Chapitre 4...
Et la suite !
Title: Sept Ans et Vingt-Huit Jours
Pairing: Frodo/Sam (eventually) and Sam/Rosie
Rating: from PG to R
Summary: Sam peut enfin prendre soin de Frodo...
Frodo Baggins, c’est comme ça qu’on l’appelait ici, et c’était son nom en fait. Il allait devoir s’habituer à se faire de nouveau appeler ainsi. Se faire de nouveau appeler par un nom, un vrai nom. Pas les sobriquets que les orques de Cirith Ungol employaient pour lui. Cirith Ungol, Frodo frémit à cette pensée. Non, il était trop tôt pour y penser, trop tôt pour accepter.
Et Sam. Sam était en vie, Sam allait bien. Mais il avait l’air si malheureux. Cela n’avait rien d’étonnant, voir ce que son maître était devenu - un monstre, une bête hideuse - cela avait du le bouleverser. Le revoir tout simplement avait du le bouleverser. Mais Frodo ne se sentait pas prêt à retourner à la vie civilisée, au milieu des siens qui allaient maintenant le regarder encore plus de travers que lorsqu’il était simplement l’héritier de cet original de Bilbo. Et d’ailleurs, qu’était devenu Bilbo ? Et les autres de la Compagnie ? Se souciaient-ils de lui ? Sans doute le croyaient-ils mort.
Soudain, quelqu’un s’approcha de la cage. Depuis combien de temps était-il là ? Depuis combien de temps Rosie était-elle partie ? Des jours peut-être, Frodo n’en savait rien. On ouvrit la porte qui grinça sur ses gonds.
- Allez, viens mon bonhomme, enfin, j’veux dire Monsieur Frodo.
- Laisse-moi faire, Olo, dit Sam.
Frodo tourna la tête. Il apparut à Sam comme un animal traqué, pourtant il réussissait maintenant à le reconnaître. Il avait toujours ce même visage avec ses traits fins, seulement il était plus pâle et des veines ressortaient sur sa peau. Quant à ses yeux, ils étaient maintenant d’un bleu surnaturel et des traits rouges en parcouraient le blanc.
Sam entra dans la cage et s’avança d’un pas assuré. Il tendit une main vers Frodo et dit :
- Allons, venez Monsieur Frodo, suivez-moi s’il vous plaît, je vais vous sortir d’ici.
- Sam, vint la réponse du fin fond de la gorge de Frodo.
- Oui, oui, c’est moi ! dit Sam avec un sourire, vous devez me suivre, je vais vous soigner !
- Il refuse de manger tu sais. Tout ce qu’on lui a donné il l’a laissé de côté. Par contre il arrêtait pas de t’appeler.
- Vraiment ? Et bien me voici Monsieur Frodo, et je vais vous sortir de là !
- Sam… Non.
Sam parut bouleversé par cette réponse. Il s’assit en face de son ancien maître et lui demanda :
- Pourquoi non ? Je veux que vous me suiviez ! Laissez-moi me racheter, s’il vous plaît…
Les derniers mots s’évanouirent en un murmure et Sam commença à sangloter, mais malgré tout il continua :
- Je sais que vous devez me détester, c’est à cause de moi si vous êtes là, si vous êtes comme ça, et je ne pourrai jamais me le pardonner. Mais s’il vous plaît, laissez-moi essayer de me racheter, laissez-moi vous ramener.
Frodo considéra Sam du coin de l’œil, un air un peu indécis dans le regard. Puis, à la surprise de Olo (qui ne comprenait pas trop ce que tout cela signifiait) et de Sam, Frodo s’approcha en hésitant et s’agenouilla précautionneusement devant Sam. Puis, il releva la tête et le regarda dans les yeux.
- Frodo, murmura Sam, Monsieur Frodo…
- Sam… pas rentrer… je…peux pas… regarde.
- Mais si, Monsieur, vous allez rentrer ! Je vous en prie !
