Titre : Bataille de fleurs
Auteur : chibi_usagui
Couple : Milo x Camus
Fandom : Saint Seiya
Rating : PG
Thème n°11 : Fleur
Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi, mais à Masami KURUMADA
Note : Cross-posté sur Méli-mélo pour le défi " langage des fleurs ". Et en deux posts parce qu'il ne veut pas passer en une fois.
Bataille de fleurs (partie 1)
Milo patientait depuis une bonne demi-heure dans les environs du Temple des Gémeaux. C'était injuste, ruminait-il, amer. Ils avaient du temps libre pour jouer avant le repas du soir, et Camus traînait encore chez Saga au lieu de venir s'amuser avec lui.
Le gamin engloutît les dernières myrtilles sauvages complétant opportunément son maigre goûter de pain et de lait, et s’épanouit en voyant enfin son ami descendre prudemment les marches disjointes.
- Camuuuus ! le héla-t-il, radieux.
- Tu m’as attendu ? s’étonna Camus, à la fois content et gêné d’avoir laisser Milo faire le pied de grue si longtemps.
Milo remarqua alors l’énorme livre en grec que Camus trimballait.
" Le langage des fleurs ", déchiffra-t-il.
- C’est quoi, ce livre ?
- Saga me l'a donné.
Milo frotta ses genoux écorchés et plissa avec dégoût son petit museau barbouillé de jus de myrtilles. Encore un cadeau de ce Saga ! La réplique fusa avant qu'il n'ait eu le temps de la retourner sept fois dans sa bouche.
- Chouchou, va !
Le petit Français eût un bref instant de surprise, puis endossa instantanément une mimique de dédain offensé, et tourna le dos à son blessant camarade. Réalisant sa gaffe, le petit Grec se précipita à sa poursuite. Quel idiot il était, se reprocha-t-il. Les autres se moquaient assez de Camus, Shaka et Mü en les traitant de chouchous parce qu’ils étaient calmes, sages et studieux, et lui ne trouvait rien de mieux à faire que de les imiter…
- Camus, attends !
- Laisse-moi, marmotta l’autre, serrant le livre de toutes ses forces pour se raidir contre la voix suppliante du traître.
- Non, Camus, sois pas fâché ! Pardon, je n’le pensais pas !
Camus s’arrêta et laissa Milo le rejoindre.
- Pourquoi tu l'as dit, alors ?
Le futur Scorpion, ennuyé, se tira les boucles sales à deux mains.
- Je sais pas… j’étais fâché que tu restes si longtemps avec Saga… avoua-t-il honnêtement.
- Est-ce que je dis que tu es le chouchou de Kanon, moi ? le flagella à bon escient Camus, qui voyait souvent ces deux-là partir pour des aventures dangereuses, toujours illégales, et toujours se terminant mal.
- Tu me le prêtes, le livre ? tenta brusquement Milo.
Une idée baroque avait soudain fait irruption dans sa petite cervelle rapide à fabriquer des plans douteux.
Camus toisa un court instant son meilleur ami. La requête lui inspirait de l'étonnement, voire un brin de méfiance.
- Tu me demandes de te prêter un livre, Milo ? Un gros livre ?
Le petit Grec arbora un sourire chafouin, poussant toutes ses dents cariées - et les trous qui allaient avec - en avant.
- J'aime les fleurs !
- Ah d'accord, crut comprendre le jeune Français. Tu vas juste regarder les images. Il y a beaucoup de photographies de fleurs…
- C'est ça ! clama Milo, avec trop de vigueur approbatrice, ce qui inspirerait de la suspicion à quelqu'un de plus expérimenté, tels les jumeaux ou Aiolos.
Camus posa son doigt sur la page qu'il lisait, et secoua la tête.
- Je viens juste de le commencer ! Je te le prêterai après…
- Oh non, oh non, mon Camus ! se plaignit immédiatement son camarade, qui avait un talent remarquable pour prendre à volonté des yeux de cocker.
Bon, en même temps, un cocker aux prunelles si bleues… Le jeune Camus ne savait pas si cela était génétiquement possible.
Le futur Verseau eût un petit soupir ténu, et referma le livre. Il n'était pas arrivé plus loin que l'acanthe.
- Tiens, offrit-il avec résignation. Mais essaye de ne pas le salir avec tes mains collantes, de ne pas froisser les pages, de…
- Je ferai très attention ! clama l'autre, ravi d'avoir encore obtenu ce qu'il voulait, et si vite.
***
Camus ne devait jamais revoir la couleur de son livre, malgré ses réclamations de plus en plus grincheuses.
Le petit Français soupçonna que son camarade l'avait perdu, ce qui ne serait pas étonnant de sa part, et qu'il n'osait point lui avouer le crime. Car pour Camus, attenter aux livres était un crime.
Saga lui offrit un livre de botanique pour le consoler, lui glissant sournoisement au passage de ne plus le laisser dans des petites mains incultes, voire illettrées, fussent-elles celles de son meilleur ami.
Finalement le futur Verseau trouva avoir gagné au change : la science brute l'intéressait plus que les élucubrations superstitieuses sur un langage caché dans un bouquet floral. C'était un sujet bon pour Aphrodite et son apprentissage en culture de roses, ça.
Comme Milo était toujours un garnement outrancier dans ses démonstrations d'affections, ses serments d'amitié et ses manières protectrices, le jeune Français ne prêta pas attention à l'offrande de son premier bouquet de roses sauvages.
Il remercia et les mit dans un verre d'eau entre les lits jumeaux de leur chambre d'apprenti, ignorant que son camarade d'à peine sept ans avait déchiffré au hasard la veille : rose sauvage, je vous suivrai partout.
Jusqu'à leur départ pour leurs lieux d'entraînement, le verre serait orné suivant l'ordre alphabétique par l'inépuisable imagination du petit Grec qui ferait ainsi d'indéniables et rapides progrès en lecture.
L'abricotier pour l'amour timide, l'acanthe pour que rien ne les sépare, l'aster rose parce qu'il ne voyait que Camus, les campanules pour l'amitié, un iris mauve parce que comme dit dans le livre, les yeux bleu sombres et veloutés de Camus l'affolaient.
La nuit précédant le départ de Camus pour la Sibérie, ils échangeraient à neuf ans leur premier vrai baiser - baiser surpris et timide d’un côté, désespéré de l’autre - dans l’odeur discrète d’un bouquet de myosotis.
Ne m’oublie pas.
***