Thème: #24, bonne nuit.
AUTEUR:
styxxounetteTITRE: Blessures profondes.
FANDOM: Harry Potter.
PAIRING: Hermione Granger & Théodore Nott.
RATING: M. Ce n’est pas tant pour les scènes de sexe (il n’y en a pas réellement, dans ce OS, à dire vrai), mais c’est plutôt glauque et sanguinolent dans son genre, âmes sensibles s’abstenir.
DISCLAIMER: L’univers d’Harry Potter ainsi que les personnages appartiennent à la merveilleuse J. K. Rowling. Je ne fais que martyriser les personnages pour les besoins de cette série de OS.
Hermione déposa sa baguette magique sur la table de la cuisine, exténuée. Elle réprima un bâillement, et, telle un automate, elle se dirigea vers Mrs Weasley pour l’aider à faire la cuisine. Comme à tous les repas, la matriarche était débordée. Il fallait dire que ce n’était pas facile de préparer un repas pour un peu plus de trente personnes. En ce moment, il y avait foule au Square Grimmaurd. Bien sûr, il y avait les aurors habituels, qui faisaient une halte dans l’ancienne demeure des Black avant de retourner au combat. Puis, il y avait la famille Weasley au grand complet, Harry et Hermione inclus. Lavande Brown avait élu domicile ici depuis qu’elle était enceinte et ne cessait de râler quant au décor particulier des lieux. Selon ses dires, elle n’avait jamais rien vu de plus hideux de toute sa vie. Hermione, sans chercher à être sympathique avec elle, avait rétorqué que si elle n’était pas contente, elle pouvait partir. Lavande avait passer le quart d’heure à se plaindre, pour conclure qu’on ne mettait pas dehors une femme enceinte.
Hermione s’était réfugiée dans la cuisine pour fuir les babillages incessants de sa future belle-sœur. Ron avait vraiment décroché la timbale. En matière de potiche, il ne pouvait pas trouver mieux, Lavande excellait dans ce rôle. Avec elle, tous les a priori sur les blondes se vérifiaient. Lorsqu’elle entendit Hermione entrer, la matriarche se retourna et adressa à Hermione un sourire désolé, avant de retourner à ses fourneaux. À seulement dix-neuf ans, Hermione était déjà exténuée. Peut-être était-ce parce qu’elle vivait la guerre, ou parce qu’elle côtoyait la mort tous les jours, mais elle était extrêmement pessimiste. Elle désespérait de voir cette guerre s’achever un jour. Il en résultait une certaine aigreur et une agressivité qu’elle maîtrisait à grand peine. Son entourage en faisait les frais. Depuis qu’elle était cloîtrée au 12, Square Grimmaurd, Hermione s’était pris le bec plusieurs fois avec Ginny, avait insulté Ron de tous les noms d’oiseaux qu’elle connaissait, et elle s’était attaquée à Harry sans raison apparente, juste gratuitement. Et Lavande était devenue sa tête de turc par la force des choses.
Ce n’était pas de sa faute si Ron ne l’avait jamais vue comme une fille avec laquelle il pouvait sortir. Il avait toujours préféré les greluches comme Lavande, plutôt que les jeunes filles simples et naturelles comme Hermione. Hermione n’était qu’une encyclopédie sur pattes qui avait besoin de lire pour être heureuse, seulement lire. Pourtant, Hermione avait des envies, des besoins, comme toutes les jeunes filles. Être entourée de couples la laissait en état permanent de frustration, et elle vivait très mal son célibat, surtout lorsqu’elle voyait Harry et Ginny si mignons ensemble, qu’ils en étaient presque écœurants, et surtout, quand elle voyait que Ron allait être papa dans moins de trois mois.
Pourtant, Ron n’avait rien d’un père. Il était immature et irresponsable. Il ne pensait qu’à s’amuser, et prenait des risques inutiles lorsqu’il allait en mission. Il fonçait dans le tas sans réfléchir, telle la brute épaisse et bravache qu’il était devenu. Au fond, Hermione était fort heureuse de ne pas angoisser comme Lavande le faisait. Parce que Brown vivait dans l’angoisse constante de ne pas voir rentrer son petit ami à la maison. Mais c’était probablement parce qu’elle était enceinte que Lavande s’était découvert ce nouvel élan de possessivité.
-Tout va bien, ma chérie? Demanda Mrs Weasley, gaiement, alors qu’elle lançait la cuisson d’une sauce à la tomate, baguette à la main.
-Je suis juste fatiguée. Répondit Hermione en réprimant un nouveau bâillement.
-C’est vrai que tu as une petite mine. Approuva Molly en souriant avec tendresse. Tu ferais mieux de prendre une soirée pour te reposer. Ginny et Luna peuvent prendre le relais tu sais.
-C’est inutile, Madame Weasley. Coupa Hermione avec lassitude. Je veux aider. Il est de mon devoir de rester auprès des blessés. S’il y a bien quelque chose que je déteste, c’est de me sentir inutile.
