17 février - Boucles d’oreilles - Naruto

Feb 17, 2010 12:10


Titre : Trop-plein d’émotions causé par un nouveau vide

Auteur : Luhnatique

Thème : Boucles d’oreilles + « sex, drug & rock’n’roll »

Fandom : Naruto

Personnage/Couple : Shikamaru/Asuma

Rating : PG-13

Disclaimer : Masashi Kishimoto
Participation au vote de fin de mois : Non.


L’équipe dix n’est plus.

C’est vrai que je voyais moins Chôji et Ino ces derniers temps, mais il me semblait qu’on était toujours liés les uns aux autres. On effectuait peu de missions ensemble mais tant que personne n’avait dissout l’équipe ou n’avait pris la décision d’en partir, elle était toujours là, comme un fil entre nous.

Cette fois pourtant, c’est définitif : l’équipe dix n’est plus.

Plus de team Asuma.

Et encore moins d’Asuma tout simplement.

Parfois, je voudrais croire qu’il existe encore, ce lien. Rien qu’en pensant à ces boucles d’oreilles. Je ne les ai plus jamais ôtées après ça, bien que je me sois mis à les détester. Je crois que c’est pareil pour Ino et Chôji. Alors on peut sûrement dire que la team dix existe encore, puisque les vôtres n’ont pas quitté vos oreilles, au fond de votre tombe.

Si quelqu’un doit quitter l’équipe, ça ne sera pas vous finalement. Vous êtes mort. C’est la raison pour laquelle vous ne quitterez pas l’équipe. Les morts ne bougent pas. Les morts ne décident pas de se réveiller juste parce qu’une foutue boucle d’oreille gêne leur sommeil. Les morts ne ressuscitent pas.

Ca, je l’ai compris alors qu’Ino essayait de vous soigner. Ses mains tremblaient, ses yeux pleuraient avant même qu’elle n’ait tenté de vous guérir.

Bien sûr, la vie n’est pas aussi facile. J’aurais dû m’en douter.

Ce jour-là, alors que je fumais votre dernière cigarette à moitié consumée qui me brûlait la poitrine et laissait planer des effluves âcres autour de moi, un vacarme à vous réveiller résonnait à mes oreilles. Un brouhaha indescriptible. Un mélange grincements, de chocs sourds semblables à des objets très lourds atterrissant  sur de la terre meuble, et de cris stridents. J’avais l’impression que le monde allait s’écrouler tout entier, ou alors le bâtiment, ou peut-être tout simplement que je n’arrivais plus à me tenir debout.

Et en même temps, une musique s’élevait autour de moi. En moi. Dans ma tête, dans mon cœur. Ca me faisait mal, à m’étouffer. Une musique qui commençait doucement, tristement, comme une supplique, une demande de rester. J’aurais aimé que vous l’entendiez, vous aussi. Peut-être que c’était le cas ? Parce qu’elle représente tout ce que j’aurais voulu vous dire. Tout ce qui bouillonnait en moi à cet instant. Un rythme saccadé, essoufflé, qui s’accélère, comme un cœur à l’agonie, agité par quelques secousses brusques et imprévisibles. Ca cognait dans ma poitrine. Je voulais hurler. Mais ça criait déjà dans ma tête. Si fort. Si fort ! Et le volume qui allait augmentant, prenant de l’ampleur, comme un cri d’adieu qui quitte la terre et nous abandonne. Une musique violente, brutale, qui bousculait, faisait perdre pied. J’aurais voulu courir et vous rattraper avant qu’il ne soit trop tard. J’aurais voulu… Le ton montait, encore plus fort, un peu éraillé. Des zigzags, des formes indistinctes, un cri déchirant. Elle me transperçait. Cette musique me tuait. Cette musique me tue.

Puis, semblable au soubresaut après l’orgasme, le ton faiblissait, doux, triste, déchirant à la fois. Et, au final, semblait me dire de laisser faire, qu’un jour nouveau se lèverait, et que la paix, elle existait déjà quelque part.

Cette musique, c’était comme observer votre âme partir et rester les bras croisés. Une descente aux enfers. Votre envol loin de la terre.

