Vous êtes nombreux à vous poser des questions sur la légalité des fanfictions.
Alors, suite à un échange intéressant sur la communauté
amours_de_fans, je me suis penchée sérieusement sur le problème.
Pour commencer, quelles lois s'appliquent à la publication des fanfictions ? Il y en a trois :
- la législation sur les droits d'auteur par le
(
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A mon avis, les fanfiction sont bienun produit dérivé de l'oeuvre, tout comme les films sont une réécriture d'un livre. Tu ne le ressens peut-être pas comme ça, mais juridiquement, je pense que ça rentre dans la définition.
On peut sans doute regretter que l'on soit moins prêteur que durant les temps médiévaux, mais le contexte a changé, les valeurs aussi et le droit a suivi.
Je te trouve sévère avec Anne Rice. Les auteurs ressentent des liens plus ou moins vicéraux avec leurs créations, c'est une réalité. Je suis favorable à la fanfiction sur mes propres oeuvres (celles que je n'écrirai sans doute jamais), mais je sais qu'il y a des choses que je ne voudrais pas qu'on fasse avec mes perso à moi, comme comme soutenir et promouvoir des valeurs qui sont en profonde contradiction avec les miennes. C'est du ressenti, on peut le regretter, mais je trouve normal qu'Anne Rice ait un droit de regard de son vivant sur ce qu'on fait de ses personnages.
Je dis pas ça pour te convaincre (je respecte ton opinion), mais j'expose ma façon de voir.
Que Warner Bros utilise le droit qu'elle rachète aux auteurs de façon abusive et stupide, c'est possible. Que la loi puissent être améliorée, c'est possible aussi. Quoiqu'à mon avis, c'est tout le système capitaliste qui devrait être revu, mais c'est un autre débat.
Ah, la protection des mineurs et internet !
On va dire qu'on patauge encore complètement sur le sujet. Internet a changé la donne pour pas mal de choses, et on tente de trouver des solutions qui préserve la liberté d'opinion d'un côté et de l'autre la protection de la société (autant la protection des mineurs que l'interdition de la provocations aux crimes et que le respect de la vie privée et de l'honneur des personnes), sans compter les droits d'auteurs.
Je te conseille de suivre mon lien sur la protection des mineurs, l'article pose bien le problème de l'application de la loi.
Il y a cependant des moyens simple de protéger ceux qui ne cherchent pas spécifiquement à voir des choses qui ne sont pas pour eux. S'ils étaient mis en oeuvre, ce serait déjà bien. Pour les autres, on ne peut pas être au dessus de leur épaule, c'est certain.
Mettre d'un côté les pornos-beurk et de l'autre les jolies scènes érotique des fics est un peu simpliste (je sais que tu le sais). Moi j'ai lu des trucs qui m'ont donné la nausée sur ffnet, et je n'ai donc pas voulu y envoyer mes cousins de 13 - 14 ans alors que plein de textes leur aurait convenu.
Il faudrait qu'il y ait une pop-up qui préviennent qu'on arrive sur un rating élevé (je ne regarde pas toujours les rating qui sont en tout petit et en gris et noyés dans d'autres information) et que ce qui est résolument adulte soit sur un autre site (adultfanfiction) pour qu'on ne tombe pas dessus par hasard.
Si on veut faire lire de bons textes érotiques aux ados, c'est pas les livres qui manquent et là, au moins, tu contrôles ce qu'ils lisent.
Dernière question, quel droit s'applique à internet qui est international ?
je n'ai pas eu le temps de faire des recherches là dessus, ce sera un second volet si j'ai le temps. je pense que c'est le droit US qui s'applique pour ffnet, vu que la société est déclarée en Californie.
A+
Alixe
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Oh, je ne remets pas du tout ça en cause, à mon avis, il serait difficile de prétendre le contraire. Je m'étonnai seulement du fait que le texte mentionne tout du long "l'oeuvre" et non pas "l'oeuvre et les produits en étant dérivés".
Après, il y a plein de choses qui tiennent à la subjectivité des définitions.
Commençons par la protection des mineurs.
L'exemple donné concerne un site d'images à but commercial.
Est-ce qu'on ne tient pas là un élément de définition : la pornographie = images ou autre support à caractère sexuel utilisé à des fins financières.
Parce que si le but n'est plus l'argent, mais l'esthétique, ce n'est plus de la pornographie, mais de l'art.
Je me rends bien compte que tout ça est très schématique et qu'il existe, tu l'as souligné, des fics dégueus qu'on n'a vraiment pas envie de faire lire à des jeunes et qu'on serait bien en peine de qualifier d'artistique.
Cela dit, de façon générale, je pense qu'un texte sera toujours moins cru et choquant qu'une image, qu'on perçoit forcément de façon beaucoup plus immédiate. Et il me semble que les lemons "bien écrits" devraient sans doute être plutôt qualifiés d'érotique que de pornographique.
C'est pas pour autant qu'il faut mettre n'importe quel texte entre toutes les mains, on est bien d'accord.
Maintenant, dans les faits, je crois qu'à la limite un mineur est plus en sécurité sur un site comme hpf.org, qui autorise les textes à caractère sexuel, mais où on doit passer par une page spécifiant que le contenu ne convient pas à des mineurs avant d'accéder à une fic au rating élevé, que sur ff.net où les histoires tout public côtoient des trucs très trash.
Après, sur la question des droit moraux, je subis non seulement l'influence médiévale, mais aussi celle de la critique moderne.
