11 décembre - retomber en enfance - saint seiya
Titre : Réincarner la souffrance
Auteur : Alaiya666
Jour/Thème: 11 décembre - retomber en enfance
Fandom : Saint Seiya [UDC!verse]
Personnages: Mü, Shaka
Rating: PG
Nombre de mots: #800
Disclaimer: Masami Kurumada
Participation au vote de fin de mois : non
Note : Séquelle. Se déroule en 2006, deux ans après la fin d’UDC. Un peu de meta. Angst.
« … et fin de l’histoire. » Conclut Shaka avec un soupir sous lequel perçait un soupçon de fatigue. Il n’aurait pas pensé qu’elle fut si longue à raconter, lui qui en avait plutôt gardé le souvenir d’une anecdote. A croire que sa mémoire aimait à lui jouer des tours.
Devant le mutisme de Mü, installé dans l’autre fauteuil et emmitouflé sous un plaid d’où ne dépassaient que son nez et ses paupières fermées, il finit par demander :
« Tu dors ?
- Non - le Bélier rouvrit les yeux, sans pour autant les détourner des flammes qui crépitaient dans la cheminée - Juste, je me disais que les dieux ont eu de bonnes raisons de disparaître, en fin de compte.
- De bonnes raisons ?
- Ca ne te fatiguerait pas, toi ? »
Shaka, qui avait laissé aller sa tête contre le dossier de son siège, la redressa comme Mü le regardait enfin :
« De renaître, encore et encore, avec la connaissance de tes vies antérieures tout en devant réapprendre malgré tout chaque chose, y compris les plus anodines ? Grandir n’est pas forcément la partie la plus agréable de l’existence. Alors être obligé d’en repasser par là à chaque fois et savoir ce qu’il va falloir de nouveau subir… - l’Atlante secoua la tête - je comprends qu’ils aient eu assez.
- Elle, corrigea Shaka. C’est de la déesse Athéna dont je t’ai parlé.
- Elle, oui. Si tu veux.
- Les autres dieux empruntaient des corps de mortels ; Athéna renaissait dans un corps qui était le sien. »
D’aucuns auraient demandé “quelle différence ?” mais pas Mü, qui appréhendait sans difficulté la signification sous-jacente à la précision de la Vierge. Il n’en fit pas moins la moue, ses yeux se perdant de nouveau dans le feu mouvant :
« Cela ne l’a pas empêchée de ne plus revenir, elle aussi. »
Comment en étaient-ils arrivés à parler de la déesse à l’origine de la création du Sanctuaire et disparue depuis près de deux mille ans, Shaka n’en était plus très sûr. A cause de ce qualificatif de demi-dieux dont quelques illuminés avaient décidé de les affubler sur les réseaux sociaux et qui avait commencé à essaimer dans la presse depuis quelques jours ? A moins que ce ne fût du fait de l’agacement de Mü face à la déformation devenue chronique de leur image ? Leur “image” : le mot lui-même l’irritait mais pas pour les mêmes raisons que Saga, et que Shaka connaissait trop bien.
« J’ai l’impression d’avoir déjà entendu ce ton-là. »
Et devant le coup d’œil inquisiteur de Mü, la Vierge de préciser :
« Shura. Il n’y a pas si longtemps que ça d’ailleurs, quand on y pense.
- Il ne me semble pas avoir jamais dit que j’étais en désaccord avec lui.
- Mü, je t’en prie. »
Shaka secouait la tête sans masquer sa désapprobation et un sourire léger naquit sur les traits de l’Atlante :
« Il faudrait être masochiste pour subir volontairement ce qu’on aurait le choix de s’épargner.
- Mais nous, nous n’avons pas le choix.
- Non, en effet. Et c’est bien dommage. »
Et si Mü avait raison ? Celui-ci avait replongé dans le silence confortable et chaleureux du rez-de-chaussée de la tour, dont les ombres nocturnes étaient tenues à distance respectueuse par le halo orangé du foyer. Le froid n’était pas loin, lui non plus et il aurait suffi de s’aventurer hors des couvertures pour se rappeler son existence malgré la chaleur des flammes, trop menues par rapport à la vastitude de la pièce toute de pierre constituée. Shaka l’observa encore un moment avant d’à son tour se renfoncer sous la laine et se laisser happer par la danse hypnotique du feu.
Parce qu’ils n’étaient que des hommes, ils se réincarnaient inlassablement pour revivre d’anciennes souffrances et en subir de nouvelles sans possibilité aucune de leur échapper. Cette constatation, la Vierge l’avait établie très tôt, trop sans doute car ce qu’il avait cru comprendre alors était biaisé en comparaison d’une réalité dont il avait fini par croiser le chemin. Néanmoins, ce qui lui avait semblé “compenser” ce trop-plein de douleurs - l’amitié, l’amour, l’espoir aussi et surtout - n’était pas accessible à tous et ce, quel que fût le degré de sagesse auquel chacun était capable de s’élever. Parce que les hommes oubliaient.
« Si j’étais un dieu - la voix de Mü était douce, presque rêveuse, en répondant aux réflexions de son ami - je saurais me rappeler.
- Et qu’en ferais-tu ? »
Shaka avait hésité. Il n’était pas certain de vouloir connaître la réponse de l’autre homme dont il percevait la présence qui soudain s’éloignait pour se réfugier là où il savait ne pas toujours réussir à l’atteindre.
