Titre : Jusqu'à ce que la mort nous sépare
Auteur : ylg
Fandom : FullMetal Alchemist
Personnage : Roy Mustang(/Riza Hawkeye)
Rating : PG-13
Thèmes #02 et 10, mort de rire/mort à cause d'un animal
Disclaimer : Arakawa Hiromu, Square Enix, studio Bones
Avertissment : mention de sexe
***
Ce fut une nuit de rêve, presque trop belle pour être vraie, une de ces nuits qui unit plaisirs immédiats et bonheur prolongé d'une union avec l'être aimé. Roy s'en réveilla d'une humeur profondément satisfaite, baignant dans la tiédeur douce d'un lit partagé. À ses côtés, une masse chaude ; sur l'oreiller, une chevelure longue étalée ; une respiration calme et fond et un parfum d'amour baignant le tout. Il s'abandonnait complètement dans cette ambiance tendre. La passion violente de la veille l'avait laissé sur un petit nuage.
Oh, faire sa vie avec Elle, la garder pour toujours à ses côtés et se réveiller chaque matin dans ce lit, tous les deux, ensemble jusqu'à ce que la mort les sépare... et tout le tralala de circonstance. Il se retourna pour mieux l'enlacer, l'attirer tout contre lui. Ah, sa chair chaude et douce et... et, il y eut tout à coup quelque chose de bizarre. Une texture inattendue. Ça n'était ni le tissu d'un pyjama ni de la peau nue. C'était... velu. Mais bien vivant.
Il n'avait pas fait bien attention la veille au soir, non, il n'a pas beaucoup regardé sa chère et tendre ; il faisait sombre et il avait l'esprit focalisé sur... certaines parties qui éclipsaient tout le reste. Et voilà que la masse de chair couverte de poils se mettait en mouvement contre lui, un corps qui se réveillait et cherchait à son tour à mieux profiter de l'étreinte. Le jeu lui plairait si, si... oh non, il ne pouvait aller au bout de cette pensée. Avait-il commis une erreur, allait-il au devant d'une grosse déconvenue ?
Le coeur battant, s'efforçant de ne pas céder à la panique, il réfléchit à toute vitesse : n'aimait-il Riza que pour son apparence ? Non, clairement non. L'aimerait-il quelle que soit son apparence ? Elle toujours si impeccable pendant les heures de service, si jamais dans l'intimité civile elle se révélait mal tenue, pas féminine, et puis de toute façon plus tard quand elle vieillirait et que fanerait sa beauté et... pouvait-il l'imaginer par exemple malade, déformée... enceinte ? Ses pensées dérapèrent du côté des projets d'avenir, de mariage. Oui, mille fois oui. Il était sûr de lui et sûr d'elle !
Alors qu'il s'épanouissait dans cette certitude, que dès qu'elle serait pleinement éveillée, il la demanderait en mariage, le contact brusque mais inimitable d'une langue sur sa peau le refit changer d'idée. Oh, ils pouvaient d'abord prolonger les festivités et ensuite voir à officialiser ; rien ne pressait...
Mais... tout de même... cette langue, là, sur sa cuisse, justement n'était pas bien pressée, et pas non plus très habile. Incomparable avec la nuit précédente. (Heureusement d'ailleurs ; il était maintenant bien assuré que ça n'aurait rien changé à son amour pour Elle mais ça aurait bien pur refroidir ses ardeurs pour leur première nuit, ce qui aurait été bien dommage selon lui.)
Il avança une main pour caresser d'un geste encourageant la chevelure. Geste qui resta sans effet... mais non sans conséquence. Car, réalisa-t-il soudain : si le visage de Riza, drapé dans ses cheveux détachés, était ici niché tout près de son épaule... alors, là plus bas, sous les draps... Son coeur manqua un battement.
Il se redressa brusquement, arrachant les draps.
L'exclamation surprise de sa compagne fut noyée par un aboiement joyeux.
