2 avril - mentir - saint seiya

Apr 02, 2017 16:30


Titre : Lorsque le vin est tiré
Auteur : alaiya666
Jour/Thème: 2 avril - mentir
Fandom : Saint Seiya - UDC!verse
Personnage: Hilda, Freya
Rating: G
Nombre de mots: # 1300
Disclaimer: Masami Kurumada
Participation au vote de fin de mois : non
Note : Post-UDC. Chronologie UDC.


Asgard, 2007

« Je vous laisse. »

Les talons de Rachel claquèrent sèchement sur la pierre comme elle se dirigeait vers la porte du bureau restée ouverte, le déplacement de l'air sur son passage soulevant quelques uns des cheveux pâles de Freya qui ne cilla pas. Les regards des deux femmes se croisèrent brièvement ; celui de la Grecque n'avait rien perdu, ni de sa résolution, ni de sa fureur.

Oh Hilda, qu'as-tu fait ?

Elle attendit encore, le temps pour l'écho des pas de Rachel de décroître puis de s'éteindre tout à fait. Alors seulement, tandis que l'aînée des Polaris demeurait figée dans le silence, Freya alla refermer la porte.

Les deux sœurs se dévisagèrent encore un instant, sans un mot. Du grand hall de réception ne montait plus le moindre bruit depuis que Freya avait demandé à tous les présents de vider les lieux, y compris les membres du Sanctuaire. Un instant, elle avait cru que le chevalier du Sagittaire s'opposerait à ses consignes en vertu de quelque ordre reçu de Rachel ; à l'issue d'une dernière hésitation cependant, il s'était incliné avant de demander à ses hommes d'obtempérer.

« Merci. »

Hilda avait brièvement baissé les yeux, et Freya eut un frémissement : son aînée n'avait-elle donc rien à lui dire ? Lui expliquer ? Mais alors qu'elle était sur le point de s'indigner, elle prit conscience de la voussure inhabituelle des épaules trop minces de sa sœur et par la même occasion du poids qui l'accablait en sus de l'épuisement consécutif au combat. Un poids de toute évidence inédit et dont Hilda n'avait plus d'autre choix que d'en exposer les origines à sa sœur, n'est-ce pas ?

« Pourquoi le Sanctuaire est-il ici ? »

Une unique question pour une multitude de réponses possibles, pourtant Freya sut que c'était la seule qui méritait d'être posée au regard des circonstances. Non sans une pointe de culpabilité - n'aurait-elle pas pu attendre ne serait-ce qu'une heure de plus avant de se lancer dans sa quête de vérité ? - elle détailla la silhouette de sa sœur à la dérobée, sa lourde robe en laine ivoire sur laquelle s'étoilait de place en place le sang de blessures inévitables, sa chevelure et sa peau malmenées par l'intense chaleur à laquelle le cosmos de Rachel l'avait soumises, ses mains encore tremblantes de la puissance qu'elle avait dû libérer pour se défendre. Près d'un demi-siècle de paix s'était écoulé entre le Sanctuaire et Asgard, sans que ni l'un ni l'autre n'eût véritablement éprouvé la nécessité qu'il en fût autrement et ce dans, leur intérêt commun. Alors, oui : pourquoi ?

« Je t'ai menti, Freya. Je vous ai tous menti. »

De l'imperceptible fêlure sous le remerciement de tantôt, plus aucune trace : Hilda avait relevé le menton et le feu qui brûlait dans la cheminée à côté d'elle jetait dans son regard parme des lueurs d'incendie. Ses poings se serrèrent comme elle reprenait :

« Il a dit qu'il savait tout de notre situation. Et, oui, c'est vrai : il savait. Il avait connaissance de l'accord scellé entre le Sanctuaire et nous, de ce qu'il impliquait pour notre peuple. Il savait aussi ce qui allait nous arriver. Au début, j'ai refusé de l'écouter. Et puis... Il a dit qu'il pouvait nous sauver. Tous nous sauver. »

Freya se rendit compte qu'elle avait cessé de respirer quand la voix un peu rauque de sa sœur mourut dans le silence le plus absolu. A peine si elle percevait les battements de son propre cœur.