Hermione se retint bien d’ajouter que Ginny préférerait passer la soirée en compagnie de son petit-ami plutôt que de se reposer pour pouvoir travailler plus efficacement. Hermione, elle, n’avait pas d’obligations de ce type, aussi pouvait-elle se permettre de rester au chevet des blessés autant de temps qu’il le faut. Résultat, elle était hideuse. Son manque de sommeil était évident et avait creusé ses traits jadis juvéniles, des cernes énormes soulignaient son regard chocolat. Elle ressemblait tout simplement à un cadavre. Hermione soupira, puis s’empara des assiettes pour aller les porter à table. Elle aurait pu utiliser sa baguette magique, mais elle n’en avait pas spécialement envie: tant qu’elle placerait les trente couverts, elle saurait quoi faire. Elle avait déjà placé la moitié des couverts qu’une clameur anormale attira son attention. Il régnait une forte agitation dans le hall de la vieille demeure des Black, et Hermione abandonna sa tâche pour aller voir ce dont il s’agissait.
Elle plaqua ses mains devant sa bouche en voyant que les Aurors étaient rentrés de mission, et apparemment en très mauvais état. Kingsley Shakebolt et Sturgis Podmore étaient revenus, avec Bill et Charlie Weasley. Les quatre hommes en portait un cinquième, encore plus amoché que les quatre autres. Charlie s’approcha d’Hermione, et lui tapota doucement l’épaule, en un geste empli d’affection.
-Nous avons un blessé pour toi. Dit-il avec gravité. Je suis désolé, c’est le gamin qui a tout pris. Les Mangemorts nous ont tendu une embuscade, on aurait dû savoir qu’ils nous attiraient droit dans un piège.
Hermione avait tressailli en entendant le gamin. La peur au ventre, Hermione s’était approchée du corps inerte, et manqua de crier en reconnaissant la personne que Kingsley était en train de porter. Il s’agissait d’un jeune homme de dix-neuf ans, tout comme elle, nouvelle recrue de l’Ordre du Phénix, férocement engagé dans le combat opposant le bien au mal. Il était inconscient, le sang maculait sa chemise claire et son visage, mais elle reconnaissait ses cheveux bruns ébouriffés, indomptables au possible.
-Théodore! S’écria-t-elle, en se précipitant vers son ami pour prendre son pouls, s’assurant qu’il était encore en vie.
Elle fut soulager de ressentir sous sa peau glacée les faibles pulsations, indiquant que Théodore avait peut-être la chance d’être sauvé. Il n’y avait pas une minute à perdre. Il fallait le soigner rapidement, sinon son pronostic vital allait être engagé. Et Hermione ne voulait pas perdre quelqu’un d’autre. Elle lâcha le poignet du jeune homme, qui pendouilla piteusement le long de son corps, puis elle s’adressa à Charlie avec gravité:
-Allez le monter à l’étage, j’arrive tout de suite.
Puis, sous le regard intrigué de Kingsley et de Podmore, Hermione avait filé comme une fusée dans la cuisine, pour aller chercher sa baguette magique là où elle l’avait laissée. Puis, Hermione traversa la pièce en sens inverse tout aussi rapidement, avant de monter à l’étage à la suite des deux hommes. Elle passa devant eux et poussa la première porte qui vint, qui était la chambre de Théodore. Elle rejeta les couvertures et invita les Aurors à déposer Théodore sur le matelas. Dans la chambre, Hermione s’affairait déjà à faire apparaître une bassine d’eau chaude et un linge blanc, puis, quelques onguents et autres cataplasmes, qui allaient être nécessaires aux premiers soins. Enfin, elle fit apparaître quelques variétés de bandages, ne sachant pas à l’avance lesquels seraient les plus appropriés, n’ayant aucune idée de l’ampleur des blessures de Théodore.
Kingsley et Podmore saluèrent Hermione et s’effacèrent, la laissant seule avec l’ancien Serpentard, qui n’avait toujours pas repris connaissance. Elle rougit en réalisant qu’il fallait déshabiller Théodore pour le soigner. Hermione hésita un instant, puis appela Ginny en renfort depuis la porte de la chambre. Sa rouquine de meilleure amie ne tarda pas à venir, et elle s’avançait déjà vers le lit, en fronçant les sourcils.
-Aide moi à le déshabiller. Haleta Hermione, alors qu’elle ouvrait déjà les boutons de sa chemise. Je ne vais pas pouvoir le déplacer toute seule. Et je ne peux pas utiliser un sort de lévitation parce que je ne connais pas encore l’ampleur de ses blessures.
Les deux jeunes filles soulevèrent le buste du jeune Nott, pour mieux lui enlever sa chemise tâchée de sang, tant et si bien qu’on ne pouvait plus distinguer sa couleur originelle. Une fois que la chemise fut enlevée, Hermione et Ginny s’attaquèrent au pantalon du jeune homme. Hermione rougit furieusement en enlevant la boucle de sa ceinture , le bouton de son pantalon et la braguette. Ginny tira sur le pantalon en même temps qu’Hermione, et Théodore se retrouva presque nu dans le lit. Hermione frissonna en réalisant que plusieurs blessures apparemment profondes lui lacéraient le corps.
-Tu crois qu’il va s’en sortir? Demanda Ginny, anxieusement.
-Je ne sais pas. Avoua la brunette en toute franchise, le cœur serré. S’il te plaît, tu peux aller voir messieurs Shakebolt et Podmore pour essayer de savoir ce qui s’est exactement passé? Je vais essayer de soigner ce que je peux en attendant.
