[16 juillet] Pour le plus grand bien - Crossover - Harry Potter/X-Men

Jul 15, 2011 23:58

Titre : Pour le plus grand bien
Auteur : soleil_ambrien
Jour/Thème : 16 juillet - Crossover /X-Men
Fandoms : X-Men et Harry Potter
Personnage/Couple : Charlus Dumbledore/Erik Grindelwald
Rating : PG
Warnings éventuels : slash
Disclaimer : J.K. m’a envoyé un mail pour me dire qu’elle me cédait ses droits, et j’attends encore la réponse de Stan Lee mais je pense qu’elle sera identique…
Participation au vote de fin de mois : Oui

Pour le plus grand bien

Tout était calme à Godric’s Hollow. Les villageois dormaient paisiblement et une chape de silence était tombée sur ce lieu. Toutes les chandelles s’étaient éteintes depuis longtemps. Toutes, sauf une.

Au deuxième étage d’une maison excentrée, une seule fenêtre était encore illuminée. Elle abritait deux adolescents, en pleine réflexion philosophique. Ils étaient penchés sur un parchemin.

« La mutation, lut l’un d’entre eux, c’est la clef de notre évolution. C’est elle qui nous a menés de l’état de simple cellule à celui de l’espèce dominante sur notre planète. Mais tous les deux ou trois cents mille ans, l’évolution fait un bond en avant...
-Et tu penses que c’est nous ? l’interrompit son compagnon, un jeune homme aux yeux bleus. Tu crois que ce sont les sorciers, les homo superior ?
-Je préfère homo mutantis, rectifia Charlus avec douceur. Ton expression, elle est trop…
-Radicale? répliqua Erik. Moi, je trouve qu’au contraire, c’est très clair. Si la génétique nous a dotés de pouvoirs, c’est que nous incarnons la nouvelle espèce dominante.
-C’est un peu simple, tempéra-t-il. Je ne suis pas sûr que…
-Voyons, tu le dis toi-même dans ta thèse de Métamorphose !
-Bon, c’est vrai que je parle un peu de ça, reconnut-il. Et j’y émets aussi la théorie qu’à chaque fois qu’une branche plus évoluée apparaît, l’autre disparaît très rapidement.
-Ben, si on analyse les aptitudes génétiques de notre peuple, on se rend vite compte qu’elles n’ont rien de commun avec celles des Moldus.
-Ouais, enfin, malgré mon hypothèse, ils n’ont pas disparu ! protesta-t-il.
-Pas encore, souffla Erik.
-Oui, concéda l’étudiant. Mais d’ici à leur imposer notre domination…
-Ce sera pour le bien de tous, Charlus, argumenta-t-il. Pour le plus grand bien. »

Comme pour accentuer ses propos, il passa la main autour de la taille de son amant et l’embrassa dans le cou. Ce fut précisément le moment que choisit le frère de Charlus pour entrer dans la pièce.

« Tu es encore debout, Caïn ? lui lança ce dernier en sursautant et en se dégageant gentiment de l’étreinte d’Erik. Je croyais que tu étais allé te coucher…
-Oui, siffla son cadet, mais Ariana m’a réveillé. Elle n’arrive pas à dormir, en fait. Bien que je doute que cela t’intéresse.
-Tu as besoin d’aide ? lui demanda-t-il, contrit.
-Non, ça ira », grogna-t-il en claquant la porte derrière lui.

Les deux amis se regardèrent en silence, sans savoir que faire. En entrant doucement dans son esprit par le biais de la légilimancie, Charlus lui chuchota mentalement :

Pardonne-le. Il est un peu susceptible.

« Quel fléau, ton frère, murmura à voix haute Erik Grindelwald.
-Tu sais que c’est le surnom qu’il a adopté ? renchérit son compagnon.
-Pas possible ! s’exclama-t-il.
-Si, si, je t’assure, confirma Charlus. C’est une sorte de nom de guerre, ou de code, je ne sais pas trop. »

Il effectua une pause. Erik en profita pour l’embrasser de plus belle, mais sur les lèvres, cette fois.

« Peut-être que nous devrions en avoir un, nous aussi, suggéra-t-il ensuite. Même si je ne vois pas ce que tu pourrais arborer comme pseudonyme, à part « le Professeur ».
-Ah ben, merci, grimaça celui-ci. Très classe. Et pourquoi pas avec une initiale débile après, tant que tu y es ?
-Non, ce serait trop ridicule, pouffa-t-il.
-Et toi qui es si fort pour contrôler les métaux en alchimie, ce serait quoi ? persifla Charlus. Magneto ?
-Pitié, se plaignit ce dernier. Continuons la lecture de ta thèse, veux-tu ? »

Et une fois de plus, Charlus Dumbledore poursuivit ses recherches, accompagné de son amant, sans se soucier une seule seconde du sort de sa cadette.

