THÈME: n°13, liens.
TITRE: Les liens sacrés du mariage
AUTEUR:
styxxounetteFANDOM: Harry Potter
PAIRING: Hermione Granger & Théodore Nott
RATING: T
DISCLAIMER: Rien ne m’appartient, je ne fais que martyriser les personnages inventés par JKR pour les besoins de cette série de OS.
Théodore et Hermione avaient absolument tenu à ce que tout soit fait dans les règles de l’art: les traditions, c’était sacré. Leur entourage n’avait même pas cillé: ils savaient tous autant qu’ils étaient que le couple était très à cheval sur les protocoles. Il était donc logique de penser qu’il en serait de même pour leur mariage. Lorsqu’ils avaient reçu le carton d’invitation, ils avaient été perplexes. Jamais ils n’auraient pensé que ce couple là puisse perdurer dans le temps. Et puis, ce qui au départ était une simple amourette d’adolescents était devenu une relation sérieuse, et à présent, ils se disaient oui, pour le meilleur et pour le pire. La vérité, c’était que personne n’avait parié sur leur union prochaine. Une Gryffondor et un Serpentard, quelle drôle d’idée! Les préjugés avaient la vie dure, et ils n’y avaient pas échappé. Au fond, toute cette agitation les amusait. Ils étaient fiers de leur prouver à tous qu’entre eux, ça avait marché, et même plutôt bien.
Aujourd’hui, c’était le grand jour. Le jour J. Celui où elle sera enfin sienne. Lorsqu’elle y pensait, Hermione avait des papillons dans le ventre, et elle trépignait d’impatience. Elle ne tenait réellement plus en place, au grand dam de la maquilleuse et de la coiffeuse qui auraient aimé qu’elle se tienne un peu plus tranquille. Hermione s’impatientait. Il lui manquait un dernier élément à sa tenue. Le fameux something old, something new, something borrowed, something blue. Pour parfaire son apparence, elle avait besoin d’une touche de bleu, quelque chose de nouveau, quelque chose d‘emprunté, et enfin, quelque chose d‘ancien. Hermione n’avait rien qui puisse convenir, et elle commençait à perdre patience, quand soudain, un craquement sonore retentit. Jinx, l’elfe de maison des Nott, venait de transplaner dans la pièce où se trouvait Hermione.
-Maîtresse. Salua Jinx en s’inclinant bien bas. C’est le maître Théodore qui m’envoie. Il m’a demandé de vous offrir ceci.
Hermione s’approcha doucement de l’elfe, non sans lui adresser un sourire crispé. Elle lui prit gentiment la boîte des mains, et l’ouvrit délicatement. Elle étouffa une exclamation étonnée lorsqu’elle en vit le contenu. L’écrin contenait une somptueuse paire de boucles d’oreilles en argent, finement ciselées. L’artefact était de toute évidence ancien, il semblait avoir été transmis de génération en génération. Émue par la beauté des bijoux, Hermione se frotta la nuque nerveusement. Voilà donc l’accessoire ancien dont elle avait besoin. Le reste, elle l’avait. Sa bague de fiançailles trônait fièrement à son annulaire, c’était un unique diamant que Théodore lui avait offert lorsqu’il l’avait demandée en mariage. Le something blue, c’était une bague en argent ovale, sertie d’un lapis-lazuli. Sa robe de mariée était neuve, elle l’avait achetée exprès pour l’occasion, c’était son something new. Enfin, sa mère lui avait prêté le collier qu’elle avait porté le jour de son mariage, ce qui était l’élément parfait pour le something borrowed.
-Elles sont magnifiques. Murmura Hermione, en les mettant délicatement à ses oreilles.
-Elles vous vont à ravir, maîtresse. Approuva Jinx d’une voix larmoyante. Théodore me fait dire qu’elles ont appartenu à sa mère, Eléonore, à sa grand-mère Victoria, et à son arrière-grand-mère Elizabeth. Ces pièces ont été frappées au début du dix-neuvième siècle par un célèbre orfèvre français. Et toutes les femmes qui se sont appelées Nott les ont portées lors des grandes occasions, et le mariage de la maîtresse Hermione est une grande occasion!
-Merci beaucoup, Jinx. Le remercia Hermione, les larmes aux yeux, alors qu’elle se tournait et se retournait devant le grand miroir, pour mieux admirer ses atours.
-La maîtresse a remercié Jinx. S’étonna l’elfe, qui n’en revenait toujours pas. Jinx n’en mérite pas autant! C’est le devoir de Jinx de vous servir, maîtresse.
Hermione ne trouva rien à répondre, et se contenta de hocher la tête, légèrement émue. Normalement, le something old devait être un bijou appartenant à la famille de la mariée, mais Hermione n’avait rien de tel. Théodore avait apparemment trouvé la solution. Il lui avait fait parvenir un bijou qui était dans sa famille depuis des siècles, et c’était d’autant plus symbolique qu’il marquait l’acceptation de la jeune femme dans la noble lignée des Nott. Ayant donc compris l’aspect symbolique de ces boucles d’oreilles, Hermione était de toute évidence émue par cette petite attention et avait accepté le présent sans se faire prier.
-Jinx, va dire à mon futur époux que son cadeau m’a extrêmement touchée, et que je suis honorée de les porter.
-Tout de suite, maîtresse. Assura Jinx en disparaissant presque aussitôt.
