[Fic] One Piece, Zoro/Sanji, #9 : Course folle

Sep 18, 2006 15:47

Titre : Rien qu'un baiser, chapitre 9
Auteur/Artiste : Mokoshna
Couple : ZoroXSanji
Fandom : One Piece
Rating : M
Thème : 9. Course folle
Disclaimer : One Piece appartient à Eiichiro Oda. Je ne fais que reprendre ses personnages pour leur faire faire n'importe quoi.


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Chapitre 9 : Course folle

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Sanji contempla un instant la forme floue de la jeune femme marchant devant lui. Layla ne semblait nullement intimidée par le fait de se retrouver seule en compagnie d'un séducteur. Ils déambulaient depuis un assez long moment dans les couloirs du palais, Sanji derrière elle, les mains dans les poches et l'esprit hanté par le doute. Ils n'étaient pas encore arrivés auprès du Baron Tortuga, et le petit djinn qui lui servait d'intelligence lui chuchota qu'il n'allait sans doute pas revoir la sale face fardée de leur hôte ce soir.
Torches et couloirs sombres. Ils s'étaient enfoncés sous terre à travers un passage que Layla avait ouvert dans le mur, et ils descendaient, descendaient... Pour quoi faire ? Le destinait-elle à un rituel quelconque au centre de la terre ?
Il soupira. Tout ça parce qu'il s'était (encore) disputé avec Zoro ! Il se demanda où pouvait être son amant à cette heure. Sans doute attendait-il dans les couloirs que le cuistot vienne le chercher, tranquillement affalé sur une dalle ou contre un mur... Il dormait, bien entendu. Pas une seule fois Sanji ne l'avait surpris éveillé lors des fois précédentes où il s'était perdu. Il attendait paisiblement son sauveur ; quand Sanji le réveillait à coups de pieds et lui hurlait dessus, il reprenait ses sabres qu'il tenait contre lui comme trois peluches au style singulier et se mettait à le suivre en direction du Going Merry. Il leur arrivait quelquefois de se battre en chemin, lorsque l'un des deux se montrait borné pour une chose ou une autre, ou simplement parce qu'il avait ouvert la bouche pour parler... Leurs caractères ne s'accordaient vraiment pas, quand on y pensait. Qu'ils soient ensemble ? Inconcevable pour le chaland ordinaire qui ne passait pas plus d'un mois avec eux. Ils étaient plus des ennemis mortels que des amis potentiels, encore moins des amants.
Mais ceux qui les connaissaient vraiment bien, ceux qui avaient traversé les pires situations à leurs côtés et avaient autant confiance en eux qu'en leur propre personne, si ce n'est plus... Pour ceux-là, les voir s'échanger subrepticement des regards soucieux en période de danger, se frôler la main ou toute autre partie du corps en passant, pour ce rare cercle d'amis qui leur étaient plus chers que leur propre famille, leur comportement n'était pas si énigmatique. Ils savaient, tout comme ils savaient que Chopper était innocent, Pipo menteur, Luffy idiot et Nami un brin avare. Insultes et coups étaient en quelque sorte leur rituel amoureux attitré ; ne pas les commettre, se complaire dans une paix languissante teintée de romantisme n'était pas pour eux, même si Sanji n'aurait pas dédaigné un peu d'expression sentimentale à quelques occasions...

- Nous y sommes, fit la voix neutre de Layla, le tirant de ses pensées.
De lourds barreaux se dessinaient à l'issue du couloir. L'entrée d'un cachot, à n'en pas douter. Sanji haussa un sourcil dubitatif. C'était gros, quand même, comme piège. Sans doute la jeune femme le savait-elle mais ne s'en souciait-elle pas. Après tout, il avait bien accepté de la suivre jusque-là.
- Et si vous me disiez ce que je vais vraiment voir, Layla ?
Elle lui tendit la main.

