J’ai décidé de me lancer dans cette histoire - en VF - après avoir lu plusieurs avis très positifs à son sujet, ici ou là, laissant à penser qu’a priori, on sortait des sentiers battus et rebattus du genre.
Autant le dire tout de suite : je n’ai pas été enthousiasmée, c’est le moins que l’on puisse dire. Ceci étant dit, j’ai malgré tout apprécié certains éléments qui font que je vais lire le tome 2. Mais je vais y revenir.
Evacuons en premier lieu ce qui, pour moi, tâche le plus, à savoir la forme. Entre un lexique d’une pauvreté consternante et une écriture d’une platitude absolue, l’auteur ne rend guère justice au monde flamboyant qu’elle a créé. On le devine, et on le comprend bien sûr, mais il aurait fallu une plume en rapport pour lui rendre sa juste place. Une plume à la Tanith Lee par exemple. Ici, l’écriture est tout juste passable, le style sans panache et je me suis surprise à m’ennuyer régulièrement devant une succession de phrases toutes construites sur le même moule et un rythme inexistant.
En second lieu, parlons des kinks de l’auteur. Je ne jugerai rien à ce sujet car on entre dans le domaine des goûts et des couleurs, et ce qui peut plaire aux uns peut déplaire aux autres et inversement. Pour ce qui me concerne, la plupart d’entre eux m’ont soit laissée froide, soit fait grincer des dents. Les corps d’hommes qui sont huilés, maquillés et recouverts de bijoux, de base, ça m’indiffère. Mais le trip chaînes et laisse, ceux qui me connaissent savent que je déteste. Viscéralement. Et si on rajoute les kinks inavouables présentés comme de très vilaines choses (pédophilie et viol), comment dire… Non. Plusieurs fois, je me suis sentie mal à l’aise, non pas à la lecture des scènes elles-mêmes mais à cause du sentiment que l’auteur me prenait pour une imbécile.
En troisième lieu, l’histoire : c’est là qu’on trouve, à mon sens, les points les plus intéressants en dépit de certaines maladresses, lesquelles m’ont plutôt fait sourire qu’autre chose, donc on va dire que ça passe. Damen, le héros de l’histoire et dont on suit le point de vue pour l’essentiel, est un guerrier et un prince et raisonne en tant que tel, ce qui nous épargne toute forme de guimauve et c’est fort appréciable. Il est plutôt sympathique dans l’ensemble, même si parfois, ses réactions vis-à-vis de sa nouvelle condition ne sont pas très réalistes au regard de sa personnalité. J’ai souri, donc, aux tentatives répétées de justification de la part de l’auteur quant au fait qu’il ne s’enfuit pas dès qu’il en a l’occasion (et il en a eu un paquet, d’occasions !), on sent vraiment qu’à certains moments, elle s’emberlificote et sort les rames pour que son récit reste dans les rails. Mais j’ai trouvé ça mignon : après tout, elle a une histoire à raconter, alors il faut bien que les personnages agissent comme ça l’arrange, elle, et non comme ça les arrangerait, eux, pas vrai ?
Mais pour ce qui me concerne, c’est Laurent que je trouve le plus intéressant parce qu’aussi détestable qu’il soit, on devine assez vite que sous cette attitude se cachent des raisons qui méritent d’être connues. Le personnage est complexe, et à ce stade, on en sait encore trop peu à son sujet, et c’est tant mieux ! Cela donne envie de lire la suite, de voir comment cette « relation » plutôt mal partie va se construire, et sur quelles bases.
Ce qui m’amène au monde créé et au scénario : honnêtement, il y a de très bonnes choses, avec une caractérisation des royaumes en présence, certes pas très fouillée dans les détails, mais assez fascinante pour qu’on ait envie d’en savoir plus. J’ai particulièrement été intriguée par le statut des esclaves en Akielos, qu’on entrevoit plus en détail lorsque Damen parle d’Erasmus : l’obéissance parfaite y est reconnue comme une qualité, du fait de l’abnégation absolue des esclaves qui y consentent, ce qui leur gagne un respect infini de la part de ceux qu’ils servent. J’ai trouvé cette approche vraiment très originale et j’espère qu’on en saura plus dans les tomes suivants.
Par ailleurs, il y a une vraie intrigue politique dans l’histoire et qui, a priori, n’est pas qu’un simple prétexte pour coller Damen et Laurent ensemble (non, parce que c’est le but, hein), une intrigue bien tortueuse (de l’aveu même de Damen !), si bien qu’à l’issue du tome 1, si on a à peu près identifié les partis en présence, il n’en demeure pas moins certains doutes. Le régent, notamment, est un personnage qui pose question.
Pour conclure, je dirais que, non, ce n’est pas le livre de l’année et que, formellement parlant, ça ne vole pas bien haut et c’est bien dommage, mais que ça se laisse lire et que ça intrigue assez pour avoir envie, malgré tout, de découvrir la suite.