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Titre : (n/a)
Auteur :
ylgFandom : Saint Seiya (Les Chevaliers du Zodiaque)
Table et prompt : o9#o6, union
Personnages/Pairing : Hyōga (-> June ->) Shun
Rating : PG-15
Disclaimer : Kurumada Masami
Notes : toujours quelque part dans ma série qui progresse doucement et parfois un peu reculons même que là les choses sont en train de partir en quenouille pour les persos
***
Hyōga ne peut pas supporter de voir une jolie fille si triste. Et June, quand Shun n’est pas avec elle, n’est visiblement pas heureuse.
D’abord, il n’ose pas trop aller vers elle. C’est la fille-qui-est-avec-Shun avant tout. Petit à petit seulement, à force de se croiser entre Chevaliers de Bronze ou en donnant un coup de main à l’orphelinat, ils apprennent à se connaître, eux deux comme les autres. Mais il sait que quoi qu’il ressente envers elle, il n’y a encore aucun lien spécial entre eux. Aussi loin qu’elle est concernée, ils sont juste deux individus parmi un groupe, sans rien de spécial.
Pas comme avec Shun. Pour l’un comme pour l’autre. Shun et June s’aiment, c’est entendu. Et pour Hyōga, Shun est spécial parmi ses camarades. Il y a entre eux une certaine complicité qui pour Hyōga est née dans le Temple de la Balance ; pour Shun ça date de bien avant : l’affrontement avec les Black Saints : pourquoi Hyōga qui semblait les détester tous à cette époque, est-il venu à son secours, et à un moment où il était tellement désemparé face à la haine plus forte encore que leur témoignait son grand frère…
Ils se sont un peu distancés après la bataille contre Hadès - ça, d’avoir fait équipe avec d’autres partenaires, et que Shun refuse de parler de cette expérience, comme s’il avait quelque chose à cacher ?
En fait, c’est de son expérience des combats en général qu’il évite maintenant de parler. C’est vrai qu’il n’a jamais aimé se battre, qu’il a toujours préféré chercher d’autres solutions, et puisqu’Athéna elle-même affirme que toutes leurs guerres sont finies désormais, pourquoi le blâmer de vouloir enterrer le passé ?
Peut-être parce qu’il donne presque l’air de vouloir le nier…
Donc aujourd’hui, Hyōga, fatigué de voir les deux personnes auxquelles il s’est le plus attaché souffrir en silence dans leur coin, décide de secouer un peu les choses. Il en sait quelque chose, de ruminer tout seul et de jouer les martyrs sur le thème Mais non vous ne pouvez pas m’aider, vous vous rendriez malheureux vous aussi, (et peut-être que j’ai envie de rester malheureux, na !)
On pourrait donc lui rétorquer qu’il n’a rien à dire. Mais au contraire, il a l’impression qu’il est le mieux placé pour parler. Cette attitude est chronique chez lui, peut arriver ponctuellement à chacun avant de se dissiper, toujours, et il trouve que ça ne va à ceux-là.
Et puis après tout, il est en train de le prouver en prenant en charge l’instruction de Yacov : il a le droit de mûrir et de sortir de son rôle d’adolescent. Ça n’est peut-être pas évident, mais il peut essayer.
Encore faut-il trouver loisir de lui parler seul à seul. Car parler de cœur à cœur, si Elle est toujours là pour écouter, ça ne va pas être possible. Hyōga passe presque une journée entière à les guetter, attendant le moment où enfin, pourra aborder Shun sans personne de gênant autour, et sans non plus donner l’impression de se jeter sur lui comme un fauve sur sa proie.
(Qu’est-ce qu’il se fait mauvaise impression à lui-même, de les épier ainsi… depuis quand leur beau lien d’amitié s’est-il autant relâché, pour qu’il en soit réduit à ça ?)
Enfin ! Arrive quand même un moment où ils sont appelés chacun de leur côté.
Et ça lui donne la parfaite entrée en matière :
« He bien, lance-t-il sur le ton de la plaisanterie ; ça m’étonne presque de te voir tout seul, tout à coup. Il y a des moments où j’ai l’impression que vous êtes des jumeaux siamois, June et toi. »
Shun rit, mais pas du tintement cristallin auquel Hyōga est habitué. La blague tombe à plat…
C’est vrai qu’ils passent leur temps ensemble, collés l’un à l’autre, à se tenir par la main ou enlacés. Même quand ils ne se touchent pas, ils restent autant que possible à proximité l’un de l’autre et leurs regards se cherchent souvent. À croire qu’ils sont enchaînés l’un à l’autre. S’étant rencontrés et ayant grandi ensemble sur l’Île d’Andromède, la métaphore a quelque chose de bizarre.
