Titre : Rien qu'un baiser, chapitre 28
Auteur : Mokoshna
Couple : ZoroXSanji
Fandom : One Piece
Rating : M
Thème : 28. Médicament
Disclaimer : One Piece appartient à Eiichiro Oda. Je ne fais que reprendre ses personnages pour leur faire faire n'importe quoi.
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Chapitre 28 : Médicament
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Le monde était sombre et froid. Luffy fit la grimace en s'apercevant qu'il se retrouvait encore dans ce drôle d'endroit sinistre avec ces créatures invisibles qui vous grimpaient sur le corps sans demander votre avis. Néanmoins, il se souvint aussi que c'était le lieu où se trouvaient ses deux nouveaux amis, Oeil-de-Bois et Radoteuse.
- Youhou ! cria-t-il, les mains placées devant sa bouche en porte-voix. Radoteuse, Oeil-de-Bois ?
Un rire clair lui répondit ; celui de Sanji. Luffy se retourna brusquement et vit son ami qui avait surgi d'il ne savait où, son manteau se balançant au rythme d'un vent inexistant. Il était toujours aussi confiant et toujours aussi étranger aux yeux de Luffy.
- Je ne suis pas là pour me battre contre toi, fit-il d'une voix posée. Du moins, pas pour l'instant.
Le regard de Luffy se durcit. Son bras gauche sur son bras droit, ferme, nerveux ; il agita son poing pour s'échauffer, une expression déterminée sur le visage. Qu'il vienne donc, ce Sanji qui n'était pas Sanji, il lui apprendrait à renier ainsi tout ce qui avait fait de lui quelqu'un de bien !
- Dommage, parce que moi je dois te foutre la pire raclée de toute ta vie, Sanji !
Sanji ricana. Luffy remarqua qu'il évitait de croiser son regard ; était-ce par honte ou par mépris ? Quoi qu'il en soit, cela l'énerva. Ils étaient des amis et les mêmes membres d'un équipage, pourquoi devaient-ils se cacher des choses ? Pourquoi Sanji avait-il fait bande à part comme ça, alors qu'il avait des compagnons qui ne demandaient qu'à l'aider ?
- Et comment tu comptes faire ça, cap'taine ? fit Sanji en baissant les yeux.
C'en était trop. Le bras de Luffy s'étira d'un coup, partit droit vers la tête de Sanji qui se contenta de la baisser sur le côté pour esquiver le coup, un sourire moqueur sur les lèvres. Luffy reprit son bras, pas décontenancé pour un sou ; il voulait juste voir ce que l'autre homme allait faire. Pas un geste, pas un mouvement de regret ; Sanji était telle une statue de cire au regard éteint.
- Tu es donc sérieux ? dit-il, la voix neutre. Quelle déception. Moi qui pensais pouvoir te convaincre une dernière fois.
Luffy explosa de rage.
- Tu te fous de moi ? Tu veux que je fasse toutes ces atrocités avec toi ? Tu me prends pour qui ?
- Tu n'as qu'à demander, dit Sanji sans relever son éclat, et je te fournis le monde sur un plateau ! Pourquoi t'obstines-tu à refuser ?
- Je ne mange pas de ce pain-là !
- C'était ton rêve de devenir le Roi des Pirates ! Je te l'offre !
- Et bien je n'en veux pas ! Je veux devenir Roi des Pirates par mes propres moyens, pas en trichant comme tu le fais !
Le rire de Sanji se mua en gémissement amer.
- Tricher ? C'est comme ça que tu appelles tous les sacrifices que j'ai fait jusqu'ici ? Un truc de joueur de cartes ?
- Eh, t'es le Roi d'un jeu de cartes, non ?
Sanji éclata d'un rire fou qui résonna dans tout le monde de l'Autre Côté. Luffy frémit en entendant les cris de douleur et d'effroi des créatures qui les observaient. Sanji leur faisait donc si peur ? Vite, il analysa ses chances. Il n'avait pas la connaissance du terrain, c'était un fait ; Sanji était bien plus avantagé. Il ne savait même pas s'il pouvait se mouvoir tranquillement sans être attaqué par un drôle de monstre dans le noir. Mais au moins, il pouvait voir son ennemi, c'était un bon point : Sanji paraissait luire dans l'obscurité. Il savait donc où frapper.
- Bien dit, continua Sanji une fois qu'il eut fini de rire. Tu ne veux donc pas de mon cadeau... ce cadeau que j'ai passé neuf ans de ma vie à préparer, pièce après pièce ?
- Tu vaux bien mieux que ça, Sanji, dit Luffy sur un ton définitif.
Sanji baissa les yeux et sourit d'un air étrange qui glaça le sang de Luffy.
- Je me doutais que tu me dirais ce genre de choses, mais je voulais quand même essayer... C'est dommage. Je t'aimais vraiment, tu sais ? Toi et les autres. J'aurais tout donné pour vous, en fait, je l'ai même fait !