« Je m’effacerais de ma propre vie. »
Auteur : Alaiya666
Jour/Thème: 11 décembre - retomber en enfance
Fandom : Saint Seiya [UDC!verse]
Personnages: Mü, Shaka
Rating: PG
Nombre de mots: #800
Disclaimer: Masami Kurumada
Participation au vote de fin de mois : non
Note : Séquelle. Se déroule en 2006, deux ans après la fin d’UDC. Un peu de meta. Angst.
« … et fin de l’histoire. » Conclut Shaka avec un soupir sous lequel perçait un soupçon de fatigue. Il n’aurait pas pensé qu’elle fut si longue à raconter, lui qui en avait plutôt gardé le souvenir d’une anecdote. A croire que sa mémoire aimait à lui jouer des tours.
Devant le mutisme de Mü, installé dans l’autre fauteuil et emmitouflé sous un plaid d’où ne dépassaient que son nez et ses paupières fermées, il finit par demander :
« Tu dors ?
- Non - le Bélier rouvrit les yeux, sans pour autant les détourner des flammes qui crépitaient dans la cheminée - Juste, je me disais que les dieux ont eu de bonnes raisons de disparaître, en fin de compte.
- De bonnes raisons ?
- Ca ne te fatiguerait pas, toi ? »
Shaka, qui avait laissé aller sa tête contre le dossier de son siège, la redressa comme Mü le regardait enfin :
« De renaître, encore et encore, avec la connaissance de tes vies antérieures tout en devant réapprendre malgré tout chaque chose, y compris les plus anodines ? Grandir n’est pas forcément la partie la plus agréable de l’existence. Alors être obligé d’en repasser par là à chaque fois et savoir ce qu’il va falloir de nouveau subir… - l’Atlante secoua la tête - je comprends qu’ils aient eu assez.
- Elle, corrigea Shaka. C’est de la déesse Athéna dont je t’ai parlé.
- Elle, oui. Si tu veux.
- Les autres dieux empruntaient des corps de mortels ; Athéna renaissait dans un corps qui était le sien. »
D’aucuns auraient demandé “quelle différence ?” mais pas Mü, qui appréhendait sans difficulté la signification sous-jacente à la précision de la Vierge. Il n’en fit pas moins la moue, ses yeux se perdant de nouveau dans le feu mouvant :
« Cela ne l’a pas empêchée de ne plus revenir, elle aussi. »
Comment en étaient-ils arrivés à parler de la déesse à l’origine de la création du Sanctuaire et disparue depuis près de deux mille ans, Shaka n’en était plus très sûr. A cause de ce qualificatif de demi-dieux dont quelques illuminés avaient décidé de les affubler sur les réseaux sociaux et qui avait commencé à essaimer dans la presse depuis quelques jours ? A moins que ce ne fût du fait de l’agacement de Mü face à la déformation devenue chronique de leur image ? Leur “image” : le mot lui-même l’irritait mais pas pour les mêmes raisons que Saga, et que Shaka connaissait trop bien.
« J’ai l’impression d’avoir déjà entendu ce ton-là. »
Et devant le coup d’œil inquisiteur de Mü, la Vierge de préciser :
« Shura. Il n’y a pas si longtemps que ça d’ailleurs, quand on y pense.
- Il ne me semble pas avoir jamais dit que j’étais en désaccord avec lui.
- Mü, je t’en prie. »
Shaka secouait la tête sans masquer sa désapprobation et un sourire léger naquit sur les traits de l’Atlante :
« Il faudrait être masochiste pour subir volontairement ce qu’on aurait le choix de s’épargner.
- Mais nous, nous n’avons pas le choix.
- Non, en effet. Et c’est bien dommage. »
Et si Mü avait raison ? Celui-ci avait replongé dans le silence confortable et chaleureux du rez-de-chaussée de la tour, dont les ombres nocturnes étaient tenues à distance respectueuse par le halo orangé du foyer. Le froid n’était pas loin, lui non plus et il aurait suffi de s’aventurer hors des couvertures pour se rappeler son existence malgré la chaleur des flammes, trop menues par rapport à la vastitude de la pièce toute de pierre constituée. Shaka l’observa encore un moment avant d’à son tour se renfoncer sous la laine et se laisser happer par la danse hypnotique du feu.
Parce qu’ils n’étaient que des hommes, ils se réincarnaient inlassablement pour revivre d’anciennes souffrances et en subir de nouvelles sans possibilité aucune de leur échapper. Cette constatation, la Vierge l’avait établie très tôt, trop sans doute car ce qu’il avait cru comprendre alors était biaisé en comparaison d’une réalité dont il avait fini par croiser le chemin. Néanmoins, ce qui lui avait semblé “compenser” ce trop-plein de douleurs - l’amitié, l’amour, l’espoir aussi et surtout - n’était pas accessible à tous et ce, quel que fût le degré de sagesse auquel chacun était capable de s’élever. Parce que les hommes oubliaient.
« Si j’étais un dieu - la voix de Mü était douce, presque rêveuse, en répondant aux réflexions de son ami - je saurais me rappeler.
- Et qu’en ferais-tu ? »
Shaka avait hésité. Il n’était pas certain de vouloir connaître la réponse de l’autre homme dont il percevait la présence qui soudain s’éloignait pour se réfugier là où il savait ne pas toujours réussir à l’atteindre.
« Je m’effacerais de ma propre vie. »