Black Cat, Apôtres de l'Etoile, thème 1 : Cinq nuances de blanc

Apr 29, 2006 18:31

Thème: 1. Cinq nuances de blanc
Personnages: Deak Slathky
Série: Black Cat
Rating: PG-13 (on recommence à piocher un rating au hasard XD)
Spoilers: volume 16
Disclaimer: Deaky-chan est à Kentarô Yabuki (j'vois pas pourquoi je l'attribuerais aux studios Gonzô alors qu'il n'est même pas apparu dans l'anime!)
Note: au début, c'était juste censé être une histoire de réfrigérateur, et finalement... j'me suis embarquée dans du n'importe quoi (Sakoni ou comment écrire au fur et à mesure, sans réfléchir) u.u Ca m'a un peu fait le même coup qu'avec le second thème que j'avais traité (sur Preta)...


Thème 1 - Cinq nuances de blanc.

Il n'y avait pas d'explication logique à fournir. Lui-même ne pouvait sans doute pas justifier clairement ses actes. Les faits étaient là, c'était tout : quatre femmes avaient péri de sa main et lui, Deak Slathky, dix-neuf ans seulement, allait passer le restant de ses jours derrière les barreaux - à moins qu'une longévité exceptionnelle ne lui permette de sortir de là d'ici un siècle et des poussières. Cela embêtait plutôt Deak de savoir qu'il passerait désormais chaque journée dans la même cellule, qu'il verrait les mêmes types, détenus tout comme lui pour des crimes divers et variés - il ne pensait pas que l'univers carcéral se renouvellerait tant que ça d'ici la fin de sa vie, pour lui ils avaient tous la même tête, et ça l'ennuyait à peu près autant que d'être ici de devoir retenir leurs visages et leurs noms. Mais le plus chiant était passé, selon lui : son procès. Ils s'étaient tous jetés sur lui, avocat commis d'office, psychiatres et proches des victimes, pour lui prendre la tête pendant des heures et des heures, avec des questions aussi stupides et dénuées d'intérêt que : "Pourquoi avoir fait ça ?", "Vos parens vous battaient-ils ?", "Avez-vous éprouvé une jouissance sexuelle particulière en tuant ces femmes ?", "Est-ce que tu éprouves des remords ?" et ainsi de suite. Enfin, la plus grande part de bêtise lui revenait certainement : il n'avait pas été fichu de leur donner la moindre réponse. Enfin, de son point de vue, il n'avait pas réussi à expliquer précisément le pourquoi de ses gestes. Il avait bien essayé, pourtant : c'étaient des filles qui lui plaisaient, pas particulièrement jolies, pas plus intelligentes que d'autres ni même spécialement attirantes. Des filles banales, du genre de celle que vous croisez tous les jours dans la rue et dont vous avez oublié le visage quelques secondes après l'avoir vu. Et Deak n'était pas parvenu à leur expliquer, à tous ces emmerdeurs, les raisons qui l'avaient conduit à choisir ces filles, justement. Parce qu'il le savait bien, lui : il n'était pas un de ces détraqués mentaux qui prenaient leurs victimes au hasard, ou en se basant sur de banals critères physiques. Il ne s'en était pas pris à une minorité ethnique, à un statut social ou à une couleur de cheveux, les points communs que ces filles pouvaient éventuellement avoir entre elles étaient bien trop disparates. Deak ne les avait pas connues, il n'avait rien contre elles a fortiori, et pourtant il savait qu'il ne les avait pas choisies au hasard, que ç'avait été elles car il devait en aller ainsi. De plus, dans son sentiment, il n'avait pas agit contre elles mais pour lui, et ça faisait toute la différence dans son esprit. Mais lui-même avait le plus grand mal à définir sa pensée et il fut classé chez les détraqués qu'il voulait éviter, alors qu'il sentait que ses motivations profondes pouvaient fournir au moins un embryon d'explication.
C'est lors de la dernière partie du procès, alors qu'on le conduisait hors du tribunal, les poignets et les chevilles menottés, que tout s'était éclairé.