L'air se fit soudain plus lourd, plus menaçant. Luffy sentit comme une pression sur sa poitrine, qui grossit, grossit jusqu'à ce qu'il eut l'impression de ne plus pouvoir respirer. Il compensa en gonflant son thorax et ses poumons d'une inspiration. L'atmosphère tout entière bruissait à chaque souffle.
- Tu ne me donnes pas le choix, j'en ai peur. C'est mon ultime offrande à ce monde de désespoir. Une fois celui-ci accompli, j'aurai tout ce que je désire.
La voix de Sanji devenait plus grave à chaque mot ; à la fin, elle fut si gutturale que Luffy ne la reconnut pas. Son corps aussi changeait. Il enflait, enflait, il muait en une masse de chair méconnaissable qui finit par déchirer ses vêtements en lambeaux... Luffy tordit son visage en une grimace dégoûtée en voyant qu'à la place du bel homme qui lui faisait face quelques minutes avant, une créature grotesque couleur chair était apparue, occupant l'espace de ses gargouillis infâmes. L'unique bras restant de Sanji s'était transformé en un tentacule géant qui virevolta dans l'air avec colère. Luffy l'esquiva d'un bond quand il l'atteignit. Il chercha un appui des yeux, sans trouver un seul endroit sûr où poser ses pieds. Le monde de l'Autre Côté s'ouvrait à lui, mais il n'y avait rien ; pas un arbre, pas une route, juste l'éclat lumineux de la créature qui éclairait faiblement les alentours. Un phare cauchemardesque dans la nuit éternelle de ce lieu maudit.
- Qu'est-ce que c'est ? s'écria Luffy, les yeux agrandis par l'horreur. Sanji ?
Le monstre ne lui répondit que par un hurlement horrible, empreint de souffrance. Luffy vit sa chair bouillonner encore, plusieurs autres tentacules de taille moindre que le premier apparurent à la surface de son corps, s'étendant de plus en plus jusqu'à former un amas de membres grouillants qui frappaient dans le vide, sans but, sans raison. Le coeur de Luffy oscillait entre l'admiration et le dégoût.
- C'est dingue ! s'écria-t-il, émerveillé malgré lui. On dirait un mélange entre une limace et un poulpe très très grand !
Un tentacule s'élança vers lui, puis un autre, et encore un autre, jusqu'à former un essaim de membres perçants et tranchants qui fonçaient en sa direction avec la très nette intention de le transpercer de part en part. Luffy bondit, rétracta ses membres, les allongea pour dévier un tentacule ou un autre et les raccourcit l'instant d'après pour ne pas avoir un bras ou une jambe détachée du corps. Dans l'euphorie de la bataille, il avait perdu son chapeau de paille et il le cherchait à présent entre deux esquives fiévreuses. Sanji ne lui laissait pas une seconde de répit. Luffy arrivait à peine à se maintenir en vie, il n'était pas question d'attaquer pour le moment.
L'avalanche de tentacules cessa peu à peu. Sanji avait continué à gonfler entre-temps ; il était devenu une montagne de chair informe si gigantesque que Luffy eut l'impression d'être une fourmi en comparaison. Il rit en se voyant si petit, si dérisoire face à l'ennemi.
- Eh ben, il rigole plus Sanji !
Luffy prit une grande inspiration pour gonfler son corps jusqu'à atteindre un diamètre raisonnable, mais qui était encore insuffisant face au monstre en face de lui. Il se sentait comme un ballon perdu dans le ciel, sauf qu'il n'y avait pas une trace de bleu et qu'il n'y avait pas un souffle de vent pour le faire bouger. L'ennemi était si grand, si grand, et lui si petit ! Un peu vexé, Luffy recracha l'air qu'il avait dans son corps et se mit ainsi à dégonfler, à partir dans tous les sens en émettant un bruit d'évier qui se vide. Comme c'était drôle ! Les tentacules fouettaient l'air ; voulaient-ils le crever ? Luffy esquivait de son mieux leurs tentatives désordonnées, donnait un coup de poing par-ci, un coup de pied par-là, mordait dans la chair tendre et mouvante tout en cherchant son chapeau des yeux. Comment pouvait-il faire pour gagner face à un tel adversaire ?
Il continua ainsi pendant un long moment, sautant, gonflant et dégonflant afin de pouvoir offrir à son ennemi une série de mouvements erratiques afin de le déstabiliser, et, tout en contrant les attaques qui l'atteignaient quand même, il cherchait un plan pour pouvoir remporter une victoire décisive. Si seulement ce n'était pas Sanji en face de lui ! Son ami le connaissait autant que n'importe lequel de ses hommes ; Luffy répugnait encore à lui taper dessus pour de bon, mais il l'avait bien mérité, n'est-ce pas ? Son esprit était si confus !
Soudain, Sanji cessa ses assauts ; les tentacules restèrent immobiles. Luffy ouvrit de gros yeux ronds, s'attendant à une autre offensive en masse. Sanji était-il fatigué, ou gardait-il des forces pour une technique finale ? Pourtant, Luffy ne semblait guère lui avoir fait de mal bien qu'il l'eut frappé de toutes ses forces à plusieurs reprises. En fin de compte, c'était comme s'il cognait contre son propre corps, une masse élastique et insensible aux coups, qui se rétractait pour amortir le choc.