Hermione soupira longuement, nouée par l’anxiété. Elle s’avança timidement vers le miroir, pour se regarder une dernière fois. La maquilleuse et la coiffeuse étaient revenues à la charge, et achevaient de préparer la mariée. Pour la première fois de sa vie, Hermione se trouvait réellement belle. Elle remarqua que la maquilleuse n’avait pas rajouté grand-chose en guise de maquillage. C’étaient simplement des détails qui révélaient sa beauté naturelle. Son regard noisette était plus pétillant que jamais, et il était joliment mis en valeur par un fin trait de khôl, et un peu d’ombre à paupières. Ses joues un peu pâles avaient été délicatement poudrées de rose, et le contour de ses lèvres était mieux dessiné.
Elle était même étonnée par l’apparente douceur de ses cheveux. D’habitude, ils étaient toujours emmêlés et broussailleux, elle n’avait jamais le temps de s’en occuper correctement, et quand elle avait du temps libre, elle avait toujours mieux à faire que de perdre une matinée ou un après-midi à essayer de tout démêler. Pour autant, maintenant, ils étaient doux et soyeux, ses cheveux avaient été relevés en un chignon déstructuré d’où s’échappaient quelques mèches rebelles joliment bouclées. Elle avait le cou et la nuque bien dégagé, aussi le somptueux collier qu’elle portait était bien mis en évidence. Elle sourit doucement, tant elle avait du mal à croire que la beauté brune dans le miroir, c’était bien elle. Mais bon. Elle avait quand même le droit d’être belle le jour de son mariage.
-Ma chérie, tu es prête? Demanda la mère d’Hermione en s’approchant de sa fille.
-Un peu le trac, mais je pense que ça va. Répondit la jeune femme, en toute franchise.
-Mon dieu, tu es resplendissante, tu vas laisser ton mari sans voix! S’enthousiasma la dentiste en tournant autour d’elle. Je n’arrive toujours pas à y croire, ma petite Hermione…
-Maman, tu vas me faire pleurer. Soupira l’intéressée qui sentait ses yeux lui piquer.
-Je suis désolée. S’excusa-t-elle immédiatement. Mais tu comprends, l’émotion…nous avons vu ton mari dans le couloir, et il est très beau.
Hermione adressa un sourire gauche à sa mère. Malgré que la très respectable Jean Granger, âgée de 57 ans, était mariée depuis maintenant une trentaine d’années, Hermione la soupçonnait d’avoir un petit faible pour son futur époux. Oh, ce ne serait pas la première fois que ça arriverait, toutes les femmes d’âge mûr trouvaient Théodore absolument charmant. Hermione sourit plus franchement en pensant que dans quelques heures, il serait sien pour de bon. Hermione se souvenait d’une vieille dame que Théodore avait fait danser au mariage de Lavande et Seamus, quelques années plus tôt. La vieille dame s’était retrouvée une nouvelle jeunesse, et elle gloussait comme une adolescente lorsque Théodore racontait une histoire drôle ou lui faisait simplement un compliment.
-Je n’en doute pas. Répondit Hermione, perdue dans ses souvenirs. Il est toujours beau de toute manière. Tous les invités sont là?
-Il manque une partie des Weasley. L’informa sa mère. Ron, Ginny et George, je crois, sont déjà là. Les parents, ainsi que les aînés devraient arriver dans les prochaines minutes.
-Ron est là? S’écria Hermione, avec impatience. Je peux lui parler.
-Je te l’appelle tout de suite, chérie. La rassura sa mère, avant de se pencher pour lui embrasser doucement le front.
Puis, Mrs Granger disparut dans le couloir, non sans refermer la porte derrière elle. Une fois seule, Hermione recommença à faire les cent pas, rongée par l’impatience et l’anxiété. Ce matin là, elle s’était réveillée totalement euphorique malgré une nuit agitée. Les heures jusqu’à la cérémonie lui avaient paru très longues, et à présent qu’elle angoissait, le temps filait incroyablement vite. La cérémonie approchait dangereusement. Non pas qu’elle voulait faire machine arrière, mais…c’était comme si elle se présentait à un examen, elle avait quand même un certain stress, et ce stress montait crescendo à mesure que les secondes passaient.
Hermione se retourna brutalement lorsqu’elle entendit toquer à la porte. Dans un froissement de tissu, Hermione se déplaça jusqu’à la porte, et alla ouvrir au visiteur. Elle sourit en reconnaissant la chevelure flamboyante de son ami, et s’écarta légèrement pour le laisser entrer. Ron resta à la regarder quelques instants, complètement interdit. Il finit par secouer la tête, et par embrasser son front.
-Tu es sublime, Mione. Lui assura-t-il, d’une voix légèrement rauque. Nott a de la chance.
-Tu ne l’appelles toujours pas par son prénom même après tout ce temps? Questionna Hermione, légèrement moqueuse.
-Même après tout ce temps, je ne m’habitue pas. Répondit Ron d’un ton bourru. Je n’arrive pas à croire que notre petite Mione va se marier. Miss-je-sais-tout, bon sang, c’est…wouah.
-Pas tant que ça. Répondit Hermione, légèrement gênée. J’ai beau être une Miss-je-sais-tout, j’ai aussi des rêves de petite fille…et porter une robe de princesse le jour de mon mariage en fait partie.
-Enfin, si tu te maries avec Nott juste pour la belle robe, ça ne va pas le faire non plus. Rit Ron, alors qu’Hermione rougissait légèrement.
