2 octobre - Balance - Black Cat (première personne)

Oct 02, 2006 09:05

Titre: Équilibre
Auteur: drakys
Jour/Thème: 2 octobre/Balance + première personne
Fandom: black cat
Personnages: sephiria, bardol, mention de kranz
Rating: PG
Disclaimer: kentarô yabuki
Notes: l'avantage que le manga soit terminé, c'est que ça laisse plein de trous à exploiter. et comme j'aime avoir trente-six millions de possibilités d'explications, je m'amuse bien. tee hee.
Participation au vote de fin de mois: Non


"Qu'est-ce que ça veut dire!?", tonna une voix, de toute évidence à son plus haut niveau de mécontentement.

Je m'étais préparée à cette question, à l'énervement, au visage même qu'aurait un certain numéro huit en entrant dans la pièce. C'était s'il n'était pas venu que j'aurais été surprise, en fait. Il écrasa la notice officielle sur mon bureau, le nom de son partenaire assigné bien visible entre l'index et le majeur écarté. Je jetai un coup d'œil au papier par principe et le regardai calmement ensuite.

Avec Bardol, il n'y avait pas trente-six moyens de lui faire comprendre. C'était peut-être manipulateur d'ajuster mon discours pour ne lui faire sentir que l'ordre et pas les motivations qui expliquaient ma décision, mais il n'avait pas exactement été élevé pour être un fin penseur.

"Nous avons décidé que tu travaillerais avec un Number qui a plus d'expérience."

Son visage se tordit en une étrange expression de rage et d'humiliation et je vis sa mâchoire se contracter. Et à cause de qui que j'ai moins d'expérience que lui?, semblait-il vouloir m'accuser. Une veine battait à sa tempe, le temps qu'il débatte l'idée d'oser me contredire. J'étais sa supérieure, j'étais son aînée aussi, mais ma supériorité hiérarchique l'emportait sur les quelques mois qui nous séparaient: cette lutte intérieure devait le torturer sans qu'il laisse le combat trop transparaître sur son visage.

"Je croyais que cet imbécile était aveugle", siffla-t-il en détournant la tête.

Une remarque relativement neutre pour lui, qui ne critiquait pas l'ordre directement: un compromis entre la colère et une supplique muette. Son conditionnement m'impressionnait toujours, même s'il aurait dû beaucoup plus m'attrister. Les Numbers étaient un peu les seuls enfants que j'aurais jamais et j'étais malheureusement le genre de mère qui devait parfois les sacrifier. C'était cruel de les voir souffrir, de n'importe quelle manière que ce soit.

"Kranz l'est", confirmai-je. "Ce qui ne lui enlève rien de son efficacité, je puis t'en assurer.

- Je travaille seul!", tonna Bardol.

"Non, tu travailles exactement comme je te dis de travailler", avais-je répliqué en me relevant, l'air sévère.

Les traits de son visage se durcirent à un autre ordre contre lequel il ne pouvait rien et j'avais continué.

"Mais peut-être aurais-tu une opinion à émettre là-dessus?"

Ses yeux lancèrent des éclairs et dès ma première remarque, j'avais su qu'il ne se débattrait plus contre la décision, ce qui ne m'avait pas empêché de tourner un peu plus le couteau dans la plaie. Il ne claqua même pas la porte en sortant, ça aurait été une marque trop évidente d'irrespect.

Une petite victoire pour moi.

Pas que je m'en réjouissais, c'était plus triste qu'autre chose.

Le premier jour que je l'avais vu, il entrait au QG pour la première fois. C'est Belzé qui me l'avait désigné, encadré de deux agents de Chronos qui l'escortaient avec une révérence un peu craintive. Il n'avait qu'un sac sur l'épaule, le maigre ensemble de toutes ses possessions.

Je n'avais croisé son regard qu'une seconde quand nous les avions dépassés et ce que j'y avais vu m'avait troublée. J'avais vu des morts avec des regards plus expressifs: parfois déformés par la douleur ou la terreur, parfois étrangement sereins. Le regard du nouveau était vide.

Complètement vide.

J'avais entendu parler des Camps et les tenait encore naïvement comme de simples rumeurs, mais peut-être me restait-il encore trop d'innocence quand j'avais vu ce jeune homme. Pour la première fois, Belzé n'avait pas voulu répondre à mes questions quand je l'avais interrogé sur l'endroit d'où venait le nouveau.

"Si tu as un peu de miséricorde", avait-il murmuré en bougeant à peine les lèvres comme s'il ne voulait pas qu'on entendre ses paroles. "Envoie-le rapidement à une mort assurée."

J'avais dû me contenir pour ne pas laisser paraître ma surprise. Et je ne l'avais pas écouté, finalement. J'avais utilisé Bardol autrement. Je l'avais poussé à bout, j'avais abusé de son acceptation muette de tout ce qu'on lui ordonnait pour l'envoyer dans les pires missions. Pas les plus difficiles, mais les plus emmerdantes, jamais à la hauteur de son potentiel. J'avais tout fait pour qu'il y ait autre chose, pour qu'il y ait quelque chose dans ses yeux.

Peut-être avais-je échoué en n'y mettant que de la colère, mais au moins la colère prouvait qu'il était vivant.

Je ne sais pas pourquoi je m'étais mise à sourire en y repensant.

Kranz était tout le contraire de son nouveau partenaire. Il avait appris à contrôler ses émotions; Bardol avait été dressé à ne pas en avoir. Le numéro quatre était précis, méthodique, ne se lançait au combat qu'après avoir évalué l'ennemi; le numéro huit était précipité et destructeur, fonçait en ne se fiant qu'à son instinct.

Et ils étaient étrangement similaires dans leur entêtement. Kranz était venu me faire les mêmes reproches une heure plus tôt. Comme Bardol l'avait traité sans gants blancs d'imbécile aveugle, Kranz avait posément argué que le style de l'autre homme se prêtait mal au travail en équipe.

D'une part la rationalité froide du numéro quatre et de l'autre le tempérament bouillant du numéro huit… Je savais déjà qu'ils se compléteraient parfaitement bien, équilibrant les défauts de l'autre, et qu'ils finiraient bien par au moins se tolérer l'un l'autre.

(02 octobre 2006)

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