Sur-ce, Hermione s’empara du linge blanc qu’elle avait fait apparaître, et de la bassine d’eau chaude. D’abord, il fallait nettoyer tout ce sang, pour y voir plus clair. Hermione trempa le linge dans la bassine, puis épongea doucement le front de Théodore. La peau d’albâtre du jeune homme apparaissait sous le rouge qui la maculait quelques instants auparavant, et Hermione put constater que son nez était cassé, que sa lèvre inférieure était fendue, et que son arcade sourcilière gauche s’était ouverte. Hormis ces trois blessures, son visage semblait être en bon état, si ce n’est que sa peau était couverte d’ecchymoses plus ou moins foncés. Le jeune homme avait dû être roué de coups.
-Episkey. Murmura-t-elle, doucement en pointant la baguette magique sur le nez de son ancien camarade, qui fut bientôt comme neuf.
À tout hasard, Hermione vérifia qu’il n’avait pas de traumatisme crânien. Elle fut soulagée de constater que tel n’était pas le cas. Il avait simplement les cheveux poisseux de sang, et certaines mèches avaient été collées à ses tempes et à son front en raison de l’importante quantité d’hémoglobine qui avait coulé. La jeune fille entreprit alors de nettoyer son cou, puis le haut de son torse. Elle s’efforçait de ne pas détailler la fine musculature du jeune homme, ni même les grains de beauté qui apparaissaient sur sa peau. Elle se concentrait plutôt sur les diverses coupures qui lacéraient son torse, sans importance. Mais n’empêche que son regard finissait par dévier sur le grain de beauté qu’il avait dans le cou et qui fascinait Hermione.
Son ventre allait être plus délicat à nettoyer. Elle n’avait pas besoin d’enlever tout ce sang pour comprendre qu’une vilaine blessure barrait son abdomen. Probablement un Sectumsempra, songea la jeune femme en frissonnant. Tout à coup, elle comprenait mieux pourquoi Charlie disait qu’il avait tout pris. C’était probablement cette blessure qui l’avait mis KO, combinée à son nez cassé. Elle plongea le linge tâché de sang dans la vasque, et elle essora le tissu, pour le désengorger de sang. L’eau se teinta de cette sinistre nuance écarlate. Une fois le linge relativement propre, elle en tamponna doucement la blessure de Théodore, pour en nettoyer le pourtour. Et effectivement, le sang coulait abondamment des chairs sectionnées, et il devenait urgent de soigner cette blessure, sinon le jeune homme allait se vider de son sang.
Alors qu’elle continuait à apposer le linge sur la blessure, elle entendit un sifflement de douleur. Intriguée, Hermione porta son attention sur le visage tuméfié de Théodore. Elle soupira, avant d’ébouriffer doucement ses cheveux en un geste maternel et réconfortant. Ce fut à ce moment là que le jeune homme ouvrit les yeux, ayant apparemment retrouvé connaissance. Leurs regards se croisèrent un instant, et Hermione pouvait voir la souffrance qui habitait le regard du jeune Nott. Prise d’une impulsion, elle se pencha pour embrasser doucement son épaule, et se promit de le soigner le plus rapidement possible.
Elle laissa le linge sur la plaie, et à la place, prit un bol en bois qui contenait un cataplasme fait à base d’essence de tentacules de Murlap, parfaites pour soigner les blessures. Hermione avait déjà eu recours à cette substance pour soigner Harry lorsqu’il avait été mis en retenue avec Ombrage. Théodore siffla alors qu’elle appliquait l’essence de Murlap sur ses plaies. Elle jeta un regard désolé à Théodore, et murmura:
-Désolée, j’aurais dû te prévenir que ça allait piquer.
-Ce n’est pas grave. Murmura-t-il d’une voix rauque, alors qu’il se cambra plus violemment sous l’effet d’un picotement plus puissant.
-Je vais devoir te préparer un pansement à partir d’essence de Murlap. Expliqua-t-elle. Je viendrai changer ton pansement toutes les heures. Ça risque de piquer un peu, mais c’est nécessaire pour bien cicatriser.
-Il faut cautériser la plaie. Lâcha Théodore, dans un souffle, en fermant ses yeux sombres. Je suis en train de me vider de mon sang, ce n’est pas du Murlap qu’il me faut.
-Il te faut quoi, alors? Demanda Hermione, sourcils froncés.
-Il faut brûler la plaie. Souffla l’ancien Serpentard, dans un râle de douleur. Au moyen-âge ils brûlaient les plaies au fer rouge pour les faire cicatriser plus vite. C’est peut-être barbare comme méthode, mais c’est encore efficace.
-Il n’en est pas question. Siffla Hermione, devenue livide. Je…je ne peux pas faire ça.
-S’il te plaît. Implora Théodore, en lui saisissant solidement le poignet.
-Comment…comment je suis censée faire ça? S’enquit-elle, dans un souffle.
-Prends une petite cuillère et passe la dans une flamme pour la chauffer à blanc. Tu l’appliqueras ensuite sur la blessure. Ça fait mal, mais ça arrêtera l’hémorragie. Après, tu vas pouvoir mettre dessus tes onguents si ça te plaît.
-Mais…protesta la jeune femme, effrayée par l’idée de lui faire du mal.
-C’est toujours comme ça que j’ai fait pour soigner mes blessures. Et crois-moi, c’est efficace.
La voix du Serpentard s’était éteinte alors qu’il avait prononcé ces quelques mots. Hermione se renfrogna. Elle ne connaissait pas meilleur remède que l’essence de tentacules de Murlap pour soigner les plaies, même les plus profondes. Le résultat était impeccable et ne laissait aucune cicatrice sur la peau. C’était ainsi qu’Hermione avait évité à Harry d’avoir je ne dois pas mentir gravés dans sa peau toute sa vie. Et Théodore voulait cautériser la plaie. En voyant le regard suppliant du Serpentard, Hermione comprit qu’il ne plaisantait pas.
