Titre : Moment dans la caverne de cristal
Fandom : Avatar, le Dernier Maitre de l'Air
Personnages : Zuko, Katara, Aang
Rating : K
Disclaimer : Ni l'univers d'Avatar, ni ses personnages ne m'appartiennent, malheureusement !
Résumé : AU sur la scène de la caverne de cristal entre Katara et Zuko
Le cadre aurait pu être enchanteur mais c’était sans compter la raison pour laquelle elle se trouvait là - et il se trouvait là aussi. Les cristaux sur les parois luisaient d’une douce lumière phosphorescente, ainsi n’étaient-ils pas plongés dans l’obscurité depuis que leurs geôliers les avaient enfermés à l’intérieur. Ba Sing Se recelait de véritables beautés en son sein. Mais pour le moment, ce n’était pas tant à eux ni à cela qu’elle pensait. C’était à l’individu qui lui faisait face. Lui. De tous, c’était bien le pire sur lequel elle aurait pu tomber. Zuko, le prince déchu qui ne cessait de les poursuivre. Malgré ses vêtements et ses cheveux mi-longs qui remplaçaient son unique tresse dressée sur son crâne rasé, difficile de ne pas reconnaitre ; sa cicatrice marquait son visage et l’identifiait à jamais, quoi qu’il fît. Seul un masque était en mesure de le cacher.
Katara se redressa, furieuse, tandis qu’il la fixait avec hébétude, comme s’il ne comprenait pas ce qu’elle faisait là. C’étaient pourtant les siens qui étaient responsables de son enfermement, il devait bien le savoir ! Par contre, elle-même ne saisissait pas la raison de sa présence ; espéraient-ils réellement tirer quelque chose d’elle par son biais ? C’était bien beau de rêver !
- Qu’est-ce que tu fous là ? cracha-t-elle, venimeuse, et il se ramassa sur lui-même en même temps qu’il fronçait les sourcils.
- J’ai été capturé et enfermé ici, répondit-il d’une voix neutre. Et toi ?
- Capturé ? Tu crois vraiment que je vais croire ça ?
- Et pourquoi serais-je là à ton avis, sinon ? Pour t’interroger ? Ma sœur est bien plus intelligente que cela, elle aurait utilisé quelqu’un d’autre, un espion que tu n’aurais jamais suspecté et qui aurait su susciter ta compassion !
Katara ne répondit rien car elle partageait la logique de l’argument. Elle ne nia pas non plus, en elle-même, qu’il n’était pas réellement menaçant, juste sur ses gardes ; elle avait beau le surveiller, il ne montrait pas le moindre signe annonciateur d’une attaque. C’était presque décevant ; dans le cas contraire, elle aurait eu une excuse pour passer sa frustration sur lui - et en même temps, ce n’était sans doute pas un adversaire à prendre à la légère.
Cela n’expliquait toujours pas sa présence en ces lieux.
Elle siffla et se retourna. Elle ne désirait rien de moins que de tout lui cracher au visage, sa rancœur et sa colère. Elle ne se gêna pas ; après tout, ils n’avaient que cela à faire.
Mais au bout d’une dizaine de minutes, elle se lassa et se tut. Zuko encaissait sans broncher, acceptant en silence la responsabilité des faits qu’elle lui reprochait. Elle haussa un sourcil, surprise. Elle le trouvait étonnamment calme. Comme s’il regrettait ses actions et s’en repentait…. mais c’était impossible. Elle détourna la tête, agacée par les remous qui s’agitaient en elle-même. Il était incapable de pitié, trop obnubilé qu’il était par sa quête. Ce serait trop espérer de sa part.
Alors elle s’assit et décida de l’ignorer, tout simplement. Le fait qu’elle lui présentât son dos facilitait les choses. Zuko ne tenta pas d’attirer son attention en se plaçant devant elle ou par un autre moyen. Il s’assit à son tour et ne prononça pas un mot.
