Titre : Rien qu'un baiser, chapitre 24
Auteur : Mokoshna
Couple : ZoroXSanji
Fandom : One Piece
Rating : M
Thème : 24. Bonne nuit
Disclaimer : One Piece appartient à Eiichiro Oda. Je ne fais que reprendre ses personnages pour leur faire faire n'importe quoi.
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Chapitre 24 : Bonne nuit
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Zoro se réveilla en sursaut, criant et se débattant avec violence. Le nom de Sanji était sur ses lèvres ; il avait en tête l'image de son amant entre les mains du Roi de Coeur, inconscient et le bras en mauvais état, arraché peut-être ? Ken et Layla hurlaient de terreur et Oeil-de-Bois jurait dans son coin, vaincu. Et devant lui, Wren, cette crapule, ce monstre d'acier reconstitué, qui l'attaquait avec toutes ses armes surgies de son corps...
- Allons, du calme, fit une voix grave et étonnamment douce. Tu vas te faire mal.
Zoro regarda autour de lui. Où se trouvait-il ? Un lit sur lequel il était solidement sanglé, une pièce aux allures douteuses de laboratoire, et cette horrible odeur de produits chimiques qui flottait dans l'air... L'espace d'un instant, il se revit à quinze ans, au milieu des Carreaux qui l'avaient fait prisonnier et avaient utilisé son corps dans des expériences interdites. Il frissonna, dégoûté, et voulut tirer sur ses liens pour s'enfuir.
- Ne fais pas ça, reprit la voix.
Zoro tourna les yeux en direction de son geôlier... et resta interdit, tant la vision qu'il avait devant lui était étrange.
- Sanji ?
Était-ce vraiment son amant, en face de lui ? L'homme qui lui avait parlé était plus vieux, plus grand et sec que le Sanji de ses souvenirs. Zoro remarqua que son bras gauche lui manquait. Le costume qu'il portait avec aisance lui rappela une période de sa vie qu'il aurait bien voulu jeter aux oubliettes.
- C'est bien toi ?
- Qui d'autre ? lui sourit son interlocuteur. Oui, c'est moi, Sanji.
- T'es... différent.
Sanji lui sourit doucement. Bleu et jaune ; ses couleurs préférées ornaient son corps, s'harmonisaient avec sa chevelure blonde et ses yeux couleur de mer. Il passa sa langue sur ses lèvres, en un geste sensuel qui troubla Zoro.
- Tu crois ? fit-il.
Zoro déglutit.
- Ouais... et c'est quoi, cette tenue ? C'est pas le costume d'un officier des Trèfles ?
- Tu as parfaitement raison ! rit Sanji. Quelle culture !
Ce qui irrita Zoro pour une raison inconnue.
- Te fous pas de moi, tu veux ? Qu'est-ce qui se passe ici ? Où sont les autres, Ken, Layla et Oeil-de-Bois ? Et qu'est-ce qui est arrivé à ton bras, bon sang ? Et pourquoi je suis attaché ?
Sanji soupira.
- Je pensais que tu aimerais ça. On avait souvent ce genre de jeux avant, non ? À moins que ma mémoire ne me fasse défaut...
Il eut un rire amer.
- Ce ne serait pas la première fois, siffla-t-il entre les dents. Il s'est passé tellement de choses en cinq ans ! Tellement que j'en oublie parfois le parfum de Nami ou la couleur des yeux de Chopper. Je ne sais même plus si Robin préfère le café ou le thé !
De quoi parlait-il donc ? Zoro fronça les sourcils, contrarié.
- Tu divagues... Détache-moi, au lieu de dire n'importe quoi, cuistot de mes deux !
Sanji eut un rire fou.
- Cuistot ? Qui ça, moi ? Que d'honneur... Pourtant, cela fait bien longtemps que je ne cuisine plus, oh non ! Ce serait trop dégradant pour ce cher Sandoval, Seigneur des Trèfles, Joyau d'All Game !
Sur ce, il embrassa Zoro sur la bouche, en un baiser avide qui dura plusieurs minutes ; langue contre langue, coeur battant et souffle court. Zoro ne comprenait plus rien. La main valide de Sanji lui agrippa la tête et il se frotta à lui, extatique. Zoro se ressaisit et lui mordit la lèvre. Sanji se contenta d'en rire et d'essuyer sa blessure d'un revers de manche. Rouge sur jaune et bleu ; Zoro eut la nausée.
