Titre: Désir
Auteur: drakys
Défi: 9
Temps utilisé: 91 minutes
Fandom: samurai 7
Pairing: kanbe/kyuzo
Rating: PG
Disclaimer: G.D.H., gonzo, MICO, sony pictures entertainment
Notes: *sighs* ce n'est pas du tout à la hauteur de ce que je voulais faire.
Kanbe les vit descendre les marches bien avant que l'un ou l'autre lève les yeux et que Kirara, les yeux illuminés, s'exclame Kanbe-sama! en le voyant. Ils descendirent alors le dernier pallier rapidement pour le rejoindre et il resta immobile sans faire un seul pas vers eux. Une fois devant lui, Katsushiro lui donna les résultats des recherches de la journée.
"Sensei, nous n'avons pas eu la chance de trouver d'autres samurai…", avoua-t-il, tête basse.
Kanbe regardait plutôt derrière eux en se souciant peu de leurs paroles, l'air de voir quelque chose que les deux jeunes n'avaient apparemment pas remarqué. Une présence forte, une aura qu'il connaissait bien planait dans l'air et faisait battre son cœur juste un peu plus vite d'anticipation.
Le vieil homme, en lui tendant son katana réparé lui avait fait une remarque qu'il n'avait ni entièrement approuvée, ni entièrement désapprouvée. En constatant l'entretien que vous faites de votre épée, il est évident que vous êtes prêt à partir au combat en tout temps. Est-ce si intensément que vous désirez vous battre?
Le samurai, avant de le quitter, avait simplement répondu: une fois que vous avez coupé un homme, il est dit que son fantôme vous possède. Et Kanbe ne savait pas s'il était ou non possédé des esprits errants des guerriers dont il avait tranché le fil de la vie, si c'était bien leur appétit du combat qui le faisait maintenant avancer. Mais il savait que celui à qui appartenait l'aura puissante pourrait le satisfaire.
"Non, attends", répondit-il distraitement au jeune homme qui voulait tant être son disciple, levant les yeux vers le pallier suivant. "Es-tu un samurai?", demanda-t-il à la présence invisible.
Une homme dépassa les étalages qui dissimulait son corps, mais pas toute l'odeur imprégnée de sang de son être. Long manteau rouge sur son corps svelte et cheveux ébouriffés couleur de paille, il dégageait cette aura de puissance que Kanbe ressentait. Il accorda un regard au jeune homme à ses côtés, ignorant l'expression inquiète de la jeune prêtresse.
"Il était bien là, après tout?", murmura le jeune homme et Kanbe eut de l'espoir pour lui en constatant qu'il avait remarqué l'autre homme.
"Vous avez été suivis, Katsushiro", constata Kanbe et il leva les yeux juste à temps pour voir l'étranger sauter depuis le pallier supérieur jusqu'à celui qu'ils occupaient.
Il y eut une pause, si courte, et Kanbe sut instinctivement ce qui devait être fait. Tout son corps le lui dictait, ses gestes devinrent guidés par la confrontation à venir. Il s'approcha de quelques pas pour faire face au nouveau-venu et conservant égale distance entre eux, ils marchèrent dans un grand cercle, sans quitter l'autre des yeux pour le juger, pour le jauger.
"Je suis Shimada Kanbe, quel est le nom sous lequel tu marches?", demanda-t-il pour savoir à qui il avait affaire et qui il pousserait peut-être à la mort, embrassant, évaluant du regard la silhouette écarlate et mince devant lui.
"Kyuzo", laissa tomber l'inconnu, son ton égal et Kanbe sentit un frisson monter le long de son échine comme il le dévisageait.
Ses yeux, ses yeux étaient comme les siens. Vides et déjà morts peut-être dans les batailles passées, presque aveuglés par l'importance de leur vie dictée par leur katana. Il savait que celui-là serait un des sept, même s'il devait risquer sa vie pour le convaincre. Kanbe devait gagner son respect, ou à défaut, son désir de battre un égal.
"J'aimerais te parler en tant que samurai", continua-t-il en continuant calmement à marcher.
