Requiem, thème 3 Ecoute-moi !

Jun 11, 2006 15:57


REQUIEM FOR A WERELOVE

Pairing : Snape/Lupin
Thème : 3 Ecoute-moi !
Disclaimer : tout appartient à JKR… Persos, bénef…. Sauf mon grain de folie.
Rating : M ou NC-17 .
Nombre de mots : attention, chapitre long : 9 000 mots

Merci à 
Louve26 pour son beta, ses conseils et son enthousiasme qui me boostent dans mon écriture.

Lien vers les chapitres précédents de la fic : Chap1 : Cause toujours !   Chap2 : La santé, toujours la santé !

Encore ma p’tite citation….
L’incertitude est l’essence même de l’aventure amoureuse.
Oscar Wilde

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3- Ecoute-moi !

- Et que faut-il préparer à l'avance ?

- Pas mal d'ingrédients. Tu t'en souviens ou il faut que je marque tout au tableau ?

- Note le plutôt pendant que je finis de broyer les feuilles d'armoise. C'est quoi déjà le nom exact que nous a donné Dumbledore ?

- Lupin, tu pourrais faire fonctionner ce qui te sert de cerveau ! Mais j'oubliais, tu l'as laissé dans la Cabane Hurlante. Trois fois que je te le répète : de l'Artemisia Vulgaris.

- Mais c'est pas un truc de nana ça ? Il me semble que Slughorn nous avait fait préparer des potions pour Mme Pomfresh. Il y en avait justement une à base d'armoise pour les trucs des filles, il me semble. Tu t'en souviens pas Snape ?

- Si. C'est pour réguler leur cycle. Comme toi. Egalement pour diminuer les syndromes prémenstruels dont elles souffrent. Tu espères qu'elle va agir sur ta pousse de poils ? Ou des crocs ? Et fais attention au dosage au lieu de faire la gueule.

- Si tu te foutais un peu moins de moi j'arriverais certainement mieux à me concentrer sur ce qu'il y a à faire. Tu es sûr qu'elle est efficace cette potion au moins ?

- Dumbledore l'assure.

- Mais toi, tu la connais ?

- Lu une fois son nom.

- Et ?

- Et tu vas louper une potion de plus si tu continues à me questionner comme cela, stupide Gryffondor. Regarde plutôt ce que tu fais et laisse-moi copier tranquillement la liste détaillée des ingrédients et leur quantité, puisque tu n'es pas capable de la mémoriser.

- Tu te doutes bien que je serais absôôôôlument nââââvré de te faire perdre ton temps mais au pire, on la recommencera, non ?

- Lupin, écoute-moi bien ; j'ai deux choses à te dire. Et d'un, il faut près de trois jours pour confectionner ce remède. Nous n'aurons donc pas le temps de le recommencer. De deux, si tu doses trop un ingrédient ou pas assez un autre, la seule manifestation d'erreur sera ta mort dans d'atroces souffrances. Remarque, bon débarras. Et je ne suis là que parce que Dumbledore me l'a demandé expressément. C'était un ordre. Rien d'autre.

Snape se retourna pour poursuivre sa copie, prenant bien soin de traduire en langage plus vulgaire le nom des différentes substances pour que Lupin ne se trompe pas. Au lieu de ranunculaceae ou radix solanaceae, il lui indiqua plus simplement aconitum napellus et racine d'atropa bella-donna.
Remus allait répliquer qu'avec l'ordre de Dumbledore, ça faisait trois choses et non deux quand il vit les noms inscrits au tableau.

- De l'aconite napel et de la belladone ? C'est vachement dangereux en effet. Tu es sûr de toi au moins ?

- Autant que je le puis avec une potion presque expérimentale. Peu de sorciers arrivent à la préparer sans commettre d'erreurs. Dumbledore a peut-être décidé de se débarrasser d'un problème sans se salir les mains, ricana Snape se tournant vers Lupin pour le narguer.

- Quoique tu dises, je n'arriverai pas à le croire.

- Grand bien te fasse.

- En parlant de bien, tu crois vraiment que cette potion m'évitera en partie la transformation ? Et quelle partie exactement ? Physique ou mentale ? Qu'est-ce que tu as lu exactement dessus ?

- Rien de plus que ce que nous a dit Dumbledore. Et pour la dernière fois Lupin, malaxe, broie et tais-toi !

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Deux jours auparavant en entrant dans le bureau directorial, Remus avait été une fois de plus émerveillé par la beauté des lieux. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il y pénétrait, loin de là. Dès la première année, dès le premier jour même de son entrée à l'école de Poudlard il avait eu cet honneur. Le professeur qui venait juste de devenir sa directrice de maison l'y avait conduit à peine ses bagages posés dans son dortoir, juste après la répartition et le repas. Là, un homme qu'il jugea d'un âge canonique, le directeur comme il venait de le découvrir, l'informa avec beaucoup de gentillesse et de simplicité des "précautions" mises en place pour son "léger problème".

Cet évènement était gravé dans sa mémoire. Il en gardait un souvenir ému. Pour la première fois un adulte lui parlait de sa lycanthropie sans dégoût comme la plupart des gens, ni dramatisation comme ma mère. Le vieil homme semblait parler d'un traitement préventif contre le rhume des foins. Il s'était senti considéré comme un être humain et non plus comme un loup garou.

Il y avait été convoqué quelques fois encore, pour des farces particulièrement pendables des Maraudeurs. L'accueil directorial avait été moins charmant.

Il y retourna également pour apprendre la mort subite de son père. Ce souvenir ne saurait être effacé, même avec toute la volonté du monde. Il désirait tant prouver à son père que son "mal" ne l'empêcherait pas de mener une vie presque comme les autres. C'était une question de persévérance et d'organisation pensait-il. Mais la vie, ainsi que la mort, le lui avaient interdit. Jusqu'aux derniers instants son père s'était senti coupable. Il n'y était pourtant pour rien. Un malheureux concours de circonstances…

La réminiscence de ses souvenirs ne prit qu'une seconde ; juste un flash. Il était observé. Par le directeur bien entendu, arborant son air le plus affable pour accueillir le jeune homme. Il lui indiqua d'ailleurs un siège sur lequel prendre place. Mais également par un autre élève qui ne le quittait pas des yeux, son regard sombre chargé de lourds reproches. Severus Snape était déjà là, assis, raide comme un balai sur la chaise côtoyant la sienne. Remus vit ses longs doigts pâles posés sagement sur ses cuisses se crisper nerveusement lorsqu'il s'installa près de lui.

Depuis bientôt un mois ils s'étaient consciencieusement évités, malgré les longues heures communes en potions et en botanique. Tous les jours.

Pourquoi Dumbledore l'avait-il convoqué en même temps que Severus ? L"incident", avait-il cru comprendre, était clos. La victime avait tenu sa langue, Sirius était parti une semaine et, fort heureusement, était revenu. Le cycle copains, études, transformation avait recommencé. La vie avait repris son cours.

Que faisaient-ils là tous trois ? Severus n'avait-il pas commis un impair avec ses pairs ? Mais non voyons, ce n'était pas possible. Ils étaient en vacances depuis lundi et hormis deux élèves de septième année de Serdaigle restés à l'école pour profiter de la bibliothèque, ils étaient les seuls étudiants présents. Severus n'avait plus de famille depuis le décès de son père. Tout au moins, plus de famille désirant le recevoir.

