Titre : Feeling Show
Auteur :
perlab Couple : Teddy/Victoire
Fandom : Harry Potter
Rating : K
Thème : #3 - Scandale
Mots : 2714
Chapitre : Second (
Chapitre 1)
Disclaimer : Les personnages appartiennent à J.K. Rowling
Elle marmonna un ‘bonne nuit’ avant de se diriger à pas rapide vers le Terrier. Jamais elle n’avait ressenti une telle honte. Comment avait-elle pu imaginer une seule seconde qu’il puisse l’embrasser ? Comment avait-elle pu l’espérer, alors qu’ils sortaient tous les deux avec quelqu’un ?
En repensant à David, Victoire eut un pincement au cœur. Comme tous les autres, David Troy était venu lui demander de sortir avec lui. Et comme pour la plupart de ceux qui étaient venus, la jeune femme avait accepté. Pourquoi ? Elle n’aurait su le dire, elle ne les connaissait pas, ne les aimait pas comme eux voulaient l’aimer, ne leur trouvait pas grand-chose d’attirant si ce n’était le physique. Pourtant, elle disait oui, passait quelques semaines, mois avec eux et rompait. Ils venaient, jouaient les princes charmant pendant un temps et repartaient. Ou plutôt, elle les chassait. Parce qu’elle se lassait de ces relations à sens unique. Jamais elle ne parvenait à éprouver quoi que ce soit pour eux.
Une fois enfermée dans sa chambre, Victoire se déshabilla à la pâle lueur d’une chandelle, enfila une chemise de nuit et s’allongea sur son lit, ses yeux rivés sur le plafond en bois ciré. Puis, tout devint flou et les larmes débordèrent, coulant sur le côté de sa tête et allant se perdre dans ses cheveux. Quelle idiote elle était ! Comment avait-elle pu ignorer à quel point elle appréciait Ted ? A quel point elle l’aimait ? Parce qu’elle l’aimait, et cette évidence la frappait de plein fouet en cette chaude soirée d’été.
Elle soupira, étouffant ses sanglots. Il semblait heureux avec sa petite-amie, Amanda. Alors elle ne pourrait rien tenter. Finalement, Victoire s’endormit après un temps qui lui parut infiniment long, les images de Teddy et sa petite-amie tournoyant dans sa tête comme pour la torturer.
Elle ouvrit la porte du compartiment et, après avoir constaté qu’il était vide, y entra, suivie de ses deux meilleures amies, Heather Grant et Mary Abercrombie. David, son petit-ami, lui avait promis de la rejoindre, il souhaitait d’abord passer un peu de temps avec ses camarades avant de se consacrer entièrement à elle. Victoire avait accepté, et utiliserait ce laps de temps pour trouver un moyen de le laisser tomber.
- Toi, commença Heather en sortant un livre de son sac, il y a quelque chose qui ne va pas.
Victoire ne répondit rien et maudit intérieurement la facilité de son amie à lire en elle. Mary abandonna la contemplation du paysage qui défilait derrière la fenêtre et posa un regard inquisiteur sur elle alors qu’elle soupirait d’agacement.
- J’en ai marre de David.
Mensonge. Bien entendu, David ne lui procurait aucun sentiment de bonheur, mais il n’était pas le premier et sûrement pas le dernier à sortir avec elle sans qu’elle ne ressente quoi que ce soit. Non, ce qui la gênait était évidemment Ted Lupin. Depuis cette nuit d’août où elle avait cru qu’il voulait l’embrasser, la jeune femme était frustrée et ne lui adressait presque pas la parole, ce qui ne semblait pas déranger son presque cousin, car il n’avait pas cherché à améliorer la situation entre eux.
Chaque fois qu’ils se saluaient de façon aussi froide, Victoire se demandait comment eux, les inséparables, comme les adultes les surnommaient depuis leur plus jeune âge, avaient pu devenir si distants.
- Ah enfin ! S’exclama Heather, l’air franchement soulagé. Il commençait à me taper sur les nerfs !
- Tu veux lui dire quand ? S’enquit Mary.
- Maintenant.
La réponse était sortie toute seule. Elle était presque surprise de s’entendre prononcer ce mot, mais, sautant sur l’occasion d’échapper aux questions de ses amies, Victoire se leva et sortit du compartiment pour rejoindre celui de son futur ex-petit-ami.
Elle traversa la moitié du train avant de trouver les amis de David. Pourtant, lorsqu’elle ouvrit la porte, celui qu’elle cherchait manquait à l’appel.