- Qu'est-ce qui te prend ? hurla-t-il. T'es devenu dingue !
- Cela faisait si longtemps que je voulais faire ça, lui chuchota son ami, cinq longues années à attendre mon tour... mais c'est fini, maintenant. Je ne resterai plus dans l'ombre très longtemps, tu verras. Et toi...
Sanji lui caressa le visage d'une manière tendre, si douce, si aimante... Zoro sentit son coeur saigner sans savoir pourquoi. Le regard de Sanji était si étrange ! Un peu éteint, heureux et triste à la fois, comme la somme de plusieurs sentiments contradictoires qui s'affrontent et se mélangent.
- Je t'ai attendu si longtemps, fit-il contre son oreille, j'ai lutté seul, tout seul... Et cela doit rester encore comme ça pendant quatre ans, mais je n'ai pas pu résister, tu vois. Je voulais te revoir encore une fois...
- Sanji...
Le visage de son amant se contracta de manière douloureuse.
- C'est mon nom, n'est-ce pas ?
- Bien sûr que c'est ton nom...
Sanji rapprocha son visage du sien, et, joue contre joue, il lui murmura :
- Merci. Je voulais te l'entendre prononcer une dernière fois... juste cette fois, pour me donner du courage. Maintenant, tout ira bien. Tu verras. Je ferais en sorte que tout le monde soit sauvé.
Un sourire. Sanji passa ses lèvres sur les siennes.
- Bonne nuit, mon amour.
Une piqûre discrète sur son bras, et ce furent les derniers mots que Zoro entendit avant de sombrer dans l'inconscience.
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Luffy réfléchit de toutes ses forces, et cette action somme toute simple lui donna un mal de crâne épouvantable. Il était assis sur la figure de proue du Merry, à sa place habituelle ; ses jambes se balançaient dans le vide et son regard était tourné vers l'horizon. Pourtant, malgré un temps magnifique et le passage inédit d'une troupe de dauphins-marteaux au loin, il ne regardait pas la mer. Son esprit souvent si distrait avait d'autres soucis en tête.
- Pourquoi il est si bizarre, Zoro ? se demanda-t-il pour la énième fois.
Pourquoi, en vérité ? S'il y avait une chose en laquelle Luffy croyait, c'était en ses amis ; ceux-ci étaient la clé de voûte de son rêve de devenir le Roi des pirates. Cet équipage, il l'avait soigneusement choisi selon des critères personnels. Pour commencer, c'étaient tous des chics types pour qui il aurait donné sa vie et qui auraient fait la même chose. À force d'aventures et de confrontation au danger, un lien fort s'était créé entre eux, un lien indéfectible qui les unirait jusqu'au bout du voyage. Pourquoi dans ce cas se sentait-il si mal à l'aise face à Zoro ?
- Ou alors, il a peut-être mangé un truc qu'il fallait pas ?
Il hocha la tête, satisfait de cette réponse. Si ce n'était pas ça, il devait être malade. Il fallait qu'il demande à Chopper de le soigner. Il ne pouvait pas continuer le voyage avec un malade ! Peut-être qu'en le laissant dormir assez longtemps... Et Sanji devait revenir le plus vite possible, pour lui faire tout plein de bonnes choses à manger ! Un homme qui mangeait mal ne pouvait pas se sentir bien.
Tout d'un coup, Luffy sentit l'arrivée d'une menace derrière lui ; vite, il sauta en l'air en tenant son chapeau de paille. Il était temps ! Un sabre passa à l'endroit où il se trouvait auparavant. Il vit Zoro sur le point de lancer ses deux autres épées sur lui.
- Arrête de bouger ! dit-il.
- Ah... Zoro ? À quoi tu joues ? fit Luffy en atterrissant sur le pont.
Le bretteur ricana.
- Ça ne se voit pas ?
Luffy inclina la tête ; son visage était tordu par l'incompréhension.
- T'as mal dormi ? Ou t'as faim, peut-être ?
Son ami ne répondit pas ; il rangea ses sabres et l'observa un instant. Puis, il grogna et sortit de sa chemise un parchemin un peu froissé. Il le lui tendit d'un geste sec.
- Pour toi.
- C'est quoi ?
- Un message.
- De qui ?
- De mes supérieurs. Ils m'ont dit de te remettre ça.
- Ben pourquoi t'as voulu m'attaquer ?
- Je voulais juste voir si t'étais aussi puissant qu'on me l'a dit.