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Ken n'était pas le vrai fils de Tortuga. Zoro avait à peine cillé à cette soit-disant révélation ; comme s'il avait besoin de l'apprendre, après tous les indices que le jeune garçon avait abondamment semé depuis qu'ils s'étaient rencontrés...
- Et tu veux que je délivre Oeil-de-Bois ?
- Si c'est possible. Moi, je m'en fiche, mais lui ne l'avait pas mérité.
- Je veux bien, mais pour l'instant on est toujours perdus.
- Oh, fit le garçon en riant, je ne m'en fais pas ! Layla viendra me chercher. Elle fait toujours ça quand elle voit que je ne reviens pas.
Zoro eut un tressaillement nerveux du sourcil.
- Et cette Layla... elle n'est pas humaine, n'est-ce pas ? J'espère pour elle qu'elle n'a pas eu l'idée de visiter mon ami, il serait capable de la laisser faire !
Ken lui lança un regard horrifié.
- Non ! Je veux dire, si, un peu, mais elle n'est pas comme ça ! Il ne lui viendrait jamais à l'idée de dévorer qui que ce soit !
- Tu as l'air sûr de ton coup.
Son compagnon hocha la tête avec vigueur.
- Elle s'est toujours occupée de moi depuis que je suis tout petit. C'est la plus gentille femme que je connaisse.
- Un peu comme ta mère ?
- Je l'appelais comme ça quand j'étais petit. Mais elle me l'a interdit quand Tortuga nous a recueillis.
- Tu n'es donc pas ici depuis ta naissance ?
Ken fit signe que non.
- Je ne sais pas où je suis né, fit-il avec tristesse. Layla m'a dit qu'elle m'avait trouvé au sommet d'un arbre, un matin qu'elle se promenait dans l'île où elle avait élu domicile. Je pleurais, c'est comme ça qu'elle m'a a su où j'étais.
- Elle savait ce que tu étais ?
- Oui.
- Et elle t'a ramené chez elle.
- Ce n'est pas ce que tu crois ! fit Ken avec véhémence. Elle est trop gentille pour laisser un bébé tout seul. Et elle m'a dit qu'elle se sentait seule...
- Et Tortuga ? Qu'a-t-il à voir avec vous ?
- J'avais cinq ans quand il est arrivé sur l'île. Il chassait des Méduses et avait entendu parler de Layla. Forcément, quand il m'a vu et qu'il a su ce que j'étais, il m'a pris avec lui. Il a décidé de s'installer ici, sur l'île de la Tortue, et on vit comme des prisonniers depuis.
- Tu m'étonnes, ricana Zoro. Un Enfant-Chance, c'est une occasion à ne pas rater. Surtout quand on sait ce qu'on veut.
Ken détourna le regard.
- C'est tout ce qui vous intéresse, vous autres humains ! Les trésors !
Zoro se gratta la nuque, l'air gêné. Ken boudait clairement. Le bretteur soupira.
- Écoute, j'ai rien contre vous autres ou quoi. Tout ce que je veux, c'est délivrer Oeil-de-Bois pour qu'il nous mène à un trésor, juste un.
Ken parut surpris.
- Oeil-de-Bois ? Tu voulais donc le libérer depuis le départ ?
- Oui. En fait c'est pour ça qu'on est là, avec Sanji.
- Qui ?
- Il se fait passer pour Leon King. En fait il s'appelle Sanji, c'est mon compagnon de voyage. Nous sommes pirates.
- Oh.
Ils se turent un instant. Finalement, Zoro reprit la parole.
- Tu n'as pas peur ?
- Pourquoi ?
- Tu sais, pirate et tout ça.
Ken se mit à rire.
- Pourquoi j'aurais peur ? Layla m'a appris qu'il y avait toutes sortes de pirates dans le monde, des bons et des mauvais, et que notre nature faisait qu'il était très facile de savoir qui était de quel côté. Tu ne m'as pas encore réclamé comme tien et tu veux m'aider à délivrer Oeil-de-Bois, tu ne peux pas être mauvais.
Zoro lui fit un sourire.
- Tu es vraiment un gentil garçon.
- Hein ?
Le bretteur se leva alors d'un bond et lui tendit la main.
- Il est temps d'y aller. Personnellement, je ne vais pas attendre ce crétin de coq plus longtemps. On va tester un peu ta chance légendaire, si ça ne te dérange pas.

