5 décembre - Animal de compagnie - Black cat

Dec 05, 2006 16:45

Titre: Une vie de chien
Auteur: drakys
Jour/Thème: 5 décembre/Animal de compagnie
Fandom: black cat
Personnage/Couple: naizer/bardol, kranz/bardol
Rating: R
Disclaimer: kentarô yabuki
Participation au vote de fin de mois: Non
Notes: recup! c'est bien la première fois que j'ai une vieille fic qui colle plutôt bien à un thème.


Il y a un monde de différence entre eux.

Tout le monde a tendance à le considérer comme s'il est plus âgé que ses vingt-huit ans. Peut-être est-ce à cause de son apparence, peut-être est-ce à cause de la façon posée et réfléchie dont il agit. Naizer ne s'est jamais donné la peine de se renseigner pourquoi, probablement parce qu'il ne se soucie pas beaucoup de l'opinion des autres.

C'est vrai qu'il est toujours sérieux. Il lui reste au cœur et à l'esprit une cicatrice du passé, une cicatrice laissée par la mort de son ancien partenaire. C'est ce qui lui a laissé un désir de vengeance et aussi le besoin de se racheter. Il a l'impression qu'il doit arranger les choses et s'il pouvait revenir en arrière, peut-être le ferait-il pour changer le court des choses. Il ne se voit pas comme étant faible, parce qu'il ne l'est pas, mais il se voit plutôt comme étant imparfait et il ne désire que devenir meilleur.

D'un autre côté, c'est presque surprenant que Bardol ait vingt-sept ans, vu l'attitude immature qui le caractérise. Il est bruyant et emporté, il ne prend jamais beaucoup de temps pour penser avant d'agir. Et encore, c'est s'il le prend jamais. La plupart des gens n'oseraient pas lui dire qu'ils trouvent cette attitude emmerdante, en fait... la plupart des gens le trouvent emmerdant. Mais Bardol n'en a absolument rien à foutre.

Il semble être tissé d'instincts et d'une certaine mesure de talent et peut-être, juste peut-être que c'est ce qui lui permet de rester encore en vie, dans ce monde si souvent touché par la Mort dans lequel ils évoluent. Naizer se rappelle d'Ash et se rappelle du coup de sa propre faiblesse. Bardol, lui, semble vivre de la façon dont il en a envie, peu importe ce qui arrive et Naizer ne peut s'empêcher de l'admirer pour ça. Juste un petit peu.

Il le lui avoue, une fois. Il ne peut même pas trop s'expliquer pourquoi. Les mots passent simplement ses lèvres avant qu'il puisse les rattraper et peut-être que ça sonne un peu comme:

"Tu es fort, pour pouvoir te soucier de rien comme ça."

Bardol lève les yeux vers lui et a un petit sourire en coin avant de lui répondre.

"T'es stupide, si tu penses qu'y a quoi qu'ce soit chez moi qui mérite d'être admiré."

Naizer veut lui demander ce qu'il veut dire, mais Bardol regarde déjà ailleurs et il ne peut pas tout à fait réussir à dire quoi que ce soit. Ils restent immobiles en silence et il y a soudainement la main de Bardol qui agrippe la cravate de l'autre homme et il le dévisage, regard furieux.

"J'suis qu'un chien, dressé pour l'attaque. Je suis rien d'autre que ça."

***

Naizer ne peut pas s'empêcher d'être obsédé par ses paroles: j'suis qu'un chien, dressé pour l'attaque. Les mots le tourmentent et il pense que ce n'est pas un bon signe d'être obsédé par quelque chose dit par Bardol. Il retourne sans cesse à cette même pensée et finalement Belouga remarque qu'il est distrait.

"Qu'est-ce qu'il y a?", demande-t-il, ralentissant le pas jusqu'à ce qu'il s'arrête complètement.

"Juste... un truc que j'ai entendu."