Et soudain, à cause de cette image de chaînes, Hyōga n’est plus si sûr de la beauté du lien entre Shun et June. Ça lui semble même presque son devoir de le questionner, du coup.
« C’est vrai, on vous voit si rarement l’un sans l’autre, et quand vous êtes ensemble vous êtes toujours l’un sur l’autre. Même Shiryū et Shunrei ne font pas ça.
- Ils sont plus timides, voilà tout. »
Ou ont moins de doutes et n’ont pas besoin de réaffirmer continuellement et crier sur tous les toits ce qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Ou, bien au contraire, n’éprouvent pas une telle passion amoureuse mais une simple tendresse de frère et sœur d’adoption. Mais ça ne regarde qu’eux. Hyōga a vraiment autre chose à faire que de se préoccuper de la vie privée de Shiryū. Puisqu’elle reste tellement privée justement, qu’elle ne l’envahit pas lui…
Il pourrait peut-être demander à Shun si lui n’est pas timide, mais cette réponse ne l’intéresse pas tant. Il va plutôt droit au fait ;
« L'aimes-tu donc tant que ça ?
- Oh, oui.
- Tu comptes l'épouser ?
- Quoi ?
- Si tu l'aimes. »
Shun rit de nouveau, surpris. Et de nouveau, son rire sonne plutôt faux. La question le dérange, et ça n’est pas étonnant, à vrai dire ; elle est trop directe, trop inattendue.
« Je ne sais pas. Je... je l'aime beaucoup, c'est sûr. Mais de là à penser que je vais me marier avec elle !
- Ben tu vois, encore une fois…
- Shiryū et Shunrei disent qu’ils vont le faire, et s’il était possible à une Déesse d’épouser un de ses Saints, Seiya et Saori-san le feraient aussi ?
- Je ne suis pas certain pour Seiya et Saori, remarque.
- …Moi non plus. Et tu vois, pour June et moi… »
Le rire est bien vite oublié. Shun se fait tout à coup sérieux. Sérieux comme rarement. Hyōga en serait presque mal à l’aise, de comprendre qu’il va recueillir des confidences qu’il n’aurait peut-être pas dû demander.
« Elle a toujours été là pour moi. Bien sûr que je suis heureux avec elle, mais comme je suis heureux avec mon grand frère ou... avec toi. »
Et la gêne se double d’un plaisir stupide à se dire que Shun le classe dans une catégorie spéciale, où il n’a pas cité les autres. Que ça soit par politesse puisqu’il s’adresse à lui en ce moment ou un véritable aveu…
« Je ne me suis jamais posé la question de ce qu’était l’amour et être amoureux, avant qu’elle ne me dise, elle…
- Alors comment sais-tu ?
- Je ne sais pas, justement. »
Shun lui-même aborde donc le cœur du problème. Il réalise bien qu’il y a un problème, quelque part…
« Elle veut qu'on soit toujours ensemble, qu'on se tienne la main, qu'on s'embrasse. Je veux bien, ça lui fait plaisir, mais pour moi ça m'est égal. Je l’aime, c’est sûr. Mais je ne sais pas si je suis vraiment amoureux d’elle. C'est quelque chose de différent. »
Hyōga ne s’attendait pas de telles révélations, et d’ailleurs Shun non plus ne pensait pas les faire : aussitôt, il panique :
« Oh, mais tu ne lui dirais pas, n’est-ce pas ?
- Bien sûr que non ! »
Hyōga n’aurait pas cette cruauté. Et il serait prêt à promettre à garder n’importe quel secret terrible si cette promesse peut rendre le sourire à Shun. N’importe lequel croit-il vraiment à ce moment.
Même si, en y réfléchissant à deux fois, il se rend bien compte que tenir des secrets sur des sujets importants, ça n’est sans doute pas une très bonne chose.
« Mais. Euh. Si toi tu doutes, est-ce qu’il ne faudrait pas que tu lui dises, toi-même, déjà ?
Pourquoi ? Tant que nous sommes heureux ensemble ?
- Vous êtes vraiment heureux ?