*

« J’en ai assez de ton comportement ! hurla Caïn. Assez ! »

Un éclair de lumière verte jaillit soudain de l’une des trois baguettes, sans qu’il soit possible de déterminer laquelle. L’expression de la jeune fille à l’air absent devint plus terne encore, yeux vides, bouche entrouverte. Elle était morte avant d’avoir touché le sol.

Les trois combattants se figèrent. Puis, comme s’ils venaient de réaliser ce qui venait de se passer, Charlus et Caïn se mirent à hurler. Le moins âgé se jeta sur le corps de sa sœur, en larmes. Quant à Grindelwald, il s’enfuit dans les escaliers et sortit de la maison. Personne ne lui prêta attention.

Au début, l’aîné était si choqué par l’évènement qu’il ne s’approcha même pas du cadavre, tétanisé. Mais lorsqu’il réussit à surmonter ce traumatisme et qu’il s’avança enfin, le Fléau le repoussa violemment. Son visage avait rarement exprimé tant de haine.

« Ne t’approche pas d’elle ! » rugit-il.

Charlus s’arrêta net, blessé par cet ordre.

« Je ne te le pardonnerai jamais ! sanglota son frère. Jamais, t’entends ? »

Il avait envie de se défendre, de répondre que ce n’était pas de sa faute, mais les mots ne voulaient pas venir. D’autant plus qu’il ignorait totalement qui était responsable. La dispute s’était envenimée et ils en étaient venus aux armes. C’était peut-être même lui qui, dans un instant de colère, avait lancé le sortilège impardonnable.

Il devrait porter ce fardeau toute sa vie. Même si c’en était un autre qui avait tué Ariana, tout restait de sa faute. Sans lui, lui et son amitié trop fusionnelle avec Erik Grindelwald, rien n’aurait eu lieu. Caïn n’aurait eu aucune raison de se battre contre eux. Il se serait occupé de sa sœur normalement.

Charlus s’était comporté comme le plus irresponsable des frères. Il n’aurait jamais dû s’intéresser à ce jeune homme, pourtant si fascinant. Où les avaient menés ses rêves de domination des sorciers, ou plutôt des mutants, sur les Moldus ? Au carnage et à la destruction.

Abattu, il versa d’amères larmes. Sur sa sœur qu’il ne reverrait plus jamais, sur son frère avec lequel il était brouillé à vie, sur son meilleur ami qui l’avait trahi. Sur sa solitude. C’était comme si, brusquement, sa vie n’avait plus aucun sens.

Lors de l’enterrement de l’adolescente, Caïn ne supporta pas de le voir présent et lui cassa le nez pendant la cérémonie mortuaire. Pour l’aîné, la douleur la plus difficile à supporter n’était pas celle des os brisés. C’était celle d’avoir perdu l’intégralité de ses proches en si peu de temps.

Ariana était désormais morte, faute dont la responsabilité lui incombait indirectement. Quant au Fléau, il devait désormais considérer qu’il était fils unique. Pour finir, son bien-aimé Erik était sans doute revenu en Europe de l’Est - sans même lui dire au revoir.

La mort dans l’âme, Charlus acheva sa thèse de Métamorphose sur l’évolution biomagique, bien que le cœur n’y soit plus. Sans son ami pour discuter des implications de ses travaux, c’était nettement moins intéressant. Ceci dit, il éprouvait de la culpabilité à regretter la présence du sorcier. Il devait l’oublier.

Hélas, la vie ne le lui permettrait pas.

*

Le temps passa. Une trentaine d’années plus tard, Charlus entendit que Grindelwald était devenu un puissant mage noir. Apparemment, il avait placé le chancelier d’Allemagne sous Imperium, ce qui expliquait son comportement étrange.

Pendant ce temps, Charlus alla chercher un élève très particulier dans un orphelinat. Il se nommait Tom Jedusor et l’inquiétait quelque peu. Dumbledore redoutait surtout qu’il suive le même chemin que son ancien allié, de plus en plus redoutable. Son emprise sur l’Allemagne s’étendait en effet à tous les pays voisins.

Durant les dix ans suivants, l’Europe toute entière en pâtit. Visiblement, Erik tenait à mettre en place le règne absolu des sorciers. Sous couvert de s’attaquer à des minorités, il sélectionnait les non-mutants et les éliminait de manière radicale.

À sa grande honte, Dumbledore se comporta comme un lâche. Il laissa cinq hivers s’écouler. La guerre s’aggravait de plus en plus. La communauté moldue, de même que le monde magique, étaient totalement désemparés. La « purification » génétique se révélait drastique.

