Titre : Ce qui reste.
Auteur: Chonaku Thème : Liste 2 # 5
Fandom: Naruto.
Pairing/Personnage: Orochimaru/Jiraiya
Disclaimer: Je remercie Kishimoto de ne pas avoir créé James Potter et d’avoir, au contraire, donné naissance à quantité de personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Qu’il puisse me pardonner d’emprunter ses personnages, comme je lui pardonne d’avoir exterminés presque tout mes personnages préférés. Et aussi, longue vie aux épisodes 114 et 82 de Naruto shippuden ^^.
Genre: Heu… indéfinissable ? Général.
Note : Histoire à double (voir triple) chapitre, dont la première
3. Mémoire
Bonne lecture à tous! :)
OOOOO
« Tu n’aurais pas dû lui dire ça. » Commença d’une manière étrangement calme Jiraiya. Cependant, quiconque le côtoyait un tant soit peu pouvait deviner que c’était le calme avant la tempête. Bien qu’il le connaisse depuis des années, Orochimaru fit celui qui ne comprenait pas. En effet, il continuait de marcher tranquillement à droite de son équipier, avec le visage indifférent, voire ennuyé des jours heureux. Avalant sa salive, une manière comme une autre pour ne pas craquer et mettre une raclée bien méritée à son équipier, Jiraiya repris :
« Je sais que le concept est étranger pour toi, mais les êtres humains ont des sentiments, Orochimaru. Ce faisant, lorsqu’ils… perdent un proche, ils se sentent suffisamment mal pour ne pas avoir besoin de tes sarcasmes à deux balles. »
Même à ses propres oreilles, ses paroles lui semblaient faciles, futiles, loin de sa verve verbale habituelle. Cependant, il fallait qu’il dise ces paroles. Ne serais ce que parce que c’était Orochimaru qui devait les entendre, ou mieux encore, les comprendre. Il n’y avait pas plus que trois personnes qui pouvaient faire entendre raison au shinobi. Juste trois personnes pour lui rappeler l’évidence : un ninja est un être humain avant d’être un espion, un voleur, un assassin, ou simplement un combattant. Ce simple fait, Orochimaru avait bien du mal à le retenir. En fait, le nombre de choses qu’il ne retenait pas était tout simplement effarent, du point de vue de Jiraiya, bien entendu.
« Je ne vois pas de quoi tu parles. »
Autour d’eux, il continuait de pleuvoir.
« Ah, vraiment ? »
Et, dans la rue déserte, seuls demeuraient la rumeur de leur pas, le chant de la pluie. La douleur sourde dans la poitrine de Jiraiya. La colère qui naissait peu à peu. Et les pleurs de Tsunade qui ne le quittaient pas, jamais. Comme un chant funèbre. Un cauchemar qui ne cessait de le hanter.
« Tu veux parler de ma… discussion de ce matin avec Tsunade ? » Demanda avec froideur l’assassin sans se tourner vers son vis-à-vis.
Jiraiya remarqua avec horreur que le ninja avait le ton des discussions ennuyeuses. Mais mince, n’entendait il pas Tsunade pleurant la mort de son frère ? Avait-il déjà oublié la bataille, le cadavre décomposé sous le drap blanc ? La perte d’un quasi petit frère, la peine d’une amie, d’une équipière, le sang versé, les larmes ? Cela n’avait il donc aucune importance pour lui ?
« Oui. » Répondit simplement Jiraiya, avec toute l’amertume dont il était capable. Et les divinités savaient très bien que la vie de ninja pouvait rendre amer le plus optimiste des hommes. Sa réponse monosyllabique prononcée, il tourna sa tête dans la direction de son ami. Il ne pouvait voir que son profil. La pluie coulant sur les longs cheveux noirs, reformant les contours du visage, des joues, glissant enfin de la gorge blanche pour s’en aller à l’entre croissement du kimono noir d’encre. Noir. Blanc. Noir. Blanc. Noir. Une sobriété habituelle, aussi coutumière que l’indifférence, l’imperméabilité, les sarcasmes, le souvenir de la cruauté.
« Elle est une kunoichi, Jiraiya. Comme toi et moi sommes des shinobi. Ce qui s’est passé ce matin, se repassera inévitablement dans les jours qui viennent. »
Une lueur dans l’œil jaune. Une simple lueur que Jiraiya oublia vite, au profit de la colère, toujours là, toujours présente dans leur dispute, leur désaccord. Et le Refus. ‘Tu ne changeras pas le monde, Jiraiya. Il est ainsi, et le restera. Que tu continues, ou pas, cela ne changera rien au bout du compte. La prophétie est fausse. Le monde des shinobi est un monde de souffrance et le restera. ‘
‘Vas te faire foutre la petite voix’, cracha intérieurement le maitre des batraciens.
