titre : gala de charité
thème : 25 septembre/danse avec elle
auteur : Lilou Black
fandom : Gravitation
pairing : Suguru/Rage
rating : K+
nombre de mots : 960
disclaimer : propriété de Maki Murakami
vote : non
L’adolescent brun cacha un bâillement derrière sa main avant d’afficher la mine souriante de circonstance devant un photographe de presse qui passait justement par là. Le journaliste qui l’accompagnait lui posa une question, à laquelle il fournit une réponse toute faite.
Suguru Fujisaki s’ennuyait à mourir.
Qu’il s’agisse comme présentement d’un gala caritatif, d’un talk-show ou d’un jeu télévisé plus ou moins débile, toute manœuvre de communication n’ayant pas de rapport avec son travail de musicien lui faisait horreur. Il détestait par-dessus tout se montrer devant les médias dans d’autres circonstances que planté derrière ses claviers.
Cependant, c’était comme qui dirait la dure loi du show-business et il devait s’y plier.
Il devait s’avouer que participer à des soirées collectant des fonds pour la faim dans le monde, les catastrophes naturelles ou les victimes de telle ou telle guerre avait plus de classe que de faire l’imbécile affublé de costumes ridicules dans le cadre d’émissions télévisées stupides et pourtant affectionnées des classes populaires. Il avait quand même horreur de ça, il ne se sentait pas à l’aise et se demandait ce qu’il faisait là.
Sa personne n’attirait pas vraiment la presse à scandale. Parmi les membres de Bad Luck, c’était surtout Shindô qui attirait sur lui la lumière des projecteurs du fait de sa liaison tumultueuse avec Eiri Yuki, auteur à succès et détenteur de multiples prix littéraires. Suguru restait plutôt dans l’ombre et il trouvait ça aussi bien. Ça ne l’empêchait pas, en tant que membre d’un groupe de J-pop à la mode, de devoir se montrer dans des circonstances comme celles-ci, à fortiori quand l’épouse de son propre cousin était l’instigatrice du gala.
Shindô n’était pas venu. Il avait prétexté une maladie mystérieuse pour se défiler mais tout le monde se doutait qu’il avait préféré une soirée en tête à tête avec son amant à une manifestation caritative. Suguru avait été un peu surpris de la façon dont Tôma avait pris la chose : plutôt bien. Il avait fini par se dire que pour son cousin, l’absence de ce zouave irrécupérable était une bonne chose et que ses énormités connues de tous ne gâcheraient pas la soirée.
L’adolescent chercha Nakano, l’autre membre du groupe, et le repéra un peu plus loin, près du bar, en train de dragouiller une donzelle vêtue d’une robe ridiculement courte. Il bâilla. Il se sentait isolé. Quelle plaie.
oOØOo
La jeune fille à lunettes étouffa un bâillement derrière sa main. Vraiment, ses gardes du corps n’y étaient pas allés de main morte. Elle avait tout fait pour éviter ça mais Bill l’avait coincée alors qu’elle sortait des cabinets et l’avait plaquée contre le mur pendant qu’un autre membre de la sécurité lui enfonçait la seringue dans le bras. Par la suite, Bill s’était répandu en excuses mais « mademoiselle Rage » devait contenir ses ardeurs pendant le gala caritatif organisé par Madame Seguchi. Sous l’effet des calmants, Rage s’était donc laissée faire comme une poupée de chiffons et se tenait appuyée contre le bar, vêtue d’une robe de soirée abominablement ordinaire, s’ennuyant pire qu’un rat mort et privée de toute énergie. Une part d’elle encore à peu près consciente avait envie de faire un scandale. On ne drogue pas ainsi la fille du PDG d’une des plus grandes maisons de disques américaines pour l’obligée à aller à une soirée aussi casse-pieds. Cela méritait que ladite soirée tourne au cauchemar. N’eut-il tenu qu’à elle, Rage aurait transformé ce gala de coincés en quelque chose de beaucoup plus amusant mais les médicaments l’empêchaient de faire quoi que ce soit. Elle ne pouvait que rester là à s’ennuyer.
En plus, Shindô n’était même pas là. Il s’était défilé. Rage aurait tout donné pour qu’il vienne accompagné de son chéri, parce que deux gays super mignons en train de danser aurait non seulement mis l’ambiance qui manquait à cette soirée, mais en plus c’était tellement moé… Elle essaya d’imaginer la beauté de la scène et le scandale que cela aurait provoqué mais son esprit embrouillé par les drogues n’y parvint pas. Elle soupira à fendre l’âme.
oOØOo
Mika Seguchi ouvrit le bal proprement dit en dansant avec son mari. Cette soirée se déroulait de façon absolument parfaite. La conversation était agréable, aucune bizarrerie n’avait perturbé le gala et beaucoup de fonds avaient été amassés. Tout en tourbillonnant au bras de Tôma, vêtue de sa robe de soirée à la dernière mode, elle repéra deux personnes qui ne semblaient guère heureuses de se trouver là. Cela lui déplut. Deux individus tirant une tête d’enterrement suffiraient à tout mettre par terre. D’un signe de tête, elle montra les deux incriminés à son mari qui eut un petit rire, lui donnant le feu vert pour ce qu’elle avait en tête. Pouvoir communiquer avec Tôma sans avoir besoin de parler était bien pratique, parfois.
La première danse terminée, d’autres couples rejoignirent la piste et Mika alla trouver son cousin par alliance qui boudait dans son coin. Elle lui montra la jeune fille à lunettes et fut surprise de la réaction de Suguru qui pâlit et sembla pris de sueurs froides. Il lui fallut beaucoup négocier pour arriver à obtenir ce qu’elle voulait mais elle finit par obtenir satisfaction.
Elle laissa Suguru avec un petit sourire serein pour rejoindre son mari.
oOØOo
Rage fut un peu surprise de trouver en face d’elle, raide et tendu, Suguru Fujisaki. Il semblait être là à contrecœur. Elle le jaugea du regard. Elle avait toujours trouvé ce type ennuyeux. Il n’était pas drôle, ne faisait pas vibrer la fibre otaku en elle et il n’était jamais vraiment entré dans son jeu. Pourtant, quand il l’invita à danser, elle accepta et le suivit sur la piste comme une automate.
Ni l’un ni l’autre ne savaient vraiment danser. Leurs pas étaient maladroits et ils ne cessaient de se marcher sur les pieds. Suguru faisait toujours la tête et Rage sentit avec satisfaction les effets des drogues commencer à se dissiper. Elle serra donc plus fermement son partenaire contre elle pour mener la danse comme elle l’entendait. Suguru ne se laissa pas faire. Après tout, c’était lui le garçon et il était hors de question qu’il laisse cette péronnelle le diriger. Il l’attrapa alors par la taille et se concentra sur les pas. Rage sembla se calmer et se détendit contre lui. Finalement, ce n’était pas pire. En plus, elle était anormalement calme, elle ne disait rien et son regard un peu vague derrière ses lunettes lui donnait un air presque charmant si on comparait avec ses expressions vindicatives habituelles.
Après trois danses, Rage avait retrouvé son état normal mais curieusement, elle n’avait plus envie de faire un scandale et de faire capoter la soirée. Elle ne s’amusait pas vraiment, mais elle se sentait plutôt bien et le fait que vu de près, Suguru Fujisaki était plutôt mignon n’était pas étranger à son bien-être. Encore que…
« Dis-moi ?
- Oui ? fit l’interpellé en levant la tête.
- Tu ne crois pas que tu serais encore plus mignon avec des oreilles de chat ? »
Au secours…