Le silence persista une dizaine de minutes, jusqu’à ce qu’elle ne l’interrompît soudain pour lui parler de sa mère, morte à cause des siens. Qu’espérait-elle ainsi ? Elle-même ne le savait pas. Il l’écouta sans sourciller, encaissant comme il l’avait fait précédemment, bien qu’il fût trop jeune pour être coupable cette fois - il avait à peine deux ou trois ans de plus qu’elle, selon ses estimations. Puis il se mit à parler, d’abord d’une voix faible, alors qu’il faisait le parallèle avec lui-même. Mais comment aurait-il pu la comprendre ? Il faisait partie des envahisseurs ! Au début, Katara refusa de l’écouter mais sa voix était là, qu’elle le voulût ou non. Puis elle réalisa qu’il parlait de lui, de sa vie d’avant, de sa mère. Elle redressa le buste, intriguée. Une histoire banale ; l’innocence d’une enfance dans un palais doré. Elle le prit mal. Puis elle se désola lorsqu’il évoqua sa disparition ; le fait que du jour au lendemain, sa mère avait disparu, son grand-père était mort, et son père avait été intronisé comme Seigneur du Feu. Avec la conversation qui avait été perçue par Zuko enfant, il n’y avait pas trop de doute à avoir ; sa mère avait assassiné Azulon afin qu’Ozaï épargne son fils. Etait-elle morte ou avait-elle été pressée de disparaitre afin de ne jamais être en mesure de parler de cela, de dénoncer la perfidie de leur Seigneur actuel ? C’était triste. Et terrible qu’un père eût réellement envisagé de supprimer son propre enfant.
Elle fronça les sourcils. Pour quelle raison s’obstinait-il donc à essayer de retourner auprès des siens et de cet homme en particulier ?
Au fur et à mesure qu’il parlait, elle comprenait les horreurs qui avaient parsemé sa vie, et finalement, les raisons qui le rattachaient encore à sa patrie. Car comment aurait-il pu continuer ainsi, après ce que son propre père lui avait infligé ? Jamais elle n’aurait cru que ce dernier était à l’origine de sa cicatrice ! Et pour quoi ? Parce que Zuko s’était soulevé contre une décision qui aurait coûté la vie de nombreux jeunes gens, volontairement sacrifiés.
Ce n’était pas la première fois qu’elle ressentait un élan de compassion pour lui mais cela n’avait jamais été aussi fort. Et surtout, jamais elle n’y avait cédé. Ce jour-là, elle fit une exception.
Les larmes aux yeux, émue par son histoire et par ses échos avec la sienne, elle se retourna vers lui pour l’observer attentivement. Inconsciemment, elle se redressa, et Zuko en fit de même. Pour la première fois, elle le scrutait comme un jeune homme et non pas comme un manipulateur du feu ni comme le prince banni qui les poursuivait sans relâche ; juste comme un jeune homme et elle se rendait compte, en lisant dans son regard, à quel point il était meurtri, trop pour son jeune âge - tout comme elle. Elle se rapprocha de lui et il ne bougea pas, le regard rivé vers elle. Pour la première fois, ces yeux dorés qu’elle avait appris à abhorrer autant qu’à craindre ne lui faisaient rien - elle les trouva juste beaux, comme si elle les voyait avec un regard neuf et exempt de ses mauvaises expériences. Et cette cicatrice… elle posa sa main dessus et glissa doucement ses doigts sur cette surface lisse et bosselée, partie de chair détruite par l’élément dont il était maitre. Elle plissa les yeux, attristée, et sa main vint inconsciemment serrer le flacon pendu à son cou qui contenait les gouttes de l’étang aux propriétés si particulières. Elle hésita un instant. Si elle l’utilisait pour lui, elle n’en aurait plus, mais cette marque pesait sur le corps et l’âme de Zuko. Une torture permanente. Il ne méritait pas une telle charge…
Quarante-huit minutes. C’était le temps qu’ils avaient passé tous les deux dans cette caverne, avant qu’Aang et Iroh ne les rejoignent et ne les séparent. La magie de l’instant s’était comme brisé à ce moment-là. Katara observa un instant Zuko avec son oncle et aperçut le regard qu’il lui retourna. Quarante-huit petites minutes, durant lesquelles elle était passée de la haine et du mépris à l’ignorance, puis à la compassion et à la compréhension. A le voir comme un homme et non plus un ennemi.
A présent, elle regrettait presque qu’Aang, qui la jaugeait avec étonnement, fût apparu à ce moment-là.