy ne tombe pas pour autant dans le dithyrambisme, car il montre bien que le grand homme a les défauts de ses qualités et que ceux-ci n’en sont pas moins colossaux. Chez Churchill, la ténacité peut facilement se muer en obstination pure et simple. Il est également emporté, dangereusement enthousiaste dès qu’il est confronté à un problème guerrier, toujours persuadé de tout savoir faire mieux que tout le monde, complétement obtus dès qu’on lui demande de se soucier un peu d’économie… Son principal défaut étant de se croire plus brillant qu’il ne l’est réellement et ceci dans TOUS les domaines possibles et imaginables. Kersaudy illustre fort justement ce trait de caractère en le décrivant le comme « un chef d'orchestre virtuose, mais perpétuellement tenté de descendre de son pupitre pour jouer la partition de violoniste ou celle du trompettiste, tout en prétendant continuer à diriger l'orchestre ».

Mais, bon, détails que tout cela, non ? Il faut parfois revenir à l’essentiel et l’essentiel c’est que, sans la volonté tempétueuse et le génie brouillon de Churchill, l’Angleterre aurait surement flanché devant Hitler et, sans l’Angleterre, eh bien, il ne ferait surement pas bon vivre en Europe aujourd’hui, les z’amis ! Tout cela pour dire que même cinquante ans après sa mort, le vieux bulldog mérite toujours que l’on lui porte un toast.

Santé, Winnie !

theme : 2e guerre mondiale, rec : essai

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