- Bien sûr que je le suis ! Super, méga puissant ! T'es con ou quoi ?
- T'occupes, grogna Zoro. Bon, tu le lis ce message ?
Luffy fit la grimace ; pourtant, il tendit le bras et se saisit du parchemin. L'écriture était élégante, les mots assez simples pour qu'il comprenne.
- Alors, ta réponse ?
- C'est Sanji qui a écrit ça ?
- Aucune idée. Vous arrêtez pas de me parler de ce type mais je sais pas qui c'est.
Le visage abruti de Luffy se posa juste sous ses yeux.
- T'es idiot ou quoi ?
- Me traite pas d'idiot, imbécile toi-même !
- C'est toi l'imbécile !
Zoro fit une de ces têtes ! Luffy lui adressa un immense sourire qui lui mangeait le visage.
- T'es vraiment trop bizarre, Zoro !
- Ouais, ouais, cause toujours, soupira le bretteur. Bon, c'est quoi ta réponse ? Parce que j'ai pas que ça à faire, moi...
Luffy y réfléchit un instant. Pourquoi pas, après tout ? La mer avait l'air bonne, et puis s'il coulait les autres viendraient le chercher !
Dans son coin, Zoro sourit à son tour.
- Autre chose, « capitaine Luffy ». Je m'appelle Zero ; souviens-t'en à l'avenir.
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Nami s'étira et balaya le pont du regard. Elle venait prendre l'air après avoir passé une heure à calculer la route exacte à suivre pour arriver sur cette île de la Tortue que lui avait mentionné Zoro, celle sur laquelle se trouvait Sanji. Pour quelle raison il avait ainsi fait bande à part, elle ne pouvait que se l'imaginer : une belle femme, le trésor qu'elle lui devait, un ingrédient rare pour sa cuisine ? Quoi qu'il en soit, il fallait le récupérer au plus vite et poursuivre la route. Ils s'étaient déjà assez éloignés de leur trajet initial.
Zoro et Luffy se trouvaient sur le pont, l'un en face de l'autre. Nami remarqua que Luffy tenait entre ses mains un parchemin chiffonné ; où l'avait-il trouvé ? La lecture n'était pas le genre de Luffy ; il préférait largement jouer avec Pipo et Chopper et sauter de la figure de proue aux voiles. La voix bourrue de Zoro atteignit ses oreilles.
- Autre chose, « capitaine Luffy ». Je m'appelle Zero ; souviens-t'en à l'avenir.
- Zero ? fit Luffy en riant. Comme le chiffre ?
Zoro se cura l'oreille avec le petit doigt.
- Ouais, tout pareil.
Surprise, Nami se dirigea d'un pas ferme vers les deux hommes et les interpella.
- Qu'est-ce que vous faites, vous deux ?
- Ah, Nami ! s'écria Luffy en agitant le parchemin qu'il tenait. Zoro m'a donné un message de Sanji !
Le jeune femme fut intriguée.
- Un message ? Pourquoi tu ne nous l'as pas donné plus tôt, Zoro ?
- On m'a expressément ordonné de ne le remettre qu'entre les mains de Luffy ou éventuellement les vôtres.
Nami le regarda d'un air confus.
- Tu me vouvoies, maintenant ?
- Lisez le message. Moi, je ne fais que transmettre.
Luffy lui jeta quasiment le parchemin à la figure ; Nami le rabroua avant de jeter un coup d'oeil dessus. Le contenu du message ne manqua pas de la surprendre. Pourtant, avant qu'elle ait pu protester, elle sentit une douleur à la tête et perdit connaissance.
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Luffy vit Nami s'écrouler à terre, terrassée par le coup que venait de lui donner un Sanji qui avait surgi de nulle part. Il voulut hurler mais une main ferme fut plaquée sur sa bouche.
- Chut, dit Zoro, il ne faut pas attirer l'attention des autres.
Il ouvrit des yeux ronds et voulut protester, mais Sanji se rapprocha de lui et posa un doigt fin sur sa bouche déjà couverte par la main de Zoro. Luffy ouvrit des yeux ronds.
- Je sais ce que tu dois penser, dit Sanji avec un sourire d'excuse, mais je n'avais pas le choix. C'était ça ou la tuer. Il faut absolument que tu me fasses confiance. C'est moi, Sanji, ton coq !