-Mais non! Le rabroua Hermione en reprenant son sérieux. Je n’épouse pas Théodore juste pour la belle robe.
-Tu es sûre de ton choix? L’interrogea Ron, en plantant ses prunelles myosotis dans celles, plus ambrées de la jeune femme.
-Je n’ai jamais été aussi sûre de toute ma vie. Répondit Hermione, légèrement tendue. J’aime Théodore, et je veux devenir sa femme. Il était temps qu’on se marie, tous les deux. On a voulu prendre notre temps.
-Je sais. Acquiesça Ron, en souriant légèrement. Vous avez eu une histoire compliquée, mais tout est bien qui finit bien.
-Oh oui. Affirma Hermione, soudainement nostalgique, tout en posant une main tendre sur son ventre encore plat. Enfin, un peu de plus et je ne rentrais plus dans cette robe.
-Oh, arrête, tu n’es pas si grosse. La rabroua Ron alors qu’Hermione esquissait une moue offusquée.
-Je ne suis pas si grosse? Releva-t-elle en haussant un sourcil perplexe, alors que Ron rougissait jusqu’à la racine de ses cheveux cuivrés.
-C’est vrai que tu es énorme! Renchérit Ron, qui n’avait pas relevé la gaffe qu’il venait de faire. Tu pourrais concurrencer Millicent Bulstrode et…
-Je ne te parlais pas de ça! S’irrita Hermione en frottant une nouvelle fois sa nuque. J’essayais simplement de te dire que…
-Me dire quoi? Coupa Ron, inquiet. Tu es sûre que tout va bien?
-Oui, ça va. Mais promets moi de ne pas le répéter, c’est un secret que je vais te confier. Mon mari n’est même pas encore au courant. Enfin…J’attends un bébé, Ron.
-ce n’est pas vrai! S’écria Ron, enthousiaste, en serrant son amie dans ses bras tout en lui plantant deux gros baisers sur les joues. Par Merlin, Hermione! Mariée, enceinte, c’est à peine croyable! Par Merlin, je vais être parrain!
-Qui te dit que ce sera toi, le parrain? Souligna Hermione, parée de son adorable moue boudeuse.
-Parce que si ce n’était pas moi, je vois pas pourquoi tu me l’aurais dit en avant-première, et avant même que ton mari soit au courant. Mais par le caleçon sale de Merlin, Hermione, enceinte, c’est à peine croyable.
-J’ai trente et un ans au mois de Septembre, Ron. Soupira Hermione, attendrie devant les enfantillages de son meilleur ami.
-Oui mais tout de même! Qui l’eut cru, hein?
Hermione ne trouva rien à répondre, et pour cause, elle était retournée dans ses songes. Il était vrai que Théodore et elle avaient décidé de se marier sur le tard, après dix ans de vie commune. Hermione se souvenait parfaitement des circonstances de leurs retrouvailles. Hermione et Ron sont restés ensemble en tout et pour tout moins d’un an. Leur relation avait complètement capoté, parce qu’ils s’étaient aperçus qu’ils s’entendaient mieux en tant qu’amis plutôt qu’en tant que couple. Leur amitié avait un peu souffert de leur rupture, mais il ne leur a fallu que quelques mois pour qu’ils s’entendent de nouveau comme larrons en foire.
Hermione et Théodore s’étaient retrouvés au Ministère de la Magie, elle, au département de régulation et de contrôle des créatures magiques, et lui, au département des mystères. Elle luttait contre l’injustice et militait pour l’amélioration des conditions de vie des elfes de maison, et il était devenu langue-de-plomb. Ils s’étaient retrouvés par hasard dans l’ascenseur, et il l’avait invitée à déjeuner, pour rattraper le temps perdu. Ils avaient vingt ans à peine, Hermione n’avait eu personne depuis Ron, et s’était jetée à corps perdu dans le travail. Hermione et Théodore avaient mangé leur sandwich ensemble, et cette petite habitude s’était réitérée tous les midis, jusqu’à ce qu’un beau jour, soit près de deux mois après leurs retrouvailles, Théodore l’a invitée à dîner, dans un cadre un peu plus intime, un peu plus romantique. C’était ce soir là qu’ils avaient échangé leur premier baiser, et exactement un mois et demi plus tard, ils avaient fait l’amour, n’étant ni l’un ni l’autre du genre à coucher le premier soir.
Ce fut le début de leur histoire d’amour, qui dura dix ans, et qui allait durer encore. Dix ans pendant lesquels ni l’un ni l’autre ne ressentaient le besoin de se marier ou d’avoir des enfants, même si tous leurs amis de Poudlard étaient devenus des parents à leur tour. Les parents d’Hermione l’avaient un peu pressée, Mrs Granger désespérait d’être un jour grand-mère. Elle lui avait confié une fois son envie de pouponner à nouveau, et Hermione avait coupé court aux divagations de sa mère en disant qu’elle n’était pas encore prête pour un enfant, malgré les sollicitations de son petit-ami qui lui, n’était pas contre cette idée. Seulement, entre le moment où Théodore a émis le désir d’avoir des enfants, et celui ou elle tomba enfin enceinte, il s’était passé cinq ans. Elle ne faisait pas de soucis quant à la réaction de son mari, il ne faisait aucun doute qu’il allait être fou de joie, depuis tant qu’il en voulait…Cela dit, Hermione était légèrement anxieuse. Dans quelques mois, son ventre allait considérablement s’arrondir, elle allait avoir mal au cœur, des accès de libido, des envies bizarres, elle allait s’empiffrer et prendre des kilos superflus. Elle espérait simplement ne pas avoir le baby blues, comme ce fut le cas de Ginny qui avait passé sa première grossesse à déprimer, et ce, même encore longtemps après la naissance du bébé.
