Titre : Lourd
Fandom : Loveless
Personnages : Kio et Soubi
Nombre de mots : 661
Rating : T
Disclaimer : Propriété de Kouga Yun
Note : Ecrit sur un prompt proposé par
shirenai : "en trois mots : tu me gonfles"
Ce n’était pas du mépris, ni du dégoût, ni de l’indifférence. Juste de la lassitude.
Soubi avait parfois le sentiment d’avoir commis une erreur. Il avait recherché un colocataire des plus ordinaires, quelqu’un d’agréable à fréquenter et qui dans le même temps ne lui poserait pas de questions. Kio lui avait paru, au premier abord, sympathique. Il avait de l’humour, de la répartie, il n’était pas désagréable à regarder malgré ses oreilles aussi percées que des passoires et il était doué pour le dessin. C’était un être original et extraverti dans l’ombre duquel Soubi pouvait rester sans risquer de se faire remarquer.
Il ne lui fallut pas longtemps pour découvrir le principal défaut du blondinet : il était collant.
L’étudiant aux cheveux longs était conscient de ses charmes. D’aucuns en avait joué, Ritsu et Seimei pour ne citer qu’eux, quoique le premier lui ait laissé de meilleurs souvenirs que le second. Cependant, si les deux susnommés avaient su y faire pour s’assurer son attachement (et Soubi ne se laissait séduire qu’avec des méthodes bien particulières), Kio se contentait d’être lourd.
Sans doute trouvait-il ses techniques de drague très spirituelles et ses sous-entendus délicieusement décadents. Ce n’était néanmoins pas le cas de Soubi. Il trouvait ces discours pleins de double-sens particulièrement pesants à défaut d’être répugnants. Parfois, il se prenait à souhaiter que Kio se contente de lui demander s’il voulait baiser, ce qui serait moins épuisant et moins écœurant. Sa réponse serait de toute façon la même : un « non » clair et définitif.
Par ailleurs, les tentatives de séduction du blondinet ne se limitaient pas aux paroles. Soubi avait fait l’erreur d’accepter, mine de rien et pour avoir la paix, que son colocataire pose nu pour lui. Kio l’avait pris au mot et, régulièrement, se promenait dans le plus simple appareil devant lui. Il prenait des attitudes ridicules pour attirer l’attention et soupirait à fendre l’âme quand Soubi lui demandait, d’un ton las, de se rhabiller. Il enfilait alors un pantalon et continuait à se promener torse nu en déblatérant ses habituels propos obscènes.
Il ne semblait pas se rendre compte qu’il l’indifférait totalement.
Soubi finit par craquer, un beau jour. Il avait passé toute une nuit à travailler sur une toile - encore des papillons - et le jour suivant avait été épuisant. Le petit frère de Seimei était insaisissable et, quand il était de bonne humeur, il était lui aussi fatiguant à vouloir prendre sans cesse des photos pour « faire des souvenirs ». Soubi lui cédait ce caprices parce que Seimei le lui avait demandé mais prendre la pose devant un objectif après une nuit blanche n’avait pas grand-chose d’agréable. Il était fatigué et comptait passer une soirée tranquille à lire un bon livre avant de se coucher tôt. C’était sans compter sur Kio qui se montra plus entreprenant que jamais. Il attaqua une fois encore sur cette histoire de nu :
« Sou-chan, j’ai vu ta dernière peinture, elle est jolie mais c’est encore des papillons… tu ne voudrais pas changer de modèle ?
- Pas vraiment, répliqua l’interpellé en allumant une cigarette.
- Pourtant… tu m’as fait une promesse, un jour… tu ne t’en souviens pas ? »
Kio commença à enlever sa chemise comme pour donner plus de poids à ses paroles, au cas où Soubi n’aurait pas compris où il voulait en venir. Ce dernier était si fatigué qu’il renonça momentanément à son attitude placide pour ruer dans les brancards.
« Ecoute, Kio. Je vais te dire ce que je pense en trois mots : tu me gonfles. Depuis le temps que tu me fais du plat, tu devrais avoir compris que tu ne m’intéressais pas… Maintenant, tu m’excuseras, mais je suis crevé. J’ai besoin d’être seul. Alors sois gentil, va faire tes simagrées ailleurs. »
Il ne laissa pas à son colocataire le loisir de répondre et quitta la pièce.
Il s’excuserait plus tard… ou pas.