Luffy n'en crut pas ses oreilles. Cet homme un peu vieux déjà, avec son bras manquant et ses traits durs, c'était Sanji ? Soudain, une fille habillée de blanc surgit de derrière lui et regarda en direction de Nami. Comme elle était drôle ! On aurait dit un lapin, avec ses longues oreilles et sa queue qui remuait ! Luffy fut fasciné, mais cela ne l'empêcha pas de mordre la main de Zoro qui pesta.
- Silence ! lui ordonna Sanji. Personne ne doit nous entendre !
- Sanji, qu'est-ce que tu fais ? dit Luffy.
Son cuistot soupira. Il était si bizarre, comme Zoro ! Quelque part, il lui rappelait un peu Shanks, avec son bras en moins et surtout, ce charisme envoûtant qui semblait s'échapper de chaque fibre de son être... Luffy secoua la tête.
- J'ai rien compris.
- Ce n'est pas grave. Je veux juste ton bien, ainsi qu'aux autres.
Sanji soupira.
- Tu me connais, hein Luffy ? Tu sais bien que je ne vous trahirai jamais ! Mais je ne peux pas t'expliquer maintenant. Il faut que tu me fasses confiance, je t'en supplie !
Les deux autres personnes présentes parurent surprises et quelque peu gênées ; la fille surtout faisait une tête étrange. Luffy regarda Sanji droit dans les yeux, le visage impassible.
- Je crois que je peux faire ça, dit-il enfin d'une voix lente. Mais tu m'expliqueras ce qui se passe, hein ?
Sanji sourit.
- Bien sûr. Mais pas maintenant. Pour l'instant, il faut que tu quittes le Merry.
- Hein ? Mais...
- Pas pour longtemps, se hâta de dire Sanji. Imagine ça comme une escale. Tu le récupéreras bien vite, je te le promets. Et on continuera à voguer ensemble sur la Route de Tous les Périls, tu verras.
Luffy hocha la tête. Il n'était pas convaincu mais si Sanji disait que tout allait bien, il n'avait qu'à le croire, n'est-ce pas ? Jamais il ne lui ferait de mal, c'était pas son genre.
- Bon, si tu le dis...
- Merci. Mais avant toute chose...
Il se tourna vers la fille-lapin qui attendait derrière lui.
- Tu peux faire comme on a dit, Mana ?
Mana acquiesça.
- C'est pas bien compliqué. Faites-moi confiance, seigneur Sandoval.
Elle fit quelques signes de la main, chuchota des mots incompréhensibles, et au grand émerveillement de Luffy, une fumée apparut tout près de Nami ! Mieux, une fois qu'elle se fut dissipée il vit qu'une autre Nami se trouvait à côté de la première !
- Dément ! cria-t-il, les yeux brillants.
- Tu peux aller avec elle et Nami, Luffy ? dit Sanji. Elle va te conduire dans un endroit rigolo. Et après, tu pourras retrouver tout le monde...
- Hein ? Où ça ?
Sanji lui fit un sourire doux et tendit la main dans le vide.
- Par là.
Sans que Luffy comprenne comment il s'y était pris pour que cela arrive, un trou noir apparut soudain au-dessus du sol.
- Géniaaaal ! brailla-t-il, tous ses soucis de tantôt déjà oubliés.
Un bruit de pas pressé se fit entendre, suivi d'un cri de Pipo.
- Luffy ? C'est quoi ce boucan ?
Mana se saisit d'une Nami et passa en vitesse à travers le trou. Sanji sauta par-dessus bord, mais il eut le temps de lui crier :
- Suis-la, Luffy ! Suis le lapin blanc !
Il n'avait pas à le lui dire deux fois ! Luffy se mit à rire, tendit le bras pour attraper le bras de Nami qui pendait, et ni une ni deux, il bondit à la suite de Mana dans le trou noir.
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Le sourire de Sanji était si étrange, si fou ! Chopper ne put s'empêcher de frissonner en le voyant ainsi, vêtu de ce drôle de costume pirate qui le faisait paraître plus cruel et froid. Derrière lui, Robin gardait obstinément les yeux baissés. Elle portait une robe violette dont la coupe s'accordait avec les vêtements de Sanji ; pour le reste, elle était aussi séduisante que dans ses souvenirs. Pipo tressaillit ; Chopper l'examina en quelques tâtonnements prudents.
- Doucement, lui dit-il, tu n'es pas encore rétabli...