Dumbledore lui avait conseillé de passer ses vacances de la Toussaint au sein de l'établissement. Pas d'autres choix malgré l'invitation des parents de James. Leur maison allait bientôt ressembler à une auberge de jeunesse s'ils hébergeaient tous les copains de leur fils. Déjà qu'ils avaient presque adopté Sirius depuis l'été dernier, depuis sa fuite. Heureusement, sa mère travaillant à Ste Mangouste, elle l'avait remis rapidement sur pied.

- Jeunes gens, je vous ai conviés dans mon bureau pour vous entretenir d'une découverte très intéressante pour vous deux. Mr Snape, tout me porte à croire que vous avez entendu parler de Mr Damocles Belby-Scones.

- Sans doute Monsieur. Ce nom me dit vaguement quelque chose.

- Miss Pince a remarqué que vous ne manquiez aucune des parutions de Potions et Magie. N'avez-vous pas lu l'article présentant la dernière grande découverte de magicament ?

- La potion Tue-Loup…

La voix de Snape n'avait été qu'un souffle et son regard semblait soudain parti dans l'étude éperdue et contemplative de ses chaussures. Pour sûr qu'il s'en souvenait ! Comment aurait-il pu oublier une telle nouvelle ! Surtout en la découvrant peu de temps après sa sortie de l'infirmerie. Peu de temps après que Lupin… enfin, le loup garou… Il avait dévoré l'article, le lisant et le relisant encore et encore, mémorisant chacune des informations. Damocles Belby-Scones, chercheur, ancien élève de Poudlard lui aussi, et maintenant Ordre de Merlin deuxième classe…

- Tout à fait mon garçon. J'étais certain que cette découverte ne vous avait pas échappé. Et vous Mr Lupin ?

- Je … euh … je … non.

Bouleversé, il était complètement bouleversé, n'arrivant pas à articuler les quatre mots d'une phrase aussi simple que : "Non, Monsieur le Directeur." Un remède… Un remède contre son loup. On lui avait tellement répété depuis si longtemps que personne ne pouvait rien changer à sa condition qu'il n'osait y croire. .. Non, il ne pouvait pas. C'était trop beau.

- Je comprends votre étonnement mon garçon. Ecoutez-moi. La potion Tue-Loup, malgré la très grande avancée dans ce domaine, n'est pas LA solution. Vous subirez moins les inconvénients de la transformation mais votre isolement demeurera indispensable. J'en suis désolé, ajouta Dumbledore.

La déception de Remus était à la hauteur de son trop court espoir. Le directeur et sa compassion n'arrangeaient rien. Il préfèrerait, et de loin, une réplique cynique de Severus sur sa naïveté, sa crédulité.

Le directeur observait les deux loustics en face de lui. L'un avait les poings crispés dans le creux formé par ses deux jambes jointes, le regard fixe. L'autre, les mâchoires serrées, les yeux embués retenait manifestement ses larmes.

Ah ! Ces deux là ! Combien de temps leur faudrait-il encore pour dépasser leur stupide rivalité de maisons ? Combien de temps leur faudrait-il pour découvrir leurs similitudes et leur complémentarité ? Ils avaient tant à s'offrir. C'était déjà incroyable, pour tout dire miraculeux que Severus ait accepté l'offre de Remus. Par malchance, Sirius avait tout gâché. Mais à y bien penser, la malchance… ou la chance n'avaient strictement rien à voir là dedans.

Tout gâché ? Après tout, peut-être pas à les voir ainsi. Et par Merlin, s'ils avaient besoin d'un sérieux coup de pouce, il allait leur prêter main forte, foi de Godric !

Trop pris par leurs pensées, les deux élèves ne virent pas le regard du vieux sorcier s'emplir de malice, signe incontestable d'idées saugrenues au potentiel dangereux.

- Messieurs, ayant rendu quelques menus services à Damocles à sa sortie de Poudlard, il m'était redevable. Vous apprendrez avec plaisir qu'il n'a fait aucune difficulté pour me confier la recette détaillée de ce remède : liste des ingrédients et démarches pas à pas. J'ai cependant dû m'engager à ne laisser le parchemin entre nulles autres mains que les miennes. Mr Snape, seriez-vous capable de la mémoriser ?

- Par Merlin, bien sûr ! s'enthousiasma aussitôt le Serpentard.

- Mais, avant de vous en laisser l'opportunité, vous devez m'accorder une promesse.

- Monsieur ?

Severus avait recouvré sa réserve. Qu'attendait encore ce vieux toqué ? La dernière promesse qu'il lui avait extorqué, son silence sur Sirius et surtout, sur Lupin, avait été extrêmement frustrante à tenir. En serait-il encore de même ? Il attendit tâchant de masquer de son mieux son impatience et ses craintes.

- Le professeur Slughorn a consenti à vous laisser l'usage de la salle de classe et de la réserve. La nouveauté de cette préparation, aussi attrayante soit-elle, ne doit pas vous en faire oublier son but.

- Puis-je vous demander d'être plus clair Monsieur ? Je ne suis pas tout à fait certain de comprendre ce que vous attendez de moi.

- Je souhaite que vous prépariez cette potion mon garçon…

- J'en avais bien l'intention ! … avec votre accord bien entendu, se reprit-il rapidement.

-… et, poursuivit Dumbledore comme si de rien n'était, que vous en fassiez usage.

- Mais je n'en ai pas besoin !

Décidément, l'attrait de pouvoir jouer à l'apprenti sorcier avait retiré à Snape ses qualités de réflexion. Deux fois de suite il avait parlé avant de réfléchir… Ce n'était guère dans ses habitudes. C'est avec l'ombre d'un sourire de connivence dédié à son directeur que Remus le renseigna :

- Je crois que le directeur pensait à moi, Severus.

Snape en resta coi. Il en oublia de le reprendre sur l'usage de son prénom. Il n'était pourtant pas au bout de ses surprises.

- De plus, mon garçon, je souhaiterai que vous profitiez de cette expérience pour former Mr Lupin à la préparation de cette potion. Je ne sais si vous y parviendrez. Mais il a le plus grand besoin d'aide pour poursuivre ses progrès dans cette délicate matière. Vos leçons lui apportaient beaucoup et il est fort dommage que vous y ayez mis un terme. Je vous prie donc de reprendre cette saine entre aide. ..Ou je devrais garder ce parchemin roulé.

Pour mieux contraindre le jeune homme, il tenait l'objet de son désir dans sa main (1), le montrant ostensiblement. Severus était partagé entre la colère et la frustration. Encore une fois, ce vieux bougre de directeur le manipulait, le menant là où il voulait qu'il aille. Foutremerlin, il faudrait bien que cela cesse un jour ! Il en avait plus qu'assez d'être la marionnette de ce vieux fou.

Avant même qu'il ouvre la bouche, Dumbledore, lisant à livre ouvert dans son regard, savait que la partie était gagnée. Son coup de main avait fonctionné, même s'il ressemblait beaucoup plus à un coup de pied dans le fondement pour l'un des deux !