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L'intérieur de la pièce était lugubre, seulement éclairé par la lueur blafarde d'autres torches. Sanji renifla de dégoût en sentant l'abominable puanteur qui se dégageait des murs et du sol, et sa peau se flétrit quelque peu avec l'humidité. Il détestait ce genre d'endroit.
- Où ça ? demanda-t-il à la jeune femme qui attendait à l'entrée.
- Tout au fond, à droite. Il est attaché contre le mur, mais je n'ai pas la clé pour cette cellule. Seul Tortuga l'a.
Sanji fit quelques pas en direction du fond tout en lorgnant les environs du coin de l'oeil, pour éviter toute mauvaise surprise. Dans les différentes cellules pourries, se trouvait de temps à autre un prisonnier à l'oeil torve et à l'allure décharnée qui le laissait passer sans même un regard. Certains étaient enchaînés, d'autres étaient si mal en point que l'ajout de chaînes eût été superflu. Un homme voûté poussa un grognement alors que Sanji enjambait un tas de détritus indéfinissable qui bloquait le chemin. Il jeta un bref coup d'oeil... et le regretta. Le tas en question était un bras en décomposition qu'on avait nonchalamment abandonné dans le passage, et il devina en voyant la manche vide du détenu qui avait grogné à qui il avait pu appartenir.
- Merde ! grogna-t-il.
C'était bien le moment de jurer. Il délaissa le pauvre hère manchot et se dépêcha d'atteindre le fond. À droite, avait dit Layla. Il espérait seulement qu'Oeil-de-Bois était en meilleur état que les autres prisonniers.
L'intérieur de la cellule était trop sombre pour qu'il y voie quelque chose. Il se rapprocha à pas feutrés, les sens en alerte.
- Oeil-de-Bois ?
Un bras apparut soudainement à travers les barreaux et voulut lui saisir le cou. Prompt comme l'éclair, Sanji avait reculé et il resta là, au centre du couloir, à attendre la suite des événements. Une silhouette trapue apparut à la lumière.

On pouvait difficilement dire qu'Oeil-de-Bois était une gravure de mode. Il n'était pas spécialement affreux mais ses vêtements sales, son allure un peu pitoyable due à des mois de malnutrition et l'état général de sa santé, d'ailleurs, ne le mettaient pas vraiment à son avantage. Sanji remarqua que son oeil droit était béant. L'homme était borgne et quel que fût l'oeil artificiel qui avait séjourné dans l'orbite, il n'y était plus à présent. Le prisonnier poussa un cri de rage en voyant que sa proie lui avait échappé.
- Sale merdeux de Tortuga ! clama-t-il avec une étonnante énergie.
Sanji se ressaisit et remit sa chemise en place.
- Oeil-de-Bois, je présume ?

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Zoro trancha dans le tas, et ce faisant il fit voler une dizaine de soldats qui heurtèrent les murs avec d'horribles bruits de craquements. Il poursuivit son chemin sans s'en soucier, Ken sur les talons.
Il étaient partis un peu au hasard à travers le palais. Le bretteur comptait sur la soit-disant chance qu'accordaient les Enfants-Chance à ceux qui y étaient attachés pour retrouver son chemin vers la chambre où se trouvait Sanji. Malheureusement, tout ce qu'ils avaient rencontré pour l'instant, c'étaient des gardes idiots qui avaient voulu l'arrêter en le voyant déambuler sans permission. Leur fureur avait été accrue lorsqu'ils avaient remarqué la présence de Ken ; croyant sans doute à un enlèvement, ils s'étaient précipités sur lui de toutes leurs forces, armes en avant. Ces même gardes gisaient à présent derrière eux, morts ou grièvement blessés pour la plupart.
- Au fait, comment ça se fait qu'il te garde pas un peu mieux, genre dans une cage ? demanda-t-il à Ken après qu'il faillit se faire attraper par un soldat un peu plus agile que les autres.
- C'est ce qu'il a fait au début, mais il a laissé tomber en voyant que je me détériorais. J'ai besoin d'un minimum d'espace sinon j'étouffe. Alors il a posté des gardes partout et a fait fermer le palais. Je ne peux pas en sortir, mais il accorde à Layla de faire son sale boulot parce qu'il sait qu'elle ne partira pas sans moi.
Zoro hocha la tête en essuyant avec un bout de veste le sang qui s'était accumulé sur ses lames.
- Maintenant que j'y pense, fit-il gravement, l'aide d'un Enfant-Chance ne serait pas de refus pour trouver ce trésor.
- Hein ?
- Après tout, le principe de ce type de chasse, c'est qu'il y ait un maximum de danger. Alors un gamin qui porte bonheur c'est pas mal. Une Méduse peut servir aussi, on sait jamais quand on aura besoin de pétrifier quelqu'un.
Hagard, Ken le regarda un instant sans comprendre. Puis un immense sourire heureux lui couvrit le visage et il sauta au cou de Zoro, l'air ravi.
- Merci ! Oh, merci, merci !

