Lecture : Bénis soient les enfants et les bêtes - Glendon Swarthout
"Bénis soient les enfants et les bêtes" de Glendon Swarthout
roman - 172 pages
♥ ♥ ♥ ♥ 4/5
Vous en avez assez de voir vos enfants se traîner tels d’apathiques tortues de leurs chambres à la télévision ? Vous les trouvez trop faibles, trop froussards, trop mous ? Envoyez-les au Box Canyon Boys Camp en Arizona ! Vous nous donnez des mollusques, nous vous rendrons des hommes, des vrais, des cowboys ! Oh, la jolie promesse que voilà ! Mais tous les enfants n’ont pas l’étoffe de devenir des petites brutes viriles. Au sein d’un troupeau, il y a des toujours des brebis galeuses. C’est le cas des Pisseux, un petit groupe de gamins de douze à quinze ans envoyés par leurs richards de parents afin d’apprendre la dure vie des plaines. Mais les Pisseux ne veulent pas devenir des cowboys. Ils ne savent pas tirer à la carabine, montent à cheval comme des pieds et pleurnichent au moindre effort. Résultat, tout le monde les traitent comme des moins que rien. Mais cette nuit est une nuit différente. Cette nuit, les Pisseux sont de sortie et ils vont prouver leur valeur, à leurs camarades, à leurs parents, au monde entier, mais surtout à eux-mêmes. Et ceci, quel qu’en soit le coût.
Ah l’adolescence, quelle chienne d’époque ! Vous vous rappelez les boutons d’acné, la pression parentale, la bravade imbécile suivie de bouffées de honte et de culpabilité ? Et bien, les Pisseux sont en plein dedans. Pour peu d’avoir quelques souvenirs de cette époque, il est facile de se retrouver dans ce groupe de gamins trop vite montés en graine, malmenés par leur famille comme par leurs camarades. Sans même savoir ce qu’ils cherchent à faire - on ne le découvrira que tard dans le récit - on se laisse embarquer dans leur petite croisade. On partage leurs angoisses puériles et leurs triomphes enfantins, les unes et les autres nourries par le cinéma Hollywoodien et les fantasmes du Grand Ouest. La construction du récit est très habile, nous dévoilant petit à petit le projet des Pisseux, et alternant les phases de narration au présent avec des flashs back contant les mois écoulés au Box Canyon Boys Camp. Glendon Swarthout ne se lasse pas d’explorer la face sordide de l’histoire du Grand Ouest américain, nous livrant un savoureux mélange de genre mêlant humour noir (très noir même), road movie, western et roman initiatique. A lire comme toute la bibliographie de cet auteur.