- Où est David ? demanda-t-elle froidement.
Les jeunes hommes en face d’elle lui montrèrent d’un regard à quel point ils étaient agacés par une telle suffisance, pourtant, aucun ne semblait enclin à la lui reprocher.
- Il est parti te rejoindre, annonça l’un d’eux.
Victoire ne s’attarda pas. Elle referma la porte d’un coup sec et continua dans le train. Peut-être était-il passé chez d’autres amis avant de venir la voir. Elle passa devant le compartiment dans lequel se trouvait Teddy et sa petite amie. Tous deux s’embrassaient amoureusement. Elle sentit les larmes picoter ses yeux bleus, mais détourna la tête et continua son chemin la tête haute.
Elle reconnut enfin les cheveux blonds cendrés de David et ouvrit la porte coulissante.
Victoire Weasley n’aimait pas son petit-ami. Il était gentil, quelque peu attentionné, mais ne lui procurait aucune sensation de bonheur, son estomac ne se contractait pas à l’idée de le voir, elle ne ressentait rien en l’embrassant, il n’était qu’une victime de plus de son indifférence.
Pourtant, le voir embrasser avec autant de fougue une autre fille, sans prendre vraiment la peine de se cacher, heurta la dignité de la jeune femme, et, avant même qu’ils aient pu se retourner, elle claqua la porte et se dirigea à l’avant du train d’un pas rapide, en colère.
En colère contre lui qui osait la tromper, aussi ouvertement et sans scrupules. En colère contre elle-même de ne pas l’avoir laissé tomber avant. En colère contre ces sentiments qui ne venaient pas.
Mais les larmes qui coulaient sur ses joues n’avaient rien à voir avec la colère. Non, son cœur hurlait de douleur depuis qu’elle avait vu Ted embrasser Amanda, et voir son propre petit-ami en embrasser une autre avait simplement réduit à néant ses efforts pour retenir sa tristesse. Les larmes, vicieuses, n’avaient attendu qu’un léger moment de faiblesse comme celui-ci pour forcer les barrières de sa fierté.
- Attends Victoire ! s’écria David. Ce n’est pas ce que tu crois !
En colère, elle sortit sa baguette et lui envoya un sortilège de Chauve-Furie. Un jour, elle remercierait sa tante Ginny de le lui avoir appris.
Elle continuait à marcher, passant de wagon en wagon, quand on lui attrapa le poignet. Pensant qu’il s’agissait encore de David, elle se retourna et fusilla le jeune homme qui se trouvait en face d’elle du regard, lui faisant par là-même comprendre à quel point elle était en colère, même s’il n’était pas réellement à l’origine de ses larmes.
- Vic, qu’est-ce que tu as ? demanda Teddy, surpris par son regard.
La jeune femme ouvrit la bouche pour s’excuser mais aucun son n’en sortit, et lorsqu’il la prit dans ses bras, elle éclata en sanglots. Comme si sa vie en dépendait, elle s’accrocha à sa chemise blanche et pleura tout son saoul dans les bras de celui qui, sans le savoir, la faisait souffrir comme jamais.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? s’enquit Ted en caressant ses cheveux.
- David.
Elle ne put rien dire d’autre, comme si son corps voulait l’empêcher de mentir. Sans un mot, Teddy embrassa le sommet de son crâne, la lâcha et s’éloigna en direction du compartiment de David Troy. Ses cheveux et ses yeux étaient rouge écarlate, et son poing serré sur sa baguette magique.
Au fond d’elle, la jeune femme aurait voulu l’arrêter, lui dire que David n’en valait pas la peine. Mais voir Teddy si en colère et aller se battre pour elle lui réchauffa le cœur et ses sanglots se firent moins insistants. Lorsqu’elle rejoignit son cousin, son ex-petit-ami se tenait par terre, le nez en sang, lançant un regard noir à son agresseur. Victoire passa devant lui sans s’arrêter et continua son chemin, bientôt suivie du jeune homme aux cheveux rouges.
- Je sais que ce n’est rien, mais au moins, il a compris qu’on ne s’en prend pas à ma cousine impunément, lui dit doucement Ted.
La jeune femme fit un effort colossal pour garder un visage neutre, mais l’emploi du mot cousine lui fit l’effet d’une douche froide. Evidemment, elle avait laissé ses rêves réapparaître quelques instants, mais la réalité venait de revenir au galop et elle fut comme frappée par sa propre bêtise.