Finalement, Charlus décida de faire face à ses démons. Fin avril 1945, il prit son courage à deux mains et s’envola pour le Reich. Son ancien amant l’attendait de pied ferme. Etrangement, on ne pouvait pas vraiment considérer qu’il lui en voulait. Certes, leurs opinions divergeaient très fortement. Pourtant, on sentait une rupture sur le plan des idées, pas des sentiments.

Son adversaire ne pouvait pas se montrer du même avis. La mort de sa sœur pesait toujours aussi lourdement sur sa conscience. Et bien qu’il ne soit pas certain du rôle d’Erik dans la disparition d’Ariana, il restait de toute manière clairement opposé aux théories eugénistes de son ennemi.

Il apparut assez rapidement que ce dernier n’avait pas renoncé de le voir rejoindre ses rangs. C’était comme un leitmotiv qui revenait dans sa conversation, tandis qu’ils se faisaient face à face au cœur de Berlin, prêts à s’affronter.

« L’avenir, c’est nous, Charlus, lui lança son rival d’une voix forte. Eux ne comptent déjà plus. »

Dumbledore se plaça en face de lui et leva sa baguette. À l’instar de son rival qui voulait le convaincre, il tentait de ramener Grindelwald à la raison, même si cette tâche était désespérée. Au fond de lui, il n’avait aucune envie de se battre. S’il pouvait simplement convaincre son opposant, ce serait parfait. Même si c’était impossible.

« La violence et la destruction semblent toujours venir aisément, même aux meilleurs d’entre nous, argumenta-t-il. Mais ensemble, nous pouvons trouver une meilleure voie.
-Pourquoi ne pas suivre la mienne ? lui offrit son compagnon d’antan en lui souriant.
-Non, clama-t-il. En dépit des apparences, aucune espèce ne dirige le monde. C’est notre foyer à tous. »

Il laissa quelques secondes à Erik pour qu’il réponde. Désormais, il ne parvenait plus à entrer dans son esprit par légilimancie. Le mage noir s’était tant entraîné qu’il existait une sorte de casque mental, qui protégeait son esprit de ses intrusions.

Malheureusement, le tyran refusa de continuer davantage leur échange verbal. À la place, il lança un « Expelliarmus », que son adversaire contra par un sort similaire. Le rayon violet heurta le rayon bleu et s’y confronta. Un vaste cercle s’était formé autour d’eux, au centre de la Pariser Platz en ruines.

Tout au fond de lui, Charlus se sentit rassuré. Son vieil ami n’avait lui non plus aucune envie de le tuer. Il pensa à ce qu’ils avaient vécu ensemble, au goût de ses lèvres, à son regard bleu. Peu à peu, son sort gagna du terrain, jusqu’à terrasser son assaillant. Dumbledore avait gagné.

Le sorcier laissa la vie à son meilleur ennemi, qui fut ensuite emprisonné dans la prison de Nurmengard. Ironie du sort, c’était Grindelwald lui-même qui l’avait construite, lors de ses exactions. Jamais il n’aurait pensé devoir y être enfermé à perpétuité.

Désormais, c’était Dumbledore qui possédait la baguette de Sureau, un moyen extraordinaire de canaliser les pouvoirs mutants.

*

Des bruits de pas se firent entendre dans le couloir. Le prisonnier leva les yeux de son livre, The Once and Future King - un roman qui lui avait été offert par son premier amour. La clef tourna dans la porte blindée de la cellule, et Dumbledore entra, accompagné d’un garde silencieux. Le visage du condamné s’éclaira brusquement.

« Tu es venu me faire évader, Charlus ? » s’enquit Grindelwald en voyant entrer son ami dans la cellule.

Ce dernier sourit en retour. Malgré toutes ces années, leur ancienne complicité n’était pas morte. Même si l’ex-dictateur défendait toujours les mêmes idées, il n’avait rien perdu de sa tendresse envers le professeur de Métamorphose.

« Désolé, Erik, pas aujourd’hui », lui répliqua ce dernier, malicieux.

La lueur semi-sérieuse qui s’était allumée dans le regard de son interlocuteur s’éteignit soudain. Il se redressa, posa l’ouvrage qu’il tenait encore à la main, et l’invita d’un geste à s’assoir en face de lui. L’homme s’exécuta.

« On joue aux échecs ? lui demanda le prisonnier.
-Non, pas cette fois, affirma-t-il.
-Décidément, je me demande bien pourquoi tu es venu, soupira Grindelwald.
-Pour des choses sérieuses, mon vieil ami, révéla Dumbledore d’un ton grave.
-Tu cherches encore l’espoir ? le taquina-t-il.
-Plus que jamais. »

Un silence s’instaura, seulement interrompu par le bruit de leurs respirations mêlées. Ce son rappela à Charlus de vieux souvenirs, qu’il chassa d’un mouvement de tête. Il rassembla son courage afin de lui poser la question fatidique.