- Écoute-le donc, dis Sanji en ricanant, il serait dommage que tu sois mis hors-jeu avant même le retour de tout le monde. Ce serait bien dommage, oui.
Et il partit d'un rire énigmatique qui irrita davantage Pipo.
- Comment oses-tu ! cria-t-il. Et tu te dis notre ami ?
Cela sembla amuser grandement Sanji.
- Plus que tu ne sembles le croire, en tout cas.
- Sanji ? intervint Chopper. Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi es-tu comme ça ?
- Sanji ?
Son ami ricana.
- Oui, il me semble qu'on m'appelait de cette manière, autrefois... Il y a très, très longtemps je pense... Avant que je ne sois Sandoval. Ou était-ce après ?
Il partit d'un autre rire tonitruant. Robin posa sa main sur son épaule.
- Il est temps, non ? Mon Roi.
Le visage de Sanji se tordit de manière douloureuse.
- Temps ? Le temps... oui, tu as raison, il est temps.
Et dans un geste grandiose, il jeta deux petites invitations en carton à terre, juste devant Chopper et Pipo. Ceux-ci regardèrent sans comprendre.
- Je vous invite officiellement à la réception que donnera Leon King demain soir dans son domaine, dit-il pompeusement. Un cadeau du Roi des Trèfles. Ça ne se refuse pas !
Le sourire éclatant et la mine réjouie, il se tourna vers Ken. Le jeune garçon avait pâli considérablement et restait sans rien dire, sans doute trop choqué... Chopper lui saisit le bras et le secoua. Ken émergea enfin dans un sursaut.
- Et toi, mon Ken, tu viendras, n'est-ce pas ? Bien sûr, tu es invité par Leon, mais Sandoval aussi souhaite ta présence !
Ken déglutit avec peine.
- Sanji ? C'est bien toi, n'est-ce pas ?
- Oui. C'est une chance, ne crois-tu pas ? Mon petit Enfant-Chance perdu.
Sanji s'était rapproché et, doucement, lui caressa la joue de sa main valide. Ken frissonna et recula d'un pas.
- Tu... tu es si différent...
- Je le suis, n'est-ce pas ? chuchota Sanji. Neuf ans, ça vous change un homme, tu sais ?
- Est-ce à cause de cela ?
- Sais-tu que la solitude te paraît plus insoutenable quand ceux que tu aimes sont à portée sans que tu puisses rien y faire... jamais ? Quand tu voudrais les rejoindre, mais tu sais que leur avenir serait bouleversé à jamais par ta seule vision... Alors tu attends, encore et encore, et tu pries. Juste un an de plus, juste un mois, juste un jour...
Il ricana.
- Et ce jour est arrivé...
Bouleversé, Chopper voulut le toucher, s'assurer qu'il allait bien, tâcher de calmer et de consoler ce regard fou, ce visage contracté par la douleur... La main douce mais ferme de Robin l'arrêta à mi-chemin. Elle secoua la tête, et, souriant tristement, le repoussa.
- C'est trop tard, fit-elle d'une voix cassée, il était déjà comme ça quand je l'ai trouvé. Il ne s'arrêtera pas en si bon chemin, crois-moi.
- De quoi parles-tu, Robin ? hurla Chopper, le coeur lourd. Pourquoi est-ce que Sanji est comme ça ? Et toi ? Je croyais que tu étais de notre côté !
- Je... Il y a bien longtemps que je suis au-delà de tout ça.
Pipo renifla avec dédain.
- Évidemment ! On est pas assez bien pour la Dame de Trèfle !
Le rire de Sanji se répercuta dans l'air.
- Eh bien, quelle fougue, mon Pipo ! Moi qui te croyait peureux !
Ken se jeta sur Sanji et le serra dans ses bras, sanglotant.
- Arrête ça, Sanji !
Larmes et cris ; rien n'y fit. Sanji se défit de lui rapidement et le poussa à terre. Ken tomba avec un cri de surprise ; Ahiru alla le rejoindre et se frotta à lui en jetant un regard de défi à Sanji. Elle s'était donc remise ?
- Il est fou ! cria-t-elle. La géhérit l'a atteint !
Sanji s'inclina, le geste ample et le visage réjoui.
- À ton service, Ahiru chérie !
- La géhérit ? Qu'est-ce que c'est ? demanda Ken, complètement dépassé.
