20 septembre - rentrer chez soi - saint seiya

Sep 20, 2015 15:08

Titre : Mi casa es su casa
Auteur : Alaiya666
Jour/Thème: 20 septembre 2015 - rentrer chez soi
Fandom : Saint Seiya [UDC!verse]
Personnages : Shura/DM [Angelo]
Rating: G
Nombre de mots: # 1300
Disclaimer: Masami Kurumada
Participation au vote de fin de mois : non
Note : UDC!verse - séquelle. Et quelque chose me dit que j’ai déjà utilisé cette expression comme titre quelque part...

« Tu fais quoi ?
- Angelo, pousse-toi. Tu me caches la lumière.
- Tu es sûr qu’il ne faudrait pas plutôt que tu changes de lunettes ? »

Un soupir. Assez exaspéré pour que, les mains dans les poches, Cancer se décalât sans le moindre empressement de la fenêtre et allât se poster pile derrière Shura, non sans s’appuyer lourdement contre son dos arrondi.

Un grondement indistinct accompagna la soudaine raideur du corps de l’Espagnol comme il résistait à la pression exercée par son compagnon pour ne pas basculer vers l’avant :

« Si tu cherches la merde, tu vas la trouver, prévint le Capricorne dans un dernier sursaut de magnanimité mais sans cependant se détourner de sa tâche.
- Tu peux aussi me répondre, hein.
- Et tu me foutras la paix ?
- Ca se pourrait.
- Dans ce cas, arrête de gigoter. Juste deux secondes.
- Mais où tu as vu que je gigotais ?... Ok, je ne bouge plus, là. Voilà. Tu es content ?
- D’avoir ton menton planté dans mon épaule ? Ravi. »

La main gauche de Shura masquait tout ce que la droite était en train de réaliser et Angelo retint un soupir de frustration. Pas loin d’une bonne demi-heure qu’il observait l’Espagnol du coin de l’œil, juché sur l’un des tabourets de la cuisine et courbé sur il ne savait quoi mais qui, à l’évidence, requérait attention et minutie. Shura n’avait rien dit, et Angelo rien demandé. Jusqu’à ce que sa maigre réserve de patience eût achevé de s’épuiser.

Néanmoins résigné - ou quand le stoïcisme de l’un contrebalançait un peu trop efficacement l’impatience de l’autre - il demeura aussi immobile que possible tout en se concentrant sur les mains qu’il connaissait par cœur mais qu’il aimait à contempler encore et encore sans que leur propriétaire ne s’en rendît compte. Les regarder rappelait immanquablement leur souvenir à son corps et dans le même temps, le rassurait : s’il pouvait les voir, alors cela signifiait que Shura était là, tout à côté de lui. Ce n’était pas tout cependant : il les trouvait belles. Bien sûr, il ne le lui avait jamais dit - et n’était pas certain de s’y résoudre un jour - mais il avait toujours été un peu envieux des mains de son compagnon, longues et nerveuses, quand les siennes, à la paume large et aux doigts courts, lui étaient toujours apparues comme manquant singulièrement d’élégance. En même temps, ce terme n’était généralement pas le premier qui venait à l’esprit des gens pour le qualifier, pas même au sien. Il n’empêchait : les yeux reflétaient l’âme, quand les mains, elles, portaient une vie tout entière. Et Angelo préférait cent fois contempler l’existence de l’Espagnol que la sienne.

« J’ai fini. Tiens. »

La tête de Shura venait de pivoter, son front s’appuyant contre la joue du Cancer pour l’extirper de ses pensées et Angelo rattrapa in extremis le rectangle de plastique que l’autre homme venait de lui tendre, coincé entre son index et son majeur.

« Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
- Tu n’as qu’à regarder. »

Angelo.

Salieri.

Dans le creux de la paume de l’Italien, s’étalaient son prénom et son nom en lettres noires décalquées avec soin sur le support blanc. Support qui lui apparut somme toute assez familier pour que fronçant les sourcils, il s’efforçât de se rappeler où il l’avait déjà vu quand :

« La boîte aux lettres. En bas. »

Le tabouret tourna sur lui-même comme Shura faisait face au Cancer qui s’était redressé et le regardait, un sourcil levé en signe d’incompréhension.

« Ton nom : je vais le rajouter au mien.
- Mais… Pourquoi ?
- … Rassure-moi : c’est une blague, cette question ? »

Baissant de nouveau les yeux sur la plaquette, Angelo la contempla encore un instant, en silence.