Naizer s'arrête à son tour et il lui lance un regard. Il y a cette expression sur son visage, une expression qui lui demande de ne pas lui poser plus de questions. Belouga connait bien cette expression et il est quand même tenté de le tarauder de ses interrogations. Il décide néanmoins de ne pas le faire, peu importe ce qui tourmente Naizer, il s'agit de toute évidence de quelque chose qu'il veut régler seul.

"Hm", fait le numéro onze, pensif. "Je vais m'occuper du rapport alors", ajoute-t-il, se méritant un regard surpris. "Va régler tes affaires."

Naizer reste immobile quand Belouga le dépasse et il hésite encore une seconde avant de s'éloigner à son tour. Il sait ce qu'il a à faire, il n'est tout simplement pas certain qu'il est assez fort pour le faire.

***

Il trouve Bardol enfermé dans sa chambre. Le numéro huit lui répond avec sa chemise à moitié déboutonnée, sa cravate défaite et l'expression sur son visage traduit parfaitement son irritation. Naizer est surpris de la différence qu'il y a avec le Bardol tiré à quatre épingles, avec son expression quelque part entre arrogance et mépris.

"Quoi?", grince Bardol en fronçant les sourcils un peu plus.

"Je peux entrer?", lui demande poliment l'autre homme.

"Non", répond Bardol, assez bête pour le faire sentir mal à l'aise de son intrusion. "Aucune chance. Qu'est-ce que tu me veux?", demande-t-il sèchement.

"Je-"

Naizer n'arrive pas à continuer. Pas avec la façon dont l'autre homme le dévisage, attendant de toute évidence impatiemment qu'il parte. Il déteste cet air sur son visage, comme si Bardol se fout de tout et de tout le monde sans distinction. Comme s'il n'était qu'un simple outil de Chronos, quelqu'un qui n'a même pas de volonté propre. Il lève une main pour repousser Bardol dans son appartement, mais Bardol bloque son bras avant qu'il ne puisse le toucher.

"Qu'est-ce que tu m'veux?", répète Bardol.

Au lieu de lui répondre, Naizer l'attrape par un pan de sa chemise et l'attire plus près. Froncement de sourcils dangereusement évident, Bardol continue à le dévisager et pourtant ne dit pas un mot sur leur soudaine proximité. Si l'agacement à lui seul pouvait tuer, Naizer n'a aucun doute qu'il serait déjà mort et enterré.

"Ne me touche pas", dit très lentement Bardol, son regard plongé dans celui de Naizer.

"Pourquoi pas?", veut-il savoir. "Qu'est-ce qu'il y a pour m'en emp-"

Il se tait quand il comprend enfin.

Ses yeux suivent le mouvement aperçu par-dessus l'épaule de Bardol, dans sa chambre. Attiré par les cheveux blonds et le visage de Kranz qui le fixe de ses yeux aveugles. Attiré par son torse nu et il comprend enfin. Il voit enfin tous les indices laissés dans les regards que les deux autres hommes s'échangent parfois, ou ceux laissés par le fait qu'ils sont toujours ensemble, si près l'un de l'autre.

Trop près, il aurait dû comprendre avant.

Il se sent comme le dernier des idiots, restant immobile avec une main encore enfouie dans la chemise de Bardol et l'autre serrée en poing. Kranz arrive à sentir dans l'atmosphère tendue son impuissance, sa colère et peut-être ses regrets et il se sentirait presque mal à l'aise d'être là si c'était le genre de sentiment qu'il se laissait aller à avoir.

"Tu veux prendre un verre avec nous, peut-être, Naizer?", demande-t-il poliment et Naizer veut aussitôt lui mettre son poing en plein visage d'agir comme ça.

Comment il peut réussir à avoir ce ton si gentil, si mielleux, quand il a été élevé pour n'être qu'un tueur sans conscience? Pourtant, il est bel et bien planté là, déversant sa fausse gentillesse sans le moindre sourcillement, comme s'il était effectivement assez bon joueur pour se soucier assez d'un rival pour lui offrir à boire! Et le salaud, il a le front de lui poser la question dans la moindre nuance de sympathie!