- Eh, t'es fatigué, Sanji ? cria-t-il en direction du monstre.
Sanji ne répondit pas. Luffy attendit, les sens en alerte, prêt à bondir au moindre signe d'hostilité. Petit à petit, le silence diminua, l'air se remplit de sons d'abord étouffés, puis tout devint plus net, plus insistant... Luffy reconnut des voix confuses dans le brouhaha qui se formait, des chants douloureux, cris portés par un vent immobile. Il sursauta en reconnaissant la voix de Nami au milieu des sons, puis celle de Chopper, de Pipo, de Zoro... Robin criait et pleurait. Que se passait-il donc ? Ses amis avaient-ils mal quelque part ? Leurs appels étaient espacés, entrecoupés de voix qu'il ne reconnaissait pas, des dizaines, des milliers de voix hurlant et sanglotant à la mort, des cris qui le mettaient dans une rage et une tristesse folle.
- Qu'est-ce que tu fais ? beugla-t-il à Sanji qui ne bougeait pas.
- Les entends-tu ? fit alors la voix de son ami, résonnant tout autour de lui. Entends-tu le cri de ceux que j'ai tué ?
- Tu ne les as pas tués ! Pas Nami et les autres !
- Pas encore, mais ce n'est qu'une question de temps. Zero a leur vie au bout de sa lame. Les entends-tu t'appeler, Luffy ? Entends-tu leurs cris d'agonie ?
- Arrête !
- Que serais-tu prêt à faire pour qu'ils survivent ? Pour que tout ça s'arrête ?
Luffy avait les larmes qui lui brouillaient la vue.
- N'importe quoi ! Je ferais n'importe quoi, alors arrête !
- Dans ce cas tu comprends ce que j'ai ressenti.
Des tentacules apparurent brusquement sous les pieds de Luffy, et avant qu'il ait eu le temps de les esquiver, ceux-ci l'entourèrent pour le faire prisonnier, formant une pelote faite d'un coeur de Luffy et de fils de Sanji. Luffy ne réagit pas, tant il était bouleversé.
- Sais-tu que je suis resté presque un an dans cet endroit, Luffy ? À entendre la voix putride de la Baroude qui me chuchotait le désespoir aux oreilles, à voir les multiples avenirs qui attendaient notre équipage. Tous mes amis tués, un à un, tous mes rêves et mes espoirs déçus. Sais-tu ce que cela fait ?
Il se tut, et Luffy pleurait, les yeux baissés.
- C'était dur, mais je suis resté en vie, j'ai tenu, parce que je savais que si j'arrivais à résister j'aurais la puissance nécessaire pour tout changer. Parce que je suis Sandoval, celui qui contrôle le monde de l'Autre Côté !
- Et Sanji ? fit la toute petite voix de Luffy entre ses tentacules.
- Quoi ?
- Et Sanji ? Sandoval est fort, mais que devient Sanji ?
- Sanji était faible ! Sanji était incapable de défendre ses amis et les a perdus !
- Mais Sandoval veut tuer tout le monde ! hurla brusquement Luffy. Si c'est pour ça, à quoi bon devenir fort ? Tu as trahi tes amis pour quoi ?
Sanji ricana.
- Tu ne comprends toujours pas.
Le corps entier de Luffy était parcouru de soubresauts, faisant trembler même la pelote de tentacules.
- Non, je ne comprends pas ! Je suis con, Nami et les autres n'arrêtent pas de me le répéter ! Même toi, tu me le disais, quand tu étais encore Sanji et que tu me cuisinais des plats délicieux ! Je suis con et je veux devenir le Roi des pirates par mes propres moyens, je veux que mes amis accomplissent leurs rêves par leurs propres moyens, je veux découvrir la Route de Tous les Périls par moi-même, au gré des aventures qui nous attendent ! Je veux que tous mes amis soient heureux ! Est-ce trop ? Pourquoi je devrais tuer tout le monde, pourquoi toi tu dois le faire ? Je ne comprends rien ! Je ne veux pas que mes amis soient malheureux et je ne veux pas qu'ils soient malheureux pour moi ! Je veux qu'on soit heureux tous ensemble, parce que nous sommes un équipage et que nous veillons les uns sur les autres ! Parce que nous sommes une famille !
Luffy éclata en sanglots à ce moment. Son coeur entier était confus, il avait mal à la tête à force d'essayer de comprendre ce qui avait bien pu mal tourner dans leur parcours. Pourquoi Sanji était-il si triste et si furieux, pourquoi Zoro n'était-il plus Zoro ? Et lui, pourquoi n'avait-il pas pu les sauver ? Il était leur capitaine ! C'était son travail !
- Vous êtes mon équipage ! tonna-t-il se toutes ses forces. Je suis Luffy, capitaine de l'équipage au chapeau de paille !