J’ai dis que c’était la fumée qui me faisait larmoyer. Ce n’était pas vraiment ça, mais entre nous, on s’en fout. J’aurais aussi bien pu dire que j’avais mal aux oreilles. Que c’était ça aussi qui me faisait perdre l’équilibre.

Cette musique, je l’entends tous les jours dans ma tête. Elle continue de me tuer à petit feu. Elle emporte un bout de moi à chaque fois. Et bientôt, c’est elle qui m’aura consumé. Comme ces foutues cigarettes que je refuse de jeter à la poubelle. Alors pour la faire taire, je branche mon casque, pousse le volume à son maximum et m’allonge, seul, dans le noir, une clope aux lèvres. En espérant de toutes mes forces, comme toutes les fois précédentes, qu’elle va la boucler une bonne fois pour toutes et me foutre la paix. Et comme chaque fois, elle ne fait que résonner plus fort. Se mêle à toutes les autres mélodies que je peux écouter, des plus douces aux plus trashes, en modifiant le sens qui, parfois joyeux à l’origine, prenait des nuances beaucoup plus sombre ensuite.

A force, l’ensemble prenait un tour beaucoup plus sensuel, vaguement sexuel. Un mélange quasiment jouissif qui me fait perdre pied, comme une drogue, et quitter la terre. Je m’y noie, et pourtant, c’est le seul plaisir que je trouve. Avec la cigarette que je ne suis pas fichu d’abandonner. Pas encore.

Après ça généralement, la musique est moins forte dans ma tête. Et j’oublie que je suis devenu un assassin que la vengeance n’a pas apaisé. C’est à ce moment-là que le vide s’ouvre comme un gouffre en moi. Un vide qui n’y était pas. Ce vide, c’est votre absence. Et je le remplis des émotions qui me prennent à la gorge par surprise. Cette peur de sombrer, ces instincts primaires qui me poussent à me boucher les oreilles alors qu’une partie de moi désire tout de même écouter, mon chagrin, ma peine, ceux de Chôji, d’Ino, de Kurenai. La solitude de votre gosse, qui voudra probablement retourner dans le ventre de sa mère aussitôt sorti. La douleur, ma propre solitude, le sentiment d’avoir perdu quelque chose en route, quelque chose d’essentiel. Vous, le truc qu’il y avait à la place de mon vide intérieur, mon intégrité.

Alors comme c’est trop pour moi, que ce trop-plein d’émotions m’étouffe, je me raccroche à mon casque, le son aussi fort que possible, cette musique dont je ne peux plus me passer, dont j’ai besoin. Ca rend le vide moins impressionnant. Sûrement parce qu’à cet instant-là, il est rempli des sentiments dont je veux me débarrasser, mais qui parviennent toujours à remonter, par je ne sais quel miracle. Ma nouvelle drogue, des musiques trashes, qui partent en vrille, avec des éclats de rire déments en arrière-plan, un véritable besoin qui me tenaille, une dépendance plus forte que la nicotine.

Quand j’y repense, c’était assez effrayant. Je sombrais dans la folie. Et maintenant, j’ai peur de celui que j’étais, de ce que ça m’a conduit à faire. Je suis content d’avoir pris du recul et d’en être sorti.

Cela dit, je ne veux plus de l’équipe dix. Je vous rends ces boucles d’oreilles que vous nous aviez offertes. Je les laisse là, à côté de mon paquet de cigarettes, mon dernier. J’ai décidé d’arrêter. De prendre un nouveau départ. Je ne peux plus vivre comme ça. Je veux construire quelque chose de nouveau. Je veux aider votre enfant à grandir et l’aider à prendre les bonnes décisions, tout comme vous l’avez fait pour moi. Je lui apprendrai à jouer au shôgi et ça ne fait aucun doute pour moi qu’il deviendra bien meilleur que vous.

Je veux contribuer à finir cette tâche que vous avez commencée. Eliminer l’Akatsuki. Créer un monde meilleur, pour votre enfant, pour Konoha. Et m’arranger pour qu’il repose en de bonnes mains. Car c’était l’un de vos derniers vœux :

« Protéger le roi ».

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