-c’est l’heure. Décréta Ron en regardant sa montre. Tu es prête?
-Quand il faut y aller, il faut y aller. Soupira Hermione en rajustant nerveusement sa coiffure, que la coiffeuse avait fixée d’un nuage de laque.
-ça va bien se passer, Mione. La rassura Ron en étreignant la future mariée, qui lui rendit son étreinte. Ça me fait mal de le dire, mais il est fou de toi, il ne t’abandonnera pas devant l’autel.
-Il peut toujours arriver une catastrophe, je ne suis pas encore arrivée à l’hôtel. Rit nerveusement Hermione, tout en s’emparant du bras de son ami, que ce dernier lui avait galamment tendu.
-Harry nous attend dehors. L’informa Ron, en lui adressant un petit clin d’œil.
Hermione hocha mécaniquement la tête, et se mordilla la lèvre inférieure. Aujourd’hui, Henry Granger aurait dû accompagner sa fille à l’autel. Seulement, il était décédé quelques mois auparavant, d’un accident de voiture. Henry avait dix ans de plus que Jane, il aurait dû avoir soixante sept ans aujourd’hui. Eux aussi, avaient eu Hermione sur le tard. Ils avaient préféré installer leur carrière avant, ce qui était tout à fait compréhensible, Hermione avait absolument voulu faire de même avant d’avoir un enfant. Ses yeux s’humidifièrent légèrement, alors qu’elle pensait à son père. En principe, c’était le père qui était censé conduire la mariée à l’autel. À défaut de père, c’était le frère, et si ce n’était pas le frère, c’était la personne la plus proche de la mariée. Elle aurait pu choisir Ron, oui mais voilà, étant donné ce qu’ils avaient vécu ensemble, il aurait été indélicat de lui proposer de l’amener à son futur mari, même si connaissant Ron, il n’aurait pas refusé, ne serait-ce que pour faire plaisir à son amie.
Alors, Hermione avait choisi Harry, qui était comme un frère pour elle. Le choix s’était imposé à elle comme une évidence. Harry avait râlé lorsqu’elle leur avait présenté son compagnon, mais il avait accepté sans ciller lorsqu’elle lui avait proposé de l’amener à l’autel, à la place de son père disparu. Ron avait quant à lui insisté pour être son témoin, il n’avait pas vraiment laissé le choix à la jeune femme. En fait, ce qui importait le plus à la jeune femme, c’était bien que ses meilleurs amis et sa famille soient présents à son mariage. Même les Weasley, qui étaient sa famille de substitution lorsqu’elle était dans le monde magique s’étaient tous déplacés au grand complet, et Percy était accompagné par sa petite-amie de longue date, Pénélope Deauclaire. George s’était permis d’ironiser sur la situation en disant qu’elle devait recevoir la médaille du mérite pour l’avoir supporté tout ce temps.
Enfin, Ginny, Katie Bell et Angelina Johnson étaient les demoiselles d’honneur. Toutes des Gryffondor, avait râlé Théodore. Hermione lui avait rappelé qu’il n’y avait personne côté Serpentard pour assister à son mariage. La mère de Théodore était décédée quand il était petit. Nott senior était enfermé à Azkaban pour les crimes qu’il a commis en tant que Mangemort. Pansy et Drago détestaient Hermione et pensaient que Théodore était un traître à son sang. Seul Blaise était venu, puisqu’il était le témoin de Théodore, ainsi que la famille du côté de sa mère, venus tout droit de France. Théodore n’était donc pas seul au monde, et même s’il n’appréciait pas les membres de la famille de sa mère, parce qu’ils étaient bien trop précieux, bien trop maniérés, c’était toujours mieux que rien. D’ailleurs, le jeune homme avait annoncé à sa future femme que ses grands parents maternels n’étaient pas très commodes, et qu’ils allaient probablement la regarder de travers parce qu’elle n’était ni noble, ni sang-pur, ce n’était qu’une roturière, mais bon, il l’avait rassurée en disant que les princes n’épousaient pas forcément les princesses. Hermione n’en était toujours pas convaincue. Mais qu’importe. Ce soir, elle était sienne.
-Tu es superbe, Mione. La complimenta Harry, alors qu’il étreignait à son tour son amie.
-Toi non plus tu n’es pas mal. Susurra-t-elle en le gratifiant d’un clin d’œil.
-Tu es prête? Lui demanda à son tour le Survivant, avec cette expression empreinte de gravité qui le caractérisait tant.
-Oui. Lui répondit-elle, placide, alors qu’elle enroulait son bras autour de celui qu’elle aimait comme un frère.
Harry lui renvoya un sourire plein d’encouragements, auquel elle répondit par un sourire filiforme, tant l’angoisse lui nouait les entrailles. Elle était très mal à l’aise avec ses escarpins couleur crème, mais bon, il fallait parfois souffrir pour être belle. Et puis, elle marchait vers son destin, ce n’était pas rien tout de même. Hermione n’en revenait toujours pas. Elle se mariait. Par le caleçon sale de Merlin, en effet! Hermione pouffa toute seule en repensant aux paroles de son ami. Elle s’en fichait de se faire passer pour une dingue, parce qu’elle était heureuse, tout simplement heureuse.