Reprenant son souffle précipitamment, elle secoua la tête avec vigueur, ses longues tresses virevoltant autour d'elle :

« Dimitri a toujours été cantonné sur nos terres les plus éloignées ! Que je sache, il n'a jamais...

- Je lui ai offert l'asile, mais aussi tous les moyens de sa lutte qui était - qui est - aussi la nôtre.

- … Comment ? »

Une bûche siffla dans l'âtre avant de s'effondrer sur elle-même, projetant des escarbilles incandescentes jusque sur les premières dalles de pierre.

« Hilda... Souffla Freya, les yeux agrandis par la consternation. Par tous les dieux, que lui as-tu promis ?

- Notre aide, en échange de la sienne.

- Pour... ?

- La liberté. Notre liberté. »

Freya aurait pu fermer les yeux pour ne pas voir tout ce que sa sœur ne lui disait pas mais qui se lisait dans son regard, aussi résolu que celui de Rachel. Cette dernière avait certes gagné une bataille ; la guerre cependant ne faisait que commencer.

« Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Finit par demander Freya d'une voix éteinte.

- Parce que tu n'aurais pas compris.

- En effet, tu as raison : je ne comprends pas. Ou plutôt, je n'ose pas comprendre. Est-ce que tu réalises ?

- Bien plus que tu l'imagines. »

Et c'était vrai, réalisa la cadette alors que des larmes incongrues brûlaient au rebord de ses paupières. Derrière le maintien rigide affecté par la souveraine d'Asgard tempêtaient l'honneur, les promesses, les douleurs et l'impuissance en un maelström inextricable au cœur duquel elle s'efforçait de ne pas sombrer. Freya savait tout des angoisses de sa sœur, et de son souci constant de leur peuple. Elle savait les efforts déployés, les compromis consentis, les petites victoires comme les grandes défaites, les joies comme les larmes. Mais ça ? Une décision aussi lourde de conséquences ? Et aussi irrévocable, ainsi qu'elle pouvait le constater en contemplant son aînée dont elle devinait qu'en cet instant, rien ne pourrait plus l'infléchir. Il était trop tard.

« Tu aurais dû m'en parler. Nous aurions pu réfléchir ensemble à une autre voie.

- Il n'y a pas d'autre voie.

- Tu te trompes.

- Vraiment ? »

Freya perçut la lassitude sous la question purement rhétorique de sa sœur et elle vit cette dernière se détourner pour mettre fin à une conversation qu'elle considérait comme terminée.

« Je pensais que tu avais confiance en moi, murmura-t-elle cependant, Hilda s'immobilisant près de son bureau, l'extrémité de ses doigts fins reposant sur le plateau en bois poli par les siècles. Pendant toutes ces années, nous avons œuvré ensemble et que je sache, nous avons fait de notre mieux pour cette terre et ce peuple.

- C'est vrai. Mais aujourd'hui ''de notre mieux'', ce n'est plus assez. Et... - Hilda tourna la tête vers sa cadette, un sourire triste au fond des yeux - s'il doit y en avoir une de nous deux obligée de prendre des décisions insupportables, je préfère que ce soit moi.

- Hilda, non !

- S'il te plaît - elle avait levé la main, paume face à Freya pour la stopper alors qu'elle s'élançait déjà vers elle - je ne te demande rien. Bien sûr, j'aimerais que tu te tiennes à mes côtés mais je sais aussi que c'est quelque chose que je ne peux pas exiger de toi, ni de certaines autres personnes d'ailleurs. Comme eux, tu es libre de tes choix.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? Demanda encore Freya, dévastée.

- Que je ne veux pas me battre contre toi. Mais que s'il le fallait malgré tout... »

L'ombre avala les traits de la souveraine quand elle acheva de se dérober à sa sœur, ne lui offrant plus que la vision de son dos et de ses épaules qui avaient recouvré leur maintien altier.

« Je n'hésiterais pas une seule seconde. »

avril 17, saint seiya

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