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Remus observait Severus occupé à débiter en tétraèdres l'un des ingrédients. Il était fasciné. Quelle dextérité, quelle précision malgré la rapidité, quelle maîtrise de l'outil et des gestes ! Ses mains pâles et nerveuses, ses longs doigts fins le fascinaient. Son visage aux sourcils froncés par l'attention indiquait toute sa concentration dans cette tâche délicate. Il avait noué sur sa nuque ses longs cheveux sombres afin que par inadvertance, aucun d'entre eux ne chut dans le chaudron durant la délicate préparation. Pourquoi ne se coiffait-il pas ainsi tous les jours ? se demanda Remus. Il était presque beau. Le teint demeurait pâle, le nez busqué, les lèvres minces serrées ébauchaient un rictus déplaisant et sa mine était toujours aussi peu avenante. Mais son regard, ses grands yeux ténébreux dégagés des mèches filasses adoucissaient son visage, l'illuminant.

- Quand tu auras fini de me reluquer Lupin, tu pourras penser à baisser le feu sous ton chaudron. Je sais que je suis fascinant mais regarde plutôt ce que tu es sensé faire.

- Ok, ne t'énerve pas pour si peu ! Tu vois que tout va bien. La potion bouillonne tranquillement et je remue en faisant alternativement des huit dans les sens indiqués puis des ronds, au rythme que tu m'as dit.

- Sauf qu'en rêvassant, tu as oublié deux séquences ! Et le léger frémissement demandé est passé aux gros bouillons. Mais après tout, si tu tiens tellement à la louper…. Je ne te savais pas suicidaire.

- Ce ne sont pas ces quelques secondes de rêverie qui vont changer grand chose.

- Tu as pourtant une certaine réputation pour les explosions accidentelles en cours. A quoi sont-elles dues, à ton avis, si ce n'est à ton inattention ? Inattention dans le dosage, dans la force du feu, dans les durées. Avec toi, le choix est varié !

- Tu sais très bien que c'était avant que tu m'aides. Maintenant, ça va beaucoup mieux. J'avais eu une très bonne idée d'ailleurs en te demandant cet échange lors de notre retenue.

- A d'autres….

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"Messieurs, puisque votre coopération n'est bonne qu'à provoquer des catastrophes, je vous convie tous deux ce soir à vingt heure trente en ce même lieu. Vous nettoierez ensemble le résultat de votre mésentente. Et sans magie. Vous confierez votre baguette à Mr Piccot avant de venir. Vous récurerez chaudrons, murs et plafonds, enfin tout ce qui est souillé par votre maladresse. Dix points de moins à chacune de vos maisons ainsi que deux rouleaux de parchemin sur l'analyse de vos erreurs et les solutions pour y remédier. A me rendre la semaine prochaine .Allez, vous pouvez rejoindre vos condisciples pour le cours suivant."

C'était sur ces quelques mots que tout avait débuté.

Le professeur Slughorn, prétentieux professeur de potions d'après l'un de ses élèves, avait eu l'idée saugrenue d'associer un représentant de chaque maison pour former de nouveaux groupes. Les changements permettaient d'affiner les apprentissages selon ses dires. Foutre de troll, d'après Severus. Tout avait été combiné pour que cette fayote de Sang-de Bourbe, la Lily Evans puisse échapper aux ardeurs et aux hormones d'un Potter toujours aussi crétin avec elle. Pas qu'avec elle d'ailleurs ! Elle avait dû se plaindre au vieux Slugh à la fin du cours précédent. N'ayant rien à refuser à sa petite chouchoute, il avait permuté certains élèves. Evans avait été associée à Barnabus Cuffe, un des rares Serpentards fréquentables, même aux yeux de Severus. Favoritisme !

Mais quelle idée de lui adjoindre un des quatre fouteurs de merde de Gryffondor ! Certes, il avait échappé au pire. Nul ne sait lequel des deux aurait survécu si le prof avait eu la ridicule idée de l'associer à Potter ou à Black. Une chose est sûre, le cours de potions aurait davantage ressemblé à un cours de duel. Mais de là à se réjouir de devoir "collaborer" comme avait osé le prétendre ce prof avec Lupin !

Autant de chance que de voir un jour naître un syndicat pour aider les elfes de maison exploités !

Sur ces pensées réjouissantes et tout en grommelant, Severus avait tenté de passer le moins désagréablement possible l'heure et demie de cours commun obligatoire. Par chance, c'était un cours simple, non un double. C'était compter sans la maladresse de Lupin. Severus ne comprenait pas que ce dernier ait choisi l'étude des potions dans ses matières principales. Il y était si maladroit ! Il se demandait également comment il avait obtenu un résultat suffisant aux B.U.S.E. pour pouvoir intégrer cette classe. Slughorn n'avait pas pour habitude de s'encombrer de poids morts, surtout s'ils n'avaient ni renom, ni compte en banque. Ce qui, d'après la garde-robe de Lupin, devait être exactement son cas.

Il oubliait sciemment la sienne, qui était en tout point comparable. Peut-être apercevait-on un peu moins de reprises… Car personne n'était là pour les lui coudre. Mais au concours des robes élimées, le jury aurait eu bien du mal à les départager.

Toujours est-il que par manque de collaboration, chacun veillant scrupuleusement à éviter l'autre (surtout Severus), ce qui devait arriver arriva. La potion explosa. Severus eut beau tempêter, crier à l'injustice, à l'impossibilité flagrante de travailler avec ce connard, rien n'y fit. Retenue il devait y avoir, retenue il y eut.

A vingt heure trente donc, deux élèves se retrouvèrent devant la porte de leur classe de potions avec un entrain fort bien dissimulé. Remus prit l'initiative de frapper pour signaler leur présence sans demander l'avis de quiconque. Le professeur leur ouvrit, les laissant entrer. En apercevant sa tenue d'apparat, Severus pensa qu'ils échapperaient au moins à sa présence.

- Jeunes gens, une réunion de la plus grande importance m'attend. Vous allez donc rester seuls. Sachez qu'une fois sorti, la porte sera close par un puissant sort. Elle le restera jusqu'à mon retour prévu pour minuit. Je ne vous conseille pas de perdre votre temps à essayer de vous échapper. Récurez plutôt. Avez-vous remis votre baguette à Mr Picott comme je vous l'avais demandé ?

- Oui Monsieur, répondirent-ils d'une seule voix.

- Fort bien. A tout à l'heure donc.

La porte claqua sur lui, telle celle d'un tombeau. Le lieu était guère mieux éclairé. Seule une torche rougeoyait légèrement. Rapidement Lupin s'en saisit profitant des dernières braises pour embraser les autres.

- Alors Snape, on s'étripe ou on nettoie ? lança-t-il en voyant la lueur rien moins qu'avenante dans le regard du Serpentard.

- Une seule retenue en ta compagnie me suffit amplement. On nettoie d'abord, je t'étriperai une autre fois.

Un long silence succéda à ce bref échange. Seuls les bruits de frottements, de raclements, quelques grognements et même quelques grossièretés troublèrent le calme.

Tout à coup, comme un épouvantard sortant de son placard Remus se redressa, interrompant son travail pour s'adresser à Severus avec réserve.

- J'ai une idée.

- Voilà quelque chose de totalement nouveau ! J'aurais préféré que tu fasses fonctionner ce qu'il te reste de matière grise avant l'explosion. J'aurais évité ma première retenue de l'année.

- Commence pas. C'est juste une idée qui pourrait nous avancer tous les deux.

- Si c'est pour finir de récurer plus rapidement, je suis preneur. Même si je dois supporter encore ta compagnie jusqu'à minuit sans rien faire.

