Titre de l'épisode : "Mignonne, allons voir si la rose..."
Avertissement : G
Spoiler : tome5
Disclaimer : HP & C° sont la propriété de JKR (et de WB)
Note : sur une idée dérivée de Kaamelott
Note² : un tout petit texte, juste pour vider un peu la tête.
personnages présents : Tonks, Molly Weasley, Remus Lupin.
Grimmauld Place
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Mignonne, allons voir si la rose...
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À l’approche de la cuisine, Remus monta sur la pointe des pieds et avança à pas de loup. Silencieux et furtif, pour ne pas éveiller l’attention du Gardien des Fourneaux, Remus retenait presque sa respiration. Encore trois pas et le danger serait passé. Encore deux. Encore…
« Remus, c’est vous ? »
Loupé !
« Oui, Molly, répondit-il un sourire statiquement poli plaqué sur les lèvres.
- Ça tombe bien, je voulais justement vous parler.
- Vraiment ?
Le sourire s’effrita.
- Que faites-vous cet après-midi ?
Remus se garda bien de répondre. Il avait repéré dans le regard de la sorcière une lueur qui l’inquiétait.
- Parce que, Abigail, la cousine d’Arthur, vient sur Londres aujourd’hui, reprit-elle. Elle est tout à fait charmante et il me semblait une bonne idée que vous nous accompagniez. »
Ces derniers temps, la matriarche Weasley était toute à l’étrange idée de caser Remus. Comment pouvait-on être encore célibataire à trente-cinq ans ? Cela la dépassait. Remus avait tenté de lui expliquer que c’était chose on ne peut plus facile, mais la Matriarche avait répondu qu’elle ne laisserait pas Remus seul plus longtemps. Non ! Foi de mère de sept enfants, elle l’aiderait dans cette difficile quête du Bonheur qu’était le mariage. Severus avait bien ri. Remus beaucoup moins. Dès lors, Remus avait vu sa tranquillité disparaître : Molly ne cessait de lui vanter les mérites de sorcières toutes plus célibataires les unes que les autres. Généralement, une cousine d’Arthur. Mais combien en avait-il ?
« Cela aurait été avec plaisir Molly, mais je dois…
Il laissa sa phrase en suspend à la recherche d’un prétexte.
- Vous devez… ? s’enquit Molly poliment.
Le regard Remus cherchait désespérément un objet qui pourrait lui inspirer un mensonge.
- Je dois…
Il devait…
- Je dois aller cher le rémouleur ! » s’exclama-t-il presque joyeusement.
Moment de silence où son interlocutrice le dévisagea avec étonnement et suspicion et où Remus se demanda bien pourquoi il avait dit une chose pareille. Par-dessus l’épaule de Molly, il avait vu les couteaux bien rangés sur le comptoir, et… et il n’avait jamais été l’improvisateur du groupe.
« Le rémouleur, répéta Molly avec méfiance.
- Oui, le rémouleur, ou plutôt la rémouleuse, corrigea Remus. Edina Balmoral, dans l’impasse du Borgne Chevelu, près de…
- Oui, je vois, coupa Molly fraîchement.
- Sirius a sorti des coffres familiaux toute une collection d’armes. Mais il ignore si elles ont une quelconque utilité ou puissance. Je me suis donc proposé d’aller les porter à Edina.
- Edina ? répéta Molly avec un petit reniflement. Et il ne pourrait pas y aller, Sirius ?
- Vous n’y pensez pas, Molly ! Sirius ne peut pas sortir.
- C’est vrai, dit-elle avec impatience. Mais après, cela ne vous empêche pas de nous accompagner. Ou un autre jour. Abigail est ici pour quatre jours.
- Excepté qu’Edina me fait une faveur. Elle a beaucoup de commandes en cours et, malgré ça, elle a accepté immédiatement de me faire une expertise et une remise en état si besoin est. J’ai donc promis de l’aider toute la semaine.
- Une expertise contre une semaine de travail non rémunéré ? Vous vous faites rouler, mon cher Remus, dit Molly avec hauteur.
- Pas tant que ça, répondit Remus avec un petit sourire. Edina est une artiste. Et une amie.
Molly lui souhaita donc une bonne journée, répéta que c’était bien dommage, car Abigail lui aurait sûrement plu. Une sorcière tout à fait charmante. Remus réitéra ses excuses. Molly les accepta avec peu d’entrain et s’en retourna à sa cuisine. Remus songea qu’au prochain repas, il hériterait probablement de la plus petite part. Mais la tranquillité valait bien une diète.
« C’est qui cette Edina ? demanda une voix flûtée.
Remus poussa un petit cri de surprise de la plus grande virilité.
Les mains derrière le dos, le regard pétillant de malice et un léger sourire moqueur sur le bout des lèvres, Nymphadora se tenait juste devant lui.
« Tonks ! Tu veux ma mort ou quoi ?! Je suis trop vieux pour ces jeux ! soupira-t-il la main sur le cœur.
- Mais non tu n’es pas vieux, sourit la jeune Auror.
- Va dire ça à mes cheveux blancs.
- Quels cheveux blancs ? »
Elle se haussa sur la pointe des pieds et examina les tempes de Remus.
« Ces deux,-trois-là ? » demanda-t-elle en reposant les talons sur le sol. Elle secoua la tête.
« J’ai déjà vu plus impressionnant, conclut-elle.
- Tu es mignonne, sourit gentiment Remus. »
Le joli visage se rembrunit. « Mignonne ? » répéta Nymphadora, les sourcils froncés.
Mince ! Quel était le problème ? L’adjectif ‘mignonne’ était-il devenu impropre à la consommation ? Venait-il de l’insulter de la pire des façons ?
À vivre avec des adolescents, Remus avait découvert qu’à un moment, entre sa propre adolescence et maintenant, le sens de certains mots avait muté. Prenez l’adjectif ‘brave’ par exemple, autrefois plein de noblesse et de grandeur (n’était-ce pas une des caractéristiques des Gryffondor ?), il était brusquement devenu un terme à connotation négative. Quelle tempête de rires n’avait pas déclenché Remus quand, dans un moment de magnanimité, il avait pris la défense de Severus et argué qu’il était bien brave.
À tous les coups, Remus venait de traiter Nymphadora de cruche, de gourgandine, peut-être même de laideron… Comment pouvait-il savoir avec le langage Jeune ? N’avait-il pas été expressément créé pour que les Non-Jeunes ne le comprennent pas ? Et il était un Non-Jeune ! Ses deux-trois cheveux blancs étaient là pour le confirmer.
« Oui… Est-ce que… le mot a changé de sens depuis la dernière fois ? s’enquit-il nerveusement.
- Non, non, répondit Nymphadora avec hauteur. On s’en sert toujours pour complimenter les petites filles. »