Le cœur d’Hermione bondit dans sa poitrine lorsqu’elle entendit la musique retentir. C’était une musique très douce, très romantique, qui transcendait les sentiments. Ginny lui fourra son bouquet entre les mains, et s’empara de sa traîne, tout comme Angelina et Katie. Hermione posa un pied sur le tapis rouge, qui s’élançait jusqu’à l’autel. Elle se tordit un pied à cause de ses chaussures trop hautes, mais elle se rétablit bien rapidement, et parvint à faire comme si de rien n’était. Il n’y avait qu’elle pour se casser la figure le jour de son mariage! C’était vraiment un comble, d’autant plus qu’elle n’était pas maladroite, d’habitude.
Un sourire tremblant accroché aux lèvres, Hermione s’avançait le long de l’allée, attirant les regards admiratifs des invités. Mrs Granger se tamponnait les yeux avec un mouchoir, Hagrid dépassait tout le monde de deux bons mètres et ils se mouchait bruyamment le nez dans un mouchoir qui avait la taille d’une nappe. Mrs Weasley s’était effondrée en larmes dans les bras de son mari, qui lui tapotait le dos bêtement, légèrement embarrassée. Blaise lui adressa un clin d’œil lubrique, auquel Hermione répondit par un sourire sincère. Hermione aperçut dans la foule une petite femme à l’air rêche, aux cheveux poivre sel, et toute fripée, comme un pruneau. En avisant l’homme qui l’accompagnait, lequel avait le crâne dégarni, des cheveux d’un blanc immaculé, une stature digne et fière, Hermione en déduisit que c’était les grands-parents de Théodore. Et eux, contrairement aux autres, ne faisaient même pas attention à elle. Ça commençait bien….
C’est là qu’elle le vit. Lui. Théodore. L’homme de sa vie. Celui qu’elle allait épouser après toutes ces années. Et bientôt, le père de ses enfants. Elle avait presque hâte que la cérémonie se termine pour être avec lui, en privé, non seulement pour consommer leur union, mais aussi pour lui annoncer l’heureuse nouvelle. Sa mère n’avait pas menti. Il était beau, quoique raide et guindé. Elle ne put s’empêcher de remarquer qu’il avait la même stature que son grand-père. Il était vêtu d’un costume à queue de pie noir, comme l’exigeait la tradition anglaise. Il portait en dessous un veston couleur crème, une chemise blanche et la cravate assortie au veston. Une rose blanche était épinglée sur la poche du costume. Hermione faillit en rester bouche bée. Il était tout simplement époustouflant. Et c’était lui, son mari. Il était sien. C’était presque trop beau pour être vrai.
Bientôt, elle prit place à ses côtés. Aussitôt, les doigts de Théodore vinrent se nouer au sien. Elle lui sourit timidement, alors qu’il la regardait avec gourmandise. Elle comprit alors qu’il la trouvait belle. Hermione se redressa, pour se donner plus fière allure. Harry avait rejoint Ginny après avoir embrassé la mariée sur le front, tout en lui souhaitant bonne chance. Il avait à présent Albus Severus dans les bras, tandis que James était dans les bras de Ginny. Hermione se força à inspirer profondément. En plus, Théodore allait sentir qu’elle avait les mains moites. Elle serra ses doigts plus forts. De sa main libre, elle vérifia que son voile était bien en place. Théodore dut s’apercevoir de son trouble puisqu’il s’était penché vers elle pour lui susurrer doucement à l’oreille:
-Tu es absolument parfaite.
Elle rougit sous le compliment, et songea que le blush sur ses joues était vraiment superflu en cet instant. Elle se tourna vers son presque mari et lui adressa un sourire radieux. Elle remarqua qu’il avait essayer de dompter ses cheveux bruns. Autrefois, il les portait courts et en bataille, à présent, ils étaient juste un peu plus longs, et il les avait ramenés en arrière. Elle adorait passer ses mains dans ses cheveux, et ébouriffer davantage ses mèches folles. Pour faire simple, elle aimait tout chez lui, même son fichu caractère.
-Nous sommes réunis en ce jour pour célébrer l’union d’Hermione Jean Granger et de Théodore Alexander d’Ancezune-Nott, annonça le mage en invitant tous les invités à s’asseoir.
Hermione avait arqué un sourcil en entendant le nom complet de Théodore. Elle l’avait toujours connu sous son patronyme qui avait été réduit au plus simple. Elle n’était pas sans ignorer qu’il avait comme deuxième prénom Alexander, qui était également le prénom de son père, et elle savait également que son grand-père s’appelait Philibert et sa grand-mère Marie-Antoinette. Mais par contre, elle ne savait pas d’où venait le deuxième élément de son nom de famille, d’Ancezune. Elle supposa que c’était le nom de sa mère, et elle n’était pas sans savoir que l’épouse d’un sang-pur prenait uniquement le nom de celui-ci, et ce sans exceptions. Autrement dit, il n’était pas toléré que l’épouse accole son nom à celui de son mari. Il en allait de même pour les enfants issus du mariage, qui en toute logique, portaient le même nom que les parents. Hermione, qui détestait ne pas savoir, se promit de lui poser la question à l’occasion.