- La folie de l'Autre Monde, répondit Chopper sans quitter leur ami des yeux. C'est ce qui se passe quand quelqu'un est resté dans le Monde de l'Autre Côté un peu trop longtemps et y a survécu : il devient plus fort, mais il perd la raison. Et parfois même son humanité.
- Quelle culture, Chopper ! dit Sanji. C'est bien digne de l'héritier de Trevor.
Chopper sursauta, le coeur battant.
- Tu connais mon maître ?
- Je l'ai connu, oui... Il y a longtemps, très longtemps... Il ne t'a jamais parlé de moi, hein ? Le brave homme.
Le corps de Chopper fut pris de convulsions ; des larmes amères coulèrent le long de ses joues.
- Vous vous connaissiez donc, et il ne m'a rien dit alors que je lui avais raconté mon histoire ?
Cette fois, Sanji éclata de rire. Ses amis le regardèrent horrifiés.
- Naïf que tu es ! Comment crois-tu qu'il t'as trouvé, mon petit renne médecin ? Et pourquoi crois-tu qu'il a accepté un élève tel que toi ? À ma demande, bien sûr !
Chopper se tourna vivement en direction de Robin.
- C'est vrai, ce qu'il dit ?
La jeune femme hocha la tête, doucement.
- Oui. Il avait tout prévu depuis le début. Chaque étape de nos mésaventures, c'est lui qui en est le responsable...
Tremblante, elle serra ses bras autour de son corps et tomba à terre. Elle pleurait, elle aussi.
- C'était désespéré, dit-elle, la voix chancelante. Il a déprogrammé Zoro et créé Zero, un assassin lié corps et âme à All Game. Il a attaqué le Merry, a enlevé Nami et Luffy... Puis il a fait en sorte que Pipo et toi soyez séparés tout en me proposant de travailler pour lui. Pendant quatre ans, j'ai essayé de vous éloigner de son influence, mais tout a été inutile.. Tout...
Pipo ouvrit des yeux ronds ; ses mains étaient crispées sur le drap enroulé autour de lui.
- C'est pas vrai... Alors, pendant tout ce temps, je croyais que tu étais notre ennemie...
- Sale engeance ! hurla Ahiru. Géhérit maudite !
Sanji sourit.
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Sora hocha la tête d'un air grave. Y avait-il un sens caché à tout cela ? Zero fronça les sourcils.
- Ça y est alors, il a commencé ? fit la jeune fille en s'adressant à Leon. C'est une bonne chose, non ? Nous en aurons bientôt fini avec cette histoire. La paix reviendra.
Leon soupira et s'assit dans un fauteuil en face d'elle.
- Je n'en suis pas aussi sûr. Il reste quand même très dangereux...
- Tu es bien placé pour le savoir, hein ?
Zero se mit sur pieds et leur jeta un regard noir.
- Eh, vous parlez de quoi, là ? C'est quoi cette histoire avec ce Sandoval ?
Les deux autres le regardèrent d'un air étrange.
- Ah, c'est vrai qu'on a encore refait le cerveau, fit Sora. Tu ne t'en souviens sans doute pas, mais tu as travaillé sous ses ordres, il y a quatre ans.
- Quand j'ai été créé ? Pourquoi on m'a rien dit ?
- À quoi ça aurait servi ? fit Leon en haussant les épaules. Les pions comme toi et moi, ça obéit aux ordres et ça la ferme. C'est comme ça qu'All Game marche.
- Je sais, mais quand même ! C'est pas comme si j'allais protester, quoi, mais j'aimerais bien savoir quand on me manipule !
Le visage de Sora se contracta de manière douloureuse. Elle soupira ; son regard passa lentement de Leon à Zero.
- Je n'arrive pas à comprendre Sandoval, dit-elle. Pourquoi créer un clone de lui-même et faire tous ces plans compliqués ? À quoi cela lui sert-il ? La Route de Tous les Périls sera à lui dans une dizaine d'années au plus ! Et avec le piège qu'il prépare aux hauts gradés de la Marine, elle mettra des mois avant de s'en remettre, si elle y arrive jamais ! Alors pourquoi ?
- Tu le connais depuis plus longtemps que moi, dit Leon. J'ai beau être son double, je n'ai absolument aucune idée de la manière dont il pense.
Sora lui fit un sourire faible. De son côté, Zero ne perdait rien de leur discussion ; il préféra se taire pour se concentrer sur les informations échangées. Qui sait, il arriverait peut-être enfin à démêler cette immense pelote qu'étaient les secrets d'All Game ?