-Accio cuillère. Maugréa-t-elle, en fusillant l’ancien Serpentard du regard. Quelle idée de recourir à des méthodes aussi archaïques!
-Tu peux me gronder autant que tu veux, riposta-t-il faiblement, le regard brillant d’intelligence, mais crois-moi, pour avoir reçu des Doloris pendant toute mon enfance, cautériser une simple plaie est une vraie promenade de santé.
Hermione baissa la tête, légèrement rougissante. Elle n’avait jamais voulu insister, et pourtant, Théodore venait d’avouer avoir été torturé pendant son enfance. Elle se mordilla la lèvre inférieure, gênée. Elle savait que Théodore ne voulait pas qu’elle éprouve une quelconque compassion à son égard, encore moins de la pitié. Au cours des années, Théodore s’était forgé une carapace, privé de son enfance, il avait été forcé de grandir bien trop tôt. Tous deux avaient à présent en commun d’avoir été brisés par Voldemort. Peut-être pas directement, mais tout ce qui leur arrivait était de sa faute. Hermione serra les dents, priant de toutes ses pauvres forces qu’Harry se sente rapidement prêt à affronter le Lord maléfique. Elle voulait qu’il venge leurs jeunesses bafouées, la mort de Fred, et ceux qui étaient tombés pendant la bataille de Poudlard. Hermione n’éprouvait aucune satisfaction à savoir Bellatrix morte et enterrée, même si elle n’avait eu que la monnaie de sa pièce. Hermione voulait tous les voir morts, même le père de Théodore, ce bourreau qui avait volé à son camarade son innocence. Théodore ne méritait pas ça, c’était quelqu’un de bien. De profondément bon. Le fait qu’il avait refusé de se joindre à Malefoy l’avait prouvé.
Théodore n’était pas de ceux qui suivaient les autres sans se poser de questions. Théodore était libre et indépendant, et il se battait pour le rester. Une fois, il avait expliqué à Hermione qu’il préférait être vu comme un traître plutôt que de mourir à genoux au nom d’idéaux absurdes, générés par un mégalomane qui avait déjà fait son temps. Les considérations de Théodore étaient sans doute d’ordre personnel, mais Théodore avait voulu participer à cette guerre en combattant dans leur camp, faisant de son père un ennemi.
Hermione se demandait parfois ce qu’il adviendra le jour où père et fils se trouveront face à face. Une fois, elle s’était risquée à poser la question à Théodore, mais celui-ci avait éludé la question d’un haussement d’épaules. Il ne préférait tout simplement ne pas y penser pour le moment, car prendre la vie d’un être humain était une décision difficile à prendre et à chaque meurtre commis, le criminel perdait toujours plus de son humanité, un peu à l’image de leur ennemi commun. Hermione soupira, et cessa de contempler le beau visage du jeune Nott. Elle s’empara de la petite cuillère, et la passa dans la flamme de la bougie. Elle contempla à nouveau Théodore, puis elle se risqua à objecter:
-ça risque d’être un peu long de chauffer la cuillère à blanc, surtout en utilisant la flamme d’une bougie. Tu ne veux pas en attendant que je te mette de l’essence de Murlap? Ça arrêterait au moins le saignement.
Hermione jeta un regard plus qu’éloquent au linge trempé de sang, qui avait encore besoin d’être nettoyé. Hermione se mordilla la lèvre inférieure, et rinça le linge dans la bassine, teintant davantage l’eau qu’elle contenait. Puis, Hermione roula en boule la serviette et l’appliqua sur la plaie béante, non sans faire grimacer Théodore au passage. Hermione lui adressa un regard d’excuse et prit sa main pour qu’il appuie lui-même sur le linge, en attendant que l’instrument de torture ne soit chauffé à blanc. Elle garda sa main par-dessus la sienne un moment, alors que son regard s’aventurait bien malgré elle sur le corps de son blessé.
Théodore avait toujours été grand, et plutôt gringalet, mais sa musculature restait quand même appréciable. Depuis Poudlard, il avait pratiqué le duel à un niveau intensif, et enseigné à certains membres de l’ordre du Phénix certains sorts de magie noire qui pouvaient être utiles dans la lutte contre Voldemort. Il s’était souvent opposé à Mrs Weasley à ce sujet, qui ne voulait pas que ses enfants pratiquent une telle forme de magie, mais à l’aide de quelques arguments persuasifs, et de son charisme certain, il avait réussi à la convaincre. Il s’était souvent entraîné avec Hermione quand ils n’avaient rien d’autre à faire, et ils avaient passé beaucoup de temps dans le grenier.
Hermione était forcée de le reconnaître, la tension sexuelle qu’il y avait entre eux était puissante et avait bien failli les pousser dans les bras de l’autre à plusieurs reprises. Ce désir qu’ils ressentaient l’un envers l’autre était né au cours de ces trop nombreuses séances d’entraînement, et l’un comme l’autre avaient dû faire preuve d’une maîtrise de soi assez impressionnante pour ne pas tout envoyer valser et se sauter dessus. Hermione ne se souvenait pas avoir ressenti autant de désir envers une personne, et le fait qu’il soit presque nu sous ses yeux n’y changeait rien. Plus elle constatait qu’il avait un beau corps, plus elle avait envie d’en croquer un morceau. Elle voulait que ce corps lui appartienne, apprécier le frottement de leurs peaux, sentir ses muscles rouler sous son épiderme. Elle le voulait contre elle, en elle, si c’était possible. Elle voulait assouvir ce désir puissant et impérieux qui enflammait ses sens et lui faisait presque mal.