Le prêtre commença la cérémonie. Il rappela l’importance des liens du mariage, et qu’ils étaient tous présents pour célébrer l’union des deux époux, qui voyait dès à présent leurs vies changer grâce à ce nouvel engagement. Puis, il conta aux mariés l’art du mariage, tout en continuant à insister sur l’importance d’un tel engagement, ce à quoi les futurs époux acquiescèrent. Le cœur d’Hermione se mettait à battre plus fort à mesure que le prêtre disait ces quelques mots. À présent, elle avait peur. C’était tellement solennel, tellement institutionnalisé, tellement impressionnant également. À ses côtés, Théodore partageait les mêmes impressions. Il fixait le mage sans ciller, et elle put voir sa pomme d’Adam remonter alors déglutissait. Elle allait être sa femme. Pour un peu, elle en aurait crié de joie, là, maintenant, tout de suite. Puis, le prêtre passa à l’étape des consentements:
-Théodore, vous avez choisi de prendre Hermione pour épouse. Promettez vous de l’aimer et de la respecter? D’être toujours honnête avec elle? Promettez vous de rester à ses côtés quoi que l’avenir vous réserve?
-Oui, je le promets. Répondit Théodore, solennel.
-Hermione, vous avez choisi de prendre Théodore pour époux. Promettez vous de l’aimer et de le respecter? D’être toujours honnête avec lui? Promettez vous de rester à ses côtés quoi que l’avenir vous réserve?
-Oui, je le promets. Répéta Hermione, tel un écho, alors que sa voix se nouait davantage.
-Promettez vous d’adapter vos vies personnelles respectives de manière à créer un environnement harmonieux qui favorisera l’épanouissement de votre relation?
-Oui, nous le promettons. Affirmèrent-ils, d’une seule et même voix.
-Vous, dit le prêtre en s’adressant à l’assemblée, leur accordez vous votre bénédiction et votre soutien en leur souhaitant une vie commune remplie de bonheur?
-Oui. Affirma l’assemblée en chœur.
Hermione sentait l’émotion lui étreindre la gorge. Elle se mordilla la lèvre inférieure, et elle avait lâché la main de son mari. Il s’agissait à présent de passer à l’étape suivante, qui était celle de l’échange des vœux. Le stress d’Hermione montra d’un cran. Elle avait écrit quelques lignes, mais elle craignait de ne pas être à la hauteur. C’était sobre. C’était concis. C’était efficace. Les autres n’avaient pas besoin de savoir les sentiments qui les habitaient, les déclarations d’amour en public, ce n’était pas pour eux, ce n’était pas eux. Alors, finalement, Hermione se tourna vers Théodore, et riva ses prunelles dans les siennes. Le prêtre l’invita à parler en premier. Il inspira un grand coup, et il se lança.
-Hermione. Je ne remercierai jamais assez ma mère de m’avoir élevé dans la tolérance et le respect de l’autre. À l’époque, peu avaient parié sur notre couple. Toi, tu étais une fière Gryffondor, et moi, j’étais un lâche Serpentard. Au départ, tout semblait nous opposer, et pourtant…voilà où nous en sommes. À travers ces vœux, je voulais simplement te dire que je suis fier d’être ton mari, de t’avoir dans ma vie. Je pensais tout savoir, mais du haut de mon érudition, je ne savais pas grand-chose. Je ne savais pas ce qu’était l’amour, et ça, c’est toi qui me l’a appris. Les raisons qui font que je t’aime sont longues et il serait fastidieux que je les énumère toutes. À mes yeux, elles sont évidentes et c’est tout ce qui compte. Je veux simplement que tu saches à quel point je t’aime, à quel point tu es importante pour moi, je donnerais ma vie en échange de la tienne, mais le fait est que je ne peux pas vivre sans toi. Tu as illuminé ma vie, et rien que pour ça, je dois te dire merci. Moi, Théodore, je te prends toi, Hermione pour épouse, pour le meilleur et pour le pire; devant Merlin et devant nos familles et amis, je fais la promesse solennelle de t’aimer, de te chérir et de t’être fidèle dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, dans la joie comme dans la peine, jusqu’à ce que la mort nous sépare.
Hermione eut les larmes aux yeux en entendant son discours. Elle se détestait d’être aussi émotive, mais bon, elle avait des circonstances atténuantes, ses hormones de femme enceinte devaient y être pour quelque chose. Elle pinça les lèvres et inspira profondément pour se redonner une certaine consistance, et prononça à son tour ses veux.
-Théodore. Si je ne pouvais avoir qu’un regret, ce serait bien celui de ne pas t’avoir connu plus tôt. Chaque couple a son histoire, et la nôtre est sinueuse et mouvementée. Chaque jour qui passe, je mesure la force de notre amour, parce qu’il a su traverser les épreuves. Aujourd’hui, je reste intimement persuadée que si nous avons si bien réussi, c’est parce que notre couple s’est construit sur des bases solides. On s’est retrouvés à une époque où nous étions en train de nous reconstruire, et nous y sommes arrivés ensemble, et c’est précisément ce qui fait la force de notre amour. Tu es à mes yeux l’unique, celui que j’aime, et le futur père de mes enfants. Tu es essentiel à ma vie, sans toi, je ne suis plus rien. C’est grâce à toi que je trouve chaque jour la force d’avancer, et c’est également grâce à toi que j’ai foi en l’avenir. Pendant ces dix ans de vie commune, j’ai appris à t’aimer, à t’adorer, à te maudire aussi. Tu as peut-être des défauts qui peuvent paraître horripilants, mais ils font partie d’un tout, d’un tout qui, comme tes qualités, font que je t’aime toi et pas un autre. C’est pourquoi, moi, Hermione, je te prends toi, Théodore pour époux, pour le meilleur et pour le pire; devant Dieu et devant nos familles et amis, je fais la promesse solennelle de t’aimer, de te chérir et de t’être fidèle dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, dans la joie comme dans la peine, jusqu’à ce que la mort nous sépare.