- Je ne suis pas si bien informée, tu sais, poursuivit Sora. Il m'a écartée du pouvoir à la mort de son père, quand il est passé Roi. Comme je n'avais plus la volonté de rester, je suis allée me réfugier auprès de mon oncle, et j'ai perdu de vue tout ce petit monde pendant très longtemps... Jusqu'à ce qu'il me recontacte il y a quatre ans.
- Il y a quand même une chose que je me demande depuis un petit moment, fit Leon en prenant une mine sombre. Ce Sanji sur lequel Ken avait veillé pendant quatre ans... C'était bien un clone raté, n'est-ce pas ? C'est ce que tu m'avais dit...
- Je n'ai fait que te répéter ce que Sandoval m'avait lui-même dit. Mais c'est bizarre...
Elle fit la grimace.
- Je me souviens quand il est arrivé chez nous, ce fils étrange de Sandoval. Il s'était présenté en tant que Sanji... Et puis il a pris le nom de son père à sa mort. Ça m'a vraiment troublée, quand j'ai rencontré pour la seconde fois un Sanji, mais je savais que Sandoval avait créé ses clones, mon oncle était même fan de tes performances d'acteur. Quand il m'a rappelé plus tard pour me proposer de venir chez toi, je pensais que c'était parce qu'il voulait récupérer ce « Sanji »... Mais il n'en fut rien. Il l'a juste laissé à Ken, comme un os qu'on jette aux chiens.
Leon acquiesça.
- J'ai proposé au Roi de le tuer et de faire croire à un accident, histoire de ne plus l'avoir dans les pattes, mais il a expressément refusé... Il m'a dit qu'il avait encore un usage très important.
- Quand est-ce qu'il t'a dit ça ?
- Attends voir... C'était la veille où Oeil-de-Bois avait disparu, je crois. Je me souviens, ce bougre de vieux pirate fouinait un peu partout, c'était assez désagréable. Je me suis toujours demandé si Sandoval ou un autre de notre camp s'était débarrassé de lui...
- Pas moi, en tout cas, se hâta de dire Sora. Je l'aimais plutôt bien, en fait. Ken a pleuré sa disparition pendant des mois, c'était affreux.
- C'est ta belle qui a pas dû être contente.
- Layla ? Non, en effet. Mais en contrepartie, elle s'est tournée vers moi...
- Et tu l'as séduite, bourreau des coeurs !
Sora fit la grimace.
- Évite de m'appeler comme ça, tu veux ? Je ne veux absolument pas avoir affaire à Wren, même en surnom. Quel type répugnant ! Qu'est-ce qui a pris à Isaac de le reprendre, ce porc ?
- Ils s'entendent plutôt bien, aux dernières nouvelles, fit Leon en haussant les épaules. Et puis c'est un bon combattant.
- Mouais...
La jeune fille se cala un peu plus dans son fauteuil, la mine renfrognée.
- N'empêche, j'aurais bien voulu lui foutre sa pâtée, il y a quatre ans...
- Et risquer de te faire prendre par ton cher tonton qui te croit si pure et innocente ? ricana Leon.
- Oh, la ferme...
Zero se leva et alla se coller à Leon. Il avait bien fait d'écouter : déjà, plusieurs des questions qu'il se posait commençaient à s'éclaircir. Le reste, il le devina en réunissant les informations éparses dont il disposait.
- Et ce Sandoval, il est ici en ce moment ? demanda-t-il d'une voix détachée. Pour la fin de son plan, là ?
- On ne peut rien te cacher, fit Leon. Bientôt, All Game règnera sur la Route de Tous les Périls, et Sandoval sera à sa tête. Ce qui est normal, vu le personnage.
- Tu m'étonnes, ricana Zero.
Il avait l'intuition qu'il le rencontrerait bien assez tôt, ce type. Sandoval, Roi des Trèfles, le seigneur régnant d'All Game, Joyau de leur organisation ! Et lorsque cela sera fait, tout sera clair, il le savait. Zero n'avait plus qu'à attendre qu'on vienne le chercher, mais il avait tout le temps devant lui.
Car finalement, tout n'était qu'une question de temps...
À suivre dans le prochain thème...
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Énormément de blablas dans ce chapitre, mais au moins maintenant plusieurs mystères introduits tout au long de l'histoire ont pu être révélés sans flash-back inutiles. Bientôt le Boss de fin, youpi !
Merci de votre fidélité et à bientôt.