Il fallut encore à Roy une longe seconde pour reconnaître en la forme noire qui accueillait son regard incrédule le trop fidèle Black Hayate.
Il se laissa retomber sur l'oreiller, en proie à un fou rire nerveux inextinguible.
J'ai failli faire ma demande en mariage à un chien.
Et voilà qu'il riait, riait, hurlait, de rire, jusqu'à en pleurer et en mordre l'oreiller. Mordre l'oreiller dans lequel il bavait, au passage...
Et le jour où on sera effctivement mariés et où les enfants se glisseront dans le lit la nuit pour dormir avec Papa-Maman ou le matin pour un réveil à grands coups de câlins ça a l'air tellement idyllique mais si jamais ils tombent en pleine scène primordiale, oh, non.
Essayer de se calmer n'amenait à rien. Secoué de ce rire hystérique, il lui était impossible de respirer calmement. Au point de s'en étouffer. Emballé dans son délire, la tête lui tournait.
Roy Mustang, tué par ironie ?
Une paire de claque le ramena à la réalité.
À son second réveil ce matin, le visage de Riza l'accueillit, l'air non pas aimant comme il aurait espéré, mais compassé.
Il ne saurait jamais justifier l'épisode précédent, mais au moins, se disait-il lamentablement, elle n'était ni irrémédiablement furieuse ni complètement dégoûtée ?
« Une crise de nerfs ? »
Il hocha la tête et bredouilla une excuse.
« Si c'est ça l'effet que ça vous fait de... »
Riza laissa traîner sa phrase. Coucher avec elle. Se réveiller aux côtés d'une vraie femme et pas d'une fille tarifée. La voir elle particulièrement : devait-elle être vexée ?
« Je me suis vu dans l'avenir. Loin, loin dans l'avenir. Trop loin sans doute. »
Elle le regarda alors comme s'il venait d'avouer qu'il se croyait déjà mort ! Mais... pas comme s'il valait mieux mourir que d'être à ses côtés, tout de même ?
« Oh, non, ça sonnait sans doute très mal. Je veux dire. »
Que d'un certain point de vue ça n'était pas faux : que puisqu'il venait de trouver comme il espérait faire sa vie, il prévoyait aussi quelle en serait la fin aussi ? Certes, penser à sa propre mort est rarement très agréable, pour lui à ce moment, en contraste avec la nuit précédente où il s'était senti tellement vivant, c'était encore plus étrange. Mais au point où il en était rendu...
« Enfin. J'étais en train de me dire qu'aussi loin que je puisse me voir, j'espérais que ça serait toujours avec vous. Qu'il fallait que je vous le dise. »
Et il improvisa la dernière partie ;
« Et que si d'aventures vous deviez répondre en farcissant de plomb pour m'apprendre à être trop direct ? Ça m'irait aussi très bien.
- Vous plaisantez ?
- Jamais avec vous.
- Vous êtes fou...
- Complètement. »
Avant qu'il n'ait le temps de s'épancher, elle le prévint, sérieuse comme il l'avait toujours connue :
« N'allez pas me répondre « fou de vous », surtout. Et, je n'apprécie guère l'idée que vous avez l'air de vous faire de moi d'avoir la gâchette si facile, mais si vous insistez, je peux toujours me conformer à ce fantasme.
- N'en faites rien. Je préfère tout de même quand vous exprimez vos sentiments de manière moins brutale. D'ailleurs...
- Si vous êtes sérieux dans votre proposition, laissez-moi le temps d'y réfléchir.
- Tant que vous voudrez.
- Je dois d'abord nourrir Black Hayate, et pour le reste nous verrons plus tard. »
Se drapant dans un drap, elle l'abandonna là sur le lit, seul à gamberger sur ses certitudes et ses doutes à la fois. La chien passait avant lui, bon, mais elle se comportait ainsi de manière bien déconctractée devant lui et n'avait pas l'air d'accueillir ses idées trop défavorablement, n'est-ce pas ?