Ce fut James qui apporta les alliances. Hermione sourit en voyant ce petit bonhomme haut comme trois pommes. Il ressemblait beaucoup à Ginny, sauf qu’il avait les yeux marron. Elle ébouriffa tendrement les cheveux de son filleul. Quand elle voyait les enfants des autres, elle avait elle aussi envie d’en avoir un à elle, à chérir et à pouponner. Bientôt, réalisa-t-elle en exultant presque. Elle allait bientôt être mère. Elle ne pouvait pas être plus heureuse et comblée qu’en cet instant. Théodore s’empara de la première alliance, et la présentait à Hermione tout en prononçant les formules rituelles:
-Hermione, énonça Théodore, tout en glissant l’anneau autour de l’annulaire gauche de sa femme, je te donne cette alliance, symbole des vœux que nous avons prononcés aujourd’hui. Avec elle, je remets entre tes mains tout mon amour et tout mon respect, toutes mes joies et toutes mes peines afin de t’honorer de tout mon être et de toute mon âme.
-Théodore, répéta Hermione tout en lui passant à son tour l’anneau, je te donne cette alliance, symbole des vœux que nous avons prononcés aujourd’hui. Avec elle, je remets entre tes mains tout mon amour et tout mon respect, toutes mes joies et toutes mes peines afin de t’honorer de tout mon être et de toute mon âme.
Il ne restait plus qu’une dernière étape avant que la cérémonie ne soit définitivement close, la plus importante d’entre toutes, celles qui différenciait les mariages sorciers des mariages moldus: le mélange des sangs. Le mage marieur présenta aux époux une coupelle en verre, et demanda à Théodore de présenter sa main. L’ancien Serpentard la tendit, paume levée vers le ciel. Hermione frémit en voyant le mage brandir un poignard et couper sa paume ouverte, engendrant un mince filet de sang. Théodore grimaça un peu, mais il referma son poing sur la blessure et la laissa goutter un peu au dessus de la coupelle. Puis, le mage créa la même entaille dans la paume d’Hermione. Elle repoussa sa robe sur le côté pour ne pas la tâcher. Enfin, le mage leur ordonna de tremper le bout de l’annulaire dans la coupelle.
Puis, le prêtre marmonna quelques formules en levant sa baguette. Le sang dans la coupelle se mit à tourbillonner légèrement, puis, soudainement, une lumière blanche, intense, jaillit du mélange ainsi formé, alors que le contenu de la coupelle diminuait à vue d’œil. Bientôt, il n’en resta rien, tout comme la blessure qu’ils avaient dans le creux de la main disparut également. À la place, une fine cicatrice blanche ornait leur annulaire. Au moment où la lumière blanche était apparue, Hermione avait senti une certaine puissance remonter depuis ses doigts jusqu’à chaque membre de son corps, elle se sentit envahie toute entière par l’amour que lui portait Théodore. Malheureusement, cette sensation fut fugace et ne dura même pas une seconde. Tout était rentré dans l’ordre à présent. Le mage reprit alors la parole.
- Hermione et Théodore, nous avons été témoins de votre promesse de partager votre vie dans le mariage. Nous reconnaissons et nous respectons l’engagement que vous avez pris aujourd’hui devant Merlin et devant chacun d’entre nous ici réunis. En tant que témoin de l’honnêteté et de la sincérité des promesses que vous avez prononcées aujourd’hui, je suis honoré et heureux de vous déclarer mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée.
Théodore ne se fit pas prier. Il prit sa femme par la taille, et l’approcha de lui, avant de s’emparer de ses lèvres sous les applaudissements du public. Hermione, radieuse, posa sa main sur l’épaule de son mari, et approfondit l’échange, heureuse d’être enfin sienne. Elle était Hermione Granger-Nott, et elle échangeait avec lui son premier baiser en tant que femme mariée, un baiser empli d’amour, de passion et de désir. Les deux époux se séparèrent enfin, avant de se tourner vers l’assemblée qui n’avait jamais cessé d’applaudir et de siffler. Les yeux d’Hermione pétillaient de bonheur, et ceux de Théodore reflétaient une certaine émotion.
-Viens. Dit-il en se tournant vers sa femme, je vais te présenter à mes grands-parents.
-Le protocole n’exige-t-il pas que tu me présentes ta famille avant de m’épouser? S’amusa-t-elle alors que Théodore l’entraînait déjà vers les siens.
-Attends, j’ai oublié quelque chose! S’écria-t-elle, en s’arrêtant brusquement.
Avant que Théodore n’ait pu répliquer quoi que ce soit, il vit Hermione lancer le bouquet à travers la foule. Le fameux lancer de bouquet. Celle qui l’attrapait était censée se marier dans l’année. Ce fut Parvati Patil qui l’attrapa, sous le regard confus de Dean. Hermione adressa à son ancienne camarade un clin d’œil, avant de se tourner vers sa belle famille. Elle rayonnait comme un soleil.
