Jun 13, 2008 20:19
Titre : Farewell, my beautiful lie
Auteur : KTL
Jour/Thème : 13 juin/Petite voix
Fandom : Nana
Personnage : Reira.
Rating : G
Disclaimer : Tout à Yazawa.
Participation au vote de fin de mois : Oui.
Notes : Post tome 15.
Reira rebrancha son baladeur, écouta la mélodie pour la vingtième fois en deux heures, soupira, tapota de ses doigts fins le bois de la table, soupira à nouveau, reprit son stylo, commença à tracer un caractère, le raya.
La musique composée par Ren était sombre. Vraiment. Par rapport à tout ce qu’elle avait pu chanter avant, ce n’était pas comparable, et c’était sans doute pour cela qu’elle n’arrivait pas à mettre des mots dessus : c’était trop déchirant, trop douloureux, et trop personnel.
Cette musique, c’était un morceau qu’il avait écrit pour la femme qu’il aimait, pas pour elle ; et si la mélodie n’avait rien de punk, si c’était malgré tout bel et bien le style de Trapnest qui emplissait l’oreille, c’était sans doute car désormais Ren Honjo n’était plus capable de s’exprimer autrement. Sans doute car le « cri de son âme » que réclamait tant Kinoshita sortait à présent ainsi, non plus comme un chant guerrier et victorieux, mais comme une ballade pop adressée à un amour qu’il savait perdu d’avance et qui le saignait à blanc. Comment pourrait-elle écrire dessus ? Et quand bien même elle aurait des paroles, comment pourrait-elle seulement les chanter ? Ce n’était pas à elle de le faire. Chanter des chansons d’amour destinées à personne, c’était facile, c’était un jeu, un rôle, elle pouvait négocier chacun des virages exigés par ce personnage qu’elle réinventait à chaque fois ; mais chanter une chanson d’amour écrite pour quelqu’un qu’elle-même n’aimait pas, ça lui était impossible.
Ren était trop gentil pour penser à mal, alors, se dit-elle, sans doute qu’il n’y avait même pas pensé. Que les notes étaient venues comme ça, comme des larmes qu’on relâche enfin, et qu’il espérait vraiment qu’elle serait capable d’y mettre les paroles que lui ne savait pas écrire, qu’en elle s’élèverait la petite voix nécessaire.
Une larme coula sur la joue de Reira.
Les amours finissent mal, en général.
Elle remit le morceau en route, et, les yeux fermés, la respiration quasiment coupée pour retenir les sanglots qui l’étreignaient, elle se laissa envahir par la musique et par les souvenirs.
Son père, Takumi, Yasu, Shin.
Shin.
Shin, Shin, Shin.
Elle la tenait, sa chanson d’amour. Un amour abîmé, paumé, cabossé, mais jamais, au grand jamais oublié.
Farewell, my beautiful lie, commença-t-elle en Anglais.
Adieu, mon beau mensonge.
C’était une chanson composée dans la douleur et écrite dans les pleurs qu’elle rendit à Takumi le lendemain. Peut-être que ça voyait à sa figure, peut-être pas.
Le regard qu’il posait sur elle était impénétrable, et de toute façon, elle ne voulait pas savoir ce qu’il pensait. Il sourit en se tournant vers l’équipe.
« -Avec ça, déclara-t-il, on a le disque d’or en un mois. »
Et elle lui fut presque reconnaissante de plaquer des pensées aussi bassement matérialiste sur leurs sentiments à Ren et elle. Parce que c’était plus facile, maintenant qu’elle était terminée, de chanter cette chanson en pensant à ce qu’elle lui apporterait de plaisir sur scène qu’à ce qu’elle lui engendrerait de désespoir chaque fois que la mélodie s’arrêterait.
nana,
fic candidate,
juin 08