- Monstre… monstre… tu dois… laisser.
Sam ne parvenait qu’à entendre la moitié des mots que prononçait Frodo, mais il comprenait ce qu’il voulait dire.
- Non Frodo, c’est moi le monstre, je vous ai abandonné ici, je vous ai laissé tout seul tout ce temps. Frodo, répéta Sam en pleurant, je vous en prie, acceptez de me suivre !
- Mais…
- Frodo, vous avez besoin de vous reposer, vous n’avez rien à faire dans cette cage, pas un Hobbit de votre renommé !
- … plus… Hobbit. Je suis…
Sam lui prit la main et Frodo frémit mais se laissa faire.
- Où voulez-vous aller ? J’ai pensé qu’il était trop tôt pour rentrer à Cul-de-Sac, nous allons le préparer pour vous, mais… Frodo ?
L’ancien porteur de l’Anneau avait le regard dans le vide, il tourna les yeux vers Sam. Comment pouvait-il accepter de le regarder ? Il était monstrueux ! Comment pouvait-il le toucher ?
- Frodo, Monsieur, venez avec moi s’il vous plaît…
Sam se leva et Frodo suivit sans opposer de résistance. Ils sortirent de la prison de fer et Olo tendit une couverture à Sam.
- Vous devez être gelé, Monsieur, je ne veux pas que vous attrapiez froid maintenant, dit Sam en enveloppant Frodo.
- Sam… Où on va ?
Sam sourit et prit délicatement Frodo par les épaules pour le guider vers la sortie.
- Vous avez une chambre qui vous attend au Buisson de Lierre, et vous y serrez bien ! Je vais prendre soin de vous maintenant…
- Je…
Mais la fin de sa phrase s’évanouit et il suivit Sam jusqu’à l’auberge.
***
Une fois là-bas, Sam cacha Frodo du mieux qu’il pu, afin de lui éviter les regards des Hobbits attablés, toujours à l’affût d’un ragot à colporter, puis on lui indiqua la chambre qu’il avait réservée. Ils montèrent à l’étage et Sam fit asseoir Frodo sur le lit. Celui-ci parut très mal à l’aise.
- Ca va aller Monsieur ? Je vais faire monter de quoi vous changer puis vous pourrez prendre un bon bain. Mais j’aimerais d’abord que vous mangiez quelque chose. Que voulez-vous ?
- … de l’eau…
- Oui, bien sûr, répondit Sam en lui apportant une carafe pleine, mais à manger ?
Et sans en avoir l’intention, Sam mima le geste tout en parlant. Il eut soudain la sensation qu’il prenait son maître pour un être stupide. Il répéta :
- Voulez-vous quelque chose de particulier ? Du pain ? Ce serait bien pour commencer…
Pour toute réponse, Frodo acquiesça de la tête. Sam sourit doucement. Il descendit en toute hâte dans la salle commune de l’auberge et remonta avec une miche de pain dorée. Frodo n’avait pas bougé. Il s’assit à côté de lui, et lui tendit un morceau, ainsi qu’un verre d’eau.
- Tenez, allez-y doucement, une petite gorgée et une petite bouchée, d’accord ? Il ne faut pas trop manger d’un coup si vous voyez ce que je veux dire.
Frodo, qui jusqu’à présent regardait ses mains croisées sur ses genoux, releva les yeux et sourit timidement en prenant ce que Sam lui donnait. A ce léger sourire, Sam répondit par un plus large et une larme qui roula sur sa joue. Frodo éleva une main tremblante jusqu’au visage de son compagnon et essuya le trait humide qui barrait la joue. Sam n’y tint plus et serra son maître dans ses bras, pleurant à chaudes larmes.
- Je suis tellement désolé, dit-il, désolé de vous avoir abandonné, je vous ai cherché, je le jure ! Mais je ne vous ai pas trouvé, j’ai cru mourir Monsieur. Je ne mérite pas d’être ici, an bonne santé, et vous malade et… Oh, pardonnez-moi !
