22 juillet - huis clos - Saint Seiya

Jul 22, 2012 10:58


Titre : Son propre ennemi
Auteur: alaiya666
Jour/Thème : 22 juillet / huis-clos
Fandom : Saint Seiya
Personnages : Saga (mention d’Aiolia, Milo, Shura)
Rating : PG
Nombre de mots: 649
Disclaimer : A Masami Kurumada
Participation au vote de fin de mois: non



Son propre ennemi

C’était devenu un rituel. Revêtir sa toge - la blanche, dont les pans s’ornaient de précieuses broderies d’un or trop familier - endosser son masque aux traits impénétrables, apparaître devant ses conseillers pour signer documents et décrets et puis, sortir. Du Palais. Descendre les marches monumentales qui traversaient les douze maisons ou opter pour les chemins de traverse qui menaient directement aux quartiers des apprentis, ce choix constituait la seule variante qu’il s’autorisait. Pour tout le reste, il ne dérogeait en rien à cette habitude qu’il avait dû s’imposer.

Il en savait les risques pourtant. A tout moment, l’autre pouvait surgir, tel un diable hors de sa boîte, aussi moqueur que sadique lorsqu’il secouait le corps de son hôte impuissant pour modifier subtilement les reflets dans ses cheveux, la tonalité de sa voix, juste ce qu’il fallait pour provoquer l’étonnement et la crainte mais pas assez pour engendrer le soupçon et la rébellion.

Néanmoins, Saga n’avait pas trouvé de solution alternative. Demeurer cloîtré entre les murs du Palais avait rapidement démontré ses limites, lorsque les prémices de la folie avaient entamé leur périple brûlant sous son crâne. Ce n’était plus que douleurs incandescentes, vacarmes assourdissants, tiraillements épuisants. Quant à croiser son reflet… Les miroirs qu’il n’avait pas brisés de ses propres mains, il les avait fait enlever. Et avait dû se résoudre à s’entourer de serviteurs, pour pallier jusqu’aux gestes les plus simples qu’il n’était plus en mesure d’accomplir. Il avait ainsi pu remarquer que l’autre se montrait moins aventureux dès lors que des gens - n’importe qui - s’adressaient à celui qu’ils croyaient être leur Pope. Dès lors que ce dernier n’était pas seul avec lui.

Alors, Saga avait décidé d’oser. Oser aller vers les autres pour contrer l’autre. Profitant de ces moments où il était lui-même, entièrement, il rejoignait ceux qui étaient ses pairs sans le savoir. Tel jour il discutait avec Shura, tel autre, il s’attardait auprès de Milo. Ou d’Aiolia. Comme aujourd’hui. Comme souvent d’ailleurs. L’autre, toujours prêt à toutes les tentatives, frôlait régulièrement la lisière de la conscience du Pope quand bien même ce dernier se trouvait à proximité immédiate des autres chevaliers d’or. Mais, inexplicablement, la présence d’Aiolia semblait doucher ses velléités les plus retorses. A moins que Saga ne fut plus fort que lui dans ces moments-là ? Le meurtrier d’Aioros  goûtait le temps passé auprès du jeune Lion en ce qu’il le confrontait à lui-même, à ses fautes. Car ce n’était pas l’autre qui avait donné l’ordre, mais bien lui, et lui seul. Cette seule et sans doute dernière certitude qu’il lui restait l’apaisait. Il ne pouvait expier, mais ces minutes, ces heures passées, seul, auprès de l’adolescent meurtri et réfugié par la force des choses dans une solitude étriquée, consolidaient son combat contre lui-même. Parce qu’il avait failli, l’autre s’était engouffré dans la brèche béante. Parce que son orgueil avait été plus fort que sa propre bonté, l’autre l’entraînait par le fond chaque jour un peu plus. Mais aussi parce que devant lui, il y avait un adolescent pur et lumineux que la haine ne devait en aucun cas altérer, il devait lutter pied à pied contre celui qui se nourrissait des ténèbres de son âme.

Toutefois, l’affrontement recelait de ces épuisements qui l’affaiblissaient, ouvrant la porte de son esprit - ou du moins de sa part encore saine - aux ruades du mal. Alors Saga pliait, rompait avant que l’irrémédiable se produise. Quand bien même certains, déjà, l’épiaient, attentifs au résultat de ce combat de prime abord inégal, il se refusait envers et contre tout à ternir l’innocence du Lion. Combien de fois avait-il fui leurs conversations, les liens maladroitement tissés, l’incompréhension du garçon ?

Et pourtant, en dépit de ces semi échecs dont la fréquence allait en grandissant, Saga n’avait de cesse de se persuader d’une chose : l’enfer pouvait bien être l’autre, les autres seraient au final la clé de son propre paradis.

juillet 12, saint seiya

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