Tout n’était que libido, elle le savait, et Théodore représentait pour elle la tentation ultime. Elle s’était déjà surprise à fantasmer sur lui. Il fallait dire que son esprit était également des plus remarquables, et intellectuellement parlant, il l’égalait presque. Pendant des heures, ils pouvaient parler de tout et de rien, et leurs conversations étaient presque toujours enflammées, chacun défendant son point de vue avec acharnement. Ils étaient extrêmement têtus, pour ne pas dire bornés, et ils ne savaient que trop bien qu’ils ne parviendraient pas à faire plier l’autre à leur volonté aussi facilement. La fierté les empêchait d’abdiquer sous aucun prétexte.
Indolemment, Hermione continua à regarder le torse sculpté de Théodore. Son regard glissa sur le tracé de ses pectoraux, et elle remarqua le grain de beauté indécemment sexy qui se situait juste sous le téton droit. Ce grain de beauté qu’elle avait envie d’embrasser, de caresser du bout de la langue. Elle se frotta furieusement la nuque, légèrement embarrassée. Elle se mordilla la lèvre inférieure, machinalement. Sa main était toujours placée au dessus de celle de Théodore. Et elle continuait à caresser du regard ses abdominaux bien définis, et suivit le fin duvet châtain clair qui courait de son nombril jusqu’à l’élastique de son boxer noir. Hermione s’interdit de regarder plus bas que la décence ne l’autorisait, sinon elle allait se consumer de désir. Théodore parut remarquer son trouble puisque son sourire en coin horripilant venait de s’inviter sur ses lèvres rosées.
-La vue te plaît? Demanda-t-il, avec une certaine nonchalance.
-Je…balbutia Hermione, dont les joues s’étaient colorées d’un beau rouge brique. Je…J’ai envie de t’embrasser. J’ai vraiment envie de t’embrasser, et si je ne le fais, pas, je vais devenir dingue.
-Fais donc. L’invita-t-il d’une voix devenue rauque sous l’effet du désir.
Hermione ne se fit pas prier. Elle s’était penchée au dessus de Théodore et s’était emparée des lèvres de l’ex-Serpentard avec avidité, sans lui laisser le temps de réagir. Ils gémirent de concert lorsque leurs lèvres se rencontrèrent, tant l’attente avait été douloureuse. Théodore glissa sa main sous l’opulente chevelure brune d’Hermione pour mieux la rapprocher de lui, alors qu’elle avait pris appui sur le lit, à bout de bras, pour ne pas frôler ses blessures encore fraîches et lui faire mal. La langue de Théodore caressait avidement le contour de sa bouche pour en quémander l’entrée. Hermione laissa échapper un gémissement alors que leurs deux langues se rencontraient enfin, pour entamer une danse endiablée et érotique. À mesure des mouvements que faisait la langue de Théodore dans sa bouche, elle sentait son désir monter crescendo. Si ça ne tenait qu’à elle, elle l’aurait violé sur ce lit, là, maintenant, tout de suite. Elle voulait qu’il la prenne, qu’il la possède, qu’il assouvisse ses pulsions.
Théodore s’était légèrement redressé, et avait passé ses mains meurtries sous le chandail d’Hermione, tricoté par Molly. Même si ce pull était clairement moche, elle était terriblement sexy là dedans. Et sans, elle le serait encore plus. Il se glissa sous la couche de vêtements pour venir caresser sa peau de nacre, qu’il a voulu toucher pendant si longtemps. Théodore réprima un grognement, avant de s’emparer du bas du pull et de tirer légèrement pour le lui enlever, en faisant attention de ne pas emmener ses boucles désordonnées au passage. Hermione se retrouva en t-shirt, à embrasser passionnément un Théodore presque nu. La main d’Hermione descendit le long de son torse, ses ongles effleurèrent doucement son nombril et vint caresser doucement son entrejambe, arrachant un gémissement rauque au jeune homme. Tout n’était que folie, déraison et passion.
-J’ai envie de toi. Souffla-t-il entre deux baisers, avant de reprendre ses lèvres de plus belle. Depuis tellement longtemps.
-Prends moi. Chuchota-t-elle, folle de désir. Fais de moi ce que tu veux. Mais avant, il faut qu’on te soigne. Tu ne peux pas rester dans cet état.
-Laisse tomber pour la cuillère, fais-moi ce pansement qu’on en finisse.
Hermione acquiesça, le regard brûlant de désir. Elle vira le linge imbibé de sang, et appliqua sur la blessure un cataplasme fait à partir d’essence de Murlap. Docile, Théodore se laissait faire, tout en caressant le bas de son dos pour attiser l’envie. Une fois qu’elle eut appliqué une couche généreuse d’onguent, Hermione plaça dessus quelques compresses en vue de faire un pansement. Puis, elle enroula un bandage autour de la taille de Théodore, pour maintenir le tout en place. Théodore se laissa dorloter par son infirmière personnelle, qui finit de nettoyer son corps de toute trace de sang. Bientôt, les blessures les plus bénignes furent soignées, seules les blessures plus graves avaient encore besoin d’être traitées à l’essence de Murlap. Mais Théodore était presque comme neuf. Avec une once de fierté, elle contemplait son œuvre.