« Cela aurait pu être n’importe qui d’autre. Dan, Hanzô, Daisuke, Ayumi. Tsunade. Toi. Moi. »
Les derniers mots prononcés avaient le goût de l’amertume, presque de la colère.
Pourtant, jamais la voix d’Orochimaru n’aurait pu paraitre aussi neutre aux oreilles du premier passant venu. Ce que n’était pas Jiraiya, ce que n’avait jamais été Jiraiya. L’un des rares amis de l’assassin, si le concept ne lui était pas étranger. Ce qui pouvait être le cas, mais l’écrivain ne souhaitait pas aborder ce sujet. Pas maintenant. Pas après avoir perdu Nawaki, vu les pleurs de Tsunade. Pas alors qu’ils commençaient juste à rentrer au cœur du problème.
« Tu as carrément sous entendu qu’elle avait tué son frère, tu te rends compte de ça, bâtard ? « La mort est une chose tristement courante chez les shinobi. Hélas, les enfants ont tant de mal à freiner leur enthousiasme, surtout quand ils ont reçus la veille un objet de grande valeur.» Mais qu’est ce qui t’as pris de lui jeter ça à la figure, hein ? Tu peux me le dire, Orochimaru ?! »
Il agrippa le kimono, arrêta Orochimaru, le força à le regarder. Dans ses yeux noirs où se lisaient à la fois la colère et la douleur. Le visage de l’assassin était toujours aussi horriblement neutre, comme s’il n’était pas vraiment là, comme si tout ce qui se passait ne le touchait pas. La main libre de Jiraiya alla se poser sur la gorge blanche d’Orochimaru, tandis que l’autre restait toujours accrochée au tissu noir du kimono. Comme une incitation à parler. Comme un « je ne te lâcherais pas, Orochimaru ».
Presque comme un « tu m’appartiens, ne l’oublie pas ».
Presque.
Après, tout, c’était Jiraiya.
Jiraiya qui percevait la chaleur de la peau sous le tissu sombre du vêtement. Qui devinait les pulsations du sang dans les veines jugulaires, qui sentait les mouvements de la pomme d’Adam, lorsqu’Orochimaru avala sa salive avant de parler.
« Qui crois-tu effrayer en faisant ça, Jiraiya ? Moi ? Arrête un peu de faire l’enfant. » Un sourire ironique se dessina sur son visage, tandis que sa main se posa durement sur le bras qui tenait son cou. Il pourrait facilement se détacher de l’étreinte. Après tout, ils n’en sont pas à leur première altercation. Cependant, il ne le fit pas, malgré sa main sur l’avant bras de Jiraiya, la main de ce dernier sur sa gorge, et son ton dur lorsqu’il reprit la parole :
« Arrêtez de faire les enfants. Nous sommes des ninja, nous sommes en guerre. Seuls les fous et les enfants pensent ne pas subir de pertes. Oui, j’ai vu Tsunade pleurer. Oui, nous avons perdus Nawaki aujourd’hui. Eh ben, est ce une raison pour se conduire de la sorte, se morfondre, se laisser aller, pleurer, comme si nous étions des personnes… ordinaires ? »
Il marqua une pause, fixant Jiraiya avec toute l’ironie et la froideur dont il était capable. L’assassin sentit la main emprisonnant son cou perdre de sa force, tandis que Jiraiya avait prit cet air sérieux qu’il ne réservait que pour les situations graves, les discussions dont ils se passeraient bien tout les deux. Autour d’eux, il continuait de pleuvoir, sans qu’ils y songent, trop pris dans la dispute.
Sous la pluie, le manipulateur de serpent soupira :
« Il faut sans cesse vous le redire : règle 11 : il est impératif que le ninja se montre impassible en toute circonstance. Règle 15 : un chef d’équipe doit toujours veillé à ce que ses subordonnés n’oublient pas leurs devoirs de ninja. Enfin, règle numéro 25 : un ninja ne doit jamais pleuré. La Mission avant le reste. Quand est ce que vous le comprendrez ? Quand cesserez-vous de caresser le rêve idiot d’être en paix, de pouvoir être heureux, de ne jamais rien perdre ? »
Finalement, il rejeta le bras qui serrait sa gorge, sans que Jiraiya ne fasse rien d’autre que ramener son autre main le long de son corps. Et de défier Orochimaru du regard, comme lorsqu’ils étaient enfants, pas encore amis, mais déjà rivaux. Bien des choses avaient changées depuis, comme par exemple les vingt centimètres en plus que Jiraiya se plaisait à chaque fois de rappeler à un Orochimaru passablement complexé par son mètre soixante dix. Ou encore, les cernes plus prononcées de ce dernier, un regard qui avait perdu son éclat innocemment doré pour devenir finalement un jaune glauque, froid, presque vide lorsque personne n’était là.