- Dis-moi, tu sembles avoir quelques difficultés en DCFM…

- Qu'est-ce que ça peut te faire ! Ça n'te regarde pas !

- … et moi j'en ai en potions, poursuivit tranquillement Remus. Par contre, je crois pouvoir dire que ton point fort est l'étude des potions et le mien justement les DCFM.

- Où veux-tu en venir Lupin ? Qu'est-ce que tu mijotes, toi et tes copains ?

- Tu dis toi-même qu'il vaut mieux que j'évite de faire mijoter quoi que ce soit : risque d'explosion.

- Mouaif, trop bien placé pour le savoir. Je ne vois pas où tu veux en venir. Quelle idée tordue vas-tu me sortir ?

- … et les sorts d'Apparition te posent toujours des problèmes, reprit imperturbablement Lupin. Même Peter y arrive mieux que toi. Et je ne parle pas de ton Patronus…

- Et toi ! A quand remonte ta dernière potion qui ne fut pas une erreur à l'état liquide ? S'il est un sort que l'on peut travailler sans réserve avec toi, c'est Evanesco ! Quand Slughorn nous donne à préparer des potions pour renouveler le stock de Mme Pomfresh, il n'a jamais conservé le contenu de ton chaudron. Trop risqué pour les malades.

Lupin prit le parti d'en rire. Snape avait tout à fait raison. Nul besoin d'aggraver leur état avec ses pitoyables remèdes, qui ne méritaient même pas ce nom. Il avait pourtant terriblement besoin d'apprendre à préparer les baumes les plus simples, ceux de cicatrisation entre autres. Il en avait une forte consommation personnelle. Mais ça, Snape n'avait nul besoin de le savoir.

- Snape, je te propose un marché. Donnant donnant. J'ai besoin d'aide pour apprendre à préparer correctement les potions. Tu as besoin d'aide pour maîtriser des sorts de défenses de niveau supérieur. Je t'aide. Tu m'aides. c'est pas plus compliqué que ça.

- Tu te fous de moi ! Il est où, le piège ?

- Le piège ? Quel piège ? C'est un arrangement parfaitement honnête.

- Depuis quand un Gryffondor se met-il à aider un Serpentard ? Et crois-tu qu'un Serpentard ait la moindre envie d'aider une raclure de Gryffondor telle que toi !

- Garde tes insultes. Si tu ne veux pas. Tant pis. Mais pense aux points que tes progrès auraient fait gagner à ta maison. Pense à tes résultats aux examens de fin d'année, ajouta-t-il voyant le rictus accueillant son premier argument.

Il avait fait mouche.

- Je ne vois pas comment cela serait possible. Si tu crois qu'on va te laisser faire.

- "On" ?

- Ouais, tes copains seront les premiers à se foutre de toi et de ton idée. Pourquoi ne demandes-tu pas leur aide, à eux plutôt qu'à moi ?

- J'y ai pensé mais aucun n'a pris Potions en matière principale. J'ai vraiment besoin de quelqu'un de compétent.

Severus fut flatté malgré lui par ces propos. D'autant plus qu'ils semblaient spontanées. Serait-il sincère ? Le doute commençait à se former dans son esprit.

- Et pourquoi n'as tu pas demandé à Evans ? Elle est presque aussi bonne que moi et elle est de ta maison. Vous êtes préfets tous les deux. Vous avez l'habitude de travailler ensemble.

- Pour avoir James sur le dos en permanence ? Dès qu'il le peut, il ne la lâche pas d'une semelle. Pas moyen de travailler tranquillement ensemble.

- Et pourquoi le ferait-il moins avec nous ?

Remus sursauta. Nous… Avec nous… Comme c'était étrange venant de la bouche de Snape… Mais il n'eut pas le temps de s'appesantir.

- Il n'est pas amoureux de toi que je sache. Il ne te colle pas en permanence non plus.

- Qui te dit qu'il nous laissera travailler en paix quand il saura ?

Encore ce "nous"…

- Mais qui te dit que je lui raconterai quoi que ce soit ?

- Comment ? Tu le ferais en cachette de tes copains ? Vous vous faites des cachotteries entre Maraudeurs ? Ce n'est plus à la vie à la mort entre vous ?

Il avait craché ce surnom avec dégoût en toisant son interlocuteur. Il masquait très bien son impatience. Pendant ce bref échange, il avait pris le temps de penser à tous les avantages possibles offerts par cette surprenante proposition. Si ce n'était pas une blague de mauvais goût de plus, que de bénéfices possibles ! Mais non, décidément non. Jusqu'à présent, les Maraudeurs s'étaient montrés incapables d'élaborer un canular aussi subtil. Et Lupin était de loin le moins insupportable du quatuor. D'ailleurs, depuis la rentrée scolaire, il n'avait pas eu à se plaindre de lui ; sans doute son statut de préfet lui donnait-il un peu de réserve. Il ne pouvait cependant pas en dire autant des trois autres : quelle plaie !

- La ferme Snape. Je ne te parle pas de ce que tu fais avec le frère de Sirius. Ne me parle pas de mes amis. Il n'est question que de travail. Ni plus, ni moins. Je ne leur en parlerai pas plus que tu n'iras t'en vanter auprès des autres Serpentards. Je me trompe ?

- Et tu la vois comment au juste, ton… entre aide ?

- Nous avons jusqu'à minuit pour décider de où, quand et comment. Si tu es d'accord sur le principe bien sûr.

- Ecoute-moi. Si jamais je découvre vous êtes en train de vous foutre de moi, tes p'tits copains et toi, je n'aurai pas trop de toute la fin de notre scolarité à Poudlard pour vous, pour TE le faire payer au centuple. Suis-je assez clair ?

- Parfaitement. Et quand je me tue à te répéter qu'il n'y a aucun piège, que c'est mon idée et que tu es le seul au courant, quels sont les mots que tu n'arrives pas à comprendre Snape ?

- Il reste moins d'une heure pour se mettre d'accord. Tu préfères continuer à me vanner ou nous cherchons des réponses à tes où, quand, comment ?

Encore ce "nous"…

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- PPFFUU tu auras beau dire, je vois bien que la préparation de la potion se passe bien. Dumbledore ne t'aurait jamais confié cette responsabilité s'il n'avait pas toute confiance en tes capacités. Je suis certain de ne rien risquer.

- Dumbledore, Dumbledore… Tu lui fais décidément bien confiance. Une confiance aveugle même. Mais ce n'est pas lui qui est à l'œuvre en ce moment. Cette absence de méfiance m'étonne. Depuis quand un Gryffondor pourrait-il croire un Serpentard ? Demande à tes copains et tu verras leur réaction ! Je me demande bien pourquoi tu me fais confiance.

Severus s'était tourné vers lui, le fixant intensément. Cette question l'intriguait au plus haut point. Certes, il n'avait pas dénoncé la condition de Remus. Certes, il avait accepté l'offre de Dumbledore. Mais il venait à s'interroger : était-ce là les seuls motifs de Lupin ?

Sous l'insistance du Serpentard, Remus se troubla. Il rougit légèrement et partit dans la contemplation effrénée du mélange en train de cuire.

- Tu crois que la couleur et la consistance sont bonnes ? questionna-t-il.

- Laisse-moi voir… Oui, meilleure que ta piètre tentative pour changer de sujet en tout cas. Lupin, pourquoi me fais-tu confiance ?