Les voix qui murmuraient autour d'eux se turent d'un coup. Un épais silence s'installa.
Puis, tombant doucement de nulle part, un chapeau de paille atterrit sur le sol.
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Le petit port du village de Fuchsia n'avait pas connu une telle agitation depuis l'arrivée un an plus tôt de l'équipage de pirates de Shanks le Roux. Cette fois, le même navire qui avait emmené ces fiers hommes de la mer était sur le point d'appareiller, quittant les eaux tranquilles de l'île de Dawn de manière définitive. Ce n'était pas un spectacle triste, ça non ! Entre les matelots qui criaient et s'injuriaient quand l'un d'eux laissait tomber une caisse de victuailles ou quand on découvrait un tire-au-flanc qui pensait échapper à la corvée en se cachant dans l'un des innombrables barils qui composaient la cargaison, on n'avait guère le temps de s'attarder sur le spleen du départ. C'était comme a qu'on faisait les choses, dans cet équipage borné ; Shanks était le premier à détester les adieux interminables qui se finissaient en crises de larmes et en serments jamais respectés.
Pourtant, une fois n'était pas coutume, il était prêt à passer outre sa répugnance naturelle, à cause d'un seul garçon au moins aussi obstiné que lui et tout aussi grande gueule.
Luffy D. Monkey était en tous points un petit garçon ordinaire qui vivait dans un village ordinaire de pêcheurs. Il n'y avait rien dans son physique qui le distinguait des milliers d'autres petits garçons qui peuplaient le monde. Il n'était pas spécialement fort ou intelligent non plus, et n'eût été l'incident avec le fruit du Caoutchoutier, il serait resté désespérément ordinaire jusqu'à la fin de ses jours.
Ça, c'était l'opinion normale que se faisait quelqu'un qui ne le connaissait pas intimement et qui le voyait pour la première fois. Un gamin un peu trop impétueux et rêveur (mais quel enfant ne l'était pas à cet âge ?), un avorton prétentieux qui se croyait assez bon pour devenir un jour un pirate hors pair, mieux ! Le Roi des pirates lui-même. Il fallait être bien ignorant du monde pour se dire que c'était aussi facile.
Et pourtant.
Un an que Shanks était resté dans ce village pour reprendre des forces et se reposer. Un an qu'il avait côtoyé les braves villageois qui vivaient là, un an qu'il avait fait connaissance avec ce drôle de gamin au nom si particulier. Luffy D. Monkey. Était-ce un signe ? Shanks n'avait jamais vraiment osé crever ses illusions, et chaque jour qui passait était l'occasion pour cet enfant de venir les voir avec des rêves plein la tête.
Luffy D. Monkey. Qui sait si un jour ses cris n'atteindraient pas le monde, s'il beuglait assez fort pour se faire entendre ?
- C'est vrai que vous quittez le village pour de bon cette fois ?
Brave petit Luffy. Il s'était précipité au port en apprenant le départ de ses amis pirates, la mine désolée. Shanks lui fit un sourire chaleureux.
- Oui. Nous avons séjourné pas mal de temps ici, mais c'est le moment de se faire nos adieux. C'est triste, tu ne trouves pas ?
L'enfant se mit à rire.
- Ouais, c'est émouvant, mais cette fois tu vas me prendre dans ton équipage.
Quel aplomb ! Shanks était presque tenté de le faire, mais il savait pertinemment que Luffy n'était pas encore prêt. Trop jeune, trop impatient, pas assez de ce qu'il fallait pour faire la différence. Il tira la langue.
- Prends pas tes désirs pour des réalités ! Tu crois vraiment que tu peux devenir pirate ? C'te bonne blague !
Comme prévu, Luffy réagit violemment et hurla assez fort pour que tout l'équipage l'entende.
- Bien sûr que je peux ! fit-il, déterminé. Un jour je réunirai un équipage aussi fort que le vôtre et je raflerai tous les trésors du monde sous votre nez ! Je serai le seigneur de tous les pirates !
Toute agitation s'était suspendue ; les hommes n'avaient d'yeux que pour Luffy. Un sentiment de fierté contenue flottait dans l'air ; Shanks y fut sensible. Cet enfant qui hurlait de toutes la force de ses poumons, ce pirate miniature qui n'avait pas encore de crocs pour mordre, c'était un peu son oeuvre, quelque part. Il soupira.
- Oh... Tu seras donc plus fort que nous, alors ?
L'enfant ne répondit pas. Les sanglots dans sa gorge l'en empêchaient sans doute.
- Je vois.
Shanks détestait les longs adieux larmoyants. Pourtant, une fois n'était pas coutume, il n'était pas loin de pleurer lui-même, non par tristesse ou nostalgie, mais parce que son coeur sentait quelque chose qui pouvait s'apparenter à une certaine fierté parentale agrémentée d'une curiosité semblable à celle qu'il ressentait devant l'apparition d'une nouvelle aventure. Qu'allait donc donner ce garçon dans dix, quinze ans ? Son instinct de pirate et de capitaine frissonnait de plaisir à la perspective de le revoir une fois adulte. C'est pourquoi il ôta sans hésiter son chapeau de paille et le mit sur la tête de Luffy.
