3 novembre - Jouet + enfantillages - Saint Seiya

Nov 03, 2009 21:15



Titre: Il ne jouait plus
Auteur: chibi_usagui
Jour/Thème: 3 novembre / Jouet + enfantillages
Fandom: Saint Seiya
Personnage : Camus
Rating: G
Disclaimer: Tout à M. Kurumada, Shueisha, Toei.
Participation au vote de fin de mois: On verra

Warning éventuel : Oui, encore du Saint Seiya


Il ne jouait plus

Depuis la mort de ses parents, il n’avait plus considéré les jouets comme nécessaires.

A vrai dire, c’était son existence même qui était devenue inutile et absurde. Privé de la plus élémentaire des références, le petit Camus avait dépéri, lentement mais sûrement, telle une fleur fragile privée de soleil et d’eau. Tous les jouets qu’on avait pu lui donner à l’hôpital, tous les petits cadeaux offerts par des infirmières émues de son tragique sort, il les avait balayés d’un regard indifférent. Pour longtemps, il observerait désormais le monde de l’extérieur, sans plus en faire partie.

Puis on lui avait donné enfin un but en venant le tirer de son marasme enfantin que les médecins traitaient de dépression, en chuchotant gravement autour de lui.

On l’avait propulsé au Sanctuaire, et Camus avait accepté cela avec la certitude qu’il ne pouvait en sortir que gagnant.

Soit il pouvait - le plus certain sur l’échelle des probabilités - mourir très vite vu que ce que cette secte étrange de " chevaliers "appelait entraînement s’apparentait à de la sauvage barbarie, et il rejoindrait ses parents chéris. Soit il survivrait et deviendrait effectivement très fort, et pourrait protéger des innocents.

Il n’y avait pas de temps pour les jouets au Sanctuaire d’Athéna, et contrairement aux autres petits de son âge qui s’en plaignaient, il s’en moquait totalement. Des livres lui suffisaient. Toute sa joie puérile s’était envolée en éclats en même temps que la fin de son monde de petit garçon choyé. Ils étaient considérés comme des futures machines de guerre, et il observait avec une immense surprise réprobatrice les enfantillages des autres. Orphelins, restés sans protection dans le monde cruel, n’avaient-ils donc rien compris ? Avaient-ils encore, comme lui avant l’affreux accident, la croyance stupide que l’homme était maître de son destin ?

La seule exception que faisait Camus était pour son Mickey en peluche, son doudou, qui avait échappé avec lui à la mort. Le chevalier qui était venu le chercher, accompagné d’un apprenti au sourire doux nommé Saga, lui avait dit qu’il pouvait le garder, et après une infime hésitation le petit Français l’avait emmené dans son maigre bagage.

Il l’avait cachée cette peluche au début, regrettant de ne pas avoir le cran de s’en débarrasser pour de bon. Ce joyeux Mickey au sourire insolent, évoquait pour lui un monde trop beau qui n’était plus qu’un paradis perdu à jamais. Un monde où il avait une maman et un papa, une immense maison et un chien, et où il n’avait même pas conscience réellement de son bonheur.

De toute façon, ce n’était pas un jouet, se disait-il pour museler ses scrupules. Il dormait avec, mais il ne jouait pas.

Milo, son voisin de lit, l’avait malheureusement repéré depuis le premier soir, ce soir où il s’était imposé contre lui pour le consoler des larmes que Camus versait bien caché dans le noir. Du moins il l’avait cru. Car il allait rapidement se rendre compte que le petit Grec voyait tout, et particulièrement tout ce qui le concernait lui.

Milo était l’un de ceux que Camus avait le moins compris au départ, l’un de ceux qui avait eu un début de vie des plus terribles et qui était le plus gai et le plus confiant en l’avenir. Le plus puéril aussi, qui transformait tout ce qu’il trouvait en jeu. Cabanes construites avec des branches d’arbres, châteaux forts créés avec la purée du réfectoire, noisettes cachées dans ses poches pour servir de billes. Imagination surtout, qui avait très vite entraîné son timide camarade dans des jeux de rôles absurdes où ils n’avaient pour costumes que les feuilles de figuier ou un tube presque sec de mascara chipé à Aphrodite.

Subjugué, Camus suivait, sans se rendre compte qu’au contact de son nouvel ami il se remettait à rire de plus en plus.

Milo avait énormément admiré le Mickey, et sous ses questions pressantes, Camus avait dû perdre de sa réserve pour commencer à effleurer délicatement ses souvenirs, là où cela ne faisait point trop mal. Il avait raconté les trains électriques avec les maisons miniatures et les personnages campés au milieu des rails, les panoplies de Superman ou de Zorro portées lors de carnavals enfantins, la voiture à pédales, les Lego avec lesquels construire tout ce qu’on voulait, les soldats de plombs aussi vieux que son arrière-grand-père, les jouets téléguidés, les jeux de société, le théâtre de marionnettes et bien d’autres choses encore, et Milo rêvait, la bouche entrouverte sur ces merveilles inaccessibles.

Camus parlerait des jouets qui l’avaient entouré, mais jamais des êtres humains.

Saga avait achevé sa déroute en lui offrant pour son septième anniversaire deux petites voitures miniatures, et un jeu d’échecs. Le futur Verseau ignorait si Saga pensait à l’anniversaire des autres enfants, et commença par faire l’indifférent, mais l’attrait des jouets avait en définitive parlé plus fort, et le garçon trop précoce qui avait tenté de ne plus être humain avait été au final rejeté du côté de l’enfance.

Milo, boudeur, avait quelque peu douché sa joie en fondant en larmes, trépignant inlassablement dans leur coin secret pendant que sidéré par cet intense désespoir, Camus avait tenté quelques timides questions.

Il avait fini par comprendre quand le futur Scorpion lui avait tendu dans sa menotte sale un joli coquillage nacré de rose et de gris, avouant sa jalousie face aux jouets tellement mieux donnés par l’adolescent qu’il voyait comme un rival.

Camus, touché, l’avait rassuré du mieux qu’il pouvait, lui offrant une des petites voitures, et Milo ignorerait que si l’autre véhicule et le jeu d’échecs seraient laissés au Sanctuaire le jour où Camus rejoindrait son camp d’entraînement en Sibérie, ce coquillage, lui, serait du voyage.

theme du mois, !format, novembre 09, saint seiya

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