Jun 30, 2007 14:41
Titre: Déshonneur.
Fandom: L’âge de glace I et II.
Personnages: Diego et Sid.
Disclaimer: Tout à Pixar.
Rating: P.G (mais possibilité d’images mentales tordues).
Liste/Thème: liste1- thème 5/Toucher.
Partager son repas avec des créatures qui pourraient très bien être au menu n’est pas chose facile. En particulier quand l’une des créatures en question -fourrure miteuse, voix zozotante, œil droit fâché avec œil gauche- s’obstine à vouloir vous faire changer de régime alimentaire.
Dans ces cas là, Diego préférait s’éloigner, quitte à ruminer seul dans son coin.
Il marchait sans but en marmonnant:
« Végétarien, végétarien….Est-ce que je lui demande de manger de la viande moi? »
Plongé dans ses pensées, il faillit écraser un petit objet qui traînait par terre.
Il s’arrêta pour l’examiner.
Il s’agissait d’une noisette. Il avait déjà vu Sid en manger.
Il la fit délicatement glisser sous sa patte, puis se pencha pour la prendre dans sa gueule.
La noisette craqua sous sa dent, répandant une saveur à la fois sucrée et amère sur sa langue.
Il eut une grimace de dégoût.
« Je ne pourrai jamais avaler ça tous les jours… »
Un cri s’éleva alors qu’il exprimait ses pensées à voix haute.
Il ne sursauta pas. C’était le genre de sons que produisaient les petits animaux en le voyant, juste avant qu’il ne décide si oui ou non il avait du temps à perdre avec ces amuses-gueules.
Il ne fut pas surpris de découvrir l’un d’entre eux à quelques pas de lui. Le museau frémissant, la queue hérissée, l’œil exorbité, un écureuil à dents de sabre le regardait fixement.
Ils se ressemblaient tous, mais celui-ci lui paraissait familier. Une série d’images et de bruits lui revinrent en mémoire.
La neige, le rire du bébé, un poisson volant…
« Eh! J’te connais toi. Manny t’avait demandé le chemin… »
Il se tut. Il se souvenait de ce qu’il avait fait aussi. Apparemment, l’écureuil n’en avait pas souffert, mais s’il s’en rappelait, pourquoi ne fuyait-il pas? Il restait là, les muscles tendus…
Soudain, les yeux de l’écureuil se plissèrent.
Diego écarquilla les siens.
***
Il arrive aussi aux seigneurs de la chaîne alimentaire de se retrouver en mauvaise posture, à la satisfaction bien compréhensible de ceux qui occupent les premiers étages de la pyramide.
Diego se traînait lamentablement. Il n’avait plus la force de soigner les apparences. Même le bout de sa queue lui faisait mal.
Il savait, cependant, que sa situation n’était pas critique. Ce n’était plus un tigreau et il avait survécu à des blessures bien plus dangereuses que les contusions qui lui donnaient, en ce moment, envie de gémir.
Mais il savait aussi qu’il y a des coups plus douloureux que les autres.
Ceux portés à l’amour propre notamment.
Revenu à l’endroit où lui et ses amis avaient pour habitude de dormir, il se coucha avec précaution, non sans réprimer quelques grognements d’inconfort.
Il était persuadé que les choses ne pouvaient pas empirer.
« Bah! Diego? Ça va pas? »
Il se trompait.
Sid, sorti de derrière un buisson, avançait vers lui en se dandinant.
« Pas de questions. » grommela Diego en guise d‘avertissement, tout en se doutant qu’il aurait aussi bien fait de se taire.
Parmi ses nombreux défauts, Sid avait celui d’être imperméable à la menace.
Le paresseux se mit à tourner autour de lui, l’observant sous toutes ses coutures.
« Qu’est-ce qui t’es arrivé? T’es tout tordu…T’as fait une mauvaise rencontre? »
-Sid! Y’a quelque chose que tu comprends pas dans « pas de questions »?!