- Tiens ! dit-il, le coeur léger. Je te le confie, mon chapeau !
Luffy pleurait en silence.
- Tu sais que j'y tiens beaucoup, continua Shanks.
Il s'éloigna à pas lents en direction de son navire, devant lequel l'attendaient tous les membres de son équipage.
- Je compte sur toi pour me le rendre lorsque tu seras devenu un fier pirate !
Luffy n'avait rien dit de plus. Shanks n'en avait pas besoin.
- Ce petit ira loin, dit Ben quand il eut rejoint le pont.
- C'est sûr. J'étais exactement comme lui quand j'étais gamin.
- À l'époque où tu t'appelais encore Sandoval, c'est ça ?
Shanks ricana.
- Ouais. Aussi rêveur et casse-cou. J'ai beaucoup appris entre-temps, heureusement. Et je me suis calmé.
- T'étais une vraie tête à claques, oui ! railla Ben. Pffu... L'héritier d'All Game, parlez-moi d'une nouille ! Pas étonnant que ton frère ait raflé le titre !
- La ferme, « Bernardo ».
- Eh, tu sais bien que je déteste ce prénom !
- Pourtant, je trouve qu'il te va mieux que Ben, rit Shanks. Ça fait plus exotique.
- Je peux savoir en quoi ?
Shanks éclata de rire. Autour d'eux, le reste des hommes s'affairait pour permettre au navire de quitter le port. Il était temps de reprendre ses fonctions de capitaine.
- Levez l'ancre ! cria Shanks quand il vit que tout était prêt. Larguez les voiles ! On s'en va !
- Aye, cap'taine ! répondit en choeur l'équipage.
Ils n'avaient pas de temps à perdre. Qui sait quelles aventures inédites les attendaient, sur quels trésors colossaux ils devaient mettre la main !
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Luffy retint son souffle. Le chapeau de paille virevolta encore un peu, comme sous l'effet d'une brise folâtre, puis finit par toucher terre, entre deux des énormes tentacules de Sanji. D'où venait-il ? Luffy avait pourtant cherché dans tous les coins, il n'avait pas cessé de parcourir des yeux cet endroit sombre et malsain pour le trouver, et maintenant il était là. Comme s'il était tombé de nulle part.
- Shanks... murmura-t-il, interdit.
Il se passa quelque chose de très étrange. Le chapeau se souleva du sol, de plus en plus haut, quelque chose se trouvait en-dessous, quelque chose avec des cheveux roux et des vêtements de pirate et un sourire aussi brillant que dix soleils. Les yeux de Shanks croisèrent ceux de Luffy, et l'espace d'un instant, ils se retrouvèrent des années en arrière, lors de leur première rencontre. Shanks prit son chapeau dans la main et fit une courbette.
- Bonjour, Luffy. Ça faisait longtemps, hein ?
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Les coups se faisaient plus violents à mesure que le temps passait. Chopper en pleurait de rage et de douleur, mais il se refusait à bouger. La barrière protectrice qu'il avait appris à créer après des années d'entraînement intensif avec Trevor était sur le point de céder ; encore un peu, et ils seraient à la merci de Zero. Ce diable de bretteur ! Il faisait exprès de prendre son temps, se délectait de la peur et de l'agonie de ses victimes.
La vie quittait peu à peu le corps de Nami, et Chopper n'y pouvait rien. Il n'était pas assez fort pour la soigner et maintenir la barrière en même temps, et il se haïssait pour cela ! Robin avait perdu tellement de sang qu'elle en était devenue livide, mais elle n'avait d'yeux que pour Nami qui se mourrait. Pipo tentait bien de les soutenir, mais que pouvait-il faire, lui qui ne savait que tirer et mentir ? Ahiru avait joint ses maigres forces à Chopper, et elle y mettait tellement d'énergie, petite Ahiru ! Que son corps était pris de spasmes et ses plumes se dressaient dans tous les sens.
Luffy n'était pas encore revenu de là où on l'avait emmené. Il fallait qu'il tienne bon, au moins jusqu'à ce que leur capitaine vienne les chercher ! Chopper savait que Luffy ne les abandonnerait pas. Il fallait juste qu'ils soient à la hauteur jusqu'à ce qu'il ait vaincu l'ennemi.
- Je suis fier de faire partie de l'équipage de Luffy ! hurla-t-il tout d'un coup entre deux halètements pour se donner du courage. Je suis un pirate !
Ahiru sursauta, mais aussitôt elle se mit à cancaner avec ferveur, sa douleur laissée de côté. Pipo les regarda avec de gros yeux. Une voix rauque se fit alors entendre, si faible que Chopper faillit la manquer.
- Nous sommes l'équipage de Luffy, dit Nami qui avait déjà les yeux voilés d'agonie.
Elle réussit à se hisser sur un coude avec les maigres forces qui lui restaient et hurla :
- Nous sommes l'équipage au chapeau de paille ! Jamais nous ne mourrons !