- Sam, vint la faible réponse, c’est pas… ta faute. Pas ta faute…
-Vous savez bien que si, je suis le pire Hobbit qui puisse exister, je suis…
Mais Sam s’interrompit. Frodo, qui n’avait été alors qu’une masse inanimée dans ses bras, rendit son étreinte à Sam, même si elle n’était que très légère. Il sentit Frodo caresser faiblement son dos, ce qui envoya des frissons dans tout son corps. Frodo le ressentit probablement car il recula soudain et dit :
- Je… je suis… repoussant.
- Oh, non Frodo, non ! Je vous en prie, ne croyez pas ça. Vous avez changé, mais je vais vous aider, laissez-moi vous aider.
Frodo acquiesça à nouveau et fondit dans les bras de Sam. Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Cette odeur lui avait tant manqué, cette sensation qu’il était chez lui, seule Sam pouvait la lui procurer. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues mais il n’y prêta pas attention. Il était heureux, ou du moins il se sentait mieux.
Il mangea un peu et la sensation de nourriture lui parut étrange. Cela faisait si longtemps…
Soudain, on toqua à la porte, les vêtements que Sam avait fait demandé étaient arrivés.
- Voulez-vous vous laver ? Cela vous fera du bien, dit Sam en refermant la porte.
- Je… Oui…
Frodo se leva et passa dans la petite salle de bain où il y avait un tub et de l’eau chaude. Il avait oublié tout ce confort, il ne savait plus réellement comment utiliser tout ça. Frodo resta debout un moment, immobile, puis il sortit et trouva Sam, assis sur le lit, qui attendait.
- Quelque chose ne va pas Monsieur ? demanda-t-il précipitamment en voyant la mine ennuyé de l’ancien porteur de l’Anneau.
- Je… Sam, aide-moi…
- Oh, bien sûr.
Sam suivit Frodo dans la salle de bain, fit couler le bain et l’aida à se dévêtir. En d’autres circonstances, cette situation l’aurait terriblement gênée, voir ainsi celui qu’il aimait, nu, et grelottant dans ses bras. Mais Sam s’inquiétait plutôt de sa maigreur et il oublia le reste. Frodo se tourna vers Sam, les yeux baissés, honteux. Il voyait la façon dont Sam le regardait, il devait être dégoûté.
- Sam, dit-il enfin, je suis…
- Chhh, non, ne dites rien. Entrez plutôt dans le tub avant que l’eau ne refroidisse.
Frodo s’exécuta. L’eau n’était pas trop chaude car Sam avait craint qu’il ne se brûle. Il lui donna le savon et lui massa doucement les épaules.
- Pouvez-vous mettre la tête sous l’eau un instant, Monsieur ? Je vais vous laver les cheveux.
- … Bien sûr, répondit Frodo avant de disparaître sous l’eau savonneuse et de réapparaître juste après. Sam… Merci.
- Oh, mais c’est normal Monsieur, répondit Sam en savonnant les longues mèches de Frodo, d’ailleurs vous ne devriez même pas me remercier. Je ne le mérite pas.
- Mes cheveux… dégoûtants… n’est-ce pas ?
Sam sourit, Frodo arrivait peu à peu à parler comme avant, même si sa voix était toujours très rauque et ses phrases entrecoupées, il faisait d’énormes progrès. Mais comme il avait changé si vite ! Et sans avoir l’Anneau, Sam se demandait parfois comment s’était arrivé. Il avait fallu des siècles à Gollum pour cesser d’être Sméagol ! Cela ne faisait pas perdre à Sam l’espoir de voir Frodo être à nouveau lui-même.
- On va arranger ça très vite, répondit-il à la remarque de Frodo… Voudrez-vous que je les coupe un peu ?
- Non… ridicule.
Sam émit un léger rire.