-Quoi? Questionna Théodore, en se redressant sur ses coudes.
-Chut. L’intima-t-elle en posant ses lèvres sur les siennes, avec autant d’avidité que tout à l’heure.
Cette fois, ce fut Théodore qui coucha Hermione sur le lit, en prenant garde de ne pas se blesser davantage. Hermione écarta les cuisses dans un geste parfaitement érotique, lui permettant de se serrer davantage contre elle. Ses mains caressaient son dos avec fièvre, alors que les lèvres de Théodore goûtaient aux siennes avec voracité. Le baiser fut tout autant passionné que tout à l’heure, sinon davantage. Hermione et Théodore s’embrassaient comme si ce baiser était le dernier, leurs langues glissant l’une contre l’autre avec une habileté presque obscène. Théodore ne prit même pas la peine de déboutonner le chemisier d’Hermione, il tira sur les pans de tissu d’un geste sec et précis, faisant sauter les boutons au passage. La poitrine voluptueuse d’Hermione apparut alors, prisonnière de son écrin de dentelle noire.
Le regard fou, Théodore regarda Hermione. Il se pencha pour embrasser l’os fragile de la clavicule, et il n’attendit pas d’avoir ôté le soutien gorge de la jeune femme pour laisser sa bouche s’emparer d’un mamelon durci par le désir. Le tissu précieux s’humidifia, créant une sensation étrange, et pour le moins délectable. Hermione se cambra contre lui, offrant sa poitrine à son amant. Les doigts rugueux de Théodore glissaient sur sa peau, provoquant de délicieux frissons sur sa peau. Hermione gémit doucement à son oreille, nouant ses jambes autour de ses reins. Il reprit ses lèvres avec passion, ses doigts délaissant ses hanches pour venir jouer avec ses boucles brunes. Les mains d’Hermione glissaient dans son dos et dessinaient le contour ferme et défini de ses muscles, se repaissant de la peau brûlante de l’ancien Serpentard. Pour le moment, il ne faisait rien d’autre qu’échanger quelques baisers brûlants, laissant leurs bouches et leurs langues s’exprimer à leur place.
Quelqu’un derrière s’éclaircit la gorge. Presque aussitôt, les deux jeunes gens cessèrent de s’embrasser, pour tourner de concert la tête vers la source de ce bruit qui évidemment ne venait pas d’eux. Hermione se redressa brusquement en reconnaissant la chevelure rousse de Ginny, qui la toisait d’un regard sévère. À côté d’elle, Théodore se redressa également, mais il siffla de douleur. Il venait de faire un faux mouvement qui avait réveillé la blessure. Il se figea pendant un moment, le temps que le mal ne s’apaise. Hermione glissa vers son blessé un regard inquiet.
-Maman m’envoie pour te dire que l’on va bientôt dîner. Annonça Ginny, froidement.
-Elle a besoin d’aide pour mettre la table? S’enquit Hermione, d’une voix pâteuse, en commençant à chercher sa chemise, avant de se rappeler soudainement que Théodore avait presque arraché tous les boutons en la lui enlevant.
-Non, ça ira. Coupa la rousse, tout en jetant au couple un regard circonspect. On t’attend en bas d’ici cinq minutes, je vois que tu en as fini avec Théodore.
Justement non! Faillit rétorquer Hermione, mais elle se retint juste à temps, se contentant de froncer les sourcils sous l’effet de la frustration. Puis, elle se leva du lit, quittant à regret la chaleur du corps de Théodore, qu’elle espérait retrouver le plus rapidement possible. Hermione alla chercher une chemise appartenant à Théodore dans le placard, puis s’en vêtit, non sans en remonter soigneusement les manches. Si Théodore voulait la lui enlever, cette chemise, il allait devoir y aller délicatement. D’ailleurs, de son côté, le jeune homme essayait de se relever, mais Hermione l’en empêcha en le plaquant solidement au matelas.
-Non. Chuchota-t-elle, tout près de ses lèvres. Il vaut mieux que tu restes allongé pour le moment. Je te promets que je te rejoindrai aussi tôt que possible. Après, je serai toute à toi.
-Mais je vais bien! Protesta-t-il, en fronçant les sourcils, légèrement agacé.
-Non. Répéta-t-elle en posant ses lèvres sur les siennes, brûlantes. Tu es blessé, ce n’est pas pour gambader dans toute la maison.
Théodore bouda, mais Hermione resta inflexible. Cela étant, elle éprouva beaucoup de difficultés à le quitter. À la passion dévastatrice avait succédé la tendresse. Ginny dut attendre de longues minutes encore, le temps qu’ils cessent de se câliner et de s’embrasser amoureusement. Excédée, la rousse avait levé plusieurs fois les yeux au ciel, et l’impétueuse Ginny Weasley, impatiente comme jamais, commençait à taper du pied par terre, faisant résonner légèrement le plancher. Une fois que Théodore se fut docilement couché, promettant à Hermione de se reposer un peu, Hermione s’éloigna, rejoignant la rouquine qui quémandait visiblement quelques explications.
-Alors, toi et Théodore? L’agressa Ginny, en plissant les yeux. Si tu m’as envoyée chercher les deux autres, c’était bien parce que tu voulais rester seule avec lui, n’est-ce pas?
