Mar 27, 2008 12:39
Je t'écris encore une fois dans un état d'ébriété lamentable.
Je ne sais pas si l'alcool &les antibiotiques que j'ingurgite en défiant la posologie font bon ménage mais ça m'est égal, parce que la modération nous on ne connait pas &parce que je t'aime.
Le lien, il est où? Il n'y en a probablement (d'accord, «certainement» alors.) pas mais ça aussi je m'en fiche.
Ce soir j'écris, je n’arrête pas &je m'y plais, puis de toute façon c'est tout ce que je sais faire après plusieurs verres.
Ça &dire des bêtises, mais des fois j'oublie, oui oui même moi.
Pourtant, mon orthographe n'a rien à se reprocher &j'étale ma grammaire aux arômes de collège privé partout sur cet ordinateur qui trainait &dont je ne connais pas le propriétaire.
Tant pis.
Ça lui fera de la lecture bon marché de prépubère si jamais il s'ennuie &décide de fouiller à travers ces documents Word qui se ressemblent tous, &dont les noms de fichiers sont tous inspirés de paroles de chansons dont je n'arrive plus à me souvenir des titres.
Mais on s'en fiche parce qu'ils sont amusants à fredonner, &quand on fredonne on fait semblant d’être heureux. parfois.
Mes plans d'hermite à l’infini ont échoué, malheureusement, mais heureusement j'ai des amis assez précieux pour m'organiser des sessions d'artisanat entre copains afin de me bricoler des pansements beaucoup trop mignons pour cacher mon bobo sur le menton.
Du do it yourself à son meilleur.
Même toi tu en serais jaloux, mauvais garçon.
Je les porterais presqu'à tous les jours. presque.
Mais je ne le ferai pas, même s'ils sont jolis avec ces diamants qui sentent encore le Sharpie imbibé.
Je pourrais les exhiber dans toutes les rues de Montréal si j’arrivais à enligner mes pas, un à la fois, un pied devant l’autre, mais je ne le ferai pas, parce que j’ai perdu mes pantalons, que ma tête tourne trop rapidement pour seulement songer à les retrouver, &que je prendrais froid à déambuler seule dans cette ville qui ne s’éteint jamais.
Montréal que tu vas quitter dans maintenant 6 jours, on ne peut même plus compter en semaine, &je dois t'avouer que j'ai du mal à m'y faire.
Je ne m'y résous pas, tout simplement.
Je le nie encore, je n'en parle pas &je ne veux pas.
«Je ne veux pas que tu partes.», mais je ne le dirai pas.
Je pourrais l'écrire des centaines de fois sur des cahiers défrichis aux lignes bleutées &aux marges griffonnées, mais ça n'en perdrait pas son sens pour autant.
Je ne voudrais toujours pas que tu partes, toujours autant, mais en silence.
Je ne peux pas te retenir, de toute façon tu ne resterais pas, &je tente de me convaincre que tu reviendras malgré tout.
Je suis naïve, je crois.
Mais ce n’est pas grave parce qu'à 17 ans, la naïveté, c'est ce que les gamines ont de plus beau.
Tu vois, tu penses à une autre tout le temps, tu corresponds avec elle, elle te manque, tu y crois encore &pourtant c'est moi qui partage ton lit, moi qui te caresse le dos &qui te fait gober tous les litchis du monde &pourtant, pourtant, moi, je n’ai pas le droit à ces mots-là.
&je reste.
ah bon.
J'ai 17 ans.
C'est vrai, j'oubliais.
On se fait toujours mal à 17 ans.
On aime les mauvais garçons, surtout ceux qui te chantent des chansons, qui t'offrent des balades en autobus en plein milieu de la nuit, ceux qui boivent trop mais qui s'en fichent, qui te font des promesses qu’ils ne tiendront pas, mais ça je sais, je savais dès le début, pourtant je suis encore là.
Je reste, tu restes, il reste, nous restons, vous restez, ils restent.
Non, c'est vrai, pas toi.
Pourquoi? Je ne sais pas.
Je ne sais même pas si je te manquerais si je partais pour de bon.
Mais ça ne doit pas t’inquiéter, parce que tu sais que je ne le ferai pas.
Justine elle aime beaucoup trop pleurer dans tes draps, &elle est beaucoup trop épuisée pour claquer des portes.
Alors elle reste, toujours, &je suis convaincue que tes yeux aux couleurs de Kool-Aid y sont pour beaucoup, mais ça tu savais déjà n’est-ce pas?
&je ne suis certainement pas la première - quoi qu’encore moins la dernière - avec qui tu uses de ta technique.
Les filles douces comme moi finissent toujours par s’enticher d’éternels enfants narcissiques dotés d’un égo qui fait râler, mais assez de charme pour le camoufler.
C’est comme ça.
&moi j’ai toi, pas toujours, pas au complet, d’accord, alors que toi tu m’as moi, entièrement, tout le temps.
Et alors?
Et alors cette fois-ci je dormirai sur le divan pour ne pas semer la pagaille auprès de mes hommes qui parlent français avec un accent, ou qui ne le bafouillent pas du tout, ni pour briser des coeurs, &surtout pour ne pas déplaire au bébé boyfriend qui fait probablement pareil à l’autre bout de la ville.
Peu importe, c’est avec toi que je dors même quand tu n’es pas à côté de moi.
Je t’ai dans la tête, partout dans mes organes, &je m’endors avec tes mains partout sur moi.
Des fois, je me surprends même à me demander si toi aussi tu rêves à moi toutes les nuits, mais je noie bien vite cette idée avec un gin tonic de plus en tentant d’ignorer que tu ne le fais probablement pas.
C’est vrai, toi tu penses à une autre.
D’accord.
À 17 ans, on perd tout le temps mais on apprend.
Aussi bien m’y faire maintenant, non?
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2007/02/24, 2:12 am.