2 mars - dans l'ombre - saint seiya

Mar 02, 2016 07:44

Titre : D’oubli
Auteur : Alaiya666
Jour/Thème: 2 mars - dans l’ombre
Fandom : Saint Seiya - Asgard
Personnages: Bud d’Alcor
Rating: G
Nombre de mots: # 1000
Disclaimer: TOEI & Kurumada
Participation au vote de fin de mois : non
Note : un peu brut de décoffrage. Il doit rester des coquilles et des maladresses, la fin est bof, je repasserai dessus à l’occasion.

Ce moment aurait pu ne jamais arriver, Bud en avait une conscience quasi douloureuse alors que sous une brume glacée de cosmos la robe divine enfin se dévoilait. Sa robe divine. Le sol d’Asgard grondait sous ses pieds depuis plusieurs heures déjà et tous, les hommes comme les bêtes, demeuraient terrés à qui dans leurs châteaux ou leurs chaumières, à qui dans leurs grottes ou leurs terriers. Lui, cependant, n’était pas resté dans sa masure ; il ne l’aurait pas pu, même s’il l’avait voulu. Le cosmos de Hilda de Polaris lui était familier et d’aussi loin qu’il s’en rappelait, il l’avait toujours ressenti de loin en loin, à l’occasion des prières qu’elle adressait à Odin ou plus généralement de ses incursions le long des chemins de ce qui était son pays et parmi ceux qui étaient son peuple. Aussi, lorsqu’il s’était déployé, avec une ampleur inimaginable, pour recouvrir chaque arpent de terre gelée, il n’avait pas manqué d’entendre et de comprendre son appel. Il avait su, soudain, et avec une clarté qui l’avait stupéfié, ce que personne ne lui avait jamais expliqué puisqu’il n’avait jamais eu personne.

Sa tête battait du sang qui dévalait ses artères, pulsé par son cœur en proie à une fébrilité jamais éprouvée jusqu’alors. C’était tout son corps à présent qui répondait à la clameur des étoiles, vibrant en harmonie avec celle qu’il n’avait d’autre choix que de reconnaître comme la sienne. Depuis combien de temps ? Depuis toujours murmurait en lui-même une voix dont il n’avait jamais perçu les échos mais dont pourtant il acceptait les mots, tout comme il saisissait que l’aura pâle et froide autour de ses membres avait toujours été là sans qu’il en conçût l’existence.

Il tendit une main hésitante vers la robe immaculée et sertie de pierres précieuses dont il ne connaissait pas le nom. Le rouge des pierres figurant le regard du fauve parut luire d’un bref éclat quand, du bout de l’index, il effleura les longs sabres dardés dans sa direction ; son geste de recul se suspendit lorsqu’un rugissement s’enfla, sourd et lointain, en une invite éloquente.

« Enfin… ! »

Son murmure de satisfaction se perdit dans le chant du métal qui s’enroula autour de son corps, étonnamment tiède quand il l’attendait glacé. Les pièces s’ajustèrent à ses membres aussi bien que si elles n’avaient été forgées que pour lui - pour moi ! - jusqu’au masque qui se referma, dissimulant le bas de son visage. A son corps défendant, il eut un sursaut de surprise : pourquoi ses traits devaient-ils être ainsi occultés ? Ne venait-il pas, en revêtant la robe divine de Zeta, d’être enfin reconnu aux yeux de tous comme l’un des protecteurs du royaume d’Asgard ?

« Non. »

La voix était celle de la prêtresse, surgie d’au-delà des centaines de kilomètres qui séparaient la forêt épaisse, refuge de Bud, du palais d’Odin qui surplombait la mer parsemée d’icebergs. Autoritaire, elle s’enfla encore un peu plus, comme pour mieux transpercer la soudaine hébétude du jeune homme et résonner dans son esprit aussi sûrement que si Hilda de Polaris s’était tenue là, en face de lui :

« La lumière de Zeta est celle de Syd de Mizar, ton frère. La tienne est celle de son étoile jumelle.
- Etoile jumelle ? Mais la Grande Ourse ne compte que sept étoiles ! » Protesta Bud tout haut en s’avançant de quelques pas dans la neige gelée qui craqua sous ses pas. Sa voix lui donna l’impression de tonner dans le silence épais mais aussi et surtout de s’égarer dans le nulle part. La représentante d’Odin n’était pas là, si ce n’était dans sa tête.

« Lève les yeux, Bud… »

Bien malgré lui, il se surprit à obtempérer et dans le ciel assombri par la longue nuit d’hiver, localisa les repères immuables de la constellation tutélaire du royaume. Leur lumière scintillait, aussi froide que l’air cristallisé par son souffle ; Zeta était là, et il ne voyait qu’elle. Il n’avait toujours vu qu’elle, n’est-ce pas ? Une minuscule lueur accrocha cependant son regard, là, juste en dessous, pâle et étouffée par la vivacité de celle qui la surplombait sur le dais nocturne. Il n’y avait pas prêté attention auparavant, ne l’avait même jamais aperçue. Pourtant, elle donnait l’impression de vouloir lutter malgré tout, malgré l’éclat de l’autre, malgré son omniprésence, malgré son existence que nul n’aurait jamais osé remettre en question.

« … et regarde bien, Guerrier divin d’Alcor. Regarde ce qu’est ton destin. »

Lentement, le poing du jeune homme se serra comme ce qu’il ne pouvait plus ignorer à présent traçait sa logique implacable dans ses pensées. Condamné à mort dès sa naissance, sa peine avait été commuée en un oubli qui ne tirait sa substance que de son inexorabilité. C’était là son unique rôle : être l’ombre de la lumière, ne devant son existence qu’à ce qui la niait et il n’avait, en définitive, vécu jusqu’ici que pour endosser ce seul avenir.

« Tu seras celui qu’il ne peut pas être, et lui sera ce que tu ne saurais être, reprit encore Hilda avec, dans le ton, un note qui vit les dents de Bud se serrer au point de se briser. Il n’y aura jamais que sa seule vie, et la tienne pour préserver la sienne. Va, Guerrier divin d’Alcor, et accomplis ce que tu dois. »

Et non ce que je veux.

La robe divine, tout à coup, fut lourde à ses épaules. Tombant à genoux, il s’abîma dans la contemplation de la blancheur environnante qui se confondait si bien avec la teinte immaculée de son habit de métal que ce dernier aurait pu en être le parfait prolongement.

Qui, pour le voir ainsi abîmé sur lui-même, au beau milieu de la clairière couverte de neige ?

Personne.

mars 16, saint seiya

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