- Vous savez, je me suis amélioré depuis la dernière fois où je vous ai coupé les cheveux. Et je suis désolé pour ce jour-là.
Frodo sourit, et bien que Sam ne le vit pas, il le sentit.
- Je voulais dire…
- C’est pas grave, je comprends ce que vous vouliez dire Monsieur, coupa Sam qui voulait évité à son maître de trop parler et de se fatiguer.
Un silence confortable s’installa entre eux. Sam massait la tête de Frodo qui se détendit un peu. Il n’y avait rien de tel qu’un bain pour revenir à la civilisation, pensa Sam. C’est alors qu’il remarque que Frodo commençait à s’endormir. Il le réveilla doucement et le fit sortir.
Il l’enveloppa dans une serviette chaude et lui demanda :
- Vous devriez peut-être dormir un peu ? Voulez-vous votre chemise de nuit maintenant ?
- Oui Sam, répondit simplement Frodo.
Et Sam lui passa sa chemise de nuit et le conduisit jusqu’à son lit.
- Voilà, j’espère qu’il n’est pas trop mou ou trop dur, Monsieur, vous n’avez pas connu un bon lit depuis un moment… D’ailleurs je suis désolé pour le mauvais traitement chez le Shirrif.
- Ca fait rien, dit Frodo en s’allongeant avec difficulté.
Sam l’observa. Il ne s’allongeait pas de tout son long comme on serait tenté de le faire dans un bon lit douillet, mais il se coucha sur le côté, recroquevillé en chien de fusil, et ferma les yeux.
- Alors dormez bien Monsieur, dit Sam.
- Sam…
- Oui Monsieur ?
- Tu reviendras ?
- Bien sûr ! Demain à la première heure. Ne sortez pas d’ici sans moi, je ne vous lâcherai plus d’une semelle maintenant.
Frodo sourit et se tourna du côté de Sam. Celui-ci le borda affectueusement et déposa un baiser sur son front. Frodo soupira et s’endormit, un faible sourire sur les lèvres…
Title: Sept Ans et Vingt-Huit Jours
Pairing: Frodo/Sam (eventually) and Sam/Rosie
Rating: from PG to R
Summary: Sam peut enfin prendre soin de Frodo...
Frodo Baggins, c’est comme ça qu’on l’appelait ici, et c’était son nom en fait. Il allait devoir s’habituer à se faire de nouveau appeler ainsi. Se faire de nouveau appeler par un nom, un vrai nom. Pas les sobriquets que les orques de Cirith Ungol employaient pour lui. Cirith Ungol, Frodo frémit à cette pensée. Non, il était trop tôt pour y penser, trop tôt pour accepter.
Et Sam. Sam était en vie, Sam allait bien. Mais il avait l’air si malheureux. Cela n’avait rien d’étonnant, voir ce que son maître était devenu - un monstre, une bête hideuse - cela avait du le bouleverser. Le revoir tout simplement avait du le bouleverser. Mais Frodo ne se sentait pas prêt à retourner à la vie civilisée, au milieu des siens qui allaient maintenant le regarder encore plus de travers que lorsqu’il était simplement l’héritier de cet original de Bilbo. Et d’ailleurs, qu’était devenu Bilbo ? Et les autres de la Compagnie ? Se souciaient-ils de lui ? Sans doute le croyaient-ils mort.
Soudain, quelqu’un s’approcha de la cage. Depuis combien de temps était-il là ? Depuis combien de temps Rosie était-elle partie ? Des jours peut-être, Frodo n’en savait rien. On ouvrit la porte qui grinça sur ses gonds.
- Allez, viens mon bonhomme, enfin, j’veux dire Monsieur Frodo.
- Laisse-moi faire, Olo, dit Sam.
Frodo tourna la tête. Il apparut à Sam comme un animal traqué, pourtant il réussissait maintenant à le reconnaître. Il avait toujours ce même visage avec ses traits fins, seulement il était plus pâle et des veines ressortaient sur sa peau. Quant à ses yeux, ils étaient maintenant d’un bleu surnaturel et des traits rouges en parcouraient le blanc.