-Grand-père, Grand-Mère, annonça Théodore, en prenant délicatement Hermione par les épaules, je vous présente Hermione Granger, désormais Nott, ma femme. Hermione, je te présente mes grands parents, Monsieur le Marquis Philibert d’Ancezune et sa femme, Marie-Antoinette. Tu te rends compte, ma chérie, ils sont venus du Languedoc juste pour nous voir nous marier.
-C’est…merveilleux. Haleta Hermione, encore sous le choc de la révélation. C’est très aimable à vous de vous être déplacés, nous vous en sommes très reconnaissants.
-Je voulais voir la demoiselle qui allait m’enlever mon petit-fils. Se justifia l’aïeule, en regardant Hermione de haut en bas. Une roturière?
-Grand-mère. Soupira Théodore, en se retenant les yeux au ciel.
-C’est un joli brin de femme que tu nous présentes là. Intervint Philibert avec enthousiasme, sauvant ainsi la conversation qui tournait au fiasco. Avec un peu d’efforts, elle serait la parfaite marquise…
-Je vous demande pardon? S’étonna Hermione en se tournant vers Théodore, qui semblait embêté. Tu ne m’avais pas parlé de ça.
-Il ne vous en a pas parlé? S’enquit le vieil homme en fusillant son petit fils du regard. Je suis marquis. Le titre aurait dû revenir à ma chère Annabelle, mais elle est décédée avant d’en avoir hérité. Mon cher Théodore est donc le prochain à en hériter.
Marquis. Elle avait épousé le petit-fils d’un marquis. Hermione savait que Théodore bénéficiait de titres de noblesse, mais pas à ce point. C’était un vrai titre, transmissible de père en fils. Et Philibert parlait déjà de la sacrer marquise à son tour. C’était…absurde. Complètement absurde. Hermione ne faisait pas partie de ce monde là. Elle n’était qu’une roturière, comme l’avait souligné Marie-Antoinette. Elle ne pouvait pas…Tout à coup, elle ne se sentit pas très bien. Hermione se mordilla la lèvre inférieure, et cligna des paupières. Ses yeux s’humidifièrent. Elle allait pleurer. La panique allait la faire pleurer.
-Excusez moi. Intervint-elle, sous le regard interrogateur de Théodore. Je…Je vais aller prendre l’air, je ne me sens pas très bien.
Elle ne se savait pas si elle se sentait nauséeuse à cause de sa grossesse, ou bien à cause de ce qu’elle venait d’apprendre. Apparemment, Théodore avait pris le soin de lui cacher cette information. Elle ne comprenait pas. Elle ne voulait pas découvrir ça le jour de son mariage. Elle prit congé des d’Ancezune, avant de s’élancer dans l’allée, titubant sur ses hauts talons. Théodore comprit que ça n’allait pas, et il se précipita à sa suite.
-Hermione, attends. Dit-il en s’emparant du poignet de son épouse.
-Pourquoi tu ne m’as rien dit? Siffla-t-elle, les larmes aux yeux, blessée par ce mensonge par omission.
-Je pensais que ce n’étais pas important. Répondit-il, en prenant sa deuxième main et en la serrant tout doucement. Tu sais très bien quelles sont mes craintes, par rapport à mon sang, à mon rang. Je viens d’une très ancienne famille de sang-pur, tant du côté français que du côté anglais. Autant dire que depuis la guerre, nous sommes de plus en plus rares. Et souvent, des familles comme la mienne sont propriétaires de fortunes colossales, tu ne peux pas imaginer ce que ces sommes représentes. Et pendant des années, j’avais la hantise que les femmes s’intéressent davantage à cet aspect là de ma vie, plutôt qu’à moi, en tant que personne.
-Tu m’as testée? Balbutia-t-elle, sous le choc. Tu ne m’as rien dit parce qu’au fond, tu voulais t’assurer que je n’étais pas une de ces femmes vénales et intéressées?
-Tu n’es pas une femme vénale et intéressée. Dit-il calmement, en prenant son visage entre ses mains.
-Pourtant, reprit-elle d’une voix brisée, tu sais très bien que je t’aime pour ce que tu es, je t’aime toi, je me suis mariée avec toi…et…c’est ton enfant que je porte.
-Pardon? Balbutia Théodore à son tour, surpris par les paroles de sa femme.
-Oui, je suis enceinte d’un mois et demi. L’informa Hermione en se mordillant la lèvre inférieure. Et le fait que j’attendais maintenant pour t’en parler, alors que je le savais depuis longtemps…nous sommes quittes, sur ce point. Je…Pardon de m’être emportée…Je…Je sais que ce n’est pas une excuse, mais…je suis enceinte, alors…mes émotions foutent plus facilement le camp.
-Hermione…soupira Théodore, devant la mine déconfite de son épouse. Je te demande pardon de ne pas t’en avoir parlé. C’était stupide de ma part, d’autant plus que je sais très bien que tu ne veux pas de toutes ces fioritures. C’est à mon tour de te promettre que nous vivrons une vie simple, autant que faire se peut…Mais tout de même…Je vais être papa…ce n’est pas rien tout de même.
-Non, ce n’est pas rien. Acquiesça Hermione, timidement.
-C’est merveilleux. Dit-il en la serrant doucement dans ses bras. Je vais être papa, c’est formidable. Tu ne peux pas savoir à quel point je peux être heureux, là, maintenant, tout de suite.
-Au contraire, je pense en avoir une petite idée. Sourit-elle en enfouissant sa tête dans le creux de son épaule. Parce que c’Est-ce que je ressens aussi.