Il n'y a pas de vrai sens d'un texte. Pas d'autorité de l'auteur. Quoi qu'il ait voulu dire, il a écrit ce qu'il a écrit ; une fois publié, un texte est comme un appareil dont chacun peut se servir à sa guise et selon ses moyens. P. Valéry.
Il y a la pensée informulée, qui n'appartient qu'à soi, et le texte qu'on choisit d'émettre et qui dès lors, appartient à tous. Une fois le texte publié, on n'a plus de contrôle dessus, les gens pourront écrire et penser ce qu'ils veulent à ce propos, on ne pourra rien y faire.
Une fois le texte écrit, l'auteur n'en est plus qu'un lecteur comme les autres.
Ca semble certes assez extrême, mais c'est une réalité. On ne peut pas empêcher les lecteurs d'interpréter le texte d'une façon différente de ce que l'on a voulu dire.
Partant de là, on ne peut pas non plus empêcher les lecteurs d'imaginer Hermione et Drago convolant en justes noces. On peut, par contre, les empêcher de l'écrire. Mais quel intérêt?
En tant qu'auteur, je serais flattée que mon oeuvre inspire d'autres créations. L'attitude d'Anne Rice me met un peu mal à l'aise parce qu'elle ressemble à un dictat sur l'imagination : je veux bien que vous achetiez mes livres, mais je refuse que vous laissiez vagabonder votre imagination.
Après, je sais bien, oui, que la création littéraire a quelque chose de viscéral et que voir ses personnages dénaturés doit être très désagréable. Il n'empêche que je ressens comme une entrave à ma liberté qu'on me dise "tu n'as pas le droit d'imaginer tel et tel personnage en dehors du contexte de l'oeuvre".
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Enfin, ça pose un tas de questions : si demain j'écris un roman de 300 pages inspiré du premier vers d'un poème contemporain, je pense que personne ne m'accusera de violer la propriété intellectuelle de l'auteur.
Pourquoi? Parce que la "valeur intellectuelle ajoutée" sera telle qu'elle justifiera l'emprunt.
Alors si j'écris une fiction qui parle d'une école de magie en Afrique, avec un nouvel univers, de nouveaux sorts, des personnages qui n'appartiennent qu'à moi et que la seule chose en commun avec Harry Potter c'est l'idée d'un monde magique en parallèle de notre monde réel, est-ce toujours une fanfiction?
Même chose avec les Univers Alternatifs. On trouve parfois des fics où Drago et Harry sont, heu, propriétaires d'une galerie d'art à New York. Et où leur caractère n'a rien à voir avec l'oeuvre originale. Des lors, ne reste que les noms.
ESt-ce que le travail d'invention n'est ici pas bien plus grand que dans une parodie à la Barry Trotter?
Ou certains romans qu'on trouve sur les étagères des librairies, qui copient-collent sans digérer Tolkien ou un autre, en changement simplement les noms et les lieux?
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Non, et il y a une jurisprudence en ce sens : la Bicyclette bleue.
Après, tout dépend du nombre d'éléments que tu 'puises' dans l'oeuvre de Rowling. Le boulot des magistrats saisis de ce genre d'affaire est de déterminer à partir de quand tes cailloux deviennent un tas et ne sont plus juste des caillous posés côte à côte.
Barry Trotter et le Lexicon de Harry Potter, tel qu'il a été finalement publié, te montrent ce qui a été considéré comme acceptable.
On trouve parfois des fics où Drago et Harry sont, heu, propriétaires d'une galerie d'art à New York. Et où leur caractère n'a rien à voir avec l'oeuvre originale. Des lors, ne reste que les noms.
Qui devront être changés pour que l'oeuvre puisse être vendue par son auteur.
Drago Malefoy et Harry Potter sont désormais des noms protégés (civilement parlant). je trouve cela logique car comme une marque, ils ne sont plus neutres, mais chargés d'émotion (positive ou négative).
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Je n'ai pas cité tout le texte, seulement des extrait pour faciliter la lecture. Tu as tout au bout du lien.
je pense qu'un texte sera toujours moins cru et choquant qu'une image
ça dépend de l'imagination du lecteur. Et je pense que décrire une scène de torture peut être pire que ce qu'on peut en montrer avec une seule image.
Est-ce qu'on ne tient pas là un élément de définition : la pornographie = images ou autre support à caractère sexuel utilisé à des fins financières.
Non, la législation sur la protection de la jeunesse est puremement morale. Il se trouve juste que les exemples donnés portaient sur des sites à but lucratifs. Ton voisin qui offre une sextape amateur à ton gamin tombe sous le coup de la loi.
Une fois le texte publié, on n'a plus de contrôle dessus, les gens pourront écrire et penser ce qu'ils veulent à ce propos, on ne pourra rien y faire
C'est non seulement permis mais garanti par la loi de 1881 (et le premier amendement américain). On peut commenter une oeuvre, extraits à l'appui, sur un support public.
Partant de là, on ne peut pas non plus empêcher les lecteurs d'imaginer Hermione et Drago convolant en justes noces. On peut, par contre, les empêcher de l'écrire. Mais quel intérêt?
Non, on ne peut pas les empêcher de l'écrire. Seulement de le publier.
Tu peux écrire ce que tu veux et l'offrir à ta famille et tes copains. Mais pas le distribuer dans ton école ou sur Internet (cela dépasserait le cercle privé).
A moins de massacrer les gens, on ne peut pas les empêcher d'avoir de l'imagination.
Endormir et circonscrire leur imagination, oui, mais la supprimer, non.
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