- Merci.
Son ton avait été froid, mais le jeune homme ne le prit pas pour lui et lui sourit avant de lui ouvrir la porte de son compartiment. Heather et Mary levèrent les yeux et les écarquillèrent lorsqu’elles virent les larmes dans les yeux de leur amie.
- Je vous laisse entre filles, s’excusa Ted en fermant derrière lui.
Comme s’il avait fermé la porte menant à son cœur, Victoire pleura de plus belle dans les bras de ses amies, qui s’échangeaient des regards plus étonnés les uns que les autres.
Dans la haute tour des Serdaigle, Victoire regardait la pluie se déchaîner contre les carreaux de la fenêtre devant laquelle elle était assise depuis plus d’une heure. Le mois de novembre était maussade, à l’instar de son humeur. Alors qu’elle devrait commencer son devoir de potion à rendre le lendemain, elle avait passé son dimanche après-midi à regarder les gouttes d’eau tomber du ciel, comme s’il rendait toutes les larmes qu’elle-même avait versé au cours des deux derniers mois.
Depuis leur arrivée au château, Victoire Weasley et Teddy Lupin avaient semblé aussi proches qu’un Veracrasse et un Scroutt à Pétard, disait-on dans les couloirs.
Ce qui énervait le plus Victoire n’étaient pas les commérages et les murmures sur son passage, mais bien le fait que les élèves n’avaient pas tort. Jamais elle n’avait si peu parlé à son cousin préféré.
Et comme pendant l’été, celui-ci ne semblait pas dérangé par cet éloignement soudain, au contraire. Lorsqu’elle le voyait dans les couloirs ou dans la Grande Salle, Ted souriait, tenait la main de sa petite-amie, riant et plaisantant avec tous ses amis. Et Victoire faisait de même, pour ne pas lui montrer à quel point il lui faisait mal, à quel point il avait de l’influence sur elle.
Un soir, alors qu’elle passait dans un couloir, elle croisa une bande de Gryffondor, qui sourirent sur son passage. Elle ne dit rien et continua son chemin, mais l’une des filles l’interpella.
- Et Weasley, il parait que toi et Ted c’est fini, lança-t-elle sur un ton faussement atterré.
Son sang ne fit qu’un tour. Elle se retourna avec grâce et eut un sourire insolent.
- Ah bon ? Fit-elle, feignant l’ignorance. Qui t’a dit ça, Lisa ? L’un de tes petits-copains ? Oups, pardon, tu es encore vierge de tout baiser.
A ces mots, ladite Lisa perdit ses couleurs et lui lança un regard noir. Elle sortit sa baguette, mais l’insigne de préfet brillant sur la poitrine de Victoire sembla la dissuader de tenter quoi que ce soit.
- Si tu veux bien m’excuser, dit-elle alors en effectuant une courbette exagérée. J’ai des choses importantes à faire.
Et sur ces mots, elle tourna les talons et disparut au détour d’un couloir.
Depuis quand s’attaquait-elle aux points faibles des gens ? Victoire s’aspergea de l’eau sur le visage, faisant fi des pleurs de Mimi Geignarde, et se regarda dans le miroir. Elle se dégoûtait. Jamais elle n’avait été si vile avec quelqu’un, pas même quand on l’avait vraiment énervée. Elle utilisait sa baguette pour régler ses comptes, manière qu’elle trouvait plus loyale. Les mots pouvaient blesser beaucoup plus profondément que la plus profonde entaille causée par une baguette.
Elle inspira longuement et ravala ses larmes de colère, puis sortit des toilettes du deuxième étage et rejoignit le septième sans cérémonies.
Si quelqu’un lui avait demandé, alors qu’elle venait de se réveiller, comment Victoire Weasley jugeait sa situation émotionnelle, celle-ci aurait répondu que plus rien ne pourrait l’atteindre.
Mais c’était sans compter la dispute la plus désagréable qui allait l’opposer à Ted Lupin quelques heures plus tard.
La confrontation avec Lisa Hopkins de la veille était déjà stockée dans une petite partie de son esprit, alors qu’elle rédigeait son devoir de métamorphose, ce samedi matin de décembre.
- Victoire ! S’écria Teddy, au loin.