Il resta un long moment sans répondre, tournant minutieusement la potion, surveillant le feu comme si de rien n'était. Severus avait cessé de couper, trancher et l'observait, mains posées à plat sur le plan de travail, attendant patiemment. Quelle réponse apporter ? se demandait Remus. L'évidence ressemblait à une demi vérité. Tant de non dit se cachaient derrière. Il en avait l'intuition. Des doutes ? Oh, il en avait en pagaille ! Mais pas à propos de l'élève attendant, non. A propos de lui-même. Pour tout dire, il n'était plus très sûr de son propre jugement. Mais ça, pas question de le lui avouer. Severus ne pourrait jamais le comprendre… Remus ne se comprenait pas lui-même.

- Tu n'as rien dit aux autres, finit-il par articuler.

- Je n'avais pas le choix.

- A cause de Dumbledore ? Parce que tu lui avais promis ?

- Ouais…

- Pourquoi tu lui as promis ?

- Ça ne te regarde pas.

- Pas plus que toi la raison pour laquelle je te fais confiance. Je te crois parfaitement capable de respecter ta parole envers le directeur tout en t'arrangeant pour laisser, par mégarde, échapper l'information. De façon complètement fortuite bien entendu.

- Ne me donne pas des idées et ne détourne pas la conversation encore, même si cette fois la tentative est plus fine. Pourquoi me fais-tu confiance ?

- Je t'ai donné ma réponse.

- Un peu léger. Je suis certain qu'il y a une autre chose. Je le sens.

- Pour le flair, ce serait plutôt mon rayon que le tien. Mais tu es trop méfiant. C'est très simple : tu as gardé mon secret. De plus, j'accorde toujours ma confiance à mes amis.

- Je ne suis pas ton ami !

Une goutte de sang. Un simple sursaut avait suffi et Severus s'était légèrement entaillé. Remus regarda les marques rouges sur la table puis "son ami" occupé à sucer son index ; sans oublier de tourner encore et toujours la potion ! Quatre huit dans un sens, deux dans l'autre et un simple rond pour finir. Quatre huit dans un sens, deux yeux noirs qui lui reprochaient une maladresse et un simple rond dans une bouche. Rompre cette vision. Vite.

- Nous sommes presque les seuls en vacances à l'école, nous passons beaucoup de temps ensemble, nous nous aidons. Comme appelles-tu ce genre de relation sinon de l'amitié ? reprit Remus.

- Pas une passion torride en tout cas. Mais de là à parler d'amitié… Quant à moi, il m'en faut plus, affirma doctement le Serpentard en enduisant son entaille de baume cicatrisant trouvé sur l'étagère.

- Que veux-tu de plus ? L'amitié n'a pas besoin de grandes démonstrations ni de serments pour exister. Nul besoin de se couper et d'échanger nos sangs.

- Tu dis ça pour moi ? Ne te fous pas de moi. Je te rappelle que mon sang, tu as failli y goûter plutôt deux fois qu'une. L'amitié n'a pas besoin de grandes démonstrations ! On ne le croirait pas à vous voir, toi et ta bande d'idiots. Il n'y avait qu'à vous observer au bal d'Halloween. Comme si tu ne t'y étais pas payé ma tête… Belle leçon d'amitié ma foi. Belle trollerie mouais.

- Que veux-tu dire ? s'inquiéta Remus.

- Tu me crois naïf à ce point ? J'ai bien compris le message de ton déguisement, va.

- Mon déguisement ? Qu'est-ce qu'il avait ? James voulait à toute fin que nous prenions le thème de l'Egypte antique parce que Lily devait être en Osiris. Il était en pharaon, Peter en dieu Ra, Sirius en Anubis et moi en momie. Qu'est-ce que tu crois ?

Une fois de plus, Severus stoppa son travail délicat pour observer son "élève". Ses yeux ambrés semblaient refléter la plus parfaite innocence et ses joues rosissaient sous le contact visuel. Malgré son envie Severus ne put lire en lui. Il s'était détourné trop rapidement.

- Tes bandages. Aucune allusion ? Tu en es certain ? insista Snape.

- Allusion à quoi ?

Remus commençait à s'énerver. Après Severus et ses ordres, (coupe-moi cela comme ceci, touille cette potion comme cela) c'était le tour de Severus et ses devinettes : pourquoi me fais-tu confiance ? Et maintenant, pourquoi étais-tu déguisé ainsi ? Mais à quel jeu jouait-il ? Le magicament subissait sa hargne à coup de spatule.

- Eh doucement ! s'alarma Snape. Passe tes nerfs sur autre chose. Je n'ai pas travaillé dessus depuis deux après-midi entiers pour la voir gâchée par ta crise de nerfs.

- Je les passe sur quoi ? Ou sur qui ? Sur toi par exemple ? Très bonne idée. Allons-y. Dis-moi clairement ce que tu reproches à mon costume d'Halloween au lieu de jouer aux devinettes. Tu es encore moins clair que les instructions pour cette foutue potion !

- Ne me dis pas que ce n'était pas une allusion à l'état dans lequel tu m'avais mis à la dernière pleine lune ! Tu as vu ma tête à l'infirmerie, ou plutôt ce qu'on arrivait à apercevoir entre deux bandages Lupin ! Des bandages ! Tu te fous encore de ma gueule en disant que c'était le pur hasard !

Merde… fut la seule pensée un tant soit peu logique qui traversa le cerveau de Remus. Il n'y avait pas pensé, mais pas du tout ! A ce bal ils avaient rigolé tous les quatre du choix de Sirius qui aurait pu aussi bien lui convenir, du jeu de mots autour du déguisement de Peter, des prétentions de James, bref de tout sauf de Severus. Pas un seul instant. Et pourtant, on pouvait faire confiance à Sirius et à James pour ne pas louper une occasion de ridiculiser Snivelus.

Le Serpentard remarqua son désarroi. Ainsi que la spatule prête à couler dans le fond du chaudron, glissant lentement des doigts de Remus. En trois enjambées il se trouva au niveau de l'apprenti et attrapa l'ustensile au moment où il tombait des doigts de l'élève abasourdi. Pour y parvenir il se tenait contre le chaudron au risque de se brûler, contre Remus au risque de le toucher. Ce dernier déglutit difficilement.

- Ecoute-moi. C'était vraiment le pur hasard. Crois-moi.

Il ne pouvait pas lui expliquer les raisons de leur choix. Il aurait dévoilé leur condition d'Animagus non déclaré. Ses épaules s'affaissèrent en songeant aux conséquences de cette plaisanterie parfaitement innocente pour une fois. Il allait devoir faire une croix sur cette collaboration si laborieusement réinstaurée par le directeur. Faire une croix également sur la potion Tue-Loup… tout au moins, pour cette fois. Et dans l'espoir que Dumbledore puisse s'en procurer d'ici le mois prochain. . Il osa finalement se tourner vers Severus pour le dévisager, espérant deviner son état d'esprit. Mais à sa déception, il lui tournait le dos, regagnant son ouvrage. Ses épaules n'étaient guère démonstratives. Son être tout entier ne le fut pas davantage lorsqu'il saisit son couteau et reprit sa coupe. Un silence pesant s'abattit sur eux.

On n'entendait plus que les bloblotements dans le chaudron et le heurt de la lame sur la planche à découper. Réguliers, monotones.

Singulièrement, Severus initia la reprise du dialogue.