Zoro le posa maladroitement à terre.
- Euh... ouais. Enfin ne crie pas victoire trop vite, on les a pas encore retrouvés.
Ken lui décrocha un autre sourire.
- Aucun problème, cria-t-il presque. Je suis super motivé maintenant !

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Oeil-de-Bois lorgna Sanji avec suspicion.
- Et qui le demande ? Tu n'as pas l'air d'être un sale valet de Tortuga toi mon gars, pas avec ton style.
- Vous avez l'oeil.
- C'est le cas de le dire, mon gars, fit-il en montrant d'un doigt son oeil encore valide.
Sanji sourit. Cet homme lui plaisait bien. Il lui rappelait un peu les cuisiniers rudes et sans manières du Baratie.
- Je suis là de la part de Layla, dit-il avec une pirouette. Cette gente dame m'a demandé de vous délivrer.
- La petite ? Où est-elle ? Le gamin est là, aussi ?
- Il n'y a que Layla. Elle nous attend à l'entrée, elle surveille les alentours.
- Elle t'a dit, pour...
Il s'interrompit brusquement, le visage rayé par l'inquiétude. Sanji secoua la tête.
- Dit quoi ? Une demoiselle a besoin de mon aide, c'est tout ce qu'il me faut savoir.
Oeil-de-Bois sembla le détailler avec un regard de satisfaction.
- Un gentleman, à ce que je vois. Ça faisait longtemps que j'en avais plus revu. Les gars dans ton genre sont rares de nos jours, mon garçon.
- Malheureusement, fit Sanji avec dédain. Il n'y a qu'à voir mon compagnon.
- Tu n'es pas seul ?
- Il s'appelle Zoro, fit-il sans détour.
Le visage d'Oeil-de-Bois changea de couleur. Sanji soupira.
- Aussi passionnantes qu'ont l'air les choses que vous pouvez me dire à son sujet, je crains que n'ayons pas le temps pour l'instant. Je vais vous délivrer. Veuillez vous éloigner de la porte.
- La porte ? Mais qu'est-ce que tu...
- Faites-le.
Oeil-de-Bois n'insista pas, pas avec le ton qu'avait pris Sanji. Le vieux roublard qu'il était avait reconnu en ce garçon à l'allure de dandy un fabuleux combattant, un pirate peut-être ? Un bon, alors. Il avait l'oeil pour ça. Lui qui avait fréquenté la crème de la piraterie depuis son plus jeune âge, savait reconnaître l'un de ses membres quand il en croisait un.

Sanji évalua l'espace qu'il avait et la solidité apparente des barreaux. Ils paraissaient robustes, mais pas encore assez. Il alluma une cigarette d'un frottement de la main, et malgré l'humidité ambiante la petite allumette qu'il utilisa à cette occasion accepta de prendre. Une bouffée. Il était aux anges. Il leva son pied droit, très haut, presque jusqu'à toucher le plafond. Oeil-de-Bois contempla sa jambe, fasciné. Avait-elle été si longue ? Il la crut élastique. Un fruit du démon ? Non, il ne sentait rien de tel... Par précaution, il recula encore jusqu'au fond de la cellule.