Sam entra dans la cage et s’avança d’un pas assuré. Il tendit une main vers Frodo et dit :
- Allons, venez Monsieur Frodo, suivez-moi s’il vous plaît, je vais vous sortir d’ici.
- Sam, vint la réponse du fin fond de la gorge de Frodo.
- Oui, oui, c’est moi ! dit Sam avec un sourire, vous devez me suivre, je vais vous soigner !
- Il refuse de manger tu sais. Tout ce qu’on lui a donné il l’a laissé de côté. Par contre il arrêtait pas de t’appeler.
- Vraiment ? Et bien me voici Monsieur Frodo, et je vais vous sortir de là !
- Sam… Non.
Sam parut bouleversé par cette réponse. Il s’assit en face de son ancien maître et lui demanda :
- Pourquoi non ? Je veux que vous me suiviez ! Laissez-moi me racheter, s’il vous plaît…
Les derniers mots s’évanouirent en un murmure et Sam commença à sangloter, mais malgré tout il continua :
- Je sais que vous devez me détester, c’est à cause de moi si vous êtes là, si vous êtes comme ça, et je ne pourrai jamais me le pardonner. Mais s’il vous plaît, laissez-moi essayer de me racheter, laissez-moi vous ramener.
Frodo considéra Sam du coin de l’œil, un air un peu indécis dans le regard. Puis, à la surprise de Olo (qui ne comprenait pas trop ce que tout cela signifiait) et de Sam, Frodo s’approcha en hésitant et s’agenouilla précautionneusement devant Sam. Puis, il releva la tête et le regarda dans les yeux.
- Frodo, murmura Sam, Monsieur Frodo…
- Sam… pas rentrer… je…peux pas… regarde.
- Mais si, Monsieur, vous allez rentrer ! Je vous en prie !
- Monstre… monstre… tu dois… laisser.
Sam ne parvenait qu’à entendre la moitié des mots que prononçait Frodo, mais il comprenait ce qu’il voulait dire.
- Non Frodo, c’est moi le monstre, je vous ai abandonné ici, je vous ai laissé tout seul tout ce temps. Frodo, répéta Sam en pleurant, je vous en prie, acceptez de me suivre !
- Mais…
- Frodo, vous avez besoin de vous reposer, vous n’avez rien à faire dans cette cage, pas un Hobbit de votre renommé !
- … plus… Hobbit. Je suis…
Sam lui prit la main et Frodo frémit mais se laissa faire.
- Où voulez-vous aller ? J’ai pensé qu’il était trop tôt pour rentrer à Cul-de-Sac, nous allons le préparer pour vous, mais… Frodo ?
L’ancien porteur de l’Anneau avait le regard dans le vide, il tourna les yeux vers Sam. Comment pouvait-il accepter de le regarder ? Il était monstrueux ! Comment pouvait-il le toucher ?
- Frodo, Monsieur, venez avec moi s’il vous plaît…
Sam se leva et Frodo suivit sans opposer de résistance. Ils sortirent de la prison de fer et Olo tendit une couverture à Sam.
- Vous devez être gelé, Monsieur, je ne veux pas que vous attrapiez froid maintenant, dit Sam en enveloppant Frodo.
- Sam… Où on va ?
Sam sourit et prit délicatement Frodo par les épaules pour le guider vers la sortie.
- Vous avez une chambre qui vous attend au Buisson de Lierre, et vous y serrez bien ! Je vais prendre soin de vous maintenant…
- Je…
Mais la fin de sa phrase s’évanouit et il suivit Sam jusqu’à l’auberge.
***
Une fois là-bas, Sam cacha Frodo du mieux qu’il pu, afin de lui éviter les regards des Hobbits attablés, toujours à l’affût d’un ragot à colporter, puis on lui indiqua la chambre qu’il avait réservée. Ils montèrent à l’étage et Sam fit asseoir Frodo sur le lit. Celui-ci parut très mal à l’aise.