- Si tu as tellement confiance en moi, tu peux me répondre sans crainte.

Son ton était parfaitement neutre, ni froid, ni cynique. Sans chaleur non plus. Cette parfaite neutralité tracassait Remus. Il était conscient du danger. S'il ne répondait pas ou à côté, il perdait tout espoir auprès du Serpentard. S'il ébruitait certains faits, il détruisait à coup sûr son amitié naissante, mais il portait également un terrible préjudice à ses amis.

- J'essaierai, répondit-il sobrement, attendant sa question avec appréhension.

Cinq séquences de spatule plus tard, son appréhension se transformait en crainte. Severus le faisait mariner, lui aussi. Ce fut presque avec soulagement qu'il l'obtint finalement.

- Je ne m'explique toujours pas la mansuétude de Dumbledore envers Black. Renvoyé seulement une semaine ! Presque un cadeau pour plus d'un. Et pourtant, je ne suis pas idiot. J'ai bien vu sa réaction même s'il jouait au bravache. J'ai bien vu la tienne aussi lorsque le directeur me l'a annoncée à l'infirmerie.

- Que veux-tu savoir ?

Ses craintes étaient fondées. Severus voulait des informations qu'il ne pouvait dévoiler. Si le Serpentard avait donné sa parole au directeur, James, Peter et lui l'avait donné à leur ami. Ne pas ébruiter sa situation. Sirius ne voulait pas être plaint ; encore moins considéré comme un martyr. Les demi mots allaient décidément être la règle de ce dialogue.

- Tu as certainement remarqué qu'il a fait un détour par la case infirmerie à son retour.

- Je l'ai vaguement entendu dire.

- Ce que tu peux être de mauvaise foi ! Tous les élèves ne parlaient que de ça. Même ton ombre miniature a écopé d'une retenue pour avoir jeté un sort de Mutisme à Aubrey qui ne cessait de le harceler pour savoir ce qu'avait son frère.

- Je n'étais pas présent.

- Et tu étais sourd pendant cette période ? Et stupide en prime ?

- Lupin !

Si les rires saillaient dans la voix de Remus, Severus ne put lui, contenir sa colère.

- Lupin, reprit-il en tentant d'effacer la hargne dans sa voix, pour la dernière fois, quand vas-tu arrêter de te foutre de moi. Et de détourner par tous les moyens les questions que je te pose depuis le début. Tu prétends m'apprendre ce que sont l'amitié et la confiance. Au lieu d'en parler, mets-les en œuvre ou casse-toi.

Remus se mordillait la lèvre et avait le plus grand mal à poursuivre son inlassable touillage de potion sans commettre d'erreurs. Il y avait tant en jeu. Le regard étincelant de rage contenue, d'attente et… d'autre chose qu'il n'arrivait pas à définir ne lui facilitaient pas la tâche. Il se lança prudemment.

- Je ne sais pas ce que Regulus a pu te raconter, mais…

- Rien. Je ne lui ai jamais rien demandé… A lui.

- Pourtant vous êtes amis ?

- Je ne sais pas.

Severus semblait presque gêné de cet aveu. Pourquoi ? Voilà un sujet de plus de questionnement pour le Gryffondor. Il n'eut guère le temps de s'appesantir sur ce mystère. Snape avait repris l'offensive.

- Mais tu es encore en train de digresser.

- Normal, tu m'as interrompu. Donc, si Regulus ne t'a jamais parlé de sa famille, ce qui est très étonnant quand même, sache que tout n'est pas rose au pays des Black.

- Elle est bonne celle-là ! Rengaine tes blagues à deux noises et sois plus clair.

- Si Sirius a séjourné à l'infirmerie, et plus longtemps que toi, c'est parce que ses "chers" parents ont tenu à le punir à leur façon. Une…. certaine rancœur existe entre eux. Sa mère surtout. Elle avait quelques comptes à régler avec lui. Mais ne m'en demande pas davantage. Sirius a horreur de parler de ça. Et s'il apprenait que je suis en train d'en discuter avec toi… Si tu veux en savoir plus, il te faudra questionner Regulus. Il sera certainement ravi de te répondre.

- Lui ? Assurément. Un psymage est venu de Sainte Mangouste durant cette période. Etait-ce pour lui ?

- Tu disais que tu n'étais au courant de rien ! Sirius a refusé de le rencontrer. Revenons à la potion veux-tu ?

- Sommes-nous là pour autre chose Lupin ? Mais puisque tu veux en revenir à la potion, tu peux éteindre le feu et arrêter de la tourner. Tu aurais d'ailleurs pu cesser depuis dix minutes déjà.

- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ?

- J'étais sûr que de cette manière, tu resterais à moins d'un mètre du chaudron. Mais à propos de ce dernier, il va falloir songer à le transporter ailleurs.

- Pourquoi cela ?

- Pourquoi, pourquoi, toujours pourquoi ! railla Snape. Décidément, tu n'as que ce mot là à la bouche !

- Alors là, j'aurais tout entendu ! C'est vraiment digne d'un cracmol se foutant d'un moldu. Au passage, rien n'empêche sa seigneurie de m'indiquer les causes de ce déménagement culinaire.

- La potion Tue loup nécessite une surveillance régulière. De plus, dans la deuxième phase de sa préparation, il faut ajouter toutes les deux heures une pincée de poudre de pierre de lune suivie de quatre séquences à la spatule. Slughorn tient à récupérer sa salle de classe. Il doit y préparer les cours pour la reprise de lundi. Il faut que la potion soit prête pour toi vendredi après-midi au plus tard. Nous sommes mercredi. Il n'y a pas de temps à perdre. C'est bien ça ?

Remus ne se donna pas la peine de répondre. Son air renfrogné et triste à la fois parlait pour lui. La pleine lune aurait bien lieu dans la nuit de vendredi à samedi. Il n'aurait jamais été suffisamment rétabli pour retourner à l'école dans le Poudlard Express de dimanche. C'est pourquoi il avait dû décliner l'offre généreuse de la mère de son ami James. Elle était très accueillante mais de là à rajouter à la tribu un lycanthrope en pleine transformation ! L'hospitalité avait des limites. Celle de Poudlard avait l'avantage d'être équipée.

- Il faut donc un lieu où nous pourrons nous rendre toi comme moi sans être particulièrement remarqué par les deux autres, réfléchit-il à haute voix. Je serais étonné que tu acceptes mon invitation à séjourner chez les Gryffondors pas plus que tu ne désires faire entrer le loup dans la bergerie des Serpentard. Que dirais-tu de la salle de bain des préfets ? Ce n'est pas à côté mais suffisamment à l'écart également.

- Je fais comment pour y pénétrer ? Je ne suis pas préfet moi.

- Ne râle pas encore pour rien. Je te l'indiquerai…. la confiance, souviens-toi…. La confiance… Ça marche pour toi ?

- Non, ça lévite…..

D'un Locomotorbarda bien appliqué, Severus s'apprêtait à quitter le cachot, suivi par les ustensiles lévitant derrière lui, bien alignés.