- Ben oui. »
Devant une affirmation aussi candidement sincère, ça serait grossier d’insister,
Es-tu vraiment, vraiment heureux, toi ? Et comment peux-tu être certain qu’elle est heureuse aussi ?
Il pourrait toujours dire qu’il s’inquiète d’un de ses frères et amis, mais ça ne l’autorise pas à aller si loin. Son insistance quitterait le terrain de la préoccupation bien-intentionnée pour passer dans celui de la méchanceté. Mais ça n’empêche pas que la question le ronge quand même.
« T'imagines-tu vivre avec elle ?
- Oui.
- Te marier avec elle ?
- Être mariés et vivre ensemble, oui. Passer par la cérémonie de mariage, non. »
C’est… une différence intéressante, à laquelle lui-même n’avait pas pensé, note Hyōga. Hésitant un peu, il avance encore un peu plus loin, essayant de demander ça d’un ton léger :
« Faire l'amour avec elle ?
- Oh, non !
- Avoir des enfants ?
- Peut-être. Je ne sais pas. Nous sommes trop jeunes. Je ne sais pas si elle en voudra, je ne pense pas.
- Et toi, en veux-tu ?
- Sûrement pas maintenant.
- Plus tard ?
- Peut-être. »
Shun se perd un moment dans ses pensées ; quelque chose dans cette idée l’ennuie.
« Et puis il y a déjà tant d’enfants sans parents, comme nous autrefois, comme encore ceux de notre orphelinat aujourd’hui, et ailleurs… qui ont besoin qu’on s’occupe d’eux immédiatement. Je ne sais vraiment pas. »
Hyōga hoche la tête, compréhensif. Sans s’attendre à ce que Shun lui retourne tout à coup ses questions :
« Et toi ?
- Moi ?
- Y a-t-il quelqu'un que tu aimes ?
- Non. »
En voilà une idée, a-t-il envie de répondre, mais Shun ne lui en laisse pas le temps ;
« Avec qui tu aies envie de vivre ?
- Je suis bien, seul.
- De faire l'amour ?
- Pourquoi une telle question !
- C’est toi qui l’as posée en premier.
- Mais je t’ai dit que je n’avais personne.
- Mais si tu te l’es déjà posée, peut-être que…
- Je n’aurais pas dû. Pardon. Sans doute qu’on est encore trop jeunes pour ça. »
De nouveau, Shun se perd dans des réflexions qui tirent sur l’amer ;
« Je ne sais pas. Jeunes ou oui, mais nous sommes déjà presque adultes, de corps, et aussi d’esprit, non ? Nous ne sommes pas trop jeunes pour se faire tuer, plus depuis longtemps. Alors pourquoi serait-on encore trop jeunes pour s’aimer un peu ? »
Trop tard, Hyōga se dit que leur conversation a commencé à dégénérer. Il ne voulait pas être amené à penser à ça, au sexe, à Shun et à June de cette façon, et lui-même, et…
Il est sauvé par le retour de June elle-même, justement, et ainsi précipité dans un nouveau tourment. Malgré lui, Hyōga rougit… et il constate avec encore plus d’embarras que Shun aussi.
« He bien, les garçons ? Qu’est-ce qui vous met dans cet état ?
- Rien du tout.
- Allons donc. De quoi parliez-vous avant que j’arrive ?
- De trucs de garçons, justement, avoue Hyōga tout à trac. Les jeunes filles bien comme toi ne devraient pas écouter. Et les gentils garçons comme Shun non plus, d’ailleurs. J’aurais mieux fait de garder ma langue pour moi. »
June ouvre des yeux rond, Shun pouffe ; Hyōga rougit de plus belle et se couvre le visage d’une main.
« Ça me donne envie d’en savoir plus, puisque justement tu écoutais, taquine-t-elle en prenant Shun pour le bras.
- Non, non, Hyōga donne l’impression que c’était bien plus terrible que ça ne l’était vraiment. Moi je dirais qu’on a eu une discussion un peu trop sérieuse sur… le mariage.
- Le mariage ?
- À cause de celui de Shiryū et Shunrei, tu vois.
- Ah… »
Et, le sujet apparemment clos, les deux tourtereaux s’éloignent sans que Hyōga n’arrive à leur lancer de plaisanterie à propos du leur. Ç’aurait été une bonne conclusion, pense-t-il, mais il est incapable de prononcer ces mots maintenant.
Oh, à cet instant, il aimerait s’enfermer lui-même dans un cercueil de glace !