- Bien dit ! s'écria Pipo en se redressant. Notre capitaine est le futur Roi des pirates ! Il faut qu'on en soit dignes !
Robin hocha la tête et sourit.
- Chopper, sais-tu où est Zero ?
Chopper gonfla ses muscles en réaction à une attaque particulièrement violente.
- Non. Il va trop vite et est sur tous les fronts, je n'arrive pas à repérer sa signature. Si seulement il pouvait s'arrêter...
- On ne peut donc pas l'attaquer ?
La barrière craquelait un peu. Chopper raffermit son emprise.
- Il bouge trop vite. Si on pouvait le forcer à rester dans ce monde-ci, on aurait peut-être une chance, mais là...
Une chance de l'affronter, oui, mais de le vaincre ? Chopper ne savait pas s'il faisait le poids, si à eux tous ils étaient même capables de mettre à bas un tel adversaire.
- Je peux le retenir pendant que vous l'attaquez, mais pour ça il faudrait qu'il reste immobile suffisamment longtemps pour que je puisse installer une barrière de restriction autour de son corps...
- Je n'ai qu'une fronde fabriquée à la va-vite avec un bout de bois et de la ficelle, dit Pipo. Et des cailloux.
Nami s'affala brusquement ; Robin la prit dans ses bras et la serra fort.
- Il faudra faire avec, fit la rouquine entre deux râles. De toute manière, nous sommes condamnés si nous restons là sans rien faire. Autant agir, pas vrai ?
Tous acquiescèrent, sauf Ahiru qui resta étrangement silencieuse. Chopper pensa qu'elle devait avoir peur, et comment lui en vouloir, pauvre petit oiseau qu'elle était ? Il espérait seulement que si leur plan échouait, Zero la laisserait tranquille. Qu'aurait-il à gagner à tuer un canard sans grand pouvoir ?
- Ok, dit Pipo d'une voix tremblante, Chopper lâche la barrière, il en crée vite une autour de Zero pour le contenir, et moi j'attaque avec mes pierres et Robin y va comme d'habitude avec ses mains. Ok. Ça va marcher. Et après, Luffy va revenir parce qu'il aura botté les fesses de Sanji et l'aura ramené sur le droit chemin, et on va tous reprendre la mer comme avant, hein ?
Les quatre amis se sourirent d'un air faussement confiant. Tous savaient que ce plan n'avait que peu de chances de marcher ; en fait, ils couraient sans doute à leur perte, mais au moins ils étaient ensemble et auraient fait tout ce qu'ils auraient pu.
- Pour Luffy ! s'écria Nami en levant le bras.
Elle fut vite imitée par les autres. Chopper en avait les larmes aux yeux.
- Pour Luffy !
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Luffy se débattit de manière désordonnée, mordant, donnant des coups sans autre finalité que de se libérer. En vain ; Sanji le tenait entre ses tentacules d'une poigne de fer et ne semblait même pas affecté par ses efforts somme toute insuffisants. Comme c'était frustrant ! Shanks était là, à quelques pas de lui, et il ne pouvait même pas se précipiter vers lui comme il aurait voulu le faire !
Il en avait rêvé, de ces retrouvailles, Luffy. Il s'élancerait sur son vieil ami, il l'empoignerait de toutes ses forces avec la ferme intention de lui faire comprendre à quel point il lui avait manqué. Puis ils se raconteraient leurs aventures, toutes ces années qu'ils avaient passées loin de l'autre. Luffy lui aurait présenté son équipage et sa couronne de Roi des pirates ; ç'aurait été un jour grandiose ! Et Shanks, son mentor, son héros de toujours, aurait repris son chapeau de paille avec le sourire. Il aurait félicité Luffy de sa réussite et se serait incliné devant sa suprématie, il aurait accepté d'être son Vice-Roi ou quelque chose du genre. Et à eux tous, l'équipage de Shanks et l'équipage de Luffy, ils auraient régné sur toutes les mers, en dignes héritiers de Gold Roger qu'ils étaient. C'était la fin idéale, celle dont rêve tout aventurier en herbe et tout pirate qui se mérite !
- Shanks ! hurla-t-il, les larmes aux yeux.
- Luffy, qu'est-ce que tu fais ? Je ne te savais pas si faible ! Tu vas te laisser faire par un poulpe géant sans réagir ?
- Shanks ! répéta Luffy, bouleversé. Shanks, Shanks !
Son vieil ami sourit, et Luffy se sentit prêt à abattre des montagnes et à égorger une armée de dragons des mers. Il se concentra, de plus en plus fort, de plus en plus jusqu'à ce qu'il entendît la chair céder, les tentacules qui l'emprisonnaient rompre sous la pression de ses muscles. Encore un peu ! Shanks était là, tout près, il n'attendait que Luffy ! Il l'encourageait des yeux !
- Qu'est-ce que tu fais ? tonna la voix gutturale de Sanji, paniqué. Arrête !
- Je ne suis pas faible ! hurla Luffy sans plus faire attention à Sanji. Je suis Luffy D. Monkey, le futur Roi des pirates !