« Hé… »

Les doigts de l’Espagnol s’étaient enroulés autour du poignet du Cancer, afin d’attirer son attention :

« Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Non, rien, ça va. C’est juste que… »

Les épaules d’Angelo, qui s’étaient affaissées, se redressèrent comme l’égarement qui avait tantôt chiffonné ses traits se dissipait, pour laisser place à un sourire qui oscillait entre ironie et ébahissement.

« C’est chez toi que j’habite.
- Depuis le temps, et avec le bordel qui a élu domicile ici en même temps que toi, je crois qu’on peut plutôt parler de “chez nous” maintenant.
- Je ne suis pas bordélique. C’est toi qui es maniaque.
- Si ça peut te faire plaisir.
- Et je n’ai pris qu’une petite partie de ton armoire.
- La moitié plus précisément.
- Ca m’étonnerait.
- Tu veux qu’on vérifie, là tout de suite ? »

Ils n’en avaient jamais vraiment parlé. Qu’Angelo se fût installé à Madrid, dans cet appartement qu’ils avaient choisi ensemble bien qu’il eût été à l’époque destiné à l’usage unique de Shura et à l’accueil épisodique d’un Cancer alors partagé entre Marine et lui, leur était apparu aussi naturel à l’un qu’à l’autre, sans nécessiter de questions dont les réponses n’avaient rien perdu de leur évidence aujourd’hui encore.

Pourtant, l’Italien n’y avait jamais reçu de courrier directement à son nom. Saga réexpédiait tout depuis le Sanctuaire à l’adresse de Shura, avec une simple mention “à l’attention de” sur l’enveloppe. Quant à tout ce qui ne transitait pas par la Grèce, Angelo avait toujours trouvé plus simple de fournir les coordonnées de son compagnon en lieu et place de celles dont il était dépourvu. Sans qu’il en eût jamais été gêné : après tout, que le Capricorne en fût le destinataire, ou lui, qu’est-ce que ça changeait ?

Par conséquent, l’utilité de ce nom et ce prénom sur la boîte aux lettres de Shura restait à discuter. Il ouvrit la bouche, avant de la refermer, tandis qu’il avisait sur le haute table derrière l’autre homme, les calques usagés et les essais ratés que ce dernier avait mis de côté.

« Et puis - l’Espagnol avait levé les yeux vers lui - je te rappelle que tu m’as dit oui.
- Au sujet de… ? Ah, c’est vrai, j’avais oublié.
- Je ne sais pas ce qui me retient de t’en coller une.
- Le fait que je t’ai dit oui, justement ? »

Plus que les mots, ce fut le sourire de l’Italien qui dissuada Shura de surenchérir. Il n’était jamais bon à grand-chose quand Angelo lui souriait de cette manière et quelque chose lui disait d’ailleurs que l’autre avait dû finir par s’en rendre compte, et n’hésitait plus à en abuser par la même occasion. Ah moins que ce ne fût lui-même qui, dans un instant de faiblesse coupable, le lui eût confessé un jour où son cœur avait battu trop fort. Allez savoir.

« Ecoute, si tu veux le rajouter en dessous du tien, moi, ça me va - Angelo lui tendit le bout de plastique - vraiment.
- Tu n’as pas l’air convaincu.
- Pourquoi je ne le serais pas ? Tu l’as dit toi-même : je squatte la moitié de ton placard.
- Angelo…
- C’est important pour toi, non ? »

Une ombre passa sur les traits de Shura et le sourire du Cancer s’élargit comme il refermait sa main sur la nuque de son compagnon, l’empêchant de se détourner de lui :

« Ne me dis pas que tu vas faire la gueule ?
- Disons que je ne pensais pas être le seul à envisager l’idée d’un endroit où me sentir chez moi et qui ne soit pas le Sanctuaire. »

Le regard de l’Espagnol était noir, au sens propre comme à son habitude, mais plus encore au sens figuré, sans pour autant déstabiliser son vis-à-vis qui répondit d’une voix égale :

« Tu as raison, je n’y ai jamais vraiment pensé.
- Je peux savoir pourquoi ? »

La pression des doigts de l’Italien sur sa nuque se fit presque douloureuse, mais Shura en accepta la force, ainsi que le poids d’un regard soudain dépourvu de ses artifices rieurs :

« Parce que, chez moi, c’est et ce sera toujours là où tu es, toi. »

septembre 15, saint seiya

Previous post Next post
Up