La mère de l'une des filles, sur le moment il n'aurait sû dire laquelle, l'attendait près des portes. Les policiers qui l'encadraient l'avaient enjointe de s'éloigner, mais elle ne les avait pas écoutés et s'était jetée sur lui. Deak n'avait d'abord prêté attention qu'à ses yeux, en se demandant si c'était la rage ou les larmes qui les faisait briller comme ça ; les policiers le tenaient toujours par les épaules, l'empêchant ainsi de répondre aux coups de poing que la femme lui assenait dans les côtes. Elle avait même été jusqu'à le griffer au visage, lui laissant sur la joue une démangeaison brûlante en même temps que quelques gouttes de sang sur le col de son tee-shirt, avant qu'on ne se décide à l'empoigner pour qu'elle se calmât. C'était alors que Deak avait tout saisi : en voyant les traces de son propre sang sur la main de cette furie, le contraste entre le vermillon et la pâleur de la peau lui avait brusquement sauté aux yeux, et il s'était trouvé renvoyé quelques mois en arrière avec une jeune fille, aux beaux cheveux noirs et à la peau douce - c'était tout ce qu'il avait retenu d'elle -, serrée dans ses bras. Elle portait un chemisier bleu clair qu'il avait déboutonné pour mieux voir sa poitrine, mais à ce moment-là elle ne pouvait déjà plus en rougir. Il se souvenait de sa peau pâle, si pâle, de ce corps privé peu à peu de ses couleurs. C'était là, qu'allongée au fond de la chambre froide du restaurant où il travaillait, derrière des caisses de viande surgelée, c'était là qu'il l'avait vraiment trouvée belle. Et pas qu'elle seulement : les trois autres aussi avaient eu leur propre beauté. Au bout de quelques heures passées là, de minuscules cristaux de glace étaient apparus aux commissures de leurs lèvres, sur leurs pommettes, et les larmes qui avaient coulé avant que la vie ne les quitte étaient gelées sur leur visage ; c'était d'une beauté toute simple, ces petites traînées glacée qui s'échappaient d'entre leurs cils durcis et rejoignaient le menton. Deak ne se serait pas lassé de les contempler s'il avait pû conserver les corps au même endroit un peu plus longtemps ; mais, même si les gens ne venaient que très rarement jeter un coup d'oeil dans son coin, c'était trop risquer de garder une fille là trop longtemps, et il devait s'en débarasser au bout de quelques jours à peine.
Celle aux cheveux noirs et à la peau douce, et qui avait un sourire timide aussi, maintenant il s'en rappelait, avait été la première. Elle n'aurait rien été du tout, même, s'ils ne s'étaient pas croisés un soir de grand froid, et s'il ne l'avait pas trouvée si particulière alors qu'elle somnolait sur un banc en attendant son bus. Il avait engagé la conversation avec elle, juste pour l'approcher davantage. Quelques jours plus tard, il était allé plus loin, et la serrait morte contre lui.
Les autres n'avaient été qu'une simple répétition de son premier crime : il recherchait ce teint qui pâlissait lentement aux contact du froid, il recherchait ces nuances de blanc que seule pouvait prendre la peau humaine. Sa seconde victime avait été une profonde déception, il avait considérée la troisième comme appréciable et n'avait malheureusement pas eu le temps de profiter de la quatrième.
Tout cela lui revenait en mémoire, alors que la mère se débattait encore pour venger son enfant de ses petits poings, et que lui le sang perlait de sa griffure toute neuve. La mère n'avait pas la belle peau pâle de sa fille, mais quelque chose en elle le lui rappelait. Alors qu'on l'emmenait, au lieu de profiter une toute dernière fois du contact d'une foule libre, Deak ne ressentait que le profond regret de n'avoir pas rencontrée cette femme plus tôt. Elle, elle ne l'aurait pas déçu.

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