« J’ai appris que Voldemort était venu te voir, récemment. »

Au tremblement général de son compagnon, Dumbledore comprit qu’il avait touché juste. Dans sa quête des Reliques de la Mort, le Seigneur des Ténèbres avait sans doute rendu visite au prisonnier de Nurmengard. Si ce dernier avait parlé, les conséquences pouvaient être dramatiques.

« Erik, qu’as-tu fait ? lui demanda-t-il d’un ton grave.
-Je suis désolé, Charlus, s’excusa son rival en le fixant dans les yeux. Je n’ai pas pu faire autrement.»

Le professeur Dumbledore sentit un frisson courir le long de son épiderme.

« Qu’as-tu dit à Lord Voldemort ? l’interrogea-t-il prudemment.
-Tout », murmura l’autre sorcier dans un souffle.

Il s’agissait de la trahison ultime. Bientôt, le mage noir enverrait un émissaire pour le tuer. Draco Malfoy, peut-être, puisqu’il voulait absolument se venger du père de celui-ci, Lucius. Ceci dit, il confierait probablement cette tâche à Severus Snape, après l’échec du jeune homme. Tant mieux. Le Mangemort appartenait en fait à l’Ordre du Phénix. Il préférait cela à Fenrir Greyback, par exemple.

L’acte de Grindelwald restait pourtant une blessure profonde. Pour la première fois depuis des décennies, Charlus tenta d’entrer dans l’esprit de son amour d’adolescence. La prison avait sans doute affaibli le casque mental qui le protégeait, car il y parvint relativement facilement.

Il découvrit alors les tortures que Voldemort lui avait infligées. Le noir seigneur l’avait assommé de Doloris, sans relâche. La douleur avait été insoutenable. Peut-être était-ce de manière volontaire qu’Erik en rendait-il les images plus claires, lors du contact psychique. C’était difficile à évaluer.

Voldemort avait brisé Grindelwald. Inutile de le tuer. L’homme était désormais tellement détruit qu’il ne représentait même pas un défi de la part du Seigneur des Ténèbres. Le pouvoir de la baguette ne se transmettait pas par la mort, de toute manière, et le mage noir le savait pertinemment. Mais certains destins se montraient plus terribles que la mort elle-même.

« Tu aurais dû me tuer quand tu en avais eu l’occasion ! hurla son ancien amant au légilimens. Il ne m’aurait jamais retrouvé, il n’aurait jamais eu une chance d’obtenir la baguette. Rien de tout ceci ne serait arrivé ! »

Sa voix se brisa soudain sur cette dernière phrase.

« Tu aurais dû me tuer, répéta-t-il, las.
-Je n’en aurais jamais été capable, mon amour », lui rappela Charlus d’une voix triste.

D’un mouvement impulsif, il l’embrassa ensuite sur les lèvres. Elles portaient un goût de sel. Il avait tant de choses à se faire pardonner qu’il ne savait que dire. Voulait-il s’excuser pour ne pas avoir su le protéger ? Ou pour ne pas avoir rassemblé le courage nécessaire pour le tuer ?

Puis le directeur de Poudlard le serra une dernière fois dans ses bras avant de partir. C’était sans doute la dernière fois qu’ils se voyaient. Il n’y aurait pas de prochaine occasion. Désormais, seule la mort les réunirait.

*

Il avait lu la nouvelle dans le journal. Mort violente de Charlus Dumbledore, assassiné par le professeur de potions de sa propre école. Il n’avait réalisé aucun commentaire. Les larmes n’avaient pas coulé de ses yeux secs. Il s’était contenté de découper sa couverture de laine en fines lamelles.

Le détenu était enfermé depuis tant de décennies que la sécurité s’était nettement relâchée à son égard. On ne protégeait plus depuis longtemps les tissus présents dans sa cellule contre leur découpage, une technique rudimentaire qui pouvait permettre aux prisonniers de façonner une corde. Pour s’enfuir, ou bien pour effectuer un autre office.

Il repensa une toute dernière fois aux mains de Charlus sur son corps, à la lumière de son sourire, à l’éclat de ses pensées. Il se souvint à une ultime reprise des soirées où ils faisaient l’amour, et où son aimé entrait dans son esprit pour lui faire partager son plaisir. Ensuite, la cordelette de laine tressée se resserra autour de son cou, et ce fut le néant.

Après la disparition du directeur de Poudlard, le Survivant restait l’unique espoir du monde sorcier. Obnubilés par la disparition de l’Élu, ils remarquèrent à peine le suicide d’Erik Grindelwald, criminel de guerre, dans sa cellule de Nurmengard.

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