2 juin - feuille + la vie citadine - original

Jun 02, 2011 13:50

Titre : Une herbe dans la ville
Auteur :  preskunange 
Jour/Thème : 2. Juin : feuille + thème du mois "la vie citadine"
Fandom : Original ( Oméga-Viridine)
Personnages : Ivan (le truc vert sur mon icône)
Rating : G
Nombre de mots: environ 850 mots
Participation au vote de fin de mois : non

Youhou, mon blocage s'achève j'ai réussi à écrire quelque chose ! (sans grand rapport avec le thème, mais même...)
Merci à gabylc  et sideroflaque  pour la relecture ^^


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Parmi les premières choses qui avaient frappées Ivan à son arrivée sur Terre, il y avait en premier lieu les contraintes physiques. D'abord la pesanteur. Six fois plus élevée. Six fois plus ! On a beau le savoir, parfaitement le comprendre théoriquement, avoir suivi la préparation musculaire réglementaire avant son départ, ce n'est qu'au moment où l'on se lève de son siège après l'atterrissage et qu'on fait les premiers pas dans l'allée qu'on comprend ce que ça signifie. Ce n'est que quand on essaye de soulever son sac du tapis roulant de l'astroport qu'on comprend vraiment ce que ça signifie.

La teneur en oxygène de l'air ensuite, bien plus élevée que dans sa ville natale, qui lui avait fait tourner la tête, qui l'obligeait à se concentrer sur sa respiration pour en ralentir le rythme afin d'éviter l'hyperoxie. Sur un trajet Lune-Terre, une moyenne de 2,17 sélénites chlorophylliens s'évanouissent dans l'astroport dans la demi-heure qui suit l'atterrissage. Sur un trajet Terre-Lune, une moyenne de 6,95 terriens humains s'évanouissent dans l'astroport dans la demi-heure qui suit l'alunissage, bien que la cité de Bergerac ait une teneur en oxygène dans son air plus proche de celle de la Terre que de celle des autres cités sélénites. Les services de secours des astroports ont l'habitude et sont préparés en conséquence.

La sécheresse de l'air également, ou pour être exact, la surprenante variabilité du taux d'humidité de l'air qui n'est pas réglable à l'échelle d'une ville comme c'est le cas sur la Lune. En quelques heures l'atmosphère pouvait passer d'agréable à asséchée, obligeant à s'hydrater sans cesse. Même chose pour la température, même chose pour tant de variables...

Mais passées ces quelques désagréments auxquels l'organisme chlorophyllien, d'une grande adaptabilité, pallie en quelques heures, quelques jours, au pire quelques mois, il restait tant d'autres sujets de dépaysement pour un sélénite. La végétation était l'un d'entre elle.

La population sélénite étant en écrasante majorité chlorophyllienne, Ivan était plus habitué à croiser du vert que des peaux allant du blanc au noir en passant par toute les nuances imaginables de brun, de rose et d'ambré. Pourtant il lui semblait n'avoir jamais été entouré de tant de cellules végétales qu'ici.

Sur la Lune, les plantes sont cantonnées dans les serres et les laboratoires de phytologie ou d'agro-alimentaire, tout au plus peut-on voir quelques algues décoratives dans des aquarium sur une agora ou dans le hall d'un bâtiment administratif mais jamais, jamais, Ivan n'avait vu une herbe sauvage pousser le long d'un mur dans une rue passante.

Ici, la végétation était omniprésente et sauvage. Il était pourtant dans une ville. Une ville humaine, terrienne, le symbole, lui avait-on appris en Histoire de la Terre, du mépris que les humains ont de leur environnement ; ces humains censés détruire inconsciemment la Nature généreuse qui les entoure jusqu'à y rendre leur propre survie problématique là où les sélénites se sont au contraire adaptés par la science à un environnement stérile jusqu'à y rendre la vie aisée ; ces humains laissent de la mousse pousser entre les pavés.

Il y avait de jeunes arbres plantés à intervalles réguliers dans les rues, des arbres plus vieux sur les places, des jardins publics emplis de plantes qu'il était incapable de nommer, tellement emplis qu'ils en débordaient, les branches des arbres ne prêtaient guère attention à la grille censée délimiter leur espace et se déployaient au dessus de la rue, semant un tapis de chatons sur le trottoir ; il y avait des vieux murs où personne n'empêchait le lierre de grimper, il y avait l'herbe qui poussait sur la voie du tram, bien taillée en centre ville, de plus en plus folle à l'approche des banlieues, il y avait la végétation sauvage des terrains vagues d'où parfois sortait un chat... Parce qu'il y avait les animaux aussi, des pigeons, des moineaux, des chiens, de temps en temps même, sautant d'un arbre et courant souplement sur le sol vers un bout de sandwich abandonné, un - mais comment est-ce qu'on s'appelle ça ?- un écureuil ? C'était la première fois, la toute première fois de sa vie qu'Ivan voyait des animaux sauvages - presque assez près pour les toucher. Et il était dans une ville.

Au début il s'était senti surpris, troublé, un peu effrayé puis perplexe, et finalement... finalement il se sentait juste bien. Bien mieux que dans l'univers aseptisé des cités sélénites où tout est propre et à sa place, où les seuls inattendus que l'environnement peu offrir c'est parfois un peu de poussière fine qui s'est déposée pendant la journée sur les bancs proches de la mine, sur lesquels on peut tracer quelques arabesques du bout du doigts.

Et plus les jours et les semaines passaient, moins il se désolait du manque flagrant d'hygiène et du désordre ambiant, et plus il aimait voir autour de lui les choses là où elles ne devraient pas être, plus il aimait ces deux brins d'herbe inutiles qui s'obstinaient à pousser contre le perron de la porte de son immeuble, plus il se disait qu'il aimerait bien, lui aussi, planter ses racines ici, juste ici, entre le béton sale et le vieux goudron.

original, theme du mois, juin 11

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