- Ca va aller Monsieur ? Je vais faire monter de quoi vous changer puis vous pourrez prendre un bon bain. Mais j’aimerais d’abord que vous mangiez quelque chose. Que voulez-vous ?
- … de l’eau…
- Oui, bien sûr, répondit Sam en lui apportant une carafe pleine, mais à manger ?
Et sans en avoir l’intention, Sam mima le geste tout en parlant. Il eut soudain la sensation qu’il prenait son maître pour un être stupide. Il répéta :
- Voulez-vous quelque chose de particulier ? Du pain ? Ce serait bien pour commencer…
Pour toute réponse, Frodo acquiesça de la tête. Sam sourit doucement. Il descendit en toute hâte dans la salle commune de l’auberge et remonta avec une miche de pain dorée. Frodo n’avait pas bougé. Il s’assit à côté de lui, et lui tendit un morceau, ainsi qu’un verre d’eau.
- Tenez, allez-y doucement, une petite gorgée et une petite bouchée, d’accord ? Il ne faut pas trop manger d’un coup si vous voyez ce que je veux dire.
Frodo, qui jusqu’à présent regardait ses mains croisées sur ses genoux, releva les yeux et sourit timidement en prenant ce que Sam lui donnait. A ce léger sourire, Sam répondit par un plus large et une larme qui roula sur sa joue. Frodo éleva une main tremblante jusqu’au visage de son compagnon et essuya le trait humide qui barrait la joue. Sam n’y tint plus et serra son maître dans ses bras, pleurant à chaudes larmes.
- Je suis tellement désolé, dit-il, désolé de vous avoir abandonné, je vous ai cherché, je le jure ! Mais je ne vous ai pas trouvé, j’ai cru mourir Monsieur. Je ne mérite pas d’être ici, an bonne santé, et vous malade et… Oh, pardonnez-moi !
- Sam, vint la faible réponse, c’est pas… ta faute. Pas ta faute…
-Vous savez bien que si, je suis le pire Hobbit qui puisse exister, je suis…
Mais Sam s’interrompit. Frodo, qui n’avait été alors qu’une masse inanimée dans ses bras, rendit son étreinte à Sam, même si elle n’était que très légère. Il sentit Frodo caresser faiblement son dos, ce qui envoya des frissons dans tout son corps. Frodo le ressentit probablement car il recula soudain et dit :
- Je… je suis… repoussant.
- Oh, non Frodo, non ! Je vous en prie, ne croyez pas ça. Vous avez changé, mais je vais vous aider, laissez-moi vous aider.
Frodo acquiesça à nouveau et fondit dans les bras de Sam. Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Cette odeur lui avait tant manqué, cette sensation qu’il était chez lui, seule Sam pouvait la lui procurer. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues mais il n’y prêta pas attention. Il était heureux, ou du moins il se sentait mieux.
Il mangea un peu et la sensation de nourriture lui parut étrange. Cela faisait si longtemps…
Soudain, on toqua à la porte, les vêtements que Sam avait fait demandé étaient arrivés.
- Voulez-vous vous laver ? Cela vous fera du bien, dit Sam en refermant la porte.
- Je… Oui…
Frodo se leva et passa dans la petite salle de bain où il y avait un tub et de l’eau chaude. Il avait oublié tout ce confort, il ne savait plus réellement comment utiliser tout ça. Frodo resta debout un moment, immobile, puis il sortit et trouva Sam, assis sur le lit, qui attendait.
- Quelque chose ne va pas Monsieur ? demanda-t-il précipitamment en voyant la mine ennuyé de l’ancien porteur de l’Anneau.
- Je… Sam, aide-moi…
- Oh, bien sûr.