-peut-être. Concéda Hermione, en baissant les yeux, légèrement honteuse. Mais…je pense qu’il est trop prématuré de parler d’un nous, je ne sais même pas ce que nous sommes l’un pour l’autre. On n’est plus amis, on n’est même pas amants, je suppose que la situation s’éclaircira d’ici les prochains jours.
Hermione était ainsi, elle avait ce côté pragmatique foutrement agaçant. Elle n’était pas du genre à foncer tête baissée, elle faisait marcher sa tête plutôt que son cœur. Pire encore, elle préférait obéir à sa raison qu’à ses hormones. Jusqu’alors, elle avait été assez forte pour résister à la tentation. Elle n’avait pas laissé sa nymphomanie prendre le dessus. Et le pire, dans toute cette histoire, c’est qu’elle n’avait jamais désiré qui que ce soit avant lui, avec autant de force. Elle avait peur de toute cette passion, de cette avidité sans précédents, elle avait besoin d’un contact charnel, de se laisser emporter dans les affres de la luxure. Elle avait eu envie de lui, à un point inimaginable. Au fond, elle remerciait Ginny d’être intervenu. Tout était trop soudain, trop intense, et elle en avait peur.
-Je ne sais pas ce qui m’a pris. Geignit la jeune femme en se tordant les mains, alors que les deux filles descendaient les escaliers. Je…ça fait des jours que je brûle de lui sauter dessus. On a passé beaucoup de temps ensemble, à s’entraîner au duel. Il a parfois été odieux avec moi, mais…c’est à ce moment là que nous avons commencé à nous tourner autour. Et ça me fait peur, Ginny, tu comprends? Je…je ne me sens pas prête pour ça. Pas encore.
Hermione inspira profondément, pour tenter de se calmer et se redonner une certaine consistance. Ginny semblait réfléchir à plein régime, tentant d’assimiler ce qu’Hermione venait de lui dire. L’ancienne Gryffondor se mordilla la lèvre inférieure, légèrement gênée. Elle avait avoué à demi-mots qu’elle était toujours vierge, malgré les années passées. Il fallait dire que la guerre qui faisait des ravages au dehors ne lui laissait pas le temps de songer à l’amour. Ses amis avaient eu le temps. Pas elle. Elle était toujours la petite Miss-je-sais-tout, ce modèle de droiture et d’intégrité. Pour Ron et Harry, elle était toujours la bonne vieille copine asexuée. Pourtant, lorsqu’elle avait embrassé Théodore tout à l’heure, elle avait accueilli son baiser comme une délivrance. Elle avait senti sa peau s’embraser à son contact, elle s’était sentie brûler de l’intérieur. Elle avait eu envie d’assouvir ses pulsions, maintenant.
-Je pense comprendre. Lâcha finalement Ginny, en adressant à sa meilleure amie un petit sourire en coin. Je sais que je suis mal placée pour parler, mais tout ce que je peux te conseiller, c’est de ne rien faire que tu pourrais regretter. Honnêtement, je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’avoir Théodore Nott comme premier amant, surtout si entre vous c’est toujours aussi torride que ce que j’ai pu voir.
Ginny lui adressa un sourire espiègle, avant de s’avancer dans la salle à manger, là où tout le monde était attablé. Ginny fila rejoindre Harry, et ils s’embrassèrent tendrement, sous le regard attendri de la famille Weasley au grand complet. Molly idolâtrait Harry, et le voir avec sa fille cadette comblait la matriarche au plus haut point. Elle était tellement heureuse d’accueillir un nouveau membre dans la famille d’ici peu, et avait d’ores et déjà accepté Lavande en tant que belle-fille, au grand désespoir d’Hermione qui aurait préféré la voir mourir dans d’atroces souffrances. Et alors que tous se passaient les plats, en bavardant joyeusement, Hermione réalisa qu’elle était réellement seule. Elle n’avait pas sa place dans cette famille. Elle n’était même pas la belle-fille. Même Lavande avait plus de lien de parenté avec les Weasley qu’elle-même.
Hermione laissa échapper un soupir à fendre l’âme alors qu’elle en venait à penser à ses parents, exilés en Australie. Le plus difficile pour elle avait été de leur lancer un sort d’oubliettes, et de réaliser qu’ils ne se souvenaient même plus de son existence. D’ordinaire, Hermione essayait de ne pas trop y penser, mais ce soir, ses parents lui manquaient plus que jamais. Elle aurait aimé pouvoir parler de son problème avec sa mère. Jane aurait su quoi faire, et Jerry n’en aurait jamais rien su. Mère et fille avaient toujours été complices. Jane avait deviné toute seule qu’Hermione avait eu un faible pour Ron, et qu’il comptait bien plus à ses yeux qu’elle le prétendait. Et deux ans, lorsqu’on était loin de sa famille par la force des choses, c’était vraiment long. La gorge nouée, Hermione se leva précipitamment, sous le regard interloqué de l’assemblée.
-Pardonnez mon impolitesse, marmonna la jeune femme, alors que ses joues se coloraient insidieusement de rouge. Mais je n’ai vraiment pas faim, Mrs Weasley. Je…je ne me sens pas très bien, je crois que je vais aller me coucher.
-Voilà qui te fera le plus grand bien! S’exclama Molly Weasley avec enthousiasme. Tu es vraiment exténuée, ma chérie, tu as besoin d’une bonne nuit de sommeil.