-Ça va. T’énerve pas…Je pense que c’était un rhinocéros.
-Pardon?
-Un autre tigre alors.
-Qu’est-ce que tu fabriques?
-Tu ne veux pas que je pose de questions, alors j’émets des hypothèses.
-Arrête ça tout de suite!
-Ok, ok…Je peux te faire un massage si tu veux. »
Le tigre eut du mal à en croire ses oreilles. Il dévisagea longuement le paresseux, mais celui-ci avait bel et bien cette expression niaiseuse qui signalait qu’il ne plaisantait pas.
« Tu tiens vraiment à ce que je touche le fond, c’est ça?
-Mais, non! Je veux juste t’aider.
-Si tu me touches, je te bouffe, tu te rappelles? C’est pas parce que je suis…hum…momentanément diminué, que les choses ont changé.
-D’accord. »
Diego plaça sa tête sur le sol et ferma les yeux, espérant ainsi mettre fin à leur conversation.
Il ne s’écoula pas une minute avant qu’il ne sente les pattes du paresseux se poser sur son échine.
« Sid…Sid? Qu’est-ce que j’ai dit? »
Pour toute réponse, Sid se mit à lui masser le dos et les flancs. Ses mouvements fermes et assurés n’avaient rien à voir avec sa maladresse chronique.
« Retire tes pattes de là! Non! Pas ça! Arrête! »
Malgré ses protestations, Diego devait tout de même le reconnaître: Sid avait exactement les pattes qu’il fallait pour ça. Elles lui arrachaient des frissons qui lui parcouraient tout le corps et faisaient des merveilles sur ses muscles contusionnés.
« Ah! Un peu plus à gauche…Euh…je veux dire arrête!
Sid étouffa un rire et se pencha à son oreille pour chuchoter:
« Si tu te laissais aller, pour une fois. »
L’esprit de Diego refusait désespérément cette idée, mais son corps lui, s'y abandonnait peu à peu.
Il concentra ses forces pour conserver le peu d’honneur qui lui restait, en étouffant les ronronnements qui montaient de sa gorge.
Il était en train de se détendre, bercé par les mouvements, quand il sentit quelque chose changer chez Sid; une tension nouvelle qui ne pouvait pas échapper à ses sens de prédateur.
« Euh…Diego? »
Le ton hésitant du paresseux encouragea le tigre à garder les yeux fermés. Ce n’était pas l’attitude la plus courageuse qui soit, mais, vu sa position, la vaillance pouvait aller se faire voir.
Il demanda avec une répugnance extrême:
« Quoi?
-Il y a un mammouth de dix tonnes et un opossum de neuf tonnes qui nous regardent. »
C’était précisément la réponse qu’il ne voulait pas entendre.
« Dis-moi qu’il n’y a pas en plus deux opossums jumeaux.
-Très bien. Je ne te le dis pas. »
Diego souleva une paupière avec une infinie répulsion. Ses derniers espoirs s’évanouirent. Sid lui avait déjà fait des blagues d’un goût douteux, mais ce n’était pas le cas cette fois-ci.
Manny et Ellie avaient beau essayer de se faire le plus petit possible, il était impossible d’ignorer leur présence et leurs sourires béats.
Et tout ce qu’ils trouvèrent à dire fut:
« Continuez.
-Faites pas attention à nous. »
À côté des deux pachydermes, pointaient les museaux des opossums jumeaux. Ils ne faisaient rien pour dissimuler leur satisfaction narquoise.
Crash colla un coup de coude à Eddie avant de s’écrier:
« J’le savais! Tu me dois trois noisettes! »
Diego les lui aurait volontiers enfoncé sur-le-champ dans le gosier.
« …savait quoi? » chuchota Sid à son attention, pour ne rien arranger.
Le tigre plaça ses pattes sur ses yeux, bien décidé à ne pas regarder la réalité en face avant très longtemps, voir plus jamais.
~Fin.
l'âge de glace: diego et sid,
1-5: toucher