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Ils ne savaient pas depuis combien de temps ils couraient. C'était absurde ! Il sembla à Zoro qu'ils avaient déjà traversé tout le palais, et pourtant chaque nouveau croisement montrait un aspect inconnu. Les gardes à leurs trousses n'avaient pas diminué, bien au contraire. Ils devaient avoir rameuté l'île à eux tous seuls. Ken courait encore derrière, essoufflé mais toujours vaillant, et encore derrière ils avaient au bas mot une centaines de soldats pestant et trottant à toute allure. Il commençait à en avoir marre.
- Je vais vraiment finir par les découper ! tonna-t-il.
- Ne fais pas ça ! s'écria Ken, pantelant. Ce ne sont plus les gardes de nuit, ceux engagés par Tortuga ! Certains d'entre eux sont de braves pères de famille avec des enfants à charge.
Zoro grommela, mais Ken remarqua qu'il ne mit pas ses menaces à exécution. Il fut plus que jamais persuadé d'avoir fait le bon choix en suivant cet homme.
- À droite ! hurla-t-il.
- Pourquoi ?
- C'est qui l'Enfant-Chance, ici ?
Zoro parut y réfléchir.
- C'est parti pour la droite ! admit-il néanmoins.

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- J'en ai marre ! hurla Sanji en agrippant fermement les jambes d'Oeil-de-Bois. Si je n'avais pas à te porter, je les exploserai tous !
- Désolé d'être trop affaibli pour marcher ! grogna le poète. J'aimerai t'y voir, belle gueule, après tout ce temps à être torturé par cette ordure de Tortuga !
Layla ne dit mot, trop occupée à courir elle-même. Sanji avait sans problème explosé les barreaux qui retenaient Oeil-de-Bois et ils s'en étaient sortis sains et saufs. Seulement, voilà. Ils n'avaient pas comptés sur la présence de Tortuga et d'une bonne vingtaine de ses hommes à la sortie du couloir qui menait au cachot. Il les avait assailli immédiatement et n'eût été la promptitude à laquelle Layla avait réagi, ils auraient fini aux côtés d'Oeil-de-Bois dans une cellule adjacente. La jeune femme avait simplement entrouvert son bandeau en direction des gardes qui avaient arraisonnés Sanji et ils s'étaient pétrifiés sur place, les traits déformés par l'horreur.
- Une Méduse ! J'y crois pas, et si j'avais été pétrifié moi aussi ? jeta-t-il en direction de Layla, sa politesse oubliée au profit de l'indignation.
- J'ai fait très attention ! répliqua-t-elle.
Il n'insista pas, préférant garder son souffle pour la course. Mais quand même, une Méduse ! Il avait craqué sur un monstre !
Il secoua la tête. Non, il ne devait pas se montrer intolérant. Elle était un monstre ? Et alors ? Des monstres, il en croisait à longueur de journée avec ses amis de l'équipage du Going Merry. Il était lui-même une sorte de monstre avec ses capacités à faire peur. Il savait que beaucoup d'humains le voyaient en tant que tel, du fait de son art de combat et sa maîtrise de la cuisine. Donc il n'avait pas le droit de traiter qui que ce fût de monstre. Il l'avait fait une fois sur Chopper, par erreur, alors qu'il avait eu une journée harassante. Le petit renne était parti en larmes, et Robin et Nami avaient dû le consoler toute la nuit. Sanji avait fait de plates excuses le lendemain. Ils s'étaient finalement réconciliés, mais Sanji avait tant et si bien regretté cet incident qu'il s'était juré de faire attention à l'avenir.

Leur petit groupe arriva à un autre embranchement. Oeil-de-Bois sur le dos, Sanji pressa le pas, non sans avoir vérifié que Layla suivait toujours, et leur équipée faillit très mal se terminer.
Ils en furent quittes pour une bonne frousse. Zoro avait déjà lancé ses sabres sur eux ; Sanji se baissa à temps et Oeil-de-Bois n'eut qu'un peu de cheveux en moins. Il fixa les sabres, tout contre sa tête, les yeux exorbités par la frayeur.
- Qu'est-ce que tu fous, tête d'algue décomposée ? hurla Sanji en direction de Zoro, rassuré malgré lui de le revoir.
- Et toi, cuistot de mes couilles ?
Ils s'échangèrent un regard hargneux tandis que d'innombrables bruits de pas se rapprochaient. Layla attrapa Ken qui tendait les bras vers elle. Oeil-de-Bois jugea plus prudent de descendre du dos de Sanji. Ce dernier n'avait même pas remarqué la perte de son fardeau.
- Ce n'est pas le moment de se disputer ! voulut hurler Layla, mais les deux drôles ne l'entendaient déjà plus.