Ginny manqua de s’étouffer avec le morceau de poulet qu’elle venait d’enfourner dans sa bouche. Harry, à côté d’elle, tapotait maladroitement son dos. Hermione leur adressa un timide bonsoir, et fila à l’étage, le cœur lourd. Une fois arrivée sur le palier, l’ancienne Gryffondor fondit en larmes, incapable de retenir ces traitresses plus longtemps. Elle avait tellement mal. Sa solitude la rongeait de l’intérieur, la lassitude tirait ses traits. Mrs Weasley avait raison: Hermione était exténuée. Seulement, personne ne semblait se rendre compte de l’état dans lequel elle était. Sauf peut-être…
-Hermione? Appela une voix douce, légèrement hésitante.
Hermione leva la tête, et s’essuya les yeux d’un geste rageur. Théodore Nott lui faisait face, légèrement déboussolé. Hermione le fusilla du regard. Elle lui avait pourtant dit de rester couché et ne rien faire de malheureux. Le regard meurtrier de la jeune fille ne le dissuada pas pour autant de s’approcher d’elle, à pas feutrés. Hermione le distinguait à peine dans la pénombre, mais elle reconnaissait son odeur légèrement musquée. Hermione adorait ce mélange de santal, de musc et de gingembre, qui, mêlés à sa fragrance naturelle constituaient le plus puissant des aphrodisiaques. Et en son for intérieur, Hermione avait décrété qu’il ne fallait pas être très sain d’esprit pour dire non à Théodore Nott. Cela étant, lui céder était une folie plus grande encore. Et Hermione, malgré tout, n’était pas encore prête à faire le saut de l’ange, aussi délicieux fût-il.
Elle ne protesta pas lorsque les bras de Théodore se refermèrent autour d’elle. Elle grogna légèrement, et se blottit un peu plus contre son torse. Il soupira doucement, et enfouit son visage dans son cou, ses boucles brunes lui chatouillant le bout du nez. Lentement, il se repaissait de son parfum, un parfum capiteux qui convenait davantage à une femme d’âge mûr qu’à une demoiselle âgée de dix-neuf ans à peine. Mais somme toute, cette odeur, c’était elle. C’était une odeur qu’il aimait. Et il aimait également le goût de sa peau.
-Quand Alphonse de Lamartine disait que quand un être nous manque, tout l’univers est dépeuplé, il avait bien raison. Murmura la jeune femme, d’une voix rauque.
-Ce sont tes parents, n’est-ce pas? Interrogea-t-il avec douceur, alors qu’il pressait ses lèvres dans ses cheveux.
-Oui. Hoqueta-t-elle en laissant échapper de nouveaux sanglots déchirants. Tu ne peux pas t’imaginer à quel point je peux me sentir seule, comme si je n’étais pas des leurs. C’est dans ces moments là que mes parents me manquent le plus, que je regrette de leur avoir jeté ce sort. J’ai mal en songeant à tout ce temps perdu qu’on ne pourra jamais rattraper, c’est comme autant de souvenirs en moins.
-Je…je peux l’envisager. Murmura-t-il, la voix légèrement rauque. Ce n’est peut-être pas comparable, mais moi aussi j’ai perdu quelqu’un. Et chaque jour qui passe, j’aurais aimé que…que ma mère reste à mes côtés, parce qu’au fond, je suis resté un enfant qui a peur de prendre les mauvaises décisions.
Il se tut, légèrement songeur. Depuis la salle à manger, les rires des autres leur parvenaient. Le cœur d’Hermione se serra à double tour. Non, elle n’appartenait pas à cette famille. Elle ne serait jamais des leurs. Et Théodore était comme elle. Il était un étranger, une pièce rapportée. Il traînait son passé comme d’autres traînaient leurs casseroles. Elle leva ses prunelles ambrées vers lui, en quête d’une réponse. Elle n’ignorait pas que Théodore était capable de voir les Sombrals. Mais maintenant, elle savait pourquoi. Et cette raison n’avait rien à voir avec la guerre qui se déchaînait au dehors, et qui apportait au quotidien son lot de victimes. Théodore, de ses pouces, essuyait doucement les larmes qui roulaient sur la peau d’albâtre de la jeune femme. Puis, il se pencha légèrement, pour capturer ses lèvres dans un tendre baiser, un baiser qui avait le goût de sel. Le goût des larmes d’Hermione.
-Et si on allait discuter dans ma chambre? Proposa-t-il, alors qu’elle reniflait piteusement, le bout du nez rougi. J’ai bien envie de te raconter mon histoire.
Hermione acquiesça en silence, et, lentement, elle retourna dans la chambre de Théodore, en compagnie de ce dernier. Le jeune homme s’allongea sur le lit, et elle fit de même, sans prendre le temps de se mettre en pyjama. Théodore rabattit la couette au dessus de leurs têtes, et se positionna face à elle, à une distance respectable. Hermione sourit à cette initiative, elle appréciait cette proximité avec lui, ce lien qui se tissait doucement entre eux. Et alors que Théodore commençait le récit de sa vie, tout comme elle avait raconté la sienne quelques soirées plus tôt, Hermione sut que, pour la première fois depuis des jours, elle allait passer une bonne nuit, parce que Théodore était là, parce qu’elle allait pouvoir profiter de ses bras. Ils allaient panser leur blessures, comme ils le faisaient si bien. Dans les bras de l’autre, ils guériraient, pour un petit laps de temps seulement.