Elle leva la tête, gardant un visage neutre tandis que son cœur battait la chamade. Elle était contente qu’il vienne la voir, peut-être la situation allait-elle s’arranger. Du moins était-ce ce qu’elle pensa l’espace d’un instant. Quelque chose, dans la démarche du jeune homme, et dans la façon de l’appeler, la dérangeait cependant. Son visage semblait froid et crispé, il avait les poings serrés de colère, et il l’avait appelée Victoire. Pas Vic. Victoire.
Lorsqu’il arriva à hauteur de sa table, dans la salle de travail, elle put apercevoir avec horreur à quel point il semblait hors de lui.
- De quel droit est-ce que tu t’en prends à Lisa sans raison ? lança-t-il d’entrée.
Tous les élèves avaient arrêté d’écrire et écoutaient en faisant semblant de lire la page d’un livre, de chercher de l’inspiration sur le rebord d’une fenêtre ou une plume dans leur sac.
Victoire, quant à elle, hésitait entre rage et désespoir. Les amis de Ted s’en prenaient à elle dans un couloir et elle était celle à qui l’on faisait des reproches.
La colère l’emporta malgré le regard dégoûté que celui qu’elle aimait lui lançait, regard auquel elle n’avait jamais eu droit. Elle aurait dû se sentir anéantie, mais le temps qu’il avait passé à l’ignorer sans paraître triste la mit hors d’elle.
- Excuse-moi ? hurla-t-elle en se levant. Ce sont tes petits amis qui ont commencé à me chercher ! Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas pu me défendre !
- Tu appelles ça te défendre ? Lui demanda-t-il, les dents serrées. Elle a pleuré toute la soirée à cause de toi !
Une telle injustice de sa part lui fendait le cœur. Que croyait-il ? Qu’elle avait passé le reste de la soirée à s’amuser ? Elle aussi avait pleuré, lorsqu’elle s’était couchée. Elle pleurait d’ailleurs tous les soirs, mais ça, il s’en fichait !
- Oh, mince alors, que je suis désolée pour elle, dit-elle d’un ton faussement attendri. En fait, non je ne suis pas désolée du tout !
- Tu n’es qu’une peste pourrie gâtée ! Cracha-t-il alors.
Victoire n’en avait jamais reçu, mais il lui semblait bien qu’un coup de poignard dans le cœur provoquait une douleur semblable à celle qu’elle ressentait en cet instant.
- C’est ce que tu penses ? Demanda-t-elle d’une voix soudain plus calme.
- Oui, dit-il en détournant les yeux l’espace d’un instant.
- Tu es affreux, Ted, dit-elle.
Elle lui lança un regard écœuré, et le jeune homme fut un instant déstabilisé. Elle avait utilisé ces mots des centaines de fois, mais jamais il n’avait entendu ce dégoût dans sa voix. Jamais. Il se reprit, le sentiment d’injustice qu’il ressentait depuis l’été étant trop fort pour qu’il le mette de côté.
- Quoi, parce que tu penses que tu es une fille modèle ? dit-il en riant presque. T’es vraiment naïve, Victoire.
- C’est sûr, dit-elle dans un murmure.
Ted la regarda avec indifférence et elle soutint son regard, concentrant toute sa haine dans cet échange silencieux qui en disait plus long que tous les mots qu’ils avaient pu se lancer.
- Eh bien, voilà qui règle au moins une chose, dit-elle avec un petit rire. Les gens n’auront plus à murmurer que Teddy Lupin et Victoire Weasley ne se parlent plus. Ils pourront le crier haut et fort. Et ils pourront même ajouter une chose, tiens.
Teddy n’eut pas le temps de l’interroger du regard qu’elle le gifla. Il en fut déséquilibré et recula de quelques pas.
Le bruit de sa main contre la joue du jeune homme sembla encore résonner dans la pièce tandis que tous les élèves présents observaient la scène sans tenter de se cacher, la bouche formant un O parfait. Ted reprit contenance et se releva de toute sa hauteur, dominant sa cousine qui ne se laissa pas démonter. Elle voulut lui lancer un dernier regard plein de haine et de colère, mais tout ce que le jeune homme parvint à lire fut la tristesse, le chagrin immense, qui dévastait tout ce que Victoire Weasley avait bien pu être avant cette soirée d’août. Et il lui sembla que quelque chose en lui se cassait, alors qu’elle passait à côté de lui, sans un regard, ses cheveux blonds se balançant au rythme hypnotisant de sa démarche gracieuse. La porte claqua derrière elle, et il resta un moment immobile, la main sur sa joue sur laquelle étaient presque imprimés les doigts fins de sa cousine.