Lecture : L'enfant de poussière - Patrick Dewdney

Oct 30, 2018 14:17


"L'enfant de poussière" de Patrick Dewdney
roman de fantasy - 624 pages
♥ ♥ ♥ ♥ 4/5



Sur une colline, trois enfants vautrés dans l’herbe regardent la petite ville de Corne-Brune s’éveiller. Ils sont maigres comme des clous, sales, mal éduqués, mais par cette belle matinée de printemps, ils pourraient presque se dire heureux. Ce sont les petits orphelins de la ferme Tarron et Syffe le sang-mêlé est l’un d’entre eux. Avec ses trois amis - Brindille, Cardou et Merle - il survivent tant bien que mal en s’entraidant et en aidant la vieille veuve Tarron que la ville paie une poignée de pièces pour leur offrir l’abri très relatif de sa grange. Quand ils seront plus grands, ils quitteront la ferme et apprendront un métier misérable mais honnête pour subvenir à leurs besoins. Mais voilà, voilà ! Pour impressionner la jolie Brindille dont il est amoureux, le petit Syffe tente de se livrer au vol à l’étalage. Il se fait prendre et ne doit son salut qu’à l’intervention de l’officier de police Hemme qui propose de lui accorder sa protection si l’enfant accepte de travailler pour lui. Marché fructueux, mais aussi marché dangereux, comme ne tardera pas à le découvrir Syffe, et qui, de fil en aiguille, l’entraînera bien loin de Corne-Brune, de la ferme Tarron et de ses amis vers un destin inattendu et périlleux…

Dans la droite ligne de “L’assassin royal” de Robin Hobbs, “L’enfant de poussière” de Patrick Dewdney, premier tome de ce qui s’annonce être une longue série, se lit sans faim. Les points communs avec les débuts de l’oeuvre majeure de Hobbs sont nombreux - un narrateur très jeune, un univers construit par petites touches, un rythme de narration assez lent et un récit constitué de tranches de vie - mais “L’enfant de poussière” s’en dissocie assez pour conserver un intérêt propre non négligeable. Loin des intrigues de cour et des luttes féodales, l’histoire se déroule au ras des pavés en compagnie du bas-peuple : mendiants, petits commerçants, miliciens, mercenaires… On est à mi-chemin de la “Crapule fantasy”, genre mis à la mode récemment par Jean-Philippe Jaworski et Scott Lynch, et du récit d’apprentissage à la Dickens. La tonalité du récit est assez sombre, malgré quelques moments de douceur et d’amitié. La vie du petit Syffe est dure, très dure, et les rares alliés qu’il rencontre pendant ses pérégrinations sont généralement ambigus, voire franchement inquiétants. Ce qui les rend d’autant plus intéressants, bien entendu.

De l’ensemble, se dégage une atmosphère de mélancolie poétique, celle de l’innocence perdue et des rêves écornés, très séduisante. On pourrait regretter une construction un peu rigide et un certain manque d’enjeux au niveau de l’intrigue générale - quelques indices font espérer des développements futurs plus ambitieux mais ils sont assez discrets - mais le tout reste très agréable à lire sans que l’on puisse vraiment parler de page-turner. Ayant découvert à l’instant que la suite, “La peste et la vigne”, était déjà sortie, je me réjouis d’avance à l’idée de m’y plonger !

rec : roman fantastique, serie : le cycle de syffe

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