- Vraiment ? fit la voix railleuse de Shanks. Tu es un fils du D., toi qui abandonnes tes camarades et les laisses devenir des monstres sans âme ? Toi qui as laissé se perdre deux des tiens ? Où est ton équipage, où sont tes hommes ? Mérites-tu seulement d'être capitaine ?
La rage brouillait la vue de Luffy, il avait envie de tout casser, de tout détruire jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Shanks avait honte de lui, Shanks l'accusait d'avoir trahi ses compagnons ! Impossible ! Il n'était pas comme ça, il ne le permettrait pas ! Pas tant qu'il lui resterait un souffle de vie dans le corps, pas tant que sa volonté habiterait ce monde !
Il était Luffy D. Monkey !
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Chopper se tint prêt. Tous ensemble, ils avaient décidé de se battre. Même si leur adversaire avait été l'un des leurs. Même s'ils n'avaient que peu de chances de vaincre. Même si tout était sans doute perdu sans Luffy, ils voulaient, tous ensemble en tant qu'équipage, lutter pour pouvoir faire la différence.
- Je suis un pirate ! tonna fièrement Pipo en levant sa fronde de fortune. Fils de pirate, je suis né pirate et je mourrai pirate !
- Aye ! crièrent ses amis à sa suite.
Chopper baissa la barrière.
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La première fois qu'Ahiru avait rencontré Maine, elle n'était encore qu'un tout jeune canard, presque un caneton. Qu'il était gentil, Maine ! Alors que les siens l'avaient rejetée et ne voulaient plus entendre parler d'elle, lui l'avait pris en pitié et l'avait recueillie. Ahiru avait été couverte de blessures dues aux mauvais traitements que lui infligeaient ses frères et soeurs. Elle avait perdu une bonne partie de son duvet et ses plumes n'avaient guère eu le temps de pousser ; elle avait été si horrible à voir ! Mais Maine n'avait pas été dégoûté par sa calvitie. Il l'avait soignée, tendrement, comme une enfant fragile, il l'avait nourrie et elle était peu à peu devenu le joli canard qu'elle était à présent. Tout cela, tous ces bienfaits, la vie douce qu'elle menait, elle le devait à Maine, son sauveur, son maître. Celui qui occupait la première place dans son coeur.
Elle n'était pas très douée en tant que canard-guide, elle l'avait toujours su. Mais ce n'était pas si grave, parce Maine ne lui en voulait pas et la respectait. Néanmoins, il y avait une chose, une seule, pour laquelle elle était douée, la seule chose qu'elle pouvait faire avec ses maigres pouvoirs. Et pour qui d'autre que Maine pouvait-elle utiliser cette petite chose insignifiante dont elle était capable ? Ce n'était même pas son pouvoir à elle, mais si cela pouvait être utile à Maine, si cela pouvait lui sauver la vie, elle était prête à tout.
Il y avait une légende, ou plutôt une loi qui circulait chez ceux de son peuple. Les canards-guides étaient des créatures très étranges, vraiment : quelle que soit la circonstance de leur mort, ils s'arrangeaient toujours pour que ce fût dans un endroit isolé de tout, sans personne autour d'eux. Car lorsque l'un des leurs mourrait et que son sang coulait sur le sol, il se passait un événement extraordinaire, une occurrence digne de la Route de Tous les Périls. Ce sang chargé d'énergie magique que même ceux du monde de l'Autre Côté respectaient, ce sang aux origines obscures dont personne, pas même les canards-guides eux-même, ne connaissait les pouvoirs exacts, teintait le sol et l'air et l'eau. Une petite portion d'espace réagissait. Et le temps même, ce temps qu'il était si difficile de prévoir ou de contrôler, comme sous l'effet d'une promesse depuis longtemps oubliée, se pliait aux dernières vapeurs de ce sang et se figeait.
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L'enfant fixait sa mère avec des yeux ronds, le coeur battant d'impatience, sa maladie depuis longtemps oubliée au profit de la merveilleuse histoire qu'on lui racontait.
- Et alors ? fit-il, fébrile. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Ils ont battu Sanji et Zoro ? Ils les ont ramené avec eux ? Luffy a gagné, hein ?
Sa mère lui fit un sourire énigmatique et regarda l'horloge qui était accrochée au mur. Elle indiquait neuf heures du soir.
- Il est grand temps de prendre ton médicament, mon chéri, dit-elle d'une voix douce. Tu sais ce que le docteur a dit ?
- Maman ! L'histoire ! Ils ne sont pas morts, hein dis ? Ils ont gagné ?
- Qu'est-ce que tu en penses, Levy ?
Il en avait les larmes aux yeux.
- Ce ne serait pas juste s'ils perdaient et mourraient ! Ce serait... ce serait...
Levy ne put continuer, car alors un sanglot incontrôlable lui serra la gorge, rajoutant à la douleur qu'il éprouvait à cause de la grippe. Sa mère le prit tendrement dans ses bras et le berça.
