Titre : L'instant d'après
Fandom : Loveless
Pairing : Ritsu/Soubi
Nombre de mots : 1068
Rating : NC-17
Disclaimer : Propriété de Kouga Yun
Note : Écrit sur un prompt proposé par
shirenai : "Désir de voir, envie d'avoir" (l'adaptation est un peu libre, mais bon...)
Soubi se redressa dans le lit et passa une main dans ses cheveux. C'était un fait : il n'avait plus ses oreilles. Il glissa les doigts de son autre main dans le creux de ses reins. Plus de queue non plus. Physiquement parlant, même s'il n'avait que dix-sept ans, il appartenait à la catégorie des adultes. Il avait perdu sa virginité.
Ritsu plissa les yeux d'un air amusé en regardant son élève et amant. C'était comme si ce dernier n'arrivait pas à croire ce qui venait de lui arriver. Pourtant, il l'avait bien cherché, non ? Depuis longtemps il essayait d'attirer son attention, en faisant de plus en plus d'efforts lors des entraînements pour lui plaire et en le collant comme une sangsue, Sensei par-ci, Sensei par-là... Il n'était pas du genre à refuser les avances, même innocentes, d'un si joli garçon. Alors les choses s'étaient faites naturellement, et puis Ritsu avait préféré que Soubi perte sa virginité avec lui plutôt qu'avec un abruti quelconque qui ne le méritait pas... Parce que oui, il avait façonné cet enfant de ses propres mains, avait lui-même fait de l'enfant pleurnichard qu'il avait été un combattant de premier ordre... qui de ce fait méritait de ne pas devenir adulte dans le lit de n'importe qui... et quelque part, ça faisait partie de son entraînement. Le sexe entre garçons était douloureux. La jouissance au premier rapport n'était qu'une chimère pour les romantiques idiots. Soubi devait savoir ce que c'était d'avoir mal jusqu'au plus profond de lui et Ritsu, lors de cette première fois, n'avait fait aucun effort pour être tendre. Il ne s'était offert le luxe d'être gentil qu'une fois l'acte terminé, après avoir assouvi sa propre pulsion et expulsé son plaisir entre les reins de son élève. Il avait enlacé l'adolescent aux joues trempées par des larmes de douleurs et avait caressé les cheveux blonds maintenant débarrassés de ces vilaines oreilles. Contre lui, le gamin était aussi flasque qu'une poupée de chiffons, un mélange intéressant de sang et de sperme s'écoulait entre ses cuisses pour tacher les draps et l'enseignant était satisfait.
Tout s'était passé de la façon dont il l'avait envisagé. Soubi s'était éclos dans les larmes et les fluides corporels, dans la douleur et la saleté.
Le garçon s'échappa de l'étreinte de son maître et se leva. Ritsu le regarda, un sourcil levé, boitiller jusqu'au grand miroir qui décorait la chambre. Quoi ? Il voulait se voir ? Il avait envie de découvrir son aspect adulte ? Qu'à cela ne tienne, ce n'était que le dernier acte... L'enseignant ne put s'empêcher de sourire en voyant la démarche hésitante de Soubi. Il devait avoir mal. Vraiment, il avait bien fait les choses. Il ne restait plus au gamin qu'à affronter son propre regard et à se rendre pleinement compte, au-delà de la douleur physique, qu'il était sorti de sa chrysalide.
Soubi plissait les yeux. Quitter le lit n'avait rien d'agréable. Sans la chaleur des draps et celle du corps de son maître, il avait froid. Il avait mal aux reins et des courbatures dans les cuisses parce que Ritsu lui avait fait écarter les jambes dans un angle impossible pour s'introduire en lui. Il sentait les fluides sécher sur sa peau et il repoussait tant bien que mal l'impression de salissure, malgré tout ce qu'il éprouvait pour son initiateur. Humiliation suprême, il lui faudrait s'approcher du miroir jusqu'à y être presque collé pour se voir, à cause de sa myopie. C'était presque gênant pour lui d'avoir à se regarder d'aussi près, mais il voulait savoir.
Il avait réalisé cette envie plus ou moins inconsciente d'appartenir à Ritsu et de l'avoir à lui seul et à présent, il désirait en voir les conséquences sur sa personne, à savoir découvrir de quoi il avait l'air sans ses oreilles.
Il s'approcha de si près la glace que son nez touchait presque la surface de verre. Ce qu'il vit le laissa perplexe. Il avait les yeux cernés et un peu rougis par les larmes. Son maître l'avait pris suffisamment brutalement pour qu'il en pleure de douleur. Ses cheveux longs étaient emmêlés et faisaient des épis dans tous les sens. Il leva une main pour les lisser au sommet de son crâne et constata que rien n'avait changé, finalement. La perte de ses oreilles ne provoquait aucune sensation de manque en lui. Il savait qu'il lui faudrait assumer les regards d'autrui, des gens qui s'étonneraient et comméreraient parce qu'il était devenu adulte à un âge relativement précoce, mais ça n'avait aucune importance. Il l'avait fait avec Ritsu et c'était tout ce qui comptait. Sans dire que c'était chose fréquente, il arrivait que les futurs combattants sautent le pas avec leur maître. Soubi n'était ni le premier ni le dernier à qui cela arrivait. Avec une pointe de jalousie, il se demanda combien de jeunes gens Ritsu avait connus avant lui. Il aurait voulu être le seul.
Repoussant cette pensée, il se retourna et se démancha le cou pour voir son dos. La perte de sa queue n'avait généré aucune cicatrice. C'était comme s'il n'y avait jamais rien eu. En revanche, les réminiscences de l'acte érotique persistaient sur ses cuisses et formaient des croûtes qui le gênèrent un peu. Bah. L'union ne se limitait pas à cela. La salissure partait avec de l'eau et du savon et la fierté d'avoir appartenu à Ritsu resterait implantée en lui et s'exprimerait aux yeux de tous dans la perte de ses attributs enfantins.
"Tu aimes ce que tu vois ?"
La voix de son maître ramena Soubi sur terre. Il se détourna du regard et vit ce dernier, assis dans le lit, qui l'observait avec une satisfaction presque perverse. Il préféra ne pas répondre et Ritsu le comprit immédiatement. Le gamin s'était endurci et ne laissait filtrer aucune émotion, sauf si ce qu'il ressentait se manifestait de façon inconsciente.
"Viens ici."
Soubi obéit et regagna le lit. Ritsu l'attira contre lui pour le forcer à s'allonger. Ses mains ne tardèrent pas à errer sur le corps de son élève.
"Devenir adulte, dit-il, est un acte souvent douloureux, comme une nouvelle naissance... mais cette douleur peut aussi devenir plaisir..."
L'adolescent ferma les yeux sous les caresses. Le mélange de douleur et de plaisir, il connaissait déjà. Cependant, c'était une sensation dont il lui tardait de découvrir d'autre aspects... et qu'il souhaitait connaître encore, dans les bras de Ritsu, jusqu'à l'infini.