Secrets et reflets, ma première participation sur
30_baisers, crosspostée sur
pompom_power.
Fandom : Harry Potter
Couple : Parvati Patil/Lavande Brown
Rating : PG
Thèmes : "Regarde-moi" ; "Si seulement tu étais à moi".
Disclaimer : Tout à JKR et rien à moi.
- Tire bien, hein, je crains pas.
Devant la psyché installée dans le dortoir des filles de quatrième année, Parvati Patil lisse sa robe rose du plat de la main. Les bracelets d’or gravé passés à son poignet cliquettent quand elle bouge, et elle a un sourire approbateur pour son reflet : pour l’élégant drapé du tissu sur son épaule, pour le clou de diamant, piqué dans sa narine, qui brille sur sa peau sombre d’Indienne, pour le bindi d’un rouge éclatant, au milieu de son front, qui met en valeur la parfaite symétrie de ses traits. Dans le miroir, elle croise le regard bleu de Lavande qui lui tresse les cheveux. Dévouée Lavande.
- Si tu veux, tout à l’heure, je ferai pareil aux tiens, déclare-t-elle, magnanime.
Lavande acquiesce en silence, les yeux baissés sur ses doigts plongés dans la masse épaisse et brillante. Les cheveux de Parvati ont une odeur capiteuse, mélange d’épices et d’huile d’argan : à chaque fois qu’elle la coiffe, le plaisir d’être comme immergée dans ce parfum se mêle à la frustration de ne pouvoir y plonger son visage, longtemps, jusqu’à s’y fondre complètement. Mais ça, Lavande est la seule à le savoir : c’est le genre de secret qu’on ne partage avec personne. A regret, elle noue le bout de la longue tresse noire, lisse un peu les cheveux sur les tempes, y plante une épingle et immobilise le tout d’un charme mineur. Parvati se retourne, radieuse, tourne sur elle-même - « Je suis comment ? » - et Lavande acquiesce encore, étire ses lèvres en un sourire de commande, dit que Harry ne va pas en revenir, c’est sûr, ma grande, tu es splendide ; et pendant tout ce temps son estomac se tord douloureusement à l’idée que c’est Harry Potter qui va entrer dans la Grande Salle avec elle, danser avec elle, peut-être même l’embrasser, pendant qu’elle-même devra sourire à Seamus Finnigan et rire à ses blagues à deux Noises.
Le monde est décidément très mal fait.
Plus tard, alors que Parvati essaie de dompter les ondulations de ses cheveux à grands coups de peigne et de les persuader de se laisser tresser, Lavande se regarde à son tour dans le miroir. Ça fait longtemps que ça ne lui est pas arrivé de se voir en entier : quand elle se maquille, elle fait bien attention de ne regarder que son œil, ou sa bouche, ou sa joue, et surtout pas l’ensemble de son visage.
- Tu vas être superbe, assure Parvati.
Lavande a envie de pleurer, et de crier que non, bien sûr, elle ne va pas être superbe, que celle qui est superbe ce n’est pas elle avec sa robe violine et ses yeux trop bleus et ses cheveux trop ternes et sa peau trop pâle, sûrement pas ; et que les envies et les jalousies obscures qui tordent son ventre depuis quelque temps quand elle voit Parvati avec les garçons, ça non plus ce n’est pas superbe. Mais elle ne peut pas faire ça, alors elle dit « merci », très doucement, en faisant attention de ne pas bouger la tête pour ne pas gâcher sa coiffure.
Parvati pose une main sur sa hanche pour la retourner vers elle, et Lavande sent comme une décharge électrique qui la parcourt à ce simple contact, un truc très fort, presque douloureux, et, comme à chaque fois, elle a honte, parce que du haut de ses quatorze ans elle n’est pas débile, et qu’elle sent bien qu’il y a là quelque chose de pas normal.
- Merci, dit-elle. Maintenant, file, Harry doit t’attendre.
Parvati sourit, elle dit « passe une bonne soirée », et elle l’embrasse sur la joue avant de quitter le dortoir. Lavande se regarde une dernière fois dans la psyché et lisse les plis de sa robe violine, puis la suit, descendant vers la salle commune et vers Seamus qui l’attend.
Le monde est décidément très mal fait.