SSlr.o.rlSSlr.o.rlSSlr.o.rlSSlr.o.rlSS

Les plops réguliers des gouttes s'échappant des robinets rythmaient les crépitements discrets du feu, doucement, hypnotiques, assoupissants. A tel point que Remus somnolait depuis plus d'une heure déjà. Il avait bien ajouté la pincée de poudre de pierre de lune, il avait méthodiquement mélangé comme Severus lui avait enseigné. Il avait préféré rester plus longtemps pour vérifier que la potion prenait bien la teinte légèrement plus soutenue dû à l'adjonction du dernier ingrédient. Mais c'était son deuxième "tour de garde" cette nuit. La tension de l'après-midi et celle de l'approche de la pleine lune étaient défavorables à sa vigilance. Il s'était appuyé contre le mur, avant de se laisser glisser vers le sol pour soulager la fatigue de ses jambes. C'est là que le sommeil l'avait cueilli.

En entrant, Severus découvrit un Lupin assis, jambes écartées, tête ballottant mollement sur l'épaule. Il s'approcha silencieusement, s'agenouilla après avoir vérifié que tout allait pour le mieux du côté du chaudron, et se pencha lentement vers lui.

- Lupin ! Debout ! La potion débordeeeeuuhh ! hurla-t-il à son oreille.

- QUOOOIIIIIII ?.?.?.?

Quel bond ! Jamais Remus n'aurait pensé être capable d'une telle détente ! Son loup sans doute, mais sa forme humaine, certes pas. Abasourdi quelques secondes, il secouait ses neurones en tout sens pour tenter de retrouver l'ordre et la logique des évènements depuis qu'il s'était assis. Il fut interrompu par un bruit affolant, ressemblant à s'y méprendre aux grincements d'une porte dont les gonds n'auraient pas été huilés depuis fort longtemps…. Mais une porte fantôme pensa-t-il à l'audition des ricanements produits. Ce son n'était en rien onirique. Pourtant le rêve se poursuivait. Severus riait ?.! Il voyait plus ou moins nettement son visage, les brumes du sommeil passant furtivement devant ses yeux, troublaient sa vue. Pourtant, aucun doute possible ; en juxtaposant sa vision et son audition, une seule solution s'offrait à lui : Severus était en train de rire. Que ce soit pour se foutre de lui n'avait aucune importance. Quelle… découverte ! Oui, découverte. Il doutait que nul autre n'ait eu, depuis son arrivée à Poudlard, le loisir de le contempler se laissant aller ainsi. Il était certainement le premier… Et cette vue, cette simple pensée l'emplirent de joie.

En voyant le sourire illuminer les yeux du Gryffondor, Severus se calma. Que lui-même se réjouisse de la situation était une chose, qu'il en rit en était une autre, toute nouvelle, mais qu'un Gryffondor y prenne plaisir, ça , non ! Son orgueil tout serpentard en prenait ombrage.

- Mais elle va très bien la potion, ronchonna Remus après avoir vérifié. Son ton manquait de conviction.

- Si on ne peut plus s'amuser… Tu as intérêt que la préparation soit correcte, Lupin. Mais de là à la surveiller en permanence, tu fais du zèle.

- Pas trop efficace les yeux fermés.

- Prends une douche pour te réveiller. Nous sommes dans une salle de bain après tout et certains robinets sont placés tellement en hauteur que l'eau doit former une cascade.

- Tu n'étais jamais venu ici avant ce soir ?

- Non, je ne suis pas préfet je te rappelle. Et "on" ne m'a pas fait cet honneur.

- Erreur rattrapée. La potion Tue-Loup vaut bien cette visite. En effet, ces robinets sont réservés à la préparation du bain moussant. Tu peux y ajouter le parfum que tu désires.

- Tu n'espères pas que je te remercie ! Parfum ? Pratique pour cacher tes odeurs animales ….

- Je serais ravi de t'envoyer une vanne bien ajustée mais, sans vouloir froisser ta susceptibilité, je crois que tu oublies la raison de ta visite. L'heure est en train de passer …Tic tac tic tac….

- Foutremerlin ! Commence à mélanger pendant que j'ajoute la pincée.

Remus ne prit pas le temps de s'étirer avant de se lever et de saisir la spatule. Il refusa d'écouter les crampes de ses membres endoloris au contact de la pierre froide et entreprit la séquence des huit et des ronds, toujours les mêmes. Mais ses muscles gourds rendaient ses mouvements maladroits.

Severus, occupé à saupoudrer délicatement la pierre de lune à la surface du liquide à ses côtés, grogna de sa maladresse.

- Bon sang, triple troll ! Pas comme ça ! Tu vas la faire tourner !

- Je croyais justement qu'il fallait TOURNER la spatule dans le chaudron Severus, rétorqua Remus ingénument.

- Il faut vraiment tout te montrer cent fois ! Je ne suis pas étonné qu'aucune maison n'ait voulu de toi hormis Gryffondor. Même pour Poufsouffle tu n'es pas assez bon. Seul Gryffondor pouvait t'accepter, déclara-t-il sans préciser pourquoi.

Mais Remus avait compris. Il connaissait le mépris du Serpentard pour cette maison. Il nota également qu'il avait omis de le reprendre sur l'usage abusif et non autorisé de son prénom. Mais ses pensées logiques s'interrompirent subitement.

Joignant le geste à la parole, Severus venait de se coller à lui afin de lui saisir les mains. La spatule était un modèle particulier : bois de bankirai provenant de la forêt la plus profonde de Malaisie, taillée les soirs sans lune uniquement, et ne mesurant pas moins de un yard zéro et un inch. Pas plus non plus. Il fallait la saisir à deux mains pour parvenir à la manipuler correctement.

C'est pourquoi les mains de Severus recouvrirent celles de Remus.
C'est pourquoi les mains de Severus annihilèrent toute pensée logique chez Remus.
C'est pourquoi ses joues prirent une délicate nuance rosée.
C'est pourquoi son cerveau ne put saisir le message que ses oreilles entendaient.
Message provenant de la bouche de Severus.
Bouche si proche de son oreille.
Oreille sentant le souffle de la bouche…

S'en fut trop.

D'un mouvement sec d'épaule, Remus se dégagea de cette promiscuité troublante. Beaucoup trop troublante. Dans sa précipitation, il en lâcha la spatule. Heureusement, avec un réflexe digne de l'attrapeur vedette de Poudlard, Severus la saisit à temps.

- Bordel ! Qu'est-ce qui se passe ! s'exclama le Gryffondor.

Il se troubla encore davantage comprenant qu'il venait d'exprimer à haute et intelligible voix sa pensée.

- J'allais justement te poser la question Lupin. Quel sombral te pique ?

Son ton était neutre, presque froid et ses traits inexpressifs n'apprirent rien à Remus qui s'était reculé pour l'observer sans être vu. Ses gestes presque mécaniques poursuivaient méticuleusement la fin de la dernière séquence. Il ne montrait aucun trouble, aucune émotion.

Le lycanthrope se passa la main sur la nuque, la massant furtivement. Il n'avait pas rêvé pourtant. Toute pensée logique ou sensée lui paraissait impossible quand il se souvenait de… ça. Il n'osait mettre un nom à cette scène. Ni à son trouble, ni à son émotion.

- Ça va Lupin ? Tu te sens bien ? Tu es pâle.

Severus s'était tourné vers lui. Rapidement, il se détourna pour poser la spatule sur le support réservé à cet effet. Il n'insista pas et s'assit au bord de la baignoire, plus justement désigné par bassin eu égard à sa taille. Il regarda longuement l'eau avant d'expliquer à Remus :

- J'ai relu les différents articles sur les effets de la potion. D'après les essais qui ont eu lieu, il semblerait qu'elle n'évite pas la transformation, ou très peu.

