Titre: Culpabilité étrangère
Auteur:
dauphin_noireThème: Danse avec moi
Fic n° 5
Fandom: Alice au royaume des coeurs
Couple: Alice/Le Chapelier
Rating: PG
Disclaimer: Rien ne m'appartient
Note: J'harcèle encore, j'ai le droit à des tags?
Culpabilité étrangère
Qu’est-ce qu’elle faisait-là? Ce n’était pas son monde, ce n’était pas à cette vie qu’elle appartenait. Ce pays des merveilles était étrange, beaucoup trop suspect. Lorsqu’elle mettait le pied dehors, elle ne savait jamais ce qui l’attendait… sur qui elle tomberait. Encore un fou furieux qui tenterait de la séduire ou un autre qui tuait sans broncher. Où était passée la normalité qui avait bercé son enfance et son adolescence? Où était passée la douleur de sa rupture qui lui avait serré le cœur dans un étau durant des semaines avant son arrivée ici? Elle se sentait déconnectée depuis quelques jours. Avait l’impression de flotter ailleurs que dans son propre corps, ses émotions engourdies par l’indifférence.
Elle avait perdu la notion du temps. Plongeait dans cette étrangeté sans s’en apercevoir. Elle grimaçait à peine lorsqu’elle les voyait s’attaquer à coups de fusil. Soupirait à peine- ne cherchait plus à fuir- même quand Peter se jetait sur elle sans devenir le mignon lapin qu’elle appréciait caresser. Elle changeait sans comprendre.
Quand enfin elle put retourner chez elle, dans ce monde de normalité, Alice se précipita sur l’occasion.
Mais il y avait cet étrange sentiment de culpabilité qui lui empêchait de reprendre le cours normal de sa vie. Cette impression d’avoir perdu quelque chose qui lui démangeait à l’intérieur, juste un peu plus haut que le nombril. Et ce visage qui la hantait. Celui du Chapelier Mandigan. Et même en se mentant, elle ne parvenait pas à se convaincre que c’était seulement parce qu’il ressemblait à celui qui lui avait brisé le cœur.
Il était là, devant elle. Silencieux, mais son regard implorait. Peut-être après tout qu’Alice appartenait à ce monde étrange. Qu’elle ne s’y était pas seulement attachée, mais qu’elle y était également destinée.
Hésitante, elle fit un pas vers lui, peut-être deux. Il ne bougea pas. Il l’attendait. C’était à elle de venir à lui, Alice en avait conscience.
-Qu’est-ce que tu fais ici? Demanda-t-elle simplement pour exprimer quelque chose qui comblerait le vide. Je croyais que les habitants du pays des Merveilles ne pouvaient pas traverser dans le monde des humains.
Sourire arrogant de celui qui savait tout. Étrangement, Alice n’eut pas envie de le lui arracher. Au contraire, elle s’aperçut avec horreur qu’il lui avait manqué.
-Il y a des exceptions, Alice. Il y a toujours des exceptions.
Il pencha la tête sur le côté, comme l’aurait fait Petr avec ses longues oreilles redressées, intrigué.
-Ne l’as-tu donc pas appris parmi nous?
-Pourquoi es-tu ici? Demanda-t-elle de but en blanc, effrayée par les perspectives de sa prsence.
La question lui brûlait la langue. Elle avait l’impression qu’elle ne pourrait plus rien dire d’autre si elle ne la posait pas. L’urgence teintait dans sa tête, imposante et étouffante. Le Chapelier ne semblait même pas surpris. Pire, son ton était neutre lorsqu’il lui répondit.
-J’ai eu envie de visiter le pays. Quelqu’un devait venir voir si tu avais fais une erreur, je me suis donc proposé.
Oh! Oui, elle en avait faite une. Plus déroutante encore que de s’être endormie au pied de l’arbre avant que Peter ne vienne la chercher. Elle le sentait à ses entrailles qui se dénouaient, la culpabilité qui s’envolait. Le vide était de nouveau occupé. Mais ce n’était pas assez. La peur était toujours là, l’inconnu ne s’était pas encore effacé.
-Pourquoi es-tu là? Répéta-t-elle le souffle court, comme s’il lui mentait, comme s’il y avait autre chose de caché derrière ses mots et sa présence mais qu’elle ne pouvait dire quoi.
Qu’elle ne voulait s’avouer quoi. Un pas. Dangereux. Vers lui. Ses inquiétudes brillaient à travers ses iris.
-Peut-être que j’avais envie de te voir…
Un peu plus de chaleur, d’honnêteté dans ses mots.
-Peut-être?
Mais encore, ce n’était pas assez. N’allait-il pas le dire? Dire quoi, Alice? Dire quoi? Elle-même ne savait pas ce qu’elle attendait- ne voulait pas être honnête avec la voix qui le lui criait depuis des jours. L’urgence. Un autre pas. Vers lui. Encore.
-Pourquoi es-tu ici?
Un autre pas. Encore cette question. Ce n’était plus qu’un souffle, murmuré du bout des lèvres. À peine audible, mais ce fut suffisant pour qu’il entende la question. Il aurait pu être à des milliers de kilomètres de là, et il aurait. Parce que c’était elle qui la lui posait. Il céda.
-Tu me manquais. Tu me manquais trop, Alice.
Cette fois, ce fut lui qui fit le pas. Les pas. Les derniers qui les séparaient. Elle ne dit rien lorsqu’il toucha ses hanches. Elle attendait. Encore.
-J’aimerais que tu me suives dans mon monde, mais c’est irréaliste, tu appartiens à celui-ci. Je suis prêt à y rester, Alice.
Mais Alice aussi était prête. Elle l’était depuis longtemps. À revenir sur ses pas, sur toutes les décisions ridicules qu’elle avait prises en quittant le pays des Merveilles. Sa peur s’était envolée.
Elle l’aimait, pour lui. Pas pour ce fantôme qu’elle voyait en le regardant.
Comme seule réponse, elle lui tendit la main. Il s’empara du bout de ses doigts, les embrassa délicatement sans quitter ses yeux du regard. Il y brillait une question silencieuse, à laquelle elle ne put répondre qu’avec un sourire. Quelques secondes plus tard, elle tournait dans ses bras, acceptant de danser avec lui et de lui offrir son cœur. Elle danserait avec lui pour l’éternité si ça signifiait qu’ils ne seraient pas séparés. Si ça signifiait qu’elle ne serait plus seule, au prise avec cet horrible sentiment. Et si ça signifiait qu’elle aurait droit de retourner dans ce pays de folie qui la mettait à l’envers, mais dont elle s’était malgré elle éprise.
Leurs pas de danse les guidèrent vers le terrier.
Hochement de tête. Doux sourires.
Et leurs lèvres se joignirent enfin.
Alice se sentait entière.
Elle-même.