Sam suivit Frodo dans la salle de bain, fit couler le bain et l’aida à se dévêtir. En d’autres circonstances, cette situation l’aurait terriblement gênée, voir ainsi celui qu’il aimait, nu, et grelottant dans ses bras. Mais Sam s’inquiétait plutôt de sa maigreur et il oublia le reste. Frodo se tourna vers Sam, les yeux baissés, honteux. Il voyait la façon dont Sam le regardait, il devait être dégoûté.
- Sam, dit-il enfin, je suis…
- Chhh, non, ne dites rien. Entrez plutôt dans le tub avant que l’eau ne refroidisse.
Frodo s’exécuta. L’eau n’était pas trop chaude car Sam avait craint qu’il ne se brûle. Il lui donna le savon et lui massa doucement les épaules.
- Pouvez-vous mettre la tête sous l’eau un instant, Monsieur ? Je vais vous laver les cheveux.
- … Bien sûr, répondit Frodo avant de disparaître sous l’eau savonneuse et de réapparaître juste après. Sam… Merci.
- Oh, mais c’est normal Monsieur, répondit Sam en savonnant les longues mèches de Frodo, d’ailleurs vous ne devriez même pas me remercier. Je ne le mérite pas.
- Mes cheveux… dégoûtants… n’est-ce pas ?
Sam sourit, Frodo arrivait peu à peu à parler comme avant, même si sa voix était toujours très rauque et ses phrases entrecoupées, il faisait d’énormes progrès. Mais comme il avait changé si vite ! Et sans avoir l’Anneau, Sam se demandait parfois comment s’était arrivé. Il avait fallu des siècles à Gollum pour cesser d’être Sméagol ! Cela ne faisait pas perdre à Sam l’espoir de voir Frodo être à nouveau lui-même.
- On va arranger ça très vite, répondit-il à la remarque de Frodo… Voudrez-vous que je les coupe un peu ?
- Non… ridicule.
Sam émit un léger rire.
- Vous savez, je me suis amélioré depuis la dernière fois où je vous ai coupé les cheveux. Et je suis désolé pour ce jour-là.
Frodo sourit, et bien que Sam ne le vit pas, il le sentit.
- Je voulais dire…
- C’est pas grave, je comprends ce que vous vouliez dire Monsieur, coupa Sam qui voulait évité à son maître de trop parler et de se fatiguer.
Un silence confortable s’installa entre eux. Sam massait la tête de Frodo qui se détendit un peu. Il n’y avait rien de tel qu’un bain pour revenir à la civilisation, pensa Sam. C’est alors qu’il remarque que Frodo commençait à s’endormir. Il le réveilla doucement et le fit sortir.
Il l’enveloppa dans une serviette chaude et lui demanda :
- Vous devriez peut-être dormir un peu ? Voulez-vous votre chemise de nuit maintenant ?
- Oui Sam, répondit simplement Frodo.
Et Sam lui passa sa chemise de nuit et le conduisit jusqu’à son lit.
- Voilà, j’espère qu’il n’est pas trop mou ou trop dur, Monsieur, vous n’avez pas connu un bon lit depuis un moment… D’ailleurs je suis désolé pour le mauvais traitement chez le Shirrif.
- Ca fait rien, dit Frodo en s’allongeant avec difficulté.
Sam l’observa. Il ne s’allongeait pas de tout son long comme on serait tenté de le faire dans un bon lit douillet, mais il se coucha sur le côté, recroquevillé en chien de fusil, et ferma les yeux.
- Alors dormez bien Monsieur, dit Sam.
- Sam…
- Oui Monsieur ?
- Tu reviendras ?
- Bien sûr ! Demain à la première heure. Ne sortez pas d’ici sans moi, je ne vous lâcherai plus d’une semelle maintenant.
Frodo sourit et se tourna du côté de Sam. Celui-ci le borda affectueusement et déposa un baiser sur son front. Frodo soupira et s’endormit, un faible sourire sur les lèvres…