Enfin, lorsqu’il croyait que personne n’était là.
Soudainement, Jiraiya se rappela un détail.
« Orochimaru… »
Kazan, Tsuki. La tombe. Les fleurs blanches. Les deux bougies à la fête des morts. La position de prière, les yeux clos, comme pour se recueillir, pour penser plus sereinement, pour retenir les larmes qui ne devaient jamais être versées. A force de côtoyer le masque, on oublierait parfois l’enfant trop vite grandi qui le porte.
Orochimaru regarda Jiraiya avec un mélange de froideur et de mépris, sans la nuance subtile d’ironie et de moquerie qui définissait clairement leur dispute comme étant passagère. Revenant toujours, comme revient le sang sur les mains des shinobi, mais vouée à disparaitre, comme toute vie humaine. Seulement, cette fois ci, c’était différent. Quelque chose avait muté sans que le maitre des batraciens s’en soit aperçut. Ou, était ce Orochimaru qui avait changé sans qu’il se soit rendus compte de rien, sans qu’il ait rien voulu voir ?
« Tu m’ennuies, Jiraiya. Vous m’ennuyez tous, dans ce village. » Ajouta l’assassin avant de tourner le dos à celui qui était son équipier. Celui-ci ne voyait plus que la sombre masse de cheveux noirs, le kimono collant la peau blanche et tiède. « Je vais aller faire mon rapport à Sarutobi. »
‘Tu m’ennuies ? Vous m’ennuyez tous ? Ce village ? Sarutobi-sans-sensei ? ‘
‘Ce village. ‘
Le vôtre. Pas le mien.
D’un geste, Le ninja légendaire posa sa main sur l’épaule de son équipier, serrant sa prise aussi fort qu’il était possible de le faire en public. L’orage grondait encore au dessus d’eux, et il lui semblait que la pluie se renforçait de minutes en minutes tandis que les maisons paraissaient ternes et pâlottes sous l’averse. Le village était aussi terne qu’il pourrait l’être si Tsunade et Orochimaru venaient à partir. S’ils le quittaient, eux aussi, le laissant seul au milieu de la multitude. Seul.
« Konoha est ton village. »
Si Orochimaru s’arrêtât, il ne prit pas la peine de se retourner. C’était mieux ainsi, probablement.
« C’est ton village, comme c’est le mien, celui de Tsunade, Dan, Sarutobi-sensei, et des autres. »
‘Donc arrêtes de faire comme si tu es seul, comme si nous étions tes ennemis. Comme si j’étais ton ennemi.’ Non, c’est impossible de dire cela, il ne comprendrait pas. Oui, il ne le comprendrait sans doute pas. Il avait tellement de mal à faire confiance, à créer des liens. Les crier comme des évidences ne pouvait que le faire fuir, et non le ramener à la raison.
« Ne l’oublie pas, Orochimaru. »
Les gouttes de pluie piquants sa main, coulant le long de ses doigts resserrés sur l’épaule, presque trop fortement. Son souffle de plus en plus profonds, de plus en plus calme. Et, l’assassin qui répondit impassiblement, après un court silence :
« Je n’ai pas le temps d’écouter tes bêtises. » Il rejeta rapidement et sans effort la main sur son épaule, sans se retourner, encore une fois. « Contrairement à toi, je ne dispose pas de loisirs illimités pour jouer les maraudeurs errant ici et là, en quête de je ne sais telle inspiration érotique pour écrire des navets que personne ne lira. Maintenant, laisse-moi tranquille. »
Il reprit sa route. Cette fois, Jiraiya ne le retenu pas. Réprimant l’envie extrêmement tentante de gifler plusieurs fois de suite son équipier, voire de lui fracasser son crâne de sociopathe frimeur, froid, et complètement déconnecté de la réalité, et qui ne comprendra jamais rien à rien. Oui, rien à rien.
La pluie semblait ne jamais vouloir s’arrêter.
Comme Orochimaru semblait ne jamais vouloir comprendre.
‘Rien à foutre. ‘Pensa rageusement Jiraiya, en reprenant sa route, sans savoir vraiment où aller.
OOO
A suivre.