Titre: Mini-drame en morale mineure
Auteur: drakys
Fandom: black cat
Disclaimer: kentarô yabuki
Personnages: kranz et bardol
Rating: PG-13
Thème: 4. coucher de soleil
Il n'était pas trop certain de la raison pour laquelle il est monté sur le toit. C'était peut-être en parti dû à l'ennui le plus total et le plus écrasant qui l'étouffait, ou au besoin de sortir dehors et de sentir le vent sur son visage pour se donner l'impression qu'il faisait moins chaud.
Ou c'était peut-être parce que Kranz y était.
Immobile au milieu du toit, comme une antenne humaine.
Bardol lui tourna autour sans piper mot et il alla s'asseoir au bord de l'édifice, les pieds dans le vide. Il fouilla dans ses poches, à la recherche de la gomme à mâcher à laquelle il était complètement intoxiqué. Il trouva le paquet et s'en servit un morceau qu'il développa et dès qu'il l'eut jeté dans sa bouche et commencé à mâcher, la saveur de café lui rappela pourquoi il aimait tant cette marque.
La fraîcheur naturelle de la saveur et son goût qui durait, ce n'était pas une de ces marques de moindre qualité qui devenait fade après cinq minutes. Il soupira de contentement et se laissa tomber sur le dos, les bras croisés derrière sa tête.
"Hey Kranz, t'as vu l'coucher de soleil comme il est beau?", sourit-il, faisant ensuite éclater une bulle de gomme.
L'autre homme ne lui répondit pas et il pencha la tête en arrière pour le voir à l'envers.
"J'te parle, j'ai dit-
- Je suis aveugle, pas sourd. J'ai très bien compris ce que tu as dit, sale dégénéré."
Le sourire de Bardol s'élargit un peu plus encore et il retourna à son examen du ciel. Il resta silencieux pendant un long moment et Kranz n'était pas plus du genre à lui faire la conversation. Surtout qu'il devait certainement l'avoir mis bien furieux, ce qui n'améliorait en rien la qualité de ses rapports interpersonnels. Le numéro huit se redressa brusquement et s'assit au bord du vide et commença à pointer ce qu'il désignait.
"Il y a toute une ligne d'orangé encore, ça donne l'impression que les maisons sont en train de cramer. Ça fait plutôt joli. Et au-dessus, c'est plus comme rose, ou non tiens, rougeasse avec une touche de jaune là-dedans et il reste un paquet de strates bleues. Et mauves foncés qui virent lentement au noir. Et-
- Ta gueule", l'interrompit l'autre homme.
"Sérieusement, il est bien ce coucher de soleil.", insista Bardol en le dévisageant soudainement et avec chaque mot qu'il prononçait, il le vit se tendre un peu plus. "C'est un des rares que j'ai vu aussi beau, mais faut dire que j'ai jamais vraiment pris le temps d'en regarder beaucoup.
- Ferme-là!", siffla le numéro quatre en faisant un pas en avant.
Bardol sauta sur ses pieds et lui fit face, debout au bord du toit.
"Y'a tout un tas de trucs que j'aime voir en fait… mais c'est vrai, ça doit t'irriter, hein? Que je puisse voir?", continua-t-il en s'avançant vers le numéro quatre.
Il leva une main et lui cogna légèrement une fois sur le côté de la tête, par-dessus les bandages qui couvraient encore ses yeux.
"T'as perdu tes yeux, que c'est triste. Mais tu serais vachement plus inutile si t'avais perdu tes deux jambes. Ou tes deux bras. Tu ferais comment avec Mars? Avec tes dents? T'aurais développé une super technique secrète pour mordre les gens?"
Il allait lui cogner une autre fois sur la tête, mais Kranz lui agrippa le poignet assez fort pour le lui briser. Le numéro huit fut soulagé qu'il soit aveugle, grimaçant de douleur à son aise et se forçant à ne pas essayer de se libérer.
L'autre homme finit par le relâcher et il massa son poignet, restant silencieux.
"Qu'est-ce que tu essaies de dire?", demanda Kranz lentement.
"Qu'est-ce que tu penses que j'essaie de dire?", répliqua son aîné.
"Essaie pas d'être philosophe, tu as à peine assez de matière grise pour éviter de baver."
Le numéro huit haussa un sourcil et croisa les bras, fit éclater une bulle de gomme.
"Si t'es si faible, pourquoi tu veux rester un Chrono Number?", demanda-t-il.
Kranz baissa la tête et serra les poings.
"Je ne suis pas-
- Oh, je sais. T'es encore capable de te battre, c'est pas ça que j'veux dire", l'interrompit Bardol. "Tu vas rester un p'tit faiblard naze si t'es pas capable d'arrêter de chialer parce que tu vois plus rien!"
Il s'éloigna en sifflant une petite chanson de victoire et Kranz résista à l'envie d'aller l'assommer pour ensuite le traîner au bord du toit pour le pousser dans le vide. Le craquement sinistre qu'il aurait fait en s'écrasant au sol aurait probablement eu quelque chose de réconfortant.
L'autre homme s'immobilisa avant de redescendre.
"Hey Kranz!
- Quelle autre leçon de morale tu as à me faire!?", répliqua le numéro quatre, acide.
Bardol haussa les épaules et fit éclater une autre bulle de gomme.
"Hm, moi? D'la morale? Pfft! ...Mais quand t'auras fini de te jouer ton petit drame, tu sais où me trouver pour t'entraîner."
(31 mai 2006)