Seul un sombre grognement accueillit dans son dos cette nouvelle si peu réjouissante.

- Par contre, le lycanthrope semble garder une partie de son esprit, poursuivit-il.

- Que veux-tu dire ? l'interrompit Remus. Il s'asseyait non loin de lui, tout en gardant ses distances.

- Je veux dire que ton corps se transformera presque autant qu'avant, mais que tu devrais garder la maîtrise de tes pensées. Dans des conditions neutres.

- Des conditions neutres ?

- Exactement.

- Bon sang ! Sois plus clair, ne joue pas avec mes nerfs !

- Je ne joue pas Remus, je cherche mes mots.

Remus…. Il l'avait appelé Remus. Il l'avait appelé par son prénom… Il dut faire appel à toute sa volonté pour entendre la réponse de celui qui venait de l'appeler ainsi.

- … paraître que, mis face à des situations réflexes pour le loup comme l'odeur ou la vue du sang, l'esprit humain cède à nouveau la place à l'animal.

- Merde.

- Comme tu le dis. C'est pourquoi tu dois rester sous mesures de protection.

- Quelle délicatesse dans les termes ! Mesures de protection ! Tu veux dire enfermé comme une bête dans cette putain de Cabane pourrie !

- Non, Cabane Hurlante, pas Cabane pourrie…

- Crétin ! Je le sais ! C'est pas elle qui hurle ! C'est moi ! Tu ne sais pas ce que c'est toi, de te transformer ! Tu ne sais ce que c'est de sentir sa raison partir et ses os craquer ! Tu ne sais ce que sais de savoir que tu as des milliers de terminaisons nerveuses qui amènent toutes le même message dans ton cerveau : la douleur. Cette foutue, cette saloperie de douleur à hurler. Tu as tellement mal que tu voudrais sortir de ton propre corps. Tu as tellement mal que tu veux mourir. A chaque fois. Ma mémoire ne garde que l'empreinte de la douleur humaine. Pas celle du loup. Mon corps, lui, par contre… Tu as vu….

La plaisanterie de Severus n'avait pas obtenu l'attente désirée : détendre l'atmosphère. Bien au contraire. Remus avait craché les mots de son mal, celui qui l'habitait mois après mois, qui prenait possession de son corps, de son âme, de sa vie. Pourtant, il poursuivit son explication jusqu'au bout.

- J'ai également une deuxième mauvaise nouvelle à t'apporter.

- Vas-y. Au point où j'en suis…

- Comme ton esprit restera en grande partie humain, tu vas conserver tes sensations et tes souvenirs. Même ceux de la douleur. Désolé.

- Etre humain, c'est souffrir… Belle moralité ! grinça-t-il. Pourtant, je ne suis pas étonné. Tu n'aurais pas une petite nouvelle sympa pour changer ? Autre chose de gentiment positif.

- Si. Tu devrais moins te blesser. C'est le loup en toi qui cherchait à chasser sa souffrance à coups de griffes et de crocs. Tu garderas normalement un certain contrôle.

- Dans des conditions neutres.

- Oui, dans des conditions neutres que le directeur se fera un point d'honneur de te fournir. Tu le connais. Tu lui fais confiance.

- Merci de me le rappeler Severus. Et merci pour l'aide, la potion… même si tu y prends ton pied.

- Ya pas de quoi Re…Lupin. Tout le plaisir est pour moi.

Un rire éclatant comme un aboiement retentit.

- Je n'en doute pas une seconde ! expliqua Remus entre deux éclats. Mais dis-moi, continua-t-il en se calmant, tu comptes en faire ton métier plus tard, après Poudlard. Tu es vraiment doué dans cette matière.

- Il faut des diplômes d'études supérieures et trouver un Maître de Recherches pour compléter sa formation, articula Severus.

Remus avait nettement ressenti l'amertume de son ami. Il s'en étonna et prit le temps de tourner sa question afin de ne pas le blesser.

- Qu'est-ce qui pourrait contrecarrer de si beaux projets ? Tu es fait pour eux.

- Ta naïveté me ferait bien sourire Lupin, mais tu m'excuseras, j'ai les lèvres gercées.

- Ma naïveté ?

- Je crois que nous sommes logés à la même enseigne, répondit-il en le balayant du regard de haut en bas puis de bas en haut. As-tu des projets d'avenir Lupin ou es-tu, toi aussi, bloqué par les mêmes raisons que moi ?

- Des projets d'avenir ? Que la prochaine pleine lune se passe le moins mal possible. Quel autre projet veux-tu que j'ai ? Je ne crois pas que la lycanthropie soit un problème que nous ayons en commun.

- Non, c'est vrai. Je ne pensais pas à celui-là.

- Alors, quel est ton problème Severus ? Qu'est-ce qui t'empêche de poursuivre tes études ?

- Une des plus vieilles raisons du monde : l'argent. Ou plutôt son manque, pour ne pas dire son absence.

- Mais les bourses, ça existe ! Tu dois en avoir une pour être à Poudlard.

- L'école dispose de fonds réservés à cet usage. Les études supérieures un peu mais moins. Mais le Maître de Recherches, lui, en réclame pour te prendre comme disciple.

- C'est dégueulasse. Et tu ne peux pas en trouver un qui te prendrait pour ton talent ? Dumbledore ne pourrait pas en toucher deux mots à Slughorn par exemple ?

- Slughorn ? Cette baudruche gonflée d'air et de son importance ? Et tu appelles ça un Maître ? Dans peu de temps, j'en saurai autant que lui. Bientôt plus. Non.

- Alors, qu'est-ce qui te reste ?

- Etre l'obscur préparateur de quelconques potions dans le fond de l'échoppe d'un quelconque apothicaire ou charlatan. Et toi ?

- Moi ? Rien. Qui vois-tu embaucher un loup-garou ? Absent trois jours par mois. Mal foutu la semaine avant et celle après les pleines lunes. Hors service la moitié du temps.

- T'exagère à peine.

- A peine est juste. T'exagère est faux par contre.

- A ce point ?

- Presque.

- Merde.

- Comme tu dis mon vieux, comme tu dis.

- Ecoute-moi Lupin. Il n'y a pas de raisons : des améliorations peuvent être apportées à cette potion, te permettant d'avoir une vie presque normale.

- Ouais…. Même que c'est toi qui les trouveras quand tu seras devenu un grand chercheur dans ce domaine.

- Assez de trolleries pour ce soir Lupin, dit Severus en se levant. Tu restes si tu veux mais moi, je vais me coucher.

SSlr.o.rlSSlr.o.rlSSlr.o.rlSSlr.o.rlSS

(1) Et non ! aucune pensée salasse pour une fois….Et vous ?

Un chapitre "un peu" long…Mais je voulais tellement faire le tour du point de vue de Remus et de l'historique. J'ai même réduit la fin, supprimant le lendemain et l'entraînement autour du Patronus. C'est là que devait se passer le dialogue autour de leur avenir…Mais 2 à 5 pages de plus étaient à prévoir. Décidément beaucoup trop long… J'essaye d'avoir une chronologie d'un mois différent par chapitre. Donc, le prochain se déroulera durant le mois de décembre avec un peu plus d'actions, et l'arrivée d'un nouveau personnage. Comme c'est le quatrième thème, son titre est : Le bruit de la neige sous tes pas.

snape / lupin

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