Il y a quelque chose à propos de Kranz que Naizer réalise qu'il déteste. Il y a quelque chose à propos de sa simple présence chez Bardol, qui hurle qu'il possède le numéro huit. Ça rend Naizer presque malade, la façon dont Bardol n'a pas l'air de s'en soucier, ou qu'il ne le voit même pas et pire, la façon dont Kranz à l'air de penser que c'est parfaitement naturel.

"Il partait", Bardol répond pour lui et Naizer le relâche enfin.

"Ouais, je partais", répète-t-il machinalement. "Désolé", marmonne-t-il et avant que le mot n'ait été dit, la porte lui claque déjà au visage.

"Tu n'as pas de cœur", Kranz accuse le brunet.

"Comme si ça t'faisait de quoi."

Le blond sourit.

"Il en a eut l'air troublé, lui, en tout cas.

- Et qu'est-ce que tu voudrais que je fasse alors?", demande Bardol, de plus en plus ennuyé. "Tu veux que je couche avec lui juste parce qu'il en a envie?"

Le blond ne répond pas immédiatement, prenant son temps pour peser ses paroles et pour calculer la réaction de l'autre homme.

"Tu ne m'appartiens pas, Bardol. Je ne vais pas te dire quoi faire.

- Alors tu t'en fous si je baise avec lui?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais pour ta gouverne, je ne suis pas du type jaloux", ajoute Kranz avec un sourire qui rend l'autre homme encore plus enragé. "De toute façon, je n'ai pas à m'inquiéter. Si personne ne te dit quoi faire, tu ne feras rien."

Son sourire est pire que le fait qu'il dit la vérité et le brunet réplique sèchement:

"On est pareils! On a été entraînés à suivre les ordres, à- à vivre et mourir pour Chronos!

- Tu as tort", dit doucement Kranz et la douceur de sa voix ne console en rien de la dureté de ses mots. "Tout ce que tu es, la seule chose qu'ils ont décidé de faire de quoi...", dit-il en souriant, secouant la tête comme s'il pouvait ne pas être assez cruel pour poursuivre, mais il poursuit néanmoins. "Tu n'es qu'un animal docile, Bardol. Tu travailles le mieux quand il y a quelqu'un au bout de ta laisse, pour te dire où aller. Je ne suis en rien comme toi. On m'a appris à penser par moi-même, à comprendre Chronos et ce pour quoi l'Organisation se bat."

Bardol veut lui gueuler après. Il veut hurler tu mens! jusqu'à ce que ses cordes vocales décident de céder, mais il n'y arrive pas. Parce qu'il sait bien que Kranz ne ment pas, pas même un tout petit peu de rien du tout. Chaque mot qu'il dit est vrai. Bardol le sait, parce qu'il ne l'a jamais entendu mentir.

Alors il ne gueule pas. Il ne hurle pas. Il reste immobile et attend le prochain coup.

Et il repense à la confession qu'il a faite à Naizer: j'suis qu'un chien, dressé pour l'attaque.

"Au pied", murmure Kranz, avec son sourire doux toujours aux lèvres.

Bardol se bat, il se bat contre la voix et l'ordre et il veut continuer à être immobile ou il veut essayer de se retourner et de fuir. Il essaie de ne pas être ce qu'on l'accuse d'être. Et ça fonctionne. Ça fonctionne jusqu'à temps que Kranz parle à nouveau.

"Au pied", répète-t-il sur un tout autre ton et ce n'est plus un murmure.

C'est un ordre et Bardol va à lui et il le laisse l'embrasser. Les bras de l'homme plus grand l'enveloppent, protecteurs, possessifs, ou les deux et Kranz murmure doucement un peu plus de poison à son oreille.

"Bon chien..."

(02 août 2006)

black cat, decembre 06

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