- Ta gueule, pauvre type, fit Sanji. Où t'étais, hein, pendant que je délivrais Oeil-de-Bois ? Pffu, ça jette des plans et ça les respecte même pas. Bretteur raté.
- Eh, c'est qui qui m'a fait un caprice, sourcils tordus ? Tu m'as laissé errer dans ce fichu palais !
- C'est pas ma faute si t'as le sens de l'orientation d'une bouteille de rhum ! Grosse brute sans cervelle !
- Bite ambulante !
Layla boucha les oreilles de Ken de ses mains. Les pas se firent plus pressants et elle put voir surgir des deux côtés où ils étaient arrivés quantité de gardes furieux. Leur course folle s'achevait là.

- Rendez-vous ! hurla Tortuga à leur tête ! Sales imposteurs, je vous ferai pendre pour votre affront !
Mais ni Zoro ni Sanji ne l'écoutaient, trop occupés qu'ils étaient à s'échanger coups de pieds et de sabres. Tortuga sentit la moutarde lui monter au nez.
- Arrêtez-les ! ordonna-t-il à ses hommes.
Ceux-ci ne se firent pas prier. Layla se plaqua contre le mur en serrant Ken tout contre elle. Oeil-de-Bois les avait imité.
Un sabre ennemi démarra les hostilités en égratignant la joue de Sanji. Le jeune homme blond s'arrêta un instant, ahuri, et il cueillit de la main une goutte du sang qui s'en écoulait. Surpris, les soldats attendirent qu'il se rende. C'était ce qu'il allait faire, n'est-ce pas ? Deux hommes ne pouvaient raisonnablement lutter contre toute une armée.

Sanji baissa les yeux et trembla.
Zoro avait assisté au spectacle sans dire un mot. Lorsque Sanji tâta sa joue, il se saisit du bandeau sombre qui était attaché à son bras et le mit sur la tête, doucement. Son regard était voilé.
- BANDE DE SALAUDS !!!! hurlèrent-ils simultanément en se lançant dans la mêlée, les yeux emplis de colère et d'intentions meurtrières.
Tranche, frappe, tue. Tortuga tremblait de tous ses membres. Ses gardes, des hommes surentraînés qu'il avait lui-même choisi dans l'élite pirate de l'île, se faisaient décimer par deux hommes seuls ! Un corps fut projeté tout près de sa perruque et alla s'écraser contre le mur. Il ne voyait plus qu'un tourbillon de chair et de sang. Layla était recroquevillée sur Ken, Oeil-de-Bois regardait avec intérêt.
- C'est quand même autre chose, ces gamins, hein vieille badine ? rit-il en direction de Tortuga.
- Ce sont des monstres !
Il s'enfuit en hurlant à travers les couloirs, en sens inverse. Oeil-de-Bois cracha vers lui.
- Bon débarras !

La bataille était finie. Les soldats horrifiés se précipitèrent à la suite de leur chef en hurlant. Au milieu du carnage, Zoro et Sanji, les yeux hallucinés, se regardaient encore avec défi même s'ils avaient suspendus leurs coups. À bout de souffle. Le bandeau de Zoro était un peu défait. La joue de Sanji était si bien barbouillée de rouge qu'il semblait avoir la peau entièrement écorchée. Ils se jetèrent l'un sur l'autre.
Les sabres glissèrent au sol, les jambes tendues se relâchèrent. Corps à corps. Sanji enroula ses bras autour du cou de Zoro et se pressa contre lui avec toute l'énergie qui lui restait. Zoro l'attira à son tour et ils tombèrent, hurlant, riant, pleurant, les lèvres de Sanji sur celles de Zoro.
Et ce baiser, leur baiser si longtemps attendu eut lieu.

A suivre dans le prochain thème...

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Ce chapitre s'est quasiment tapé de lui-même en deux heures, c'est étonnant. Enfin, c'est pas plus mal. Les aventures de Zoro et Sanji me font toujours marrer, c'est l'essentiel, il faut que je tienne encore 21 chapitres. Encore plus de surprises dans le prochain, promis !

Merci pour votre fidélité et à bientôt, et surtout n'hésitez pas à commenter !

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