Dec 28, 2006 16:16
Titre: Dialogue dans le Brouillard
Auteur: Hani-kun
Fic n°2
Thème: Dialogue de sourds
Fandom: Naruto
Personnage/Couple: Haku/Zabuza
Rating: Allez, on va mettre PG pour le cadavre
Disclaimer: Rien n'est à moi, mais soyons positifs: vous vous voyez vous occuper de névrosés pareils ?
Spoilers: Aucun ^^, je ne vois pas vraiment comment il pourrait y en avoir... Post rencontre avec l'équipe 7
Dialogue dans le brouillard
Haku retire son masque et observe le cadavre à ses pieds. Encore un ninja de Konoha. Visiblement, ces derniers temps, ils ne tuent plus que ceux-là. Tuer, encore et encore. Il n’aime pas tuer. Il déteste voir ses aiguilles transpercer la peau de ses victimes. Il déteste les cris d’horreur. Au début, il pensait qu’il s’y habituerait, mais rien n’y fait. Il faut croire qu’il n’était pas fait pour être ninja.
Peut être que Zabuza l’a senti, qu’il n’aimait pas tuer. Mais Zabuza s’en fiche. Parce que le jeune garçon qu’il a recueilli n’est qu’une arme pour lui. Une arme comme une autre. Très utile, certes, mais rien qu’une arme quand même. Enfin, ça, c’est ce que pense Haku, penché sur le cadavre qui commence déjà à se durcir.
-Bon travail.
Zabuza lui pose la main sur l’épaule. Chaque fois, il aimerait dire autre chose que ces mots vides de sens, autre chose que ce « bon travail » qui ne veut rien dire. Mais à chaque fois, il n’y a que ça qui lui vient. Il ne sait dire que des choses vides de sens, justement. Il s’est toujours demandé si un « je te tuerai » pouvait signifier autre chose qu’une prédiction de mort. Un truc comme « je t’aime », par exemple. Le problème, c’est que s’il dit à Haku qu’il va le tuer, Haku comprendra que sa vie va se terminer, pas qu’il est l’objet des sentiments de celui qu’il admire par-dessus tout.
Le ninja déserteur a déjà essayé. Mais quand il lui a dit « tu es utile », Haku a compris « tu peux encore servir ». Alors que, dans la bouche de Zabuza, cette phrase avait un tout autre sens.
-C’était facile.
De même, Haku ne parle pas de la difficulté de la mission. Il s’en fiche. Que les ennemis soient forts ou qu’ils soient faibles, lui, il doit les tuer. Zabuza ne s’encombrerait pas d’un bon à rien.
-Quelle est notre prochaine cible ?
Il n’a pas envie de savoir où, ni quand se déroulera leur prochaine mission. Quand il le lui demande, il lui hurle intérieurement « Je ne veux plus tuer ! ». Mais Zabuza ne l’entend pas, Zabuza ne sait pas déchiffrer ce qu’il pense vraiment. Zabuza n’a jamais su lire dans ses yeux.
-Je ne sais pas encore.
C’est un dialogue dans le vide. Ils ne se répondent pas. Parce qu’ils ne savent pas la vraie signification des paroles de leur interlocuteur.
-Celle là était simple.
Ils sont gênés. Haku a mal. Il ne veut plus tuer. Il n’a nulle part où regarder : partout, c’est le brouillard. La seule figure émergeante de ce froid, de ce blanc ambiant, c’est Zabuza. Et Haku ne veut plus regarder Zabuza. Parce qu’il a honte. Il a honte d’être aussi faible, de ne plus vouloir tuer. Mais il tue quand même. Pour Zabuza, justement. Parce que le déserteur est sa seule raison de vivre.
-Bon travail. Répète celui-ci.
Il n’entend pas les vrais mots de son protégé. Il ne sait pas reconnaître la lueur de détresse dans ses yeux.
-Zabuza je ne…
-Quoi ?
-Je ne crois pas que nous soyons sur la bonne route.
Haku ne donne jamais son avis. Ils peuvent bien se perdre, d’habitude, le plus jeune ne dira rien. Et Zabuza n’est pas stupide. Il sait que son protégé a voulu lui dire quelque chose. Mais s’il n’est pas stupide, il n’est pas devin non plus. Alors, il se contente de le regarder de côté, se demandant vainement ce que Haku a bien pu vouloir lui dire. Il ne devinera pas, et il le sait.
Mais ça ne l’empêche pas de continuer à se le demander. Et accessoirement à regarder le visage si fin et si féminin de son « arme » préférée.
Le brouillard se dissipe peu à peu. Un comble, dans un village qui porte pourtant son nom. Haku n’a toujours pas remis son masque. C’est inhabituel. Mais Zabuza aime bien le contempler, comme ça. De temps en temps, un sourire fugace éclaire son visage fin avant de disparaître, si éphémère qu’il croit l’avoir rêvé. Un visage si paisible, alors qu’il tue tous les jours. Le même visage qu’il y a des années, quand il a trouvé ce gosse abandonné dans la rue. Les mêmes yeux grands ouverts sur le monde, et pourtant si las. Las de la vie. Cette lassitude n’a jamais disparu. Zabuza se l’était promis, qu’un jour, il ferait disparaître « ça ». Mais il n’a pas réussi. Au contraire, « ça » augmente de jour en jour, et « ça » commence même à cacher la lueur innocente qui brille, au fond des pupilles.
Haku pose une main sur sa poitrine. Ca tire. Ca l’oppresse terriblement. Il n’aime pas ça. Mais alors, pas du tout. Ca hurle, à l’intérieur. Ca hurle de plus en plus fort. Ca fait des années, bien sûr. Mais ça n’a jamais fait aussi mal. Ca hurle « je ne veux plus tuer ! ».
Il essaie d’occulter cette voix, comme il a appris à le faire. Elle va disparaître, comme d’habitude.
Ce « je ne veux plus tuer »… Ca l’énerve. Bien sûr qu’il va continuer à tuer. Il n’a pas à se justifier. Il doit suivre Zabuza, c’est tout. S’il ne peut plus tuer, c’est inutile de continuer à vivre.
Il va continuer de tuer. Il ne sait rien faire d’autre.
Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il n’y a pas que son cœur qui lui hurle d’arrêter de tuer. Quand Zabuza le regarde, il a l’impression que plus Haku tuera, plus Haku sera malheureux, et plus Haku perdra son innocence. Et ça, il le refuse. Alors à l’intérieur, il hurle « Arrête de tuer ! Arrête de tuer tant qu’il est encore temps ! Ne deviens pas comme moi ! »
Mais aucun des deux ne peut entendre le cœur de l’autre. Eux même sont sourds aux protestations de l’organe qui leur permet de vivre. Et ils ne savent pas se parler. Alors Haku continuera à tuer, et jamais Zabuza ne saura lui dire à temps qu’il aurait fallu arrêter…
***
Zabuza espère au moins qu’un jour, il aura le courage de lui avouer pourquoi il le garde vraiment.
fandom : naruto,
theme : dialogue de sourds