- Les bons ne gagnent pas toujours, même s'ils en ont très envie, tu sais, mon coeur. C'est triste, mais c'est comme ça. Quelquefois, un simple baiser ne suffit pas à tout arranger.
- Alors ils sont morts ?
- Je n'ai jamais dit ça, non, mon chéri ?
- Sanji et Zoro... Tout ce qu'ils voulaient, c'était être ensemble, non ? Se faire pleins de bisous et vivre des aventures avec leurs amis ?
Elle éclata de rire, mi-gênée, mi-amusée, et Levy l'admira longuement. Qu'elle était belle, sa mère ! Ses cheveux blonds étaient comme des rayons de soleil, elle était la plus jolie et la plus gentille maman de toute la Route de Tous les Périls. Elle l'embrassa sur la joue.
- Je devrais peut-être surveiller le temps que tu passes avec Sora et Layla, tu commences à te faire de drôles d'idées sur les comportements des couples...
- Maman ! C'est pas juste ! Papa et toi vous vous faites pleins de bisous aussi ! Et puis Ken a bien le droit de voir...
Sa mère secoua la tête.
- Sora serait trop heureuse de me contrarier si je lui disais que je ne veux pas qu'elle soit trop affectueuse devant vous deux, dit-elle.
Elle lui tendit un verre dans lequel un cachet achevait de se dissoudre dans l'eau. Levy le regarda avec une moue et avala le contenu d'un trait avant de s'écrier :
- Beûrk ! C'est pas bon !
- C'est pour que tu guérisses plus vite, alors c'est bon pour toi.
Levy reposa le verre et se blottit sous ses couvertures. Il avait très chaud, tout à coup ; ça lui faisait toujours ça quand il avalait le médicament. Il darda sur sa mère des yeux suppliants.
- La suite de l'histoire, s'il-te-plaît ! Est-ce qu'ils retournent sur le Going Merry ?
Sa mère était sur le point de parler quand un bruit de porte qui s'ouvre l'interrompit. Elle se leva, ravie, et alla embrasser l'homme qui venait d'apparaître sur le seuil de la chambre. Levy faillit se précipiter à sa suite mais il se sentait encore trop faible pour cela.
- Papa ! protesta-t-il, un peu fâché. Maman allait me raconter la suite de l'histoire !
- Ah ? fit l'imposant homme d'un air désolé. Tu lui racontais quoi ?
- La légende de Sandoval, dit sa femme.
- Ah ?
- Non, c'est celle de Luffy et de son équipage et de Sanji et de Zoro ! s'écria Levy.
- Ah.
Le père de Levy caressa sa longue barbe, l'air pensif. Sa large silhouette cachait le couloir ; le soupir qu'il poussa souleva légèrement les lourds rideaux des fenêtres. C'était un homme très grand et très fort.
- C'est une longue histoire. Longue et intense. Tu es bien sûr que c'est de ton âge ?
- Peu importe ! Je veux la suite ! Que devient l'équipage du capitaine au chapeau de paille ?
Les parents de Levy s'échangèrent un regard étrange qui fit trembler Levy, un regard qui était fait de ce drôle de code qu'utilisaient entre eux les parents pour éviter que leurs enfants ne les comprennent. Était-ce le signe que l'histoire se finissait mal ? Levy sentit son coeur devenir plus lourd.
- Il est temps de dormir, mon chéri, dit sa mère avec douceur.
- Mais maman !
- Écoute ta mère, petit sauvage, dit son père d'un air sévère. Tu sauras la suite demain.
- Juré ?
- Sur mon honneur de capitaine !
Levy hésita. Il voulait connaître la fin tout de suite, mais quand son père parlait sur ce ton, il savait qu'il n'avait aucune chance de le faire changer d'avis. Et s'il mettait en jeu son honneur de pirate, c'était qu'il comptait bien respecter ses engagements, n'est-ce pas ? Pourtant, c'était une bien maigre consolation. Pourquoi remettre au lendemain cette histoire, si elle se finissait bien ?
Car elle se finissait bien, n'est-ce pas ?
- Demain sans faute, hein ?
- Promis.
- C'est d'accord.
Et sans une autre parole, il s'enfonça dans ses draps, boudeur. Ses parents ne cherchèrent pas à en discuter davantage.
Regal ferma la porte de la chambre derrière lui et alla rejoindre sa femme.
À suivre dans le prochain thème...
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Plus j'écoute le premier générique de fin de la série animée de Bleach (« Life is like a boat » de Rie Fu), et plus je me dis que la chanson pourrait très bien servir de thème à cette fic. On se motive comme on peut, vous savez.
La fin est abrupte. Je le sais. Il reste deux chapitres. Je le sais aussi. J'ai rajouté beaucoup d'éléments qui n'étaient pas prévu au départ rien que dans ce chapitre, mais la fin est bel est bien décidée et restera telle qu'elle a été prévue dans ma tête depuis un moment déjà. C'est usant pour moi, mais on approche du bout du tunnel.
Et ce n'est pas forcément la fin de tout.