La politique des Ruines

Jul 13, 2012 20:09

Il y a très longtemps déjà que j'ai commencé cette nouvelle, cette Politique des Ruines. Des années, deux, trois, je ne sais même plus à quel moment j'y ai pensé pour la première fois. Luce et Elise, elles étaient partout autours de moi. Il y a un an et demi que je l'ai terminée, avec une fin si bancale que j'ai passé un an à détester. Alors je n'y ai plus du tout touché.

Maintenant, je ne sais pas tellement quoi en faire. Je n'arrive pas complètement à me défaire de cette histoire, je n'arrive pas à me défaire de cette sensation d'avoir abandonné, de ne pas m'y être correctement donnée. Alors voilà. Je me suis posée sur la terrasse l'autre jour avec une cigarette et une tasse de café et j'ai tenté de la reprendre. Si au début ça allait, j'ai à nouveau l'impression de m'enfoncer dans des mots très creux et ça m'embête terriblement. Je suis en train de supprimer absolument tous les dialogues (misère) parce que je m'aperçois que je suis incapable d'être satisfaite d'un dialogue (hum) et... et bon, je me suis dit que j'allais poster ici un extrait.

    
Un jour elle se lèvera de cette foule et déchirera la ville au crépuscule.

Ce sera très simplement que les bâtiments suivront et elle les brisera, leurs petites pierres d’amertume, les écrasera à même l’asphalte ces servantes malades, ces esclaves. Alors, quand elle aura libéré le ciel, que le feu aura rongé les premiers rayons de soleil, elle, elle dansera ses ruines.

Son histoire fera un bruit monstre, dit-elle. Les journaux du monde entier se l’arracheront et sa photo s’étalera à chaque rue, chaque café ; elle sera là toute entière, partout et on murmurera sur son sourire, sur ses yeux tellement bleus. Comme elle s’en fichera, alors ; elle sera nue sous les cendres gâchées, sous cette pluie fatiguée, seule petite survivante de tout ce qu’elle aura brûlé et on aura beau en parler, la décortiquer, on aura beau s’accrocher, l’étudier, ils ne pourront jamais la dévorer. Et lorsqu’on n’aura plus rien à lui arracher, elle fermera les yeux et la terre s’arrêtera de tourner. Elle a la gorge serrée rien que d’y penser et parmi tous ces visages, elle se dit qu’un jour, oui, elle le fera un jour. Quand le temps aura creusé ses traces et que les effluves d’alcool, les cigarettes, auront abandonné l’amertume au bord de ses lèvres.

Parce que ce jour-là, elle n’aura plus peur.

Ici, on la tire par la main, on lui ressert à boire. Elle vacille sur ses talons, distribue ses éclats de rire. Parfois, elle cherche Elise - ne la trouve pas. On l’embrasse. On l’embrase. Des bras légers lui encerclent les hanches, d’autres plus durs remontent. On la prend, on la lâche. Souvent, c’est elle qui se détache et elle sait que tout va bien, c’est dans son ventre, dans sa gorge. Elle évolue au milieu du salon vidé de ses meubles jusqu’au jour. Elle danse sans prêter attention au monde, elle ne sait même plus ce qu’elle boit tant que le verre est plein.

Demain, de l’encre se déversera sur toutes ces images qu’elle rassemble et elle ne se rappellera plus rien. A son réveil, il restera de cette nuit qu’un sentiment vague de maladresse et une douleur à s’en faire exploser la tête. Tout ce temps perdu, parfois, elle s’en mord les doigts jusqu’au sang, va vomir ses idioties au fond des toilettes. Mais elle finit toujours par tirer la chasse et repartir, parce que c’est tellement plus fort qu’elle, parce qu’elle a cet affolement comme une ancre dans les veines.

Et maintenant... maintenant je vais tenter d'avancer mais je suis de moins en moins motivée. Y'a des jours comme ça où je me déteste de ma paresse (et où j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais, argh). Tout avis est bien venu. Et si quelqu'un a terriblement envie de suivre l'avancée de cette nouvelle et de détruire chaque phrase que je fais en me disant tout ce qui de va pas, il recevra mon amour éternel. Vrai de vrai.

fandom : original, fiction : la politique des ruines

Previous post Next post
Up