Le cercle parfait tournait, tournait et ils continuèrent à s'évaluer l'un l'autre. Le temps d'une respiration et le blond recula d'un pas et s'arrêta, tirant ses deux katana de leur fourreau. La lame à sa main droite pointait vers son adversaire, celle à gauche pointait derrière lui.
"Dégaine", demanda Kyuzo et son ton ne changea pas.
Kanbe plissa les yeux et sa réponse ne fut que silence. Il ne devait montrer aucune faille, aucune faiblesse ou il le perdrait et il serait lui-même perdu, son sang versé et son esprit rejoignant tous ceux qu'il avait fauchés. Kyuzo bougea le pied droit et ramena la lame dans sa main gauche devant son visage.
"Je vois, tu es bien un samurai", fit remarquer Kanbe, appréciateur, ramenant d'un geste précis son fourreau pour qu'il soit prêt à tirer son épée et son pouce poussant la garde pour libérer la lame.
Kyuzo fit tourner sa lame droite de l'arrière à l'avant.
"J'arrive", annonça-t-il simplement en s'élançant.
Gracieux, précis, mortel. Kanbe sentit son cœur s'emballer et le désir le submergea. Il devait faire bonne figure et il s'élança à son tour. Il bougea contre la tornade rouge, épée frappa contre fourreau, contre autre lame et leurs pieds passèrent près les uns des autres. Pas, cliquetis métalliques des lames qui s'entrechoquèrent dans les attaques, les parades. Leurs jambes comme leurs katana se croisant, se décroisant et ils s'immobilisèrent: Kyuzo plaquait son épée droite pour que la lame puisse mordre le cou de Kanbe. Mais lui-même était pris en étau: fourreau passant d'un côté de sa gorge, lame appuyée sur l'autre coté de son cou.
Le rythme fut suspendu dans le temps comme ils se dévisageait l'un l'autre avec leurs yeux reflétant le même besoin de continuer le combat, ignorant chacun le mince filet de sang chatouillant leur peau de sa chaleur. Autour d'eux, du cercle qu'ils avaient tracé de leurs pas s'élevait une poussière fine comme une brume artificielle pour les dissimuler. Elle s'évapora lentement et Kanbe sentit son cœur battre plus fort de ce qu'il lisait dans les yeux de l'autre homme.
"Je suis amoureux…", commença-t-il et il vit les yeux de Kyuzo s'agrandir de surprise à ces paroles.
Il en profita pour défaire la prison des lames glacées: pour attaquer rapidement et Kyuzo fut forcé de sauter et de le dépasser pour éviter la dangereuse danse du métal et leur précision impressionnante. Chacun de leur côté, accroupis comme l'attaque et la parade les avaient laissés, ils se retournèrent à toute vitesse pour se faire face à nouveau. Incapables de quitter l'autre des yeux.
"…de tout talent", compléta Kanbe, ses lèvres un mince sourire.
Tous deux baissèrent leurs armes respectives.
"Pour certaines raisons, je recherche des gens de ta trempe. Me prêteras-tu ta force?
- Pour faire face aux bandits, n'est-ce pas?
- Si tu es déjà au courant", commença Kanbe en se relevant, calme et déjà prêt à la suite après la courte accalmie. "Cela accélère les choses. Qu'en dis-tu?"
Kyuzo, rapide comme l'éclair, se jeta sur lui comme un tigre en furie et d'un bond léger, lui cracha sa réponse à coups de katana.
"Je refuse!"
Kanbe bloqua les deux lames et l'autre homme, encore oublié par les lois de la gravité, d'un pied frappa son bras porteur de l'épée et de l'autre sa poitrine, le projetant violemment en arrière. Retombé gracieusement par terre en plaçant ses lames en croix devant lui, Kyuzo ne perdit pas une seconde et voulut attaquer de nouveau, mais dut éviter un tuyau que Kanbe lui lançait depuis l'échoppe près de laquelle il avait échoué. Les tuyaux volèrent contre lui, pluie métallique violente et terrible, mais dansant dans les espaces libres entre les projectiles improvisés, Kyuzo se rapprocha.
"Quel dommage!", s'exclama Kanbe, tentant de le maintenir à distance.
Mais plus rapide, Kyuzo fut bientôt sur lui et un des piliers de l'échoppe tomba sous un coup précis, le reste des tuyaux tombant et roulant de ça, de là. Kanbe évita l'avalanche et leur combat se poursuivit sur les reste des piliers encore debout. Chacun sautant, parant, attaquant, déviant les coups de l'autre au mieux, ils détruisent l'échoppe et firent rouler dans le chaos le plus complet les tuyaux qui ne s'en était pas encore échappés. Kanbe se rapprocha assez pour solidement bloquer le poignet de l'autre homme, le voyant ouvrir les yeux un peu plus grand, son expression autrement impénétrable.
Ils étaient si près que Kanbe pouvait presque sentir son cœur battre. D'un pas seulement derrière lui, il l'entendait respirer rapidement, mais la respiration du blond n'était pas aussi forte que sa propre respiration, fatiguée de l'effort physique. Leurs visages étaient près, du coin de l'œil il ne le quittait pas des yeux et il lui souffla à l'oreille:
"Je ne suis pas à la hauteur de ton art", complimenta-t-il honnêtement, acceptant déjà la mort que l'homme plus jeune lui servirait. "Par contre, avant que tu me coupes, il y a quelque chose… Une chose que je dois à tout prix accomplir."
Les yeux de Kyuzo s'agrandirent un peu plus.
"Pardonne-moi, mais je dois te tourner le dos."
Kanbe relâcha le poignet qui n'avait même pas fait l'effort d'essayer de se libérer et il s'éloigna de quelques pas avant de s'immobiliser. Lui offrant la cible facile de son dos et sentant la présence derrière lui se gonfler du désir de tuer. Et le blond le suivait pourtant simplement du regard.
"Kyuzo, n'est-ce pas?", continua Kanbe en essayant de ne pas frémir d'excitation sous ce regard prédateur. "Quand j'aurai coupé les bandits, je te confronterai à nouveau. Attends jusque là. Ou préférerais-tu plutôt me couper ici et maintenant?"
Kyuzo redressa son épée comme pour frapper et Kanbe inclina la tête, prêt à accepter sa réponse, quel qu'elle soit… Le moment précis que Kikuchiyo choisit pour arriver à l'improviste dans la scène, voyant la situation et s'y précipitant comme à son habitude: sans réfléchir.
"Attention Kanbe!", hurla-t-il en se jetant en bas du pallier avec sa subtilité habituelle.
Kyuzo para son énorme épée avec une facilité déconcertante, la forçant à sauter loin des mains du samurai mécanique. Le blond réalisa trop tard son erreur, qu'il avait tourné le dos à un danger bien plus grand. Kanbe derrière lui asséna un coup précis et son épée vola aussi hors de ses mains comme Kikuchiyo s'écroulait sur les tuyaux épars.
Kyuzo regarda une seconde son épée par terre, regard neutre et pourtant Kanbe voulut y lire qu'il avait gagné son respect. Il le regarda avancer une jambe et du pied, fit sauter son katana de nouveau à sa main. Du coin de l'œil, il lança un regard rapide à Kanbe et rangea ses armes en se détournant.
"J'ai changé d'avis. Nous reprendrons une autre fois", annonça-t-il avant de s'éloigner lentement, remontant les marches en se souciant peu qu'on l'attaque ou non à nouveau.
Kanbe n'esquissa pas le moindre geste et aurait arrêté quiconque aurait voulut toucher à sa trouvaille. Ses yeux ne quittait pas la silhouette drapée de rouge et il sourit, sa main allant toucher la blessure fine sur son cou.
"Je le veux", murmura-t-il pour lui-même, excité d'un combat aussi satisfaisant.
Et il n'aurait pu dire avec certitude s'il désirait Kyuzo seulement pour qu'il prête son talent à leur quête, ou s'il avait quelque motif moins noble pour